C'est une réalité : les écrans font partie de notre quotidien. Il ne s'agit pas de s'en effrayer mais d'apprendre à mieux les utiliser, à mieux vivre avec les écrans. Serge Tisseron propose un chemin aux parents, aux enseignants, aux associatifs de l'éducation populaire, afin de faire en sorte que les enfants qui ont aujourd'hui 3 ans ne fassent pas seuls l'apprentissage des écrans.
Il démontre comment la culture des écrans interactifs complète la culture du livre : l'intelligence spatialisée contenue dans l'une ne saurait se passer de l'intelligence narrative de la seconde.
Avant 3 ans, l'enfant a besoin de construire ses repères spatiaux et temporels. C'est pourquoi il faut éviter la télévision et les DVD, dont les effets négatifs sont démontrés. En grandissant, l'enfant sera confronté aux écrans : invitons le à parler de ce qu'il y a vu et de ce qu'il y a fait, afin qu'il opère une construction narrative à partir de la pensée intemporelle qui est celle des écrans.
Les quelques conseils de l'ouvrage invitent à ne pas diaboliser les écrans : au contraire Serge Tisseron en présente les avantages, évoquant par exemple les capacités de création numérique dont font preuve les jeunes adolescents d'aujourd'hui. Les notions d'entraide et de travail collectif commun sont au cœur de certaines pratiques numériques.
Afin de ne pas rester sur le banc de touche, l'Education nationale doit doublement s'adapter : non seulement elle a un rôle important à jouer dans l'éducation à Internet (S. Tisseron développe ici la notion d'extimité, évoque les questions de droit à l'image, invite à expliquer aux jeunes le fonctionnement des réseaux sociaux et des sites participatifs et les modèles économiques qui se cachent derrière), mais elle se doit aussi d'adapter l'enseignement aux changements d'esprit des élèves. L'essai se clôt par des exemples d'activités qui ont pu être mises en place à l'échelle locale et nationale.
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Sympathique livre, j'aurais aimé moins m'attarder sur le côté ado vu que je ne suis pas encore là... L'auteur décrit bien le pour et le contre... Mais bon y a pas que Facebook dans la vie, merci! Google + a beaucoup moins d'inconvénients mais il n'est même pas cité!
On s'intéresse beaucoup trop au plus de 12 ans dans ce livre alors que la prévention se fait bien avant. Les jeunes enfants sont mis devant la télévision, car les adultes le font également mais aussi car on nous demande de nous entasser de manière ridicule, les gens qui ont un jardin ont la critique facile face aux parents qui habitent en appartement.
Je retiens quand même l'idée d'un permis Internet, qui il faut bien le dire serait l'idéal... malheureusement les enseignants auraient pour beaucoup besoin d'une remise à niveau dans ce domaine, car tous devraient l'avoir ce fameux permis.
J'adore la technologie et mes enfants ont une tablette, mais j'équilibre leur temps dessus tout comme avec la télévision. J'adore les applications Montessori mais je leur en fait réellement aussi.
La technologie c'est comme le chocolat, c'est triste de vivre sans mais il ne faut pas en abuser, pour ça l'auteur a très bien retranscrit l'idée.
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Un livre très facile à lire et très utile pour les parents d'enfants qui sont forcément confronté au sujet des écrans.
En deux partie; la première sous forme de recommandations pour les 5 tranches d'âges données et la seconde pour une réflexion sur les sujets plus précis comme Facebook et l'usage complémentaire des réseaux avec les autres "savoirs".
http://www.apprivoiserlesecrans.com/
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique. Je tiens donc à remercier les éditions de Boeck et Babelio.
La lecture de cet ouvrage collectif m'a permis d'appréhender ce phénomène d'accumulation des objets sous divers aspects : sociologiques, anthropologiques, historiques, philosophiques et marketing. Il m'a aussi permis de comprendre tous les enjeux générés par cette accumulation d'objets.
Je dois avouer que si j'ai été surprise et intéressée par certains chapitres, j'ai totalement décroché avec d'autres. Tout est une question de terminologie, de vocabulaire qui rendent accessibles ou non les propos à la béotienne que je suis. A mon sens, certains chapitres s'adressent uniquement à un lectorat spécialisé.
J'ai découvert les enjeux des contenants (sacs plastiques, sacs à main), les différences entre collectionneurs et accumulateurs, l'histoire de la consommation post-apartheid en Afrique du Sud, l'historique de la mise en place des hommages dans les commerces. Et ma curiosité a été satisfaite en bien des points.
Par contre, ce qui a trait au marketing et à la philosophie des objets, ne m'a pas vraiment parlé. Un vocabulaire très pointu, la complexité des propos m'ont laissée sur la touche.
Une lecture instructive sur certains points. Un ouvrage d'honnête facture qui s'adresse toutefois davantage à des spécialistes qu'au grand public.
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A priori, c'est le genre d'ouvrage que j'aborde avec suspicion: il s'agit non d'un essai mais d'une succession d'articles que rassemble certes la même thématique mais qui n'égalera jamais, selon moi, le plaisir qu'il y a à suivre une pensée organisée en chapitres et sous-chapitres (Outre mes nombreuses qualités, je suis également psycho-rigide: j'aime les sous-chapitres).
Donc, oui, bien sûr, tous les chapitres ne se valent pas (zut) et ceux qui méritent le détour souffrent d'un excès de synthèse (re-zut), mais j'ai tout de même gambergé des neurones, ce qui était le but.
À moins d'être étudiant en sociologie, je pense qu'on peut superbement ignorer les articles qu'on qualifiera charitablement de pointus comme "Ethnographie des acheteurs d'occasion en Belle Province" (s'il existe UNE personne qu'un titre pareil fasse saliver, qu'elle lève le doigt). On s'embêtera un peu (mais avec profit) à étudier "Les intérieurs parisiens" au XIX° siècle". On se découvrira avec étonnement de l'intérêt pour la vie chahutée des sacs plastiques (Pourquoi Leclerc a-t-il le premier supprimé les sacs plastique, hein? Parce qu'il est long d'y empiler ses emplettes et qu'il contribuait à allonger le temps d'attente aux caisses! Mais bon sang, c'est bien sûr!). Mais surtout, on s'éclatera à comprendre ce qui différencie l'objet de la chose (non, je n'en dirai rien; j'ai déjà eu à faire avec des mauvais coucheurs qui m'accusaient de spoiler une intrigue) ou à "penser l'énantiodromie" (qui par ailleurs ne rapporte pas grand chose au Scrabble).
Si on ajoute à tout cela une préface éclairante de Tisseron, on aboutit somme toute à une cinquantaine de pages vraiment intéressantes. Sur 200, ce n'est pas si mal. Certains polars ont des ratios beaucoup plus faméliques...
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Le principe de cet d'ouvrage est classique dans le monde de la recherche : c'est la collection de contributions, souvent disparates, autour d'un même thème.
En l'occurrence, par rapport à la moyenne de ce genre de publications, il s'agit d'un des plus homogènes, des moins inégaux que j'ai eu l'occasion de consulter. Et le principe des contributions "exotiques" est souvent de nous aider à se mettre à une distance respectable de l'objet qu'on a tendance à regarder de trop près.
J'apprécie personnellement la cohabitation de visions sociologiques, marketing, et philosophiques.
Certes c'est plutôt un livre pour chercheurs, mais dans la catégorie "assez accessible au non-spécialiste".
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Boulimie d’objets
7h30- Sac à main (ok) ; sac à déjeuner (ok) ; dossiers (ok) ; ordinateur (ok)… parée pour la journée. Heu, mes clés ! Maison (ok) ; bureau (ok) ; voiture (ok). Allez j’y vais ! Heu… Un manteau, peut-être, il fait frisquet… parapluie ? oui, on n’sait jamais ! Le sac de sport ! J’allais oublier ! Bon, j’y vais, je vais être en retard ! Les papiers de la voiture, je les ai replacés ? Oui, c’est bon ! Ah ! La carte bleue ! Je dois passer faire des courses… Pfff les courses ! ‘faut que je prenne les sacs alors, allez hop, tout ça dans le coffre ! Sauf le sac à main, ça peut servir sur la route…
Un dernier regard circulaire dans la salle à manger… tout est à sa place ? ça ira pour aujourd’hui, sauf, peut-être les télécommandes, en bazar sur le canapé, comme d'hab'… rhhh je peux pas les laisser là ! Et les chaussons ? qu’est-ce qu’ils font là, les chaussons ? Hop, vite fait dans le meuble à chaussures ! Mais c’est quoi ce truc ? La montre de Valérie, elle l’a oubliée hier, je la prends, je la lui déposerai au passage. Et ce carton, il m’énerve à rester là depuis des lustres ! Il faut vraiment que je m’en occupe ! Les vieilleries, ça dégage ! Sauf le service de Mamie, ça, le service de Mamie, je le garde, ça se garde des trucs comme ça, je vais lui trouver une petite place… vite, vite, l’heure tourne ! C’est parti ! Je prends juste un p’tit bouquin, si y’a de l’attente, ça m’occupera. Hop hop hop ! J’m’arrête deux secondes à la boîte aux lettres, on n’sait jamais si ma commande est arrivée, ce serait trop cooOool ! Bah, je ne pourrais pas m’empêcher de l’ouvrir si elle est arrivée, bonjour le retard ! ‘vaut mieux pas regarder, alors ! zou ! C’est parti !
Oulah ! J’allais oublier ! « Les enfants ! On y vaaaaa ! »
Alors, les enfants… cartable (ok), goûter (ok), carte de bus (ok), clés (ok), manteau, écharpe, bonnet, gants, les deux gants ! Il est passé où ton deuxième gant, ma puce ?
pffffffffffffffffffffff
Et c’est comme ça tous les jours, sauf le dimanche ! Car le dimanche, c’est jogging matinal, mon p'tit moment rien qu'à moi, sans AUCUNE contrainte ! Survêt (ok), baskets (ok), MP3 (ok), écouteurs (ok), téléphone portable (ok), brassard (ok)… mais bon, j'ai entamé une thérapie depuis quelques temps, avec Valérie Guillard et son équipe... déjà, j'ai pris conscience du problème !
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Serge Tisseron, psychanalyste, est surtout connu pour ses ouvrages sur Hergé et Tintin ("Tintin chez le psychanalyste" et "Tintin et le secret d'Hergé"). Dans cet ouvrage c'est lui-même qu'il met en scène en rendant à Hitchcock ce qu'il lui doit, c'est-à-dire la compréhension du mal-être de son enfance.
Pendant longtemps Tisseron a cru être à jamais marqué par la mort de son grand-père alors qu'il avait deux ans. Mais les films de Hitchcock lui font éprouver des émotions violentes jusqu'à ce qu'il découvre que les regards froids des héros hitchcockiens le ramènent au regard de sa mère pendant son enfance, notamment quand il a failli se noyer.
Sa théorie sur le pouvoir des images est vraiment intéressante et chacun peut y trouver des exemples dans sa propre histoire.
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Certains prétendent que nous sommes dans le siècle de l'empathie, pour autant cette belle vertu peut devenir le terreau dans lequel fleurissent les manipulations. Les bons sentiments font souvent l'objet d'un détournement pour favoriser les actes d'adhésion émotionnels, c'est ce que pratique au quotidien les as du marketing et de la publicité.
Dans cette étude passionnante l'auteur dénombre trois formes d'empathie, affective, cognitive et mature et analyse leur interaction avec force exemples tirés d’œuvres cinématographiques. En parallèle il identifie quatre situations qui fragilisent l'acquisition de l'empathie, en particulier lors de la petite enfance : l'absence de visages expressifs, le choc des images, la maltraitance et le sentiment d'incompréhension.
L'identification à une fonction peut aussi étouffer l'empathie, comme on le constate parfois lors d'une prise de poste à responsabilité. L'auteur souligne l'importance d'avoir une forme d'empathie pour soi-même, afin de pouvoir l'appliquer aux autres... Car nous sommes naturellement plus enclin à comprendre ceux qui nous ressemblent, l'important étant d’adjoindre à nos émotions une réflexion juste et mesurée, pour ne pas se laisser manipuler à l'insu de notre plein gré !
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SYNOPSIS
Serge Tisseron est un psychiatre psychanalyste. «Une image violente est une image qui pousse à agir, plus qu’à penser» dit-il. Les images ont donc un pouvoir sur les enfants.
CE QUE J’AI BEAUCOUP AIME
L’auteur nous met en garde, mais nous donne aussi les moyens d’appréhender ce danger. À nous à mettre en œuvre une vraie éducation à l’image, en milieu scolaire comme au sein de la famille.
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Si vous vous posez des questions sur l'impact de la violence provenant des petits et grands écran sur les enfant (et accessoirement aussi sur les adultes), ce livre est pour vous. Concis, pas de vocabulaire extravagant, il est pourtant très précis, pédagogique et intéressant.
Très intéressant.
Il vous explique, au moyen d'une étude menée sur le terrain, comment la violence fait son chemin dans le psychisme, ses implications sur les relations de groupe et, fort heureusement, comment tenter de démorcer ces bombes omniprésentes.
Le seul point un peu moins agréable est le détail qui est donné à l'expérimentation. Cela dit, cela permet d'encore mieux comprendre, concrètement, la situation et les effets sur le terrain. La progression dans les explication et la complexité des analyse est quasi parfaite, avec ce qu'il faut de répétition, de reformulation... Donc, pour résumer, excellent pédagogie, très bonne didactique et un sujet des plus intéressant: un cocktail à se servir jusqu'à plus soif.
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Dans "Fragments d'une psychanalyse empathique", S. Tisseron partage sa deuxième tranche de psychanalyse réalisée auprès de Didier Anzieu.
Les chapitres sont très courts, et retracent les temps forts communs à toute démarche psychanalytique, sur le format "Le jour où...". Il évoque ainsi la première rencontre, les oublis d'objets chez le psy, etc... Pour chaque chapitre, Tisseron raconte en premier lieu la façon dont Anzieu a réagi, puis il commente chaque partie, en la mettant en regard de, au choix (et de façon non-exclusive) : sa première psychanalyse, sa pratique de la psychanalyse, les textes, théories et pratiques courantes etc...
Il prône une psychanalyse moins neutre, plus égalitaire, avec un psy moins sur son piédestal mais plus bienveillant (en cela, il me semble qu'il se rapproche du "témoin bienveillant" décrit par Alice Miller). Il explique comment une psychanalyse est un processus dans lequel il y a deux acteurs, qui ont chacun leur rôle, pourquoi il s'agit d'un travail à deux. Il dénonce les pratiques actuelles, dans lesquelles le psy reste "en retrait", silencieux, peut-être ayant peur d'outrepasser son rôle ou de trop s'impliquer dans la relation.
Avec une écriture simple et limpide, Tisseron décrit une autre psychanalyse dans laquelle les deux acteurs s'impliquent. La lecture de l'ouvrage est aisée, même pour ceux qui connaissent peu le sujet. Le propos n'en est pas simpliste pour autant, et le lecteur attentif trouvera les thèmes chers à l'auteur : la honte, les secrets de famille, etc... Pour les plus curieux, de nombreux auteurs et textes sont cités pour approfondir un thème, en fin de volume pour ne pas gêner la lecture.
Pour ma part, j'estime que ce livre ne révolutionne pas le monde de la psychanalyse (on indique, sur le 4ème de couverture, que ce livre "devrait aussi susciter une polémique chez les spécialistes"), mais on pourra y trouver des éléments intéressants sur comment se passe une psychanalyse, ses temps forts, ses issues possibles. J'ai apprécié les regards croisés que portait l'auteur sur chaque sujet, en tant que psychanalysé par Anzieu, par son premier psy plus classique, et selon sa propre pratique de psychanalyste. Enfin, c’est un bel hommage envers un psychanalyste qui a toujours inscrit la psychanalyse dans le présent et qui est aujourd’hui disparu : Didier Anzieu.
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