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Citations de Shuichi Yoshida (64)


S'il y a des sorties de métro vedettes, comme celle de Sukiyabashi, d'autres sont nettement moins populaires, comme celle-là. Vu que je suis toujours seul à la prendre, qu'y aurait-il de bizarre à lui donner mon nom ?
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Quand un être disparaît de ce monde, ce n’est pas une pierre au sommet de la pyramide mais une pierre de ses fondations qui disparaît.
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Je les ai observés depuis leur mariage, et ils ne m'ont pas paru rencontrer un seul problème. Et ça, si j'ose dire, c'est un vrai problème.
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Là-dessus, elle s'est arrêtée de nouveau, s'est retournée vers moi et, de son index, m'a montré la rue à droite et à gauche en disant : "A droite ? A gauche ?" Lorsque j'ai indiqué la direction derrière moi, elle a levé doucement la main pour dire "A bientôt", a fait volte-face et repris sa marche. Sans doute cela venait-il de ce que nous nous séparions pour la première fois en dehors du parc, mais j'ai eu l'étrange impression, tout en suivant des yeux sa silhouette, que je n'allais plus jamais la revoir. Sans me soucier des regards alentour, je l'ai interpellée : "Dites !" Elle s'est retournée dans la foule. Le visage d'un homme qui avançait vers moi m'a bouché la vue, je n'ai pas bien pu la voir.
"Dites, venez au parc demain, s'il vous plaît !" A ce cri, les gens se sont tous retournés en même temps vers moi. De l'autre côté de la foule, j'ai entrevu ses yeux en amande. J'ai cru une seconde qu'elle hochait la tête, mais elle s'est fondue dans la masse des passants. Comme, tournant le dos à la femme disparue, je marchais seul vers le parc, les mots qu'elle avait murmurés : "Bien...J'ai décidé, moi" me sont revenus à l'esprit. Il m'a semblé que, moi aussi, j'avais décidé quelque chose à mon tour.
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Quand il fait sombre, on allume la lumière. C’est un acte simple. Mais même pour accomplir un acte simple, il faut passer par un processus complexe.
D’abord, les yeux perçoivent qu’il fait sombre. L’obscurité est un inconvénient. Si on chasse l’obscurité, l’inconvénient disparaît. Pour chasser l’obscurité, il suffit d’allumer la lampe fluorescente.
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S’il existe une autre nuit au bout de la nuit, il lui semble qu’il va dans cette direction.
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Il ne faut surtout pas relever la tête trop vite. J'ai d'abord desserré ma cravate, siroté une gorgée du café en canette que j'avais acheté dans une boutique du métro. Juste avant de relever la tête, il vaut mieux fermer les yeux, même quelques secondes. Après avoir respiré lentement et profondément, j'ai levé la tête d'un seul trait et écarquillé les yeux. Quand j'écarquille soudain les yeux, le grand jet d'eau, les arbres d'un vert foncé et l'Hôtel Impérial, qui présentent respectivement un paysage proche, à mi-distance et éloigné, font brusquement irruption dans mon champ visuel en chamboulant la perspective. C'est dur pour mes yeux habitués aux étroites voies souterraines. La tête me tourne. Je savoure un léger état de transe.
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Un jour, j’ai demandé à M. Kondô : « Mais pourquoi est-ce que tout ce monde vient au parc ? » Il a médité très sérieusement, chose rare chez lui, avant de me dire nettement : « Ils se sentent soulagés. » Comme ce n’était pas une réponse en l’air, je n’ai pas voulu insisté, mais il a ajouté : « Même si tu ne fais rien dans un parc, personne ne viendra te le reprocher. Au contraire, si tu veux faire quelque chose, comme du racolage ou un discours, on te chassera. »
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Il ne s'est jamais senti seul jusqu'ici. Il ne savait pas ce que c'est que d'être seul. Mais à compter de cette nuit-là, il a franchi un cap, et désormais il se sent terriblement seul.
Yûichi pense que se sentir seul c'est aspirer à ce que quelqu'un veuille bien écouter vos histoires. Avant cette date, il n'avait pas d'histoire à raconter. Mais maintenant, il en a une. Il veut rencontrer quelqu'un à qui la raconter.
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"Dites, cette fille du nom de Hikaru, elle existe pour de bon ?" J'ai été déconcerté une seconde. "Ou...oui, elle existe bien. Vous voulez dire : est-ce qu'elle existe en réalité ?" ai-je demandé en guise de réponse. Elle m'a répondu en souriant : "Tant mieux si elle existe. Ne vous montez pas la tête comme ça."
La conversation prenait un tour vaguement incohérent, nous avons tourné notre regard vers les oiseaux aquatiques de la mare de Shinji.
"C'est pour ça que vous faites cette tête-là ? a-t-elle dit en suivant des yeux les oiseaux aquatiques qui propageaient des rides à la surface de l'eau.
- Cette tête-là ?
- Une tête avec les trois lettres BOF écrites sur le front."
En me voyant effleurer mon front sans y penser, elle m'a jeté un regard en coin et elle a eu un sourire.
"Et voilà, vous passez votre vie à vous laisser bercer par un amour vieux de dix ans qui n'a jamais porté ses fruits !
- N'exagérons rien !
- Ne soyez pas timide. Dites-vous : je pense à la même femme depuis dix ans et bombez le torse !
- Vous dites ça, mais si vous me voyiez allongé par terre, un coussin en forme de ballon de foot dans les bras et riant à gorge déployée devant la télé, vous retireriez aussitôt ces propos."
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Depuis sa plus tendre enfance, elle est persuadée qu'elle n'a jamais de chance. Il y a toutes sortes de gens de par le monde, mais si on les classait en "chanceux" et "malchanceux", elle serait à coup sûr dans le seconde catégorie, et si on divisait encore celle-ci, elle se retrouverait parmi les plus malchanceux. Elle a vécu avec cette idée fermement ancrée dans son esprit.
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Seul l'extérieur de l'individu est sien, tout l'intérieur est propriété commune de l'espèce humane. C'est tout à fait le contraire pour un immeuble : l'intérieur est propriété privée, mais l'extérieur est propriété commune.
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Si je ne rentre pas à pied à mon appartement, qui est à trois minutes à pied, c'est que ma mère , débarquée à Tokyo depuis trois jours, occupe mon lit. Voilà déjà quelques années qu'elle choisit la belle saison : elle monte à Tokyo au printemps et en automne. Elle n'a rien de spécial à y faire, mais elle séjourne près de dix jours dans l'appartement exigu de son fils, sort au théâtre, va au musée, fait du shopping, etc. Puis, après s'être démenée dans tous les sens, elle réintègre sa province, en pleine forme. De vivre chez son fils une fois tous les six mois, maman, ça lui donne l'impression de rajeunir. Si jamais j'insinue que ça m'ennuie, elle menace : "tout ce que je veux, c'est que tu me loges, rien d'autre. Et puis, c'est mieux que si tes parents divorçaient." Elle vient exprès chez moi pour me dire "Ne t"occupe pas de moi". Ce n'est pas poli, je trouve.
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Le sexe je m'en fiche. Mais je veux me serrer contre quelqu'un. Voilà des années que je veux me serrer contre quelqu'un.
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En fait Tsuruta ne croit pas qu'on puisse se passer d'argent. Mais il doit bien y avoir quelque chose de plus important que l'argent, et si on ne le trouve pas, où trouver le courage de vivre?
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Sa question était fort brusque,mais comme ces pétales de cerisiers qui chutent en douceur à la surface de l'eau,d'une brusquerie des plus naturelles .
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J'étais toujours debout à l'entrée du living. Le visage de la femme que j'avais écrasé avec le morceau de béton m'est revenu à l'esprit. Elle était tombée sous le pont obscur et devait y être encore, trempée par la pluie. S'il existait un autre Tokyo en ce monde et que cette femme y était tombée, j'irais à son secours aussitôt.
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À mes côtés, Hikaru dormait, elle aussi. Son visage endormi, bouche entrouverte, baignant dans la lumière de la lune, était pâle. Tout près, le bruit de la marée. J’ai décollé mon dos en sueur du dossier, cessé de respirer, et puis, de manière à couvrir en douceur le corps de Hikaru en le touchant le moins possible, je me suis mis en position de faire des pompes et j’ai maintenu mon corps dans cette posture extrême en vue de rapprocher mes lèvres de celles de Hikaru, que je n’avais pas encore touchées, mais dont je savais déjà qu’elles étaient douces. Je ne sais combien de temps j’ai fait cela, mais lorsque j’ai repris mes esprits, je tenais Hikaru dans mes bras. Je m’étais trop rapproché pour voir son visage en la tenant dans mes bras, et j’ai compris qu’elle s’était réveillée. J’ignore quelle partie du visage de Hikaru je pressais de mes lèvres, mais je devais l’embrasser depuis un bon moment. Quelqu’un s’est soudain retourné sur le siège avant, je me suis hâté de m’écarter. Hikaru n’a rien dit. Elle s’est contentée de me fixer un moment, d’un air de s’excuser. J’ai conservé la sensation de cette nuit où, tandis que nos lèvres s’effleuraient dans cette position, les biceps soutenant mon corps étaient secoués de tremblements.
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Peut-être continueront-ils à vivre chacun de leur côté jusqu'à ce qu'ils n'aient plus la force de se séparer.
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La vue de ce montage de viols exerçait sur moi un étrange effet calmant. Mon sentiment premier, celui de trouver ces scènes cruelles, tragiques, pitoyables, disparaissait petit à petit, et ces figures de femmes violées en venaient à arborer un air de joie festive à mes yeux. Je sentais se paralyser petit à petit en moi cette angoisse qui m'empêchait de dormir parce que j'avais peur de quelque chose. Ces femmes bâillonnées de la main de l'homme, pieds et mains liés, jambes écartées, qui se débattaient sans pouvoir hurler, mais qui n'étaient pas moi, je continuais à les regarder jusqu'à ce que je leur trouve un air heureux, comme si elles dansaient au rythme de la musique.
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