Citations de Sigrid Baffert (117)
On a traversé au pas de course la grande volière, le delta des grands fleuves africains où les flamands roses et les spatules blanches se trempent les pattes.
- Je file à l'entraînement !
J'ai glissé ça au cas où l'info éveillerait une lueur dans ses pupilles lentillées. Mais j'aurais pu aussi bien lancer "Je vais me jeter du pont Mirabeau" ou "J'ai envie de me faire tatouer une gondole sur la fesse gauche".
Lucas vient de dégringoler sec de son piédestal. Dommage qu'il me soit aussi tombé sur la tête.
- Je me disais bien que la surface du monde envoyait de drôles d'ondes. Je parierais mes bras gauches que votre Chose vient du MéHéHéHé.
Les pieuvres dévisagèrent le Grand Bras-Ma.
- Le MéHéHéHé...?
- Disons un condensé courtois du Monde-d'En-Haut-Et-Hors-d'Eau-des-Humains-Emmerdeurs, si vous préférez.
- Alors c'est vrai, vous le connaissez ? murmura Saï.
Le Grand Bras-Ma étira un bras et cueillit d'un geste nonchalant un anchois qui avait eu l'étourderie de traîner par là.
- J'ai eu le temps de fréquenter le MéHéHéHé, quand ils m'ont enfermé des années dans leur fichu aquarium. La Chose que vous me décrivez là, c'est sûrement un humain-crapahuteur-du-ciel. Il a dû s'égarer.
- Le ciel a craché un humain ? s'exclama Mo, ravie.
- Ce sont des choses qui arrivent, dit le Grand Bras-Ma en mâchant son anchois. (p.51)
C'est la faute de personne, répète-t-on. personne n'a entrevu la blessure de Sélène. Une fêlure invisible qui l'écartelait tout doucement. (p.25)
Je n'ai pas le temps il faut que je choisisses un cadeau pour la fête des mères.
Ils font des promotions sur les mixeurs et les autocuiseurs au BHV, si ça te chante, glousse Nils
Trés drôle. Tu parles d'un cadeau. Si un jour mes gosses m'offrent un fer à repasser pour ma fête, je leur réserve un lot de suppositoires pour Noël. p43
Je sais que les Cerises, c’est un truc que peu de personnes peuvent se vanter d’avoir connu. Une légende, presque, pour laquelle le mot amitié semble un peu fade et pas à la hauteur du lien qui nous unissait. Une relation qui pouvait tout affronter, aveuglément, qui ne réclamait aucune vigilance. Croyions-nous. Et badaboum.
Je sais que les Cerises, c'est un truc que peu de personnes peuvent se vanter d'avoir connu. Une légende, presque, pour laquelle le mot amitié semble un peu fade et pas à la hauteur du lien qui nous unissait. Une relation qui pouvait tout affronter, aveuglément, qui ne réclamait aucune vigilance. Croyions-nous. Et badaboum.
Ce qui m'anéantit, c'est qu'il ait pu y avoir ça : l'engueulade, aux premières heures du premier jour de cet an neuf. Parce que, justement les Cerises, je les voulais au-delà de l'amitié, autre chose que l'amour. Ou peut-être que ça tenait des deux, je ne sais plus. C'était un truc à nous qui n'avait pas de nom, que nous inventions chaque jour et que les autres, les pas-cerises et les pas-bleus, ne pouvaient pas totalement comprendre. Que je croyais indestructible et qui n'a pas su l'être.
Un oeil sur le moniteur, l'autre sur le plateau, je me dis que le cinéma, c'est de la haute couture, de la peinture. Un tournage, c'est un concert où chaque note a son importance, un tableau où le plus petit coup de pinceau est important. Le cinéma, c'est tout sauf du cinéma.
Il s'essuie les mains dans son tablier avec lenteur et les pose sur la table, on dirait que ses mots cherchent à y prendre appui.
Amos, ressaisis-toi ! Tu as l'air hébété d'un veau devant son premier TGV !
Et je le suis, avec l'assurance d'une pâquerette sous le mistral.
Il y a des jours où même vos amis ont des airs de FM en plein désert rural. On a beau tourner le bouton des mégahertz, on n'entend que de la friture.
Je reconnais même le kraft qui l'emballe, ainsi que l'écriture élégante et un peu ronde qui s'étale dessus : "Je ne t'ai pas dit adieu..." Juste ces mots en suspens. J'ouvre. Dedans, un livre, bien sûr. Et son titre finit la phrase : Car l'adieu, c'est la nuit. Je tourne la première page, s'y étale une dédicace : Pouf !
Je viens d'être victime d'un attentat.
Eh oui, impossible d'assumer, je m'appelle Soizic. La honte. Un choix de mes vieux quand ils étaient amoureux. Entre l'Ardèche et la Réunion, ils n'ont pas su trancher. Ils m'ont donc dégoté un prénom breton. Soizik. Ça me va comme une coiffe bigouden à une Touareg. Alors, pour les Cerises, je suis Zik, pour les autres je suis Soiz, et pour ma mère...Fanchon !
Le 4x4 avale ses kilomètres d'asphalte et de campagne beauceronne, dans le rétro extérieur j'entrevois Violette, les rêves plantés dans la buée de la vitre.
Sur son baril moussu, Mo bouillait en silence. Au sein de l'Assemblée, il y avait toujours des âmes timorées qui préféraient laisser les choses trainer. Elle regarda la troupe bariolée se disperser, s'éloigna un peu, puis fit mine de se lover sous les dentelles pelées d'une laminaire.
18/05/1993 tintement d’un carillon dans le vent, 14/11/1993 11h12 rire de Timothée sur une balançoire.
Plus que jamais, j’aurais aimé que ce livre soit sonore.
Graziella étouffe. Dans une autre vie, elle répondrait : oui, moi qui me tiens devant vous, j'ai rendu sourde ma fille en tuant son père d'un coup de révolver, mon ventre a poussé entre quatre murs sans fenêtre, j'ai rampé sous terre, et sous un soleil furieux, j'ai accouché en pleine mer, et jusqu'à il y a peu, je n'aurais pas su dire comment étaient les oreilles ou les yeux de ma fille, tellement j'avais le nez baissé vers ma douleur, j'avais peur d'être sa mère, vous comprenez? J'avais peur de l'entendre crier sa haine, j'avais peur de l'écouter vivre, moi qui avais donné la mort avant même de donner la vie. Vous me demandez si elle a eu des bourdonnements? Moi j'ai les oreilles qui sifflent depuis son premier cri, et aujourd'hui, je donnerais ma moelle pour lui rendre ce que je lui ai pris.