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Citations de Sigrid Undset (162)


Ce qui frappait Kristin, c'est que son mari ne ressemblait pas aux gens de la contrée. Il y avait beaucoup de beaux hommes parmi eux, avec le teint clair et rouge, des têtes rondes et dures, une forte et solide stature. Beaucoup d'entre les vieux étaient excessivement gros. Erlend faisait l'effet d'un oiseau étrange parmi ses hôtes. Il était d'une tête plus grand que la plupart des hommes, svelte et maigre, avec des membres souples et de fines attaches. Il avait les yeux noirs et soyeux, la peau d'un brun pâle, mais des yeux bleu clair ombragés par des sourcils et des cils noirs comme le charbon. Son front était haut et étroit, ses tempes creusées, son nez un peu trop grand et sa bouche un peu trop petite et molle pour un homme. Pourtant, il était beau ; Kristin n'avait jamais vu un homme aussi beau qu'Erlend. Sa voix nuancée et tranquille ne pouvait être comparée au lourd parler des autres.
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Il n'avait pas pu ; c'était à cela qu'il se raccrochait énergiquement. Au nom du Diable ! Il avait été marié tout jeune, il n'avait pas choisi lui-même, elle était plus âgée que lui ; - il ne l'avait pas désirée ; ce n'était pas d'elle qu'il avait voulu l'apprendre, l'amour. Cela lui donnait chaud de se sentir encore honteux quand il y pensait, qu'elle eût voulu avoir de lui un amour que lui-même n'avait pas voulu obtenir d'elle ; qu'elle lui eût offert tout ce qu'il ne lui avait jamais demandé.
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Je suis comme un oiseau couché par terre qui agite ses ailes brisées. Il ne peut plus s'éloigner de l'endroit où il est tombé et il ne voit pas au-delà des traces laissées par le sang qu'il perd. Si j'essaie de penser à ce qui a été autrefois, je me souviens seulement du présent. Si je me rappelle le temps où je vivais joyeuse et sans soucis, je me figure seulement que ce temps n'a été que pour préparer mon malheur d'aujourd'hui.
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jamais jusque-là il n'avait pensé au physique de sa mère. Il y avait des jours et des années qu'il avait commencé à comparer son père aux autres hommes - son père était le plus beau, celui qui avait le plus l'allure d'un chef. Sa mère était la mère qui mettait au monde de nouveaux enfants ; ceux-ci grandissaient en passant des mains des femmes à la vie, à la société, aux luttes, à l'amitié du groupe fraternel ; sa mère avait les mains ouvertes et toujours prêtes à donner ; sa mère connaissait tous les remèdes ; sa mère était à la ferme comme le feu sur le foyer, elle portait la vie du foyer comme les terres de Husaby portaient les récoltes annuelles ; la vie et la chaleur avait son odeur. L'enfant n'avait jamais songé à la comparer à d'autres femmes…
Brusquement, ce soir, cela lui sautait aux yeux : sa mère était une fière et belle femme.
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Il n'avait pas prévu lui-même, le jour où il prit congé d'elle devant la porte du monastère, à Oslo, qu'il continuerait à penser à elle et que rien de ce que la vie lui donnerait par la suite ne compenserait la perte subie à ce moment, la perte de la jeune fille promise à sa jeunesse.
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Les prés, là aussi, étaient jaunis et desséchés par le soleil. Il est vrai que la vallée n'était jamais bien verte, songea Christine, ce n'était pas comme à Trondhjem.
Sa pensée se reportait vers le foyer qu'ils avaient fondé là-bas ; la ferme haut perchée comme un château seigneurial sur le large flanc de la montagne, et à ses pieds, les champs, les prés, puis le bois de bouleaux s'étendant jusqu'au lac. Dans le fond un vaste paysage de collines couvertes de forêts se perdait, d'ondulation en ondulation, vers le sud et les montagnes des Dofrines. Dans les prés luxuriants brillaient des fleurs pourprées sous le ciel rose des soirs d'été ; le blé d'automne était d'un vert si frais. Et il lui arrivait de regretter même le fjord, les bancs de sable de Birgsi, les pontons avec les canots et les voiliers, les abris des pêcheurs, l'odeur du goudron, des filets à poissons, de la mer, tout ce qu'elle avait apprécié si peu à son arrivée dans le nord...
Ce passé qu'elle avait pensé ne pouvoir supporter lui manquait, et sa vie lui paraissait toute silencieuse, à présent que les échos des jours lointains s'étaient tus...
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Christine revint chez elle par le plus beau printemps. Le fleuve se frayait son chemin à travers la ferme et les terres ; à travers les tendres feuilles des taillis d'aunes l'eau courante brillait et scintillait blanche de lueurs argentées. Il semblait que les éclairs de lumière eussent voix et son dans le concert bruissant du fleuve. Lorsque tomba le crépuscule, l'eau sembla couler avec un grondement plus sourd. Nuit et jour le bruit du fleuve emplissait l'air autour de Joerundgard, si bien qu'il semblait à Christine que les murs de troncs d'arbres eux-mêmes vibraient au ton comme la caisse sonore d'un "langleik 1".
De minces filets d'eau brillaient dans les hauteurs, sur les flancs des montagnes qui chaque jour étaient enveloppées d'une brume bleue. La chaleur faisait naître des vapeurs et frémissait au-dessus des terres ; les pousses du blé couvraient presque complètement la terre des champs ; l'herbe des prairies était haute et reluisait comme de la soie quand un souffle de vent passait dessus. Des bois et des collines venaient de douces odeurs et, dès que le soleil s'était couché, une buée forte, fraîche, aigrelette des sucs et des fruits de la terre se répandait. On eût dit que la terre soupirait longuement, apaisée.

1 Ancien instrument à cordes dont on faisait revivre l'usage en Norvège.
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Il est facile de rester jeune à celui qui ne veut rien apprendre, à celui qui est incapable de satisfaire aux exigences de la vie, qui ne sait pas lutter pour plier les circonstances à sa volonté d'homme !
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- [...] les bons jours échoient aux gens raisonnables, mais les meilleurs sont la récompense de celui qui a le courage d'être fou.
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« J’aurais voulu aimer, moi aussi… mais c’était comme si mon cœur s’était arrêté de grandir, faute de nourriture. »
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La première chose que Laurent avait à faire était de veiller au bon état du signal de Heimbaugen. En ces dures époques troublées, depuis cent ans et plus, les paysans, en certains endroits dominant les vallées, avaient construit sur les montagnes des signaux qui ressemblaient à ceux des rades pour les navires le long des côtes, mais ces signaux de vallées n'étaient point placés sous l'administration de la défense nationale. Les confréries de paysans les tenaient en état, et les membres observaient un roulement pour les entretenir.
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Elle pensa au beau visage de son père, aux grands yeux de sa mère dans son visage ridé, à cette démarche si étonnamment jeune, souple et légère, qu'elle avait gardée si longtemps, encore que sa face eût prématurément vieilli. Ils étaient là sous la pierre et se désagrégeaient comme une maison s'effondre quand les gens sont partis...
Elle pensait à ses chers morts... à leur mine, leur voix, leur sourire, leurs habitudes, leurs gestes... Maintenant qu'ils étaient partis pour l'autre monde, comme il était douloureux de penser à leur apparence ! Comme de penser à sa maison, quand on savait que maintenant elle était vide, que les troncs d'arbres des murs pourrissaient et s'effondraient dans la tourbe.
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Pour aucune autre il n'avait éprouvé de l'amour. Ingunn, la femme de Karl de Bru ? Laurent rougit dans les ténèbres de la grange. Il avait toujours habité chez eux quand il descendait dans la vallée. Pas une seule fois il n'avait parlé dans une chambre à part avec la maîtresse de maison. Mais quand il la voyait, quand il pensait simplement à elle, il respirait quelque chose comme la première odeur des terres au printemps, dès que la neige s'en est allée. Il le savait maintenant : cela aurait pu lui arriver, à lui aussi - lui aussi aurait pu aimer.
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- Mais en tout cas Jenny, il vaut mieux que vous vous soyez rendu compte de votre erreur à présent. Plus tard, quel désastre et quel chagrin de rompre des liens fortifiés par l'habitude !
- Ce n'est pas cela. Ce n'est pas cela. La vérité, c'est que - oui - c'est que je me méprise moi-même. Il faut savoir avant de dire que l'on aime, que l'on tiendra sa parole. J'ai toujours méprisé ce genre de légèreté plus que tout au monde. Et voici que je suis méprisable moi-même.
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Pourquoi ris-tu?
– C’est que je me rappelle une chose que dame Aashild a dite un jour, répondit Kristin. Je n’étais alors qu’une enfant, mais c’était à peu près ceci : que les bons jours échoient aux gens raisonnables, mais que les meilleurs jours sont la récompense de celui qui a le courage d’être fou.
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Sa lutte, allait-elle la voir se terminer maintenant, ainsi ? Avait-elle engendré une nichée de jeunes rapaces, qui s’impatientaient dans le nid qu’elle leur avait préparé, n’attendant que le moment où leurs ailes seraient capables de les porter au-delà des montagnes bleues de l’horizon ? Et leur père – leur père battait des mains et riait « Volez, volez mes jeunes éperviers ! »
En s’envolant, ils arracheraient et emporteraient des lambeaux saignant du cœur de leur mère et ils n’en sauraient rien. Elle resterait seule, et toutes les fibres qui jadis l’avaient attachée à ce vieux foyer qui était le sien, elle les avaient arrachés elle-même dans le passé...
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Un soir le vieux s'était entretenu avec eux. Il avait dit de belles choses, et les fils étaient restés tout timides à l'écouter. Le père avait parlé du mariage, de l'amitié, de la fidélité qui doit exister entre de nobles et honorables époux. A la fin il avait demandé des prières et des messes pour le salut de son âme.
Dommage que leur père ne leur eût pas dit aussi comment oublier - lorsque l'amitié est brisée, l'honneur mort et que la fidélité est devenue un péché - un secret et honteux tourment - et qu'il ne reste rien de tout ce que l'on avait joint et lié qu'une plaie saignante et inguérissable !
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- Est vraiment libre qui n'a rien.
- Toutes les choses que possède un homme le tiennent plus que lui-même ne les tient.
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Il se souvenait qu’adolescent il éprouvait par moment une telle tendresse pour sa petite sœur qu’il était comme forcé de la lui témoigner. Il se mettait alors à la taquiner, lui tirait les nattes, lui pinçait les bras! Il ne savait pas, eût-on dit, montrer son affection autrement que par une attitude odieuse.
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Jenny découvrit ce que cela signifiait d'être mort. Ceux qui étaient morts n'existaient que dans le souvenir des vivants - qui pouvaient à volonté mettre fin à cette existence d'ombres précaires. Et alors ils n'étaient plus.
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