Citations de Sigrid Undset (161)
Ses fils, elle avait cherché à les protéger sous son aile, enchaînée qu’elle était par les soucis des choses temporelles. Son angoisse, son indicible faiblesse, elle s’était efforcée de les cacher à son entourage ; elle avait passé partout droite et calme en apparence ; elle s’était tue et avait lutté pour assurer le bien-être de ses enfants par tous les moyens dont elle disposait.
Il y avait en Islande un homme du nom de Veterlide qui venait du Ostfkord. Il s’en allait souvent faire du négoce au loin pendant l’été.
Il faut voir de ses propres yeux et penser par soi-même. Alors on se rend compte que tout dépend de soi-même : le profit que nous pouvons tirer de nos voyages, les choses que nous parvenons à voir et à comprendre, l'attitude que nous prenons, le choix que nous faisons de certaines influences. Oui, tout dépend de nous-mêmes. Et l'on apprend que nous sommes maîtres de tirer tel ou tel parti de notre vie. Evidemment, les circonstances jouent bien quelque rôle comme vous le disiez. Mais on découvre les forces personnelles qui permettent de vaincre ou de tourner les difficultés.
(...) Il savait que s'il arrivait bien à pardonner à ceux qui l'avaient offensé, il lui était infiniment plus difficile de pardonner à celui qui avait chargé ses épaules à lui du fardeau de la reconnaissance.
Tu récompenses mal ceux qui t'ont aimé, Ljot. Tu es certainement le pire des hommes et le plus sot.
Elles se levèrent, l'aînée appela les servantes et se mit elle-même à vaquer aux préparatifs du repas, ne cessant d'entrer et de sortir, mais la plus jeune, debout près du feu, se contentait de regarder les étrangers. En la voyant mieux éclairée, ils s'aperçurent qu'elle était fort belle, svelte et bien bâtie ; elle avait la poitrine haute, de grands yeux gris et des cheveux qui lui tombaient jusqu'aux genoux. Ces cheveux étaient brillants et épais, mais d'un blond foncé. Des bagues ornaient ses longues mains blanches. Elle était vêtue d'une robe de laine couleur rouille , richement brodée. Un ruban d'or nouait ses cheveux et elle portait plus de bijoux et d'anneaux qu'il n'est d'usage pour une femme un jour de semaine.
La religion chrétienne n'avait jamais troublé le paganisme de son âme : sa religion à elle était bien plus ancienne ; elle croyait aux présages, aux signes, au fer, aux dates heureuses ou fatales, aux amulettes, aux prières, dont le sens ne l'intéressait nullement. Et elle adorait ses morts.
Jenny, que tout cela est triste ! Je pense que l'on rencontre rarement une femme vraiment douée, heureuse de travailler, énergique, consciente de sa valeur humaine, distinguant le bien du mal ; cherchant à développer les dons et les instincts qu'elle juge bons et estimables, et à en étouffer d'autres, mauvais et inférieurs. Un beau jour, elle fait la connaissance d'un type quelconque et alors adieu le travail, le développement, et tout le reste. Elle renonce à elle-même pour l'amour d'un pauvre sire. Jenny, ne trouves-tu pas que c'est triste?
Rose : Toutefois, tu devrais me connaitre suffisamment pour savoir que je ne pourrai à la longue supporter une existence pareille [pleine de reproches] Je suis saine de corps et d'esprit, et tu ne peux pas me remonter comme un jouet, et je ne veux pas te laisser me mettre en pièces pour voir comment fonctionne le ressort...
Elle avait fini de manger et, allumant une nouvelle cigarette, elle resta assise, le regard perdu, le menton appuyé sur ses mains.
"Non, monsieur Gram. Voyez-vous, la faim - moi, je ne sais pas encore ce que c'est, mais cela peut m'arriver - et Heggen, par exemple, le sait et, cependant, il est de mon avis : il vaut mieux avoir trop peu du nécessaire que de se priver toujours du superflu. Le superflu, c'est bien pour l'obtenir que l'on travaille, c'est de lui dont on rêve."
La colère ne lui était jamais d'un long secours; elle passait ses nuits à pleurer à chaude larmes à côté d'Ulvhild, pour tout ce qui avait été tenté de violence contre elle. Bentein avait ai moins réussi à briser sa virginité dans son âme.
Oui, vous êtes si bizarres tous les deux ; il faut, pour ainsi dire, que vous vous rendiez la vie compliquée et romantique.
Les jours bons échoient aux gens raisonnables, mais que les meilleurs jours sont la récompense de celui qui a le courage d'être fou.
On ne peut se rendre compte de ce que l'on doit à son foyer, et en être reconnaissant, que lorsqu'on en est éloigné, car on sait bien qu'on n'en dépendra plus jamais, une fois qu'on a su se rendre indépendant. On ne peut aimer vraiment son foyer auparavant. Comment aimer ce dont on dépend ?
Cette explication lui a-t-elle suffi?
- Oui, après que je lui eus fait comprendre le bon sens de mes paroles, c'est à dire que nous avons la raison pour nous en servir et que nous ne pouvons prétendre au bonheur que si nous nous laissons guider par elle.
Je t'en prie, ne me quitte pas ; pour tout le mal que tu me feras, je te ferai du bien.
– Si tu ne m’avais pas rencontré dit Erlend, tu aurais pu passer des jours heureux avec lui, Kristin. Pourquoi ris-tu ?
– C’est que je me rappelle une chose que dame Aashild a dite un jour, répondit Kristin. Je n’étais alors qu’une enfant, mais c’était à peu près ceci : que les bons jours échoient aux gens raisonnables, mais que les meilleurs jours sont la récompense de celui qui a le courage d’être fou.
(p. 192, Chapitre 8, Partie 2, “La Couronne”, Tome 1, “La Couronne”).
"Dès mon arrivée en Italie, je me suis laissé séduire par l'art baroque. Ne comprends-tu pas cette complète impuissance et le tourment qu'elle cause sous l'apparence brillante. Rien de personnel, de neuf, qui puisse emplir les formes anciennes. La technique seule domine encore. On se jette à corps perdu dans l'exécution difficile des draperies flottantes, des perspectives en raccourci, dans les profonds effets d'ombre et de lumière, dans les compositions savantes. Et l'on veut dissimuler le vide derrière l'extase. On peint des visages angoissés, des corps tordus, des saints dont la seule vraie passion est la crainte de leurs propres doutes, qu'ils veulent faire taire par une exaltation maladive. En vérité, vois-tu, c'est le désespoir devant la stérilité, l'oeuvre des épigones qui veulent s'éblouir eux-même."
Un mariage ne se recolle pas comme de la porcelaine, une fois qu'il est brisé.
Pourquoi vouloir nier qu'il y ait quelque chose de consolant et d'encourageant pour une femme à recevoir des compliments et à être courtisée par un autre homme, quand son propre mari l'a si cruellement déçue ?