1966, une maison isolée dans la petite ville de Narcissa, en Oklahoma. Nora fait la vaisselle et se demande pourquoi le chien aboie. En train d’écouter une chanson de Peggy Lee, elle n’a pas entendu la mustang jaune s’arrêter ni l’homme entrer dans sa maison. Quand il commence à l’étrangler, il est trop tard … L’assassin laissera derrière lui les cadavres d’une femme enceinte et d’une petite fille ainsi qu’une mère et son fils meurtris à jamais.
Quarante ans plus tard, la famille Lombard décide de visiter la mythique route 66. Mais la traversée s’arrête abruptement quand Pierre disparaît à la laverie, abandonnant sa femme Lola, son fils Gaston et sa belle-fille Annette. Quatre ans plus tard, il appelle Lola d’un bar en la prévenant qu’elle recevra les confessions du tueur de la route 66 et que cela lui permettra d’éponger les dettes qu’il lui a laissées en les quittant. Folle de rage, Lola décide de partir à la recherche de son mari sur la Mother Road, accompagnée de ses enfants, ignorant qu’elle va à la rencontre des pires dangers.
J’ai acheté ce roman au salon du livre de Paris et je me le suis même fait dédicacer. Généralement, quand j’achète un livre, je le lis deux ans plus tard au plus tôt. Ça doit être la première fois depuis 10 ans que j’en lis un aussi rapidement après l’avoir acheté. Mais mon goût pour les États-Unis et le fait que l’intrigue se déroulait sur la Route 66 ont eu raison de moi.
Au début, j’ai eu la crainte d’être tombée sur un de ces romanciers français qui veulent faire de l’américain à tout prix. Les excellents passages de meurtres dans les années 60 et 70 alternaient avec les vacances de la famille Lombard et l’installation dans la ville de Sedona, suite au décès de son père, de Desmond Blur, qu’on identifie rapidement comme étant le jeune garçon survivant du meurtre de Narcissa en 1966 et devenu un éminent professeur. J’ai eu du mal à me plonger dans le récit à cause des passages qui se déroulaient à l’heure actuelle et qui ne parvenaient pas à me convaincre. Je trouvais les personnages caricaturaux. Mais rapidement, l’intrigue s’installe, la personnalité et la psychologie des protagonistes se déploient et la lectrice en moi a été ferrée et séduite.
Car contrairement à ce que je pensais, Sophie Loubière n’est pas tombée dans les pièges d’une trame trop facile mais a entrelacé patiemment les fils de plusieurs intrigues tout au long des pages. On suit ainsi en parallèle le parcours de Desmond Blur qui a survécu au massacre de sa famille, les vacances des Lombard qui remontent la piste du tueur à la recherche de Pierre ainsi que la rencontre de cet homme avec le tueur dont nous ignorons l’identité. Bien sûr, l’auteure nous mène sur de fausses pistes, nous laisse nous, lecteur, croire avoir facilement deviné le coupable avant de nous faire douter et de nous faire comprendre qu’elle nous a mené dans une impasse.
Sophie Loubière a développé et creusé le caractère et le tempérament de ses personnages, les rendant beaucoup plus complexes et moins prévisibles que ce dont je m’étais attendue au départ. Elle joue sur les identités nationales des individus avec brio, présentant les différences américaines – françaises sans forcer le trait. Mais surtout sans excès ni caricature, ils ont chacun leurs blessures et leurs failles qui les rendent tellement vrais et attachants. Une brochette de personnages secondaires réussis complète le casting.
Les rebondissements sont habilement distillés et la tension monte peu à peu pour atteindre son paroxysme dans les dernières pages, comme dans tout bon thriller. Heureusement, on évite la course poursuite hollywoodienne, mais la romancière a créé un bon suspense qui fait monter la tension même si au fond de vous même, vous vous doutez de l’issue.
Mais ce qui m’a le plus séduit, c’est la description des paysages de la route 66, de son histoire et de son évolution à travers les époques. C’est un personnage à part entière du roman, si pas le plus important.
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