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Citations de Sophie de Baere (268)


Au fond, je crois que l’existence n’est qu’un apprentissage de la perte. À peine né, toute une galaxie disparaît. La coquille utérine, sa moiteur, la musique des bruits assourdis par l’épaisseur du ventre nous sont soudain ôtées sans ménagement. Quelques temps après, la chaude mamelle, la caresse et l’attention sans mesure font des va-et-vient douloureux puis se volatilisent à leur tour. Alors on cherche des remplaçants à la mère de l’enfance. Camarade, frère, sœur, ami, amoureux… Mais eux aussi finissent toujours par s’éloigner ou par disparaître. Jusqu’au salut ultime, la vie n’est en réalité rien d’autre qu’une succession d’éclipses.
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On peut polir les mots mais pas les silences. Ils nous échappent et nous révèlent.
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Paul se demande bien à quel moment on passe de l’autre côté, à quel moment l’existence se met à fuir entre nos doigts, les genoux à ployer sous la fatigue, le silence à faire un bruit qui éreinte. Est-ce qu’un matin, on croise soudain la vieillesse et ses lignes de fuite dans un miroir ? Ou bien celle-ci nous atteint-elle toujours par bribes, nous enlaçant de manière lente, insidieuse, implacable ?
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J'avais quatorze ans et l'amertume me pillait le cerveau, je me sentais comme un caillou au milieu d'autres cailloux. Antoine avait, durant de brèves lueurs d'éternité, enfanté en moi des granulés d'espoir, mais son départ les avait piétinés et leur poudre s'était envolée dans le vent d'automne.
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Mais il ne fallait surtout pas se plaindre. Les Daumas étaient beaux, ils possédaient une belle maison à tourelle, une belle situation, une belle vie, et la beauté, on n’a pas le droit de l’endommager, encore moins de la salir. Blanche ne l’aurait pas permis. Ses parents l’avaient élevée dans l’idée que beauté et douleur ne pouvaient pas cohabiter alors elle en avait pris son parti. Ses enfants aussi. On doit avoir l’air heureux quand on est beau et riche.
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Mais je sais, moi, que ça ne va pas aller, que ce matin brouillasse n’est que le début d’un long chemin caillouteux. Un chemin de pénuries, un chemin de nulle part. Je sais qu’il n’y aura plus de fiançailles de nos bouches, que l’abandon ronge déjà le cœur tendre de ma petite fille, que dans mon ventre l’étincelle va mourir. Je sais que je m’engage sur une route de périls esseulés. Sur une terre de prophète oublié
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Une vie, ça se fait puis ça se défait mais ça ne se refait pas. C’est tout sauf de la magie, c’est une route tortueuse dont on ne peut changer l’itinéraire. Pas de retour en arrière possible. Il faut continuer jusqu’au bout. Malgré les pieds en sang. Malgré la soif accrochée au ventre.
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Charlotte me manque. J’en crève. Sa peau de velours, le chuchotement de ses boucles brunes balayant mon front, ses petits pas de danseuse, son corps d’enfant pesant sur ma poitrine. Le sacrifice est trop grand. Je comprends déjà que l’absence d’un enfant est une omniprésence. Déchirante et inconsolable
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Vivre sans son enfant, c’est comme se tenir au bord de soi-même. Être inachevée. Respirer à moitié.
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Il faut dire que je suis de ces filles qu'on ne remarque pas vraiment. Je suis de ces filles qui n'osent pas et qui se taisent. (...)
Pas assez jolie. Pas assez intelligente. Pas assez efficace. Pas assez drôle. Je suis l'incarnation du manque. Du presque-vide. Et s'il m'arrive quelque chose de bien, ce ne peut être qu'un hasard ou un incident.
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Est-ce que c'est ça l'adolescence, faire table rase et ne garder de l'enfance qu'une frêle écume, renier le beau pour s'autoriser à se séparer, à grandir, loin de ceux qui vous ont donné la vie, qui vous ont bordé, veillé ? Aimé ?
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A quel moment l'existence se met à fuir entre nos doigt, les genoux à ployer sous la fatigue, le silence à faire un bruit qui éreinte. Est-ce qu'un matin, on croise soudain la vieillesse et ses lignes de fuites dans un miroir ? Ou bien celle-ci nous atteint-elle toujours par bribes, nous enlaçant de manière lente, insidieuse, implacable ?
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L'embrasure de la porte cochère, son sourire gêné et ma gorge sèche, si sèche. Les mots aussi. Ceux qui remontent le long de ma poitrine mais qui restent suspendus au creux de mon cou, indécis. Et puis ce corps de plâtre qui tremble et s'émiette seconde après seconde sur le sol, ce corps soudain trop lourd pour moi.
Ses yeux jaunes, son visage de couteau, son air suffisant : je suis repartie trente ans en arrière. Une seul idée en tête. Fuir. Disparaître.
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Elle ne parlait plus ou presque. Comme si elle avait épuisé tous les mots, et avec eux, tous les espoirs que le langage fait naître.
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L’enfance est une magie ; elle devrait prendre plus son temps. Une fois devenu adulte, on se laisse happer par la course erratique du monde et le cimetière ôte soudain ses habits fantaisistes.
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Paul, Cécile et leur mère se rendent au cimetière.
Paul aime les visites de ces lieux. C'est un pas de côté, une respiration loin du tumulte des vivants. Les vieilles allées gravillonnées sont des lieux salutaires pour qui oublierait que toute cette vie n'est qu'une fable. Paul est d'ailleurs convaincu que si les hommes gardaient à l'idée la façon dont tout s'achève, les choses seraient sans doute plus simples. Oui, les choses seraient bien différentes, elles ressembleraient à des histoires et des espérances d'enfants. Où rien n'est impossible. Où tout est réversible. Mais dans la réalité, ce qui gouverne nos existences d'adultes est lesté d'une gravité et d'une rancœur auxquelles on ne peut rien.
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Enfin, d'une voix très calme, sa peau sur la peau de Blanche, Paul se mit à lui raconter sa vie de sentinelle. Les jours à traverser leurs crachats, semblable à des potences, à chercher l’air aux pourtours de la peur, guetter la moindre menace, traquer l'ennemi et le fuir. Elle, elle dit qu'elle regrettait tant de n'avoir pas su regarder ses petits grandir, occupée qu'elle était à attendre Charles, ses yeux collés sous des œillères d'alcool. Laissant filer le temps. Comme si on pouvait s'offrir une vie à blanc avant la vraie. (p.160-161)
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C'était un déchaînement, un acharnement, du noir dégueulé de leurs petites tronches de rats, un jeu de massacre. En quelques jours, Paul apprit ce qu'est la cruauté. Celle qui dissout lentement l’être et lui instille l'envie de crever.
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Cet enfant passe d'une faim à une autre sans que la précédente ne laisse de trace.
Etre adulte c'est, je crois, perdre cette faim et gagner le désir.
Mais le désir est une chose fragile et il est bien plus difficile à satisfaire ou à transformer.
Le désir, c'est autre chose qu'une faim enfantine.
Il est trop grand, trop radical pour des vies aussi petites que les nôtres.
Et quand on ne peut plus l'assouvir, on perd gros.
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La jeunesse peut être une guerre silencieuse, un champ de bataille où des enfants d’à peine quinze ans sont capables de tuer à bout portant leurs camarades. Et cela, sous les yeux des adultes qui sont censés les protéger. p. 154
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