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Citations de Stéphane Audeguy (130)


Si les lions parlaient, nous ne pourrions pas les comprendre. Ou du moins pas davantage que nous ne comprenons les hommes.
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Adal avait participé à la rédaction d’un cahier de doléances, au commencement de la Révolution, pour le compte des Africains. Il était celui qui avait dit aux Noirs d’y faire marquer tout ce qui n’allait pas ; et les anciens avaient choisi Adal pour tenir ce cahier parce qu’il avait appris à lire et à écrire auprès d’un Blanc. Adal avait tout noté, scrupuleusement. Il avait porté lui-même ce document vénérable aux États généraux de Versailles. Puis les choses n’avaient cessé de tourner mal. Il n’avait pas même eu le droit de visiter Pelletan dans sa prison. Et maintenant celui-ci était mort. Quant au Bonaparte, il avait changé de nom comme seul un démon sait le faire. Il s’appelait désormais Napoléon et avait rétabli l’esclavage, qu’on n’avait d’ailleurs pas cessé de pratiquer.
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Yacine aimait le grec. Il admira les héros de l’Antiquité dont il traduisait les vies dans le vieux Plutarque de son maître, à la Mission ; mais ce qu’il adora par-dessus tout, ce furent les mathématiques. Quand le bon père lui avait montré les rudiments de cette science mystérieuse, il n’avait pas eu besoin de travailler ou d’apprendre, si apprendre est une peine et travailler une servitude. Il avait littéralement vu, et même, lui semblait-il, senti de toutes les fibres de son corps, qu’un monde nouveau s’ouvrait devant lui, avant même que de commencer à le comprendre véritablement.
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Il semble que toute collection gravite autour d'une pièce manquante, sorte de moyeu autour duquel peut tourner, indéfiniment, la folie collectionnante de son propriétaire.
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Certains nuages en effet semblent surplomber tous les autres, et s'étirent comme des griffures de chat ou des crinières, en longues fibres parallèles ou divergentes, presque diaphanes ; Howard les nomme des filaments : ce seront , en latin, les cirrus.
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Il s'est mis à penser que toutes les formes naturelles obéissent à des lois récurrentes. Il croit que le créateur du monde l'a voulu ainsi, et la jeune science des formes célébrera l'oeuvre divine. Johann Wolfgang Goethe sait que bientôt l'eau de son propre corps voyagera, pour partie dans le sol, pour partie dans les airs, et cela le console de la mort. Il aime à penser que sa dépouille va nourrir des plantes, ou de petits insectes mal connus. Même il pense parfois, mais sans le dire à personne, que le cerveau des hommes a la forme des nuages, et qu'ainsi les nuages sont comme le siège de la pensée du ciel ; ou alors, que le cerveau est ce nuage dans l'homme qui le rattache au ciel. Parfois même Goethe rêve que la pensée elle-même se développe non pas, comme disent certains, à la façon d'un édifice de pierres, mais bien plutôt comme ces arborescences nuageuses qu'il admire tant, dans les cieux toujours renouvelés, au-dessus de Weimar.
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A côté des célèbres représentations de chasseurs, de bisons, de mammouths, l’art pariétal offre à nos regards des géants, des créatures mi-animales, mi-humaines. A Jabbaren (dans la région de Tissali, en Algérie), nos lointains ancêtres ont dessiné un être immense et blanc, dont la tête semble présenter deux yeux étranges et excentrés. A Séfar, c’est une créature anthropomorphe deux fois plus grande qu’un homme, apparemment pourvue d’une queue et de grandes oreilles (à moins que ce ne soient des cornes…). Dans la grotte des Trois-Frères, en Ariège, l’on peut voir un personnage à corps humain avec des oreilles et une queue animales.
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Très loin du Kenya, en Angleterre et en Hollande, de grands groupes horticoles ont refait cent fois leur calculs, et ces calculs indiquent avec certitude qu'en raison de l'augmentation des frais de fonctionnement des serres chauffées dans toute l'Europe occidentale, laquelle est directement fonction de celle du pétrole, il est devenu rentable de s'en aller cultiver des fleurs dans des zones plus chaudes et plus ensoleillées que les banlieues holandaises ou les campagnes anglaises, et dont la main d'oeuvre, incidemment, se révèle moins couteuse.
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En 1989 une nuée de sous-traitants s'abat sur la vallée du Rift. Le site de Naivasha est assez proche de l'aéroport internationnal de Nairobi, une fleur cueillie à l'aube sur les bords du lac peut donc orner le soir même la table d'un restaurant de charme du centre d'Eindhoven. Une demi-douzaine de fermes agricoles exhalent leurs effluves de fertilisants et empestent le ciel. Leurs pompes à eau sont si puissantes que les alevins et les petits poissons, ne pouvant résister à leur aspiration, meurent asphyxiés au pied des grans rosiers. Les fermes elles-mêmes avalent goûlument, dans toutes les campanes avoisinantes, les paysans misérables qui rêvent d'un salaire; cinquante mille hommes pénêtrent dans ces serres, sans compter ceux qui viennent attendre devant les grands portails une embauche hypothétique, cinquante mille hommes, et pour les plus chanceux l'entreprise fournit logement et nourriture, c'est une économie sur la masse salariale, et parfois même le grand luxe d'une crèche qui permet aux femmes de tenter leur chance; mais les autres, infiniment plus nombreux, vivent dans des baraques sans nom, déboisent les collines environnantes pour se chauffer, chaque jour manquant d'eau potable, les fleurs mieux abreuvées que les hommes, d'autres encore n'ont pas trouvé à s'entasser dans les baraques, font chaque jour dix kilomètres à pied pour venir travailler, dix kilomètres à pied pour s'en retourner, le grand désert blanc des serres assèche non seulement le lac mais aussi la région tout entière, attire des centaines de camions, déverse dans le lac des engrais qui tuant les poissons ruinent tous les pêcheurs , et sous les bâches blanches, le bromure de méthyle qui brûle les yeux et les mains, qui s'infiltre dans les reins, et, selon les variations des marchés et des cours, laissant en mai des milliers de journaliers sans travail pour les réembaucher à la Saint-Valentin, à la Fête des mères, le Kenya produisant maintenant le tiers des fleurs européennes.
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par une habitude de politesse, il dissimule sa déception de touriste, mais il trouve décidément que la jungle est affreusement maussade, tout en reconnaissant qu’elle ressemble aux descriptions des voyageurs…
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Cette cuisine matriarcale, la plus douce du monde peut-être, n’offre guère à la dent de résistance. Mais dans le fondant de la pâte et de ses sauces, dans le velouté du minestrone, dans la variété des crèmes glacées, le parfum des huiles d’olive, que de raffinements simples !
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Les gouttes d’eau les plus ténues viennent à bout des roches les plus dures, si l’on veut considérer l’immensité du temps. J’ai fait ce que j’ai pu pour ajouter, avec douceur, au désordre de ce monde. Rira bien qui rira le dernier.
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A la fin du mois de mai 1788, le navire (transportant le lion Personne ) était parvenu à bon port, au Havre de Grâce. Ce fût dans une indifférence quasi générale , que le "Centaure" finit sa dernière course dans le bassin du Roy. Les Havrais avaient alors d'autres soucis en tête. Le temps exceptionnellement mauvais pour la saison faisait craindre aux uns les famines, aux autres, les emeutes qui s'ensuivraient fatalement.
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Ces deux êtres si rares ne devaient-ils pas être protégés non seulement de la méchanceté des hommes, mais aussi de la férocité des animaux sauvages, de la peur des animaux domestiques, de leur propre inadaptation, en somme, à quelque monde que ce soit ?
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Nous naissons d'une nuit infiniment obscure. A l'image du célèbre tableau de Courbet, le ventre des femmes est l'origine du monde; il est aussi celui de toutes les fictions. (p. 26)
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Ils ne pensent à rien. Et ils n’ont pas forcément tort. Une forme de bêtise habite toute pensée.
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Mais c’est trop tard. L’espèce humaine est trop nombreuse, trop puissante : elle ne s’éteindra plus, elle ne s’éteindra pas, ou alors elle s’autodétruira, et pour la nature c’est le commencement de la fin.
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Vous êtes-vous jamais demandé, écrit Akira Kumo à Virginie Latour, pourquoi il y a eu deux bombes atomiques lancées sur le Japon, en 1945 ? Pourquoi Hiroshima, et puis Nagasaki ? Pourquoi une bombe le 6 août, et une seconde le 9 ? Pourquoi pas seulement une ? C'est une question que personne ne pose, sauf les enfants, quand on leur explique pour la première fois ce que furent ces bombardements, et ce sont les enfants qui ont raison. Mais on ne leur répond pas, généralement par ignorance, parce qu'il faut vraiment creuser longtemps pour trouver la réponse à cette question : les Etats-Unis d'Amérique avaient inventé deux types de bombes atomiques, et il leur fallait donc deux sites pour les tester.
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On ne peint pas pour faire de la peinture, ou même pour être peintre : seuls les amateurs en sont là. On peint pour des raisons plus profondes et qui n'ont rien à voir avec la carrière ; ce qui est essentiel pour un peintre, c'est le rapport entre son art et tout ce qui n'est pas la peinture, c'est ce désir de capter les couleurs et les saveurs du monde.
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L'étude est presque achevée. C'est là le moment périlleux, qui l'exalte et le mine tout ensemble : sait-on jamais quand un ciel est fini ? Et c'est là que la plupart des peintres manquent leurs ciels. Ou bien ils s'arrêtent trop tôt et c'est la peinture, avec ses aplats et ses touches, qui se voit ; ou bien ils cèdent à la tentation de rajouter encore ici, de gratter un peu là, de retoucher et, en reculant d'un pas, ils constatent le désastre : l'ensemble a basculé dans le barbouillage, irréversiblement.
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Et parfois il lui semble que ce sont les nuages qui regardent passer les hommes.
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