Citations de Stéphanie Bodet (89)
C’est parce qu’il n’y a pas une minute à perdre qu’il faut prendre son temps
Nous avions à cet instant l'invulnérabilité des Clochards Célestes et la vie nous semblait une éternelle épiphanie...
Bivouaquer avec pour toit un ciel criblé d'étoiles et pour lampe, une lune ronde et fertile. S'endormir le nez glacé et le coeur en feu. Vivre pour ces minutes, pour ces heures, pour ces jours où le temps n'a plus de prises. Hors-la-loi bénis du temps qui passe, du temps qui fuit, du temps qui coule... Vivre au dessus de ses forces pour en créer des nouvelles !
Il ne faut jamais revenir au temps caché des souvenirs, du temps béni de son enfance. Car parmi tous les souvenirs, ceux de l'enfance sont les pires, ceux de l'enfance nous déchirent...
- Mais tout de même, j'ai vu des images de votre maison. C'est un lieu splendide qui reflète un art de vivre singulier, une façon d'être au monde originale et harmonieuse.
- Vous avez dit le mot.. "reflète"... On peut créer I'illusion pour soi-même et les autres mais rappelezvous qu'il s'agit d'un décor. Procurer I'illusion, c'est mon métier. Habiter vraiment, c'est autre chose. C'est une qualité, une disponibilité d'âme que je regrette de ne pas cultiver davantage.
C'est seulement lorsque nous savons habiter que nous pouvons bâtir. (MARTIN HEIDEGGER)
J'habite dans les montagnes
Nul ne me connaît
Au milieu des nuages blancs
Toujours silencieux, silencieux
Le vrai domicile de l'homme est la route (BRUCE CHATWIN)
Il se sentait comme un piano désaccordé. Comment faire résonner la note juste dans son travail et dans sa vie, lorsque la foi s'étiole et qu'on se prend à douter ? Même Patañjali ne lui était d'aucune utilité.
Façonner son univers, décorer sa maison, c'est ouvrir Son âme. Chaque femme mystère de la chaleur et de la douceur... (MARK DELARIVE)
La liberté consiste à suivre le chemin que vos inclinent à prendre. (HENRI MATISSE)
Fine et cultivée, cultivée, elle aimait paraphraser le fameux art poétique de Colette : Avec les mots de tout le monde, écrire comme personne.
-Bien sur, mais je reçois tant, si tu savais... Je crois que chacun d'entre nous soulage les autres à sa mesure, reprend-elle après un léger temps de silence. Toi par exe mple, avec tes visites et ton sourire, tu nous fais un bien que tu n'imagines pas ! Enfin, je ne dis pas cela pour que tu viennes plus soUvent, ajoute-t-elle, car tu es jeune, tu as ta vie à mener... Chacun sa route, chacun son chemin, comme dit la chanson.
-Allons mon Georges, à chacun sa part, n'est-ce pas ? Nous, on est vieux maintenant, et notre devoir, c'est de semer les graines de joie récoltées en chemin. Car elle est partout, la joie, mes amis, il suffit d'ouvrir les yeux et de croire au merveilleux !
En remontant le couloir de caillasses instables, elle se soUvint de I'hébétude des premiers jours, de la tentation d'en finir. Et de la peur. Peur de la nuit inamicale. Cette peur ridicule, pour qui souhaite mourir, lui avait fait réaliser qu'elle voulait vivre. Vivre en dépit de I'absence et des jours.
Un temps veut qu'on s'applique à vivre. Un temps vient de renoncer à mourir en plein vol.
COLETTE
Tom ne s'épanouissait que dans l'air des très hauts sommets. Un air qui lui rendait la vie respirable. Vivre là-haut, c'était se défaire des parfums confits de nostalgie, des réminiscences, des surgissements soudains d'un passé enfoui qui n'avait rien d'enchanteur.
Respirant l'air le plus pur
les narines gonflées comme des gobelets
sans avenir, sans souvenir
Elle réalisa soudain à quel point elle avait été seule. À quel point elle était seule.
"Comment t'expliquer, mon amie, que lorsque la vie devient trop douce chez nous, il faut s'en extraire et éprouver ces sensations qui te sont familières, le froid et la fatigue ? Comment t'expliquer, à toi qui t'endors épuisée sur ton tapis de laine que chez nous, les gens ne parviennent plus à dormir en paix dans leur lit moelleux à cause de leurs soucis ? Comment t'expliquer, à toi qui bats ton linge l'hiver dans l'eau glaciale de la rivière, que pour nous, les cures d'inconfort sont une question de survie ? Comment te dire, Sadiya, qu'en dépit de leurs belles dents et de leurs machines à laver, les gens d'ici continuent de rechercher une vie meilleure ? Comment te faire comprendre que tout ce qui te manque ne fait pas la vie gaie ?"
Fin d’un des poèmes à Emilie:
« Ce qui foudroie éclaire
C’est l’humble réconfort
Des existences fêlées
Qui à rebours
Apprennent à être. »