Elle est légèrement fêlée au départ notre Rachel puis totalement délirante, un vrai cas pour Freud ! Seule depuis des années, après la mort de sa mère et son départ de Londres où elle cohabitait avec une Sonia bien différente d'elle (elle est si sensible, si délicate ! Comment supporter sa poissonnière de coloc' ?), elle reçoit en héritage une grande et belle maison bourgeoise à Bristol où, finalement, elle décide de vivre.
Passablement en manque de sexe, elle se trouve des accointances avec tout ce qui porte culotte dans le coin, jardinier, notaire, pharmacien, peu importe, elle se trouble, rêve de biscottos et de mains frôleuses. En fait par moments, on ne sait plus trop si elle a juste fantasmé ou s'il s'est vraiment passé quelque chose. Érotomane sur les bords, elle met les hommes mal à l'aise, se croit irrésistible et provoque des réactions de malaise chez tout le monde. C'est un « cas » intéressant, nourri de chansonnettes sentimentales et de cinéma ou de théâtre dont les héros font irruption dans sa vie et dans sa conversation au grand dam de ses interlocuteurs. Le sommet est atteint quand elle se voit filer le parfait amour avec Horatio, habitant de la maison quelque deux siècles plus tôt. Finalement, pourquoi pas ? C'est un bon moyen de ne pas être contredite ni déçue !
Ce roman drolatique, qui ferait un bon pitch de film, fait passer un bon moment même s'il est émaillé de références auxquelles on a du mal à s'associer (très « british » ou passablement rétro). L'ayant lu à partir d'épreuves non corrigées, j'ai tout de même été un peu gênée par le nombre important de coquilles, fautes de concordance des temps ou d'orthographe ! J'espère que la version finale était plus soignée. Un bon point pourtant pour la qualité de l'édition, papier, couverture cartonnée au joli graphisme, typo agréable.
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Voilà un roman écrit en 1982 et remis sous les feux de l’actualité dans une traduction française par les éditions Le Tripode en 2014.
1982 dites-vous ?
Le roman pourrait tout aussi bien avoir été écrit plus tôt , car il a toutes les apparences d’une histoire romantique et désuète racontée par une romancière anglaise buvant tasse de thé sur tasse de thé.
Illusion confortée par l’iconographie de la couverture choisie par le Tripode : une robe en dentelle sur fond fleuri un peu kaléidoscopique qui devrait nous engager à ne pas nous fier aux apparences.
Nous lisons donc, ou plutôt nous plongeons dans le monologue intérieur de Rachel Waring, une femme plus très jeune héritant d’une belle maison à Bristol et qui voit sa vie médiocre être complètement transformée : capelines, beaux meubles, jardinier musclé, la petite cour des notables, pharmacien, notaire, robes en soie et ombrelle.
Peu à peu la belle image se fissure à la manière de ces tableaux classiques qui révèlent des motifs cachés selon l’angle de vue, comme dans les « Ambassadeurs » de Holbein où un crâne qui rappelle notre finitude apparaît dans une scène un peu solennelle.
Cette Rachel qui chantonne sans cesse de vieux airs de comédies musicales (voir la playlist sur le site du Tripode), cette Rachel qui se persuade de son bonheur est en fait si seule qu’elle rêve sa vie au lieu de la vivre. Elle n’a jamais connu d’homme, elle aimerait tant, alors elle tombe amoureuse du pharmacien, du notaire, du jardinier, et finalement du portrait de l’ancien propriétaire de la maison avec lequel elle s’imagine mariée.
Elle sombre dans la folie, mais comme c’est elle qui raconte, elle entraîne le lecteur avec elle. On s’inquiète pour elle, pour son argent qu’elle dépense sans compter, on aimerait l’empêcher de se ridiculiser, on aimerait la réveiller, mais en même temps comme elle a raison, Rachel, de faire de sa vie un chef d’œuvre.
Un très beau roman, perturbant, énervant, mais inoubliable.
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C’est pour moi le deuxième livre que je lis de Benatar et j’ai retrouver le même sentiment d’anachronisme que dans Miss Daisy. On a du mal à situer l’époque car les héroïnes de ces romans sont particulièrement en dehors de leur temps.
À 47 ans Rachel Waring mène une existence assez simple de secrétaire à Londres lorsqu’elle reçoit une maison en héritage. La sage Rachel n’hésite pas très longtemps et décide de tout lâcher pour aller vivre dans cette maison à Brighton. Cette maison et la liberté qu’elle s’octroie vont être le déclencheur de sa véritable personnalité. Elle chante toute la journée et vit dans un monde de comédies musicales vieillottes.
On se met à frémir de ses folies et à craindre le pire alors qu’elle s’épanouie comme une fleur dans un vase.
L’écriture de ce livre est d’une grande maitrise, car celui qui nous raconte l’histoire n’est autre que Rachel, et en avançant avec elle au fil des pages, l’inquiétude du lecteur envers Rachel se fait de plus en plus grande.
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Un univers étrange et prenant, de belles personnes attachantes, une fabuleuse montée de l'intrigue.
Je suis sortie troublée de cette lecture mais aussi triste et presque effrayée de l'habileté avec laquelle l'auteur enchaîne les discrets changements de son personnage.
Au final, est-ce ma perception ? ai-je imaginé ?
Superbe.
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Un petit conseil pour débuter ce commentaire : ne lisez pas en premier l'excellente analyse de John Carey qui fait office de préface à ce roman ! J'ai eu le sentiment pendant toute ma lecture de suivre ses pas, d'épouser son point de vue, comme s'il était là, penché par dessus mon épaule ,à me souffler à l'oreille ce que je devais penser du comportement de l'héroïne Rachel Waring.
L'histoire écrite par Stephen Benatar est singulière à plus d'un titre. Cet écrivain se glisse dans l'esprit d'une femme de quarante-sept ans dont l'existence est bien terne et qui ne trouve le réconfort que dans son imagination débridée, pétrie de comédies romantiques, de chansons populaires, de légendes qui parlent de beaux princes et d'amours impossibles. Nous sommes dans l'esprit de Rachel, voyons le monde à travers le prisme déformant de son optimisme presque désespéré et c'est bluffant et perturbant. Au début du roman, Rachel Waring hérite d'une maison à Bristol et décide de quitter son emploi et sa colocation à Londres. A elle, une nouvelle vie dans cette demeure où a vécu Horatio Gavin , un jeune philanthrope... Les espoirs les plus fous naissent alors dans cette âme que l'existence n'a que peu favorisé. L'auteur nous décrit son quotidien et petite touche par petite touche, nous montre sa plongée terrible et touchante dans le monde de l'imaginaire...
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l’héroïne du livre, la façon dont certains événements sans importance sont longuement détaillés, le fil conducteur du livre m’ont fortement lassés.
J’ai trouvé ce livre pénible à tel point point que j’ai finis par l’abandonner.
Déçu. il s’agissait de ma lecture des vacances…
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On ne peut pas dire que ce livre soit déplaisant mais je m'y suis ennuyée. Rachel est une femme de 40 ans passé, employée de bureau à Londres, qui hérite de sa tante un petit hôtel particulier à la campagne. Alors elle quitte tout pour profiter de sa nouvelle vie.
L'histoire est toujours racontée du point de vue de Rachel, ce qui fait qu'on oscille une bonne partie du livre entre ce qu'elle raconte et ce qu'on croit deviner jusqu'à ce que le doute ne soit plus possible.
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Voilà un roman très anglais, et très caustique ! L'atmosphère est pesante, les paroles dérangent mais le tout forme un récit marquant !
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C'est un livre que je conseille aux lecteurs prompts à l'empathie, comme je le suis.
Pour eux, le charme trouble et le vertige de l'empathie agira délicieusement avec juste le piment de quelques cruautés.
Le cadre britannique désuet et fleuri, sur fond de chansons populaires américaines ou anglaises du début du siècle dernier (comédies musicales et films de la cinémathèque) nous porte en douceur vers l'univers de Rachel.
Rachel, terne employée de bureau mal acceptée de ses collègues, âgée de 47 ans, mène a Londres, une vie étriquée et casanière avec une colocataire revêche.
Quand... une tante lui lègue une grande maison vieillotte à Bristol.
Rachel entre alors dans sa vie rêvée.
Et nous, à sa suite.
Les événements extérieurs de la nouvelle vie de Rachel nous parviennent après être passés par la perception de Rachel... avec quel degré de vérité? Des souvenirs que Rachel évoque, nous piègent ; et, dans un cas ou dans l'autre, nous prenons fait et cause pour elle, pour peu que la blessure nous en rappelle une autre... ( ou : une, nôtre...!)
Je me surprends à m'écrier, alors, un très britannique "Seigneur!" qui réveille mon chat.
Il faut bien y mettre un peu du sien avec les livres...
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bien écrit et fin surprenante
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Reçu dans le cadre de Masse critique, je remercie l'éditeur Le Tripode pour la découverte de ce titre. (Ayant reçu une épreuve, je ne peux hélàs que déplorer les nombreuses fautes d'orthographe, les coquilles qui ont perturbé une lecture qui par ailleurs était si fluide, même dans l'imbruglio de l'esprit de Rachel).
En effet, le point de vue du récit est celui du personnage central : Rachel Waring. Depuis sa vision du monde, de ses rencontres et réactions nous appréhendons le monde dans lequel elle s'installe. Son intériorité est la clé qui mène à la folie annoncée en filigrane. Nous tombons avec elle. A 40 ans, elle hérite d'une tante dont elle n'avait plus eu de nouvelles depuis des années, d'une maison à Bristol, dans le sud-ouest de l'Angleterre. Contre toute attente, elle va littéralement tombée sous le charme de cette demeure et décider de plaquer sa vie londonienne insipide pour la vie provinciale. Elle s'offre un nouveau départ dans la vie alors que jusqu'à présent celle-ci était morne. De ce point de départ inattendu, son caractère, son quotidien s'en trouvent bouleversés. Nous n'avons pas de retour sur ce que les autres personnages qu'elle rencontre pensent, tout ce fait par le truchement de son regard et de son ressenti, ce qui au fil de la lecture nous plonge dans le brouillard, l'incompréhension parfois.
La lecture ne laisse pas indifférente, car nous sentons le glissement, nous le voyons s'affirmer de plus en plus sans possibilité de le ralentir alors que nous nous sommes attachée à cette femme qui s'est vue privée de sa première histoire d'amour par sa mère -qui n'était pas la complice que la jeune fille imaginée-. Rachel Waring se rêvait actrice, aurait tant voulu connaître l'amour et avoir un cercle de proches autour d'elle. C'est d'ailleurs ce qu'elle commence à construire à Bristol. Du rêve de ses chansons populaires, des films qu'elle a visionné, des poèmes qui ont bercé sa vie, la voilà qui s'ouvre au monde, qui se découvre une passion, qui fait preuve d'altruisme, de compassion et de de largesses. C'est un portrait de femme où apparaissent des failles, qui s'étendent et la font basculer vers une destinée évoquée plus tôt dans le récit. Elle rêve sa vie, mais a des sursauts de lucidité, reconnaît certains des gens qui l'entourent. Elle se leurre juste dans le rayonnement de son être sur le monde.
La traductrice du roman a traduit les chansons de Rachel, à mon plus grand enchantement en oubliant pas de mettre en notes de pages, les références de ces citations. J'apprécie, car la valeur du texte réside aussi dans l'exploitation d'une culture anglaise populaire qui créera une communauté.
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C'est long. Cela doit se penser à une période très actuelle (les téléphones portables sont cités) et cependant on se sent transportée des siècles avant avec la déraison de l'héroïne, dont le personnage m'a souvent plus agacée qu'autre chose...
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