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Citations de Stephen Markley (153)


New Canaan était maudite avait-on décidé collégialement. Leur génération, celle des cinq premières promotions du millénaire naissant, évoluait dans la vie avec un piano suspendu au-dessus de la tête et une cible peinte sur le crâne.
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Stephen Markley
Car, devant l’Histoire, nous ne nous identifions qu’au vainqueur, par une empathie qui profite au dirigeant du moment. Ce dirigeant est l’aboutissement d’une longue lignée d’homme ayant enjambé le corps sans vie de leur prédécesseur, lui-même héritier d’une longue lignée de violence et de pouvoir. Ainsi les ressources et la culture engrangées après les guerres sont transmises en suite directe, et il devient difficile d’envisager tout témoignage de civilisation comme autre chose qu’un témoignage de barbarie
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Un peu avant 30 ans, on se rend compte que notre entourage peut prendre des chemins différents. Certains conservent leur jeunesse, tandis que chez les autres le temps commence à faire son œuvre comme l’eau s’infiltre par une brèche dans la coque
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Nous entretenons avec le ciel de l’endroit où nous avons vu le jour une intimité qui dépasse le mouvement des nuages ou le clignotement des étoiles.
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Pour elle, le monde naturel existait de la même façon qu’il existe pour la majorité des populations du Nord : un parc à thème, un Disneyland de plus. Un des luxes de la modernité était de ne jamais avoir à se demander si l’asphalte d’un parking risquait d’écraser le sol, de déranger un écosystème fragile, d’expulser une colonie d’insectes, d’oiseaux ou de petits mammifères. Ou bien de ne jamais songer que ce parking lui-même n’était guère qu’une miniature d’un phénomène bien plus vaste et sinistre : une guerre contre la biosphère vivante. On parle d’anthropocène, mais il serait plus exact de l’appeler nécrocène : une ère géologique déclenchée par l’être humain, dans laquelle le profit découle de l’exploitation et de l’extinction, l’immense capital accumulé finançant des dévastations plus grandes encore en un cycle fatal.
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La vie elle-même est devenue l’ultime ressource disponible, exploitable. On est prêts à tout. Raser des montagnes entières, anéantir des espèces, déplacer des fleuves, brûler des forêts, modifier le pH de l’eau, nous couvrir de produits chimiques toxiques. Il a fallu deux millions d’années à notre espèce pour se mettre debout et seulement cinq cents générations pour tout le reste. Notre culture repose sur notre droit à l’abondance, et sur pas grand-chose d’autre. Et nous avons mis notre droit de naissance en danger parce que nous sommes incapables de nous contrôler. De contrôler notre désir.
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la littérature, c’est une immense conversation qui transgresse toutes les limites définissant notre pensée : les frontières, notre durée de vie, les continents, les millénaires.
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C’est ça, l’adolescence : chacun vit dans sa bulle de doutes terrifiants, sans envisager que tous les autres soient dans le même cas.
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Presque tous les livres de Lisa avaient des pages cornées et des annotations dans les marges. Des traits d’esprit brillants, quelquefois obscènes, toujours charmants : un énorme smiley à côté d’une scène perverse dans Lolita ; un ironique « Bravo, mec ! » pour une phrase misogyne du Livre du rire et de l’oubli de Kundera ; un « Je mouille » à côté d’un passage des Hauts de Hurlevent. C’est durant cette période d’hameçonnage que Lisa lui avait donné Gaia, le classique écolo de James Lovelock, en l’avertissant que, malgré sa densité, il risquait de la chambouler. « C’est une lecture qui va te changer, lui avait dit Lisa. Tu ne regarderas plus jamais les fleurs, le lichen ou les bousiers de la même façon. »
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Le passé n’a de pouvoir sur nous que si on lui en donne.
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(...) aucun pipi ne lui avait apporté une satisfaction comparable à ce flot de café et de Pepsi Light filtrés par ses reins, aussi délicieux et apaisant qu’un craquement de la nuque sous les doigts d’un ostéopathe qui libère une demi-douzaine de nœuds d’un coup.
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Nous le savons tous, la mémoire fonctionne de telle sorte que notre vie entière se trouve expliquée par une poignée de moments précis, des totems qui deviennent ensuite des récits. Reste à inventer ce qui liera le reste. Après un mélange de LSD et de méthamphétamine, avec quelques litres d’alcool dans l’intervalle, on commence à interroger profondément ces épisodes éclatants, et le cocktail créait dans la tête de Bill des transpositions temporelles tout à fait intéressantes.
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Ils passèrent sous un réverbère, un de ces machins à vapeur de sodium dont le halo pisseux couleur soda à l’orange donne à la moitié des rues du pays un air blême et malade. C’est à sa lumière que Bill se rendit compte que près d’un tiers des réverbères de New Canaan étaient éteints, créant de vastes poches d’ombre jaunâtre.
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Il se dirigea vers la cabine téléphonique, aperçut un drôle de vieux qui se coulait dans la nuit avec son sac de courses. Il composa sur les boutons gras le numéro de téléphone noté sur la serviette, chaque rectangle chromé un probable centre de loisirs pour l’herpès et la morve.
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Il en était à sa troisième semaine de cuite depuis qu’il avait perdu son boulot, mais en réalité ces semaines étaient l’apogée de quatre années de cuite depuis qu’il s’était fait virer de la permanence d’Obama à Columbus, années que l’on pouvait aussi voir comme la continuation d’un lever de coude prolongé qui avait commencé au lycée de New Canaan. Difficile à dire. Bill sortait de trois semaines passées à boire, fumer, sniffer et gober dans un tel état de stupeur que, en un sens, l’acide l’avait presque réveillé, tiré de son terrier et laissé sous un soleil à cramer des vampires, faisant de ce moment de son existence un interminable et puissant foutoir de souvenirs, de poésie et d’émerveillement. Pile ce que doit être un bon trip.
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C’était l’unique leçon qu’il tirait de ses voyages : où qu’on aille, même si tout paraît neuf quand on débarque, au bout du compte c’est toujours les mêmes bars, la même bouffe, les mêmes meufs, la même politique, la même picole, les mêmes drogues, les mêmes emmerdes.
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Ben avait envie d’écrire une chanson sur Rick, sur ce style de mec qu’on trouve un peu partout dans le ventre boursouflé du pays, qui enchaîne Budweiser, Camel et nachos accoudé au comptoir comme s’il regardait par-dessus le bord d’un gouffre, qui peut frôler la philosophie quand il parle football ou calibres de fusil, qui se dévisse le cou pour la première jolie femme mais reste fidèle à son grand amour, qui boit le plus souvent dans un rayon de deux ou trois kilomètres autour de son lieu de naissance, qui a les mains calleuses, un doigt tordu à un angle bizarre à cause d’une fracture jamais vraiment soignée, qui est ordurier et peut employer le mot putain comme nom, adjectif ou adverbe, de manières dont vous ignoriez jusque-là l’existence (« On est putain de bien ici, putain », dit Rick, assis dans l’herbe, en admirant le miroitement nocturne de Jericho Lake). Pourtant, son ami n’avait rien d’ordinaire. Il vivait en roue libre, était têtu comme une mule et aussi rusé qu’un coyote. Il portait en lui des océans entiers, toute la nature du pays, des fantômes farouches et quelques centaines de millions d’étoiles.
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Lisa détestait avoir dans son orbite des gens qui ne lisaient pas.
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Nous entretenons avec le ciel de l'endroit où nous avons vu le jour une intimité qui dépasse le mouvement des nuages ou le clignotement des étoiles. Le ciel au dessus de chez nous s'apparente au moment où le parachutiste tire sur la corde et est aspiré vers l'éther. Nous aurons beau courir le monde et assister à des couchers de soleil, des aurores et des tempêtes plus spectaculaires, lorsque nous apercevons ces champs, ces forêts, ces buttes et ces rivières ancrés dans notre mémoire, notre mâchoire se serre. La corde tirée nous arrache à la chute.
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Mais 56 avait des jambes, des cuisses et un cul de statue grecque. Elle admirait sa manière d'évoluer sur la pelouse. Elle ne connaissait rien au football américain,mais il paraissait être le chef, interpellait tout le monde, pointait du doigt, faisait des signes, rejetait la tête en arrière et poussait un cri guerrier pour mener ses hommes à la bataille. Elle ne le quitta pas des yeux jusqu'au moment où l’entraîneur, Bonheim, leur ordonna de foutre le camp avec son accent des Appalaches épais comme l'huile de moteur. « Mes gars n'arrivent pas à se concentrer quand il y a un troupeau de poules qui gloussent. »
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