AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Sylvain Pattieu (122)


Moi c'est gamins je les aime ... Mes élèves je les prends comme ils sont, avec leurs conneries, leur langage, leur spontanéité.
Commenter  J’apprécie          150
Elles ont poussé entre les murs, n’importe comment, herbes folles sans tuteurs, et elles se sont frayé un passage, le corps dans l’ombre, la tête tournée vers le soleil.
Commenter  J’apprécie          110
Le problème de cette affaire, c'est qu'elle se situait à la limite. La limite entre entre les Vieux Quartiers et le reste de la ville, la limite entre le monde des prostituées et le beau monde. Tout est question de frontières. Nous avons combattu quatre ans pour les défendre, et voilà qu'elles s'effritent de l'intérieur.
Commenter  J’apprécie          90
C'est un lycée de banlieue comme il y en a beaucoup autour de Paris, un lycée «difficile» selon le journal télévisé, un lycée ZEP comme on a dit à un moment, «Ambition réussite» maintenant, parce que ZEP est devenu stigmatisant et parce qu'il y a moins de moyens ; un lycée qui fait frémir les jeunes profs venus de Paris ou de province et leurs familles au moment des mutations, avec un petit soulagement quand même parce que c'est pas un collège ; un lycée du 93, ce qui produit toujours son petit effet quand on dit son lieu de travail, en général suivi d'un «c'est pas trop dur ?» ou «et ils sont pas trop durs ?» compatissant, ce qui dispense d'entendre les «ah oui c'est bien prof vous vous foulez pas trop, vous avez les vacances» et de répondre «ben vous avez qu'à passer le concours si c'est si bien d'être prof» ; un lycée du 93, un antidote aux réactions antifonctionnaires, somme toute assez injuste parce qu'après tout ça vaut bien un lycée du 94, du 77, de Saint-Dizier ou de Strasbourg, seulement égalé sur l'échelle de Richter du métier qui craint par «prof dans les quartiers nord de Marseille».
Ça a d'abord été un bon lycée tout beau tout neuf moderne, dans les années 1970, construit pour répondre à la fois à la massification scolaire et à la progression de la banlieue au-delà de la petite couronne, quand on croyait encore que la crise allait pas durer, un lycée d'ascension sociale, ceux de la vieille ville, ceux qui s'installent en pavillon, la maison avec jardin, enfin, ou ceux qui arrivent dans une cité avec salle de bains et eau courante. Un lycée post-réforme Haby, plus de classes de pauvres, de classes de riches, en théorie, tout le monde dans le même bateau du collège unique. Puis ça s'est peu à peu dégradé, ceux de la vieille ville ont mis leurs enfants dans le privé ou dans un lycée parisien à option rare, quelques-uns des pavillons ont fait de même et ceux des cités sont restés. Les premiers sont partis, les deux dernières catégories se sont développées avec la ville, mais ce n'est pas le pire lycée. Il a même plutôt bonne réputation sur les forums de profs angoissés par leurs mutations, dans les discussions des routards du remplacement ou des vacataires royalement embauchés année après année par l'Éducation nationale.
Commenter  J’apprécie          90
Un livre est un rêve où se mêlent les vivants et les morts, il est peuplé des miens et de mes chimères, personnages qui se bousculent et se répondent. Il y a des reliefs, des herbes et des animaux. Il n’y a pas vraiment de temps strict et délimité dont on a trop souvent l’habitude, ici il se déchire d’éclats de souvenirs, de tristesse, de révolte
Commenter  J’apprécie          80
C’est dangereux mais ça vaut coup de tenter, de jouer. Ça veut le coup d’y aller, de donner, de sortir la tête, de regarder derrière, de regarder de tous les côtés. Ça vaut le coup d’attendre la dernière minute avant la fermeture des portes.
Commenter  J’apprécie          70
Seul dans son jardin, en silence, à l’intérieur de son crâne, il se laisse aller à penser à des forces mystérieuses, au sol qui remue et ramène à la surface ce qui est brisé. Il voudrait qu’il y ait quelque chose à comprendre. 
Commenter  J’apprécie          60
Ils eurent d’autres soucis, pourtant, tant il est vrai que les malheurs chassent en meute. Le scorbut commença à frapper, la Compagnie ayant vu trop juste dans les réserves d’agrumes. Des marins tombaient las, bouche rougissant par les gencives, dents branlantes, marques sur tout le corps. Des fièvres malignes les terrassaient. Quand ils ne respiraient plus, on les mettait dans un grand sac de jute puis par-dessus bord.
Commenter  J’apprécie          60
Il n'aime pas tellement taguer, finalement, il préfère les graffs. Le tag, c'est marquer son territoire, mettre sa signature, le graff, c'est de l'art.
Commenter  J’apprécie          60
Un livre est un rêve où se mêlent les vivants et les morts, il est peuplé des miens et des chimères, personnages qui se bousculent et se répondent. Il y a des reliefs, des herbes et des animaux. Il n'y a pas vraiment de temps strict et délimité dont on a trop souvent l'habitude, ici il se déchire d'éclats de souvenirs, de tristesse, de révolte.
Commenter  J’apprécie          60
La goulue ou le goulot, votre choix, votre vie. Votre mère a perdu son homme, elle a choisi le goulot. Vous avez recommencé à boire, encore une fois, une autre soirée comme la deuxième fois. L'alcoool étouffe les cris dans votre tête mais vous ne voulez pas, vous savez que ce n'est pas bon, vous êtes plus forte.
Commenter  J’apprécie          60
Vous vous appelez Simone Marchand et vous êtes vivante. Vous vous êtes accrochée, avec vos doigts, avec vos cris, comme vous vous êtes toujours accrochée à la vie, pourtant elle ne vous a pas fait de cadeaux, si ce n’est ce beau visage, ces gestes gracieux
Commenter  J’apprécie          60
À un moment donné, il y a une élève, Inès, une qui ne parle pas beaucoup, discrète, qui lève la main, elle a l’air émue, elle se lève, la voix qui tremble, elle dit merci pour votre exposé, c’était bien, elle dit je rêve d’un monde un jour où on ne te demande plus de te ranger dans une case, où on ne te met pas une étiquette, genre tu aimes les garçons, tu aimes les filles, un monde dans lequel ça ne compte pas, parce que ce qui compte c’est d’aimer une personne, c’est tout.
Commenter  J’apprécie          50
Elles tirent toutes les deux elles y vont des deux mains tellement fort que leurs yeux pleurent c’est mécanique
C’est pas de la faiblesse c’est pas de la tristesse c’est peut être un peu de la rage mais surtout c’est mécanique
Commenter  J’apprécie          40
Il se demande si grandir c'est trahir, faire de la place à d'autres et virer ceux qui sont déjà dans son cœur.
Commenter  J’apprécie          40
Dégoulinant. Manon avait beau chercher, pas d'autre mot. Dégoulinant par les pores de sa peau ridée et grêlée, dégoulinant de son nez tordu par l'effort, dégoulinant de son vier suintant avant même de l'avoir pénétrée. Manon avait le temps de penser pendant qu'il faisait son dedans-dehors. Il n'était pas avare, c'était à son crédit, ni des efforts dans ses allers-retours ni de sa bourse aisément déliée. On ne peut pas demander beaucoup plus à un homme, comme elle voyait les choses. Elle aurait peut-être pensé autrement si elle était née ailleurs que dans une cour de ferme à proximité de la ville, si elle avait été faite pour les travaux exténuants des champs, si elle n'avait pas décidé de fuir pour la ville sitôt que possible, si la domesticité comparée à l'agriculture ne lui avait pas semblé humiliante et somme toute guère reposante, malgré un plus grand confort indéniable, si elle ne s'était aperçue de l'effet qu'elle faisait aux hommes, s'il ne s'en était trouvé de bien riches pour lui donner de quoi vivre en échange de quelques faveurs oubliée dès qu'octroyées, si elle ne s'était habituée aux belles toilettes, aux bijoux, aux places correctes au théâtre.
Il ne lui faisait pas bien mal mais il y mettait tout son cœur. Elle était bonne fille et gémissait de temps à autre. Il était duc, et fortuné, c'était bien le moins qu'elle lui devait. Son ardeur dérisoire ne pouvait l'empêcher de penser, malgré le poids certain qui pesait sur son ventre, car l'homme avait meilleur coup de fourchette que de bite. Il ahanait de façon moins régulière, à grand soupirs, il commençait à fatiguer et elle pouvait l'épuiser pour finir en quelques mouvements de bassin. Elle n'en fit rien. Elle réfléchissait. Elle voulait s'en aller promener après qu'il serait endormi, ronflant et bavant sur son traversin, parce qu'elle avait repéré un valet bien gaillard, à deux pâtés de maisons, qui lui vaudrait consolation pour les faiblesses de son protecteur. Elle espérait ne pas devoir recroiser le jeune chevalier qui s'était amouraché d'elle. Il portait beau mais c'était un cadet sans le sou, assez bête pour penser malgré tout se l'attacher. Il l'avait déjà mise plusieurs fois dans l'embarras en croyant la tirer d'affaire. Ce chevalier Barral se la figurait sous la coupe de vieux grigous sans comprendre qu'elle menait la danse. A défaut d'argent, elle aurait apprécié l'aventure, mais c'était homme sans imagination.
Une série de halètements plus intenses et rapprochés sembla signaler la fin de la coquine entreprise du vieillard. Il ne faudrait pas deux minutes avant qu'il dorme, d'autant qu'il avait pris force vin pour se donner du courage. Il en fallait pour exposer devant une beauté comme elle son corps boursouflé, même s'il avait pour lui le privilège de la naissance. [...]
Des hommes l'aimaient, elle leur donnait ce qu'ils attendaient, ils la logeaient, la nourrissaient, la paraient, la distrayaient. C'était aussi simple jusqu'à ce stupide chevalier Barral. Il se la figurait pure et voulut lui proposer son pauvre amour ennuyeux et désargenté en place des galanteries sonnantes et trébuchantes de ses amants. Elle avait eu la faiblesse de consentir à ses assauts et d'acquiescer à ses sornettes. Il espérait la sauver, l'aimer, l'épouser. Elle en frissonnait. Ce frisson ne lui était pas adressé, mais le vieux barbon se l'attribua, en eu un regain d'espoir et redoubla d'efforts. Il était temps que cela cesse. Son bassin cognait douloureusement contre le sien.
Il poussa un dernier cri et s'abattit sur le dos. Elle lui caressa machinalement l'épaule. Le vieillard commença à ronfler. Manon réfléchissait. Le chevalier l'avait déjà retrouvée par deux fois. A chaque fois, de nouveaux serments, des cadeaux, un scandale. Il avait déjà éloigné d'elle un marquis et un comte. Il avait défié le marquis en duel pour le laisser estropié, à son âge. Le comte avait ordonné à ses spadassins de se débarrasser de l'indésirable mais l'avait rendue responsable, elle, de ce problème désagréable. Les horions n'avaient pas rendu le chevalier plus raisonnable. Elle avait tenté de lui parler, le désespoir de ses parents, la honte de sa famille, la carrière brisée avant d'avoir commencé, pour elle, une fille de rien. Il ne l'écoutait pas, il la pensait trop malheureuse pour avoir à l'esprit se propre situation. Elle avait un temps espéré qu'il soit envoyé aux galères, mais il était noble, et elle aurait pu l'y rejoindre si on les avait associés. Elle devait temporiser. L'embrasser, lui promettre, puis partir sans un mot, sans un signe. Il la pensait enlevée, ne voyait pas sa trahison, elle ne parvenait pas à tomber en disgrâce. Il savait les lieux où elle aimait paraître, théâtres, jardins, spectacles, et n'avait de cesse de chercher jusqu'à la retrouver.
Les ronflements du vieillard se firent geignements. Elle n'y prêta pas garde, perdue dans ses pensées, à demi assoupie. Il se raidit soudain, poussa un cri, il était mort. Déjà plus raide de corps que durant leurs pauvres ébats. Elle le toucha, le secoua, tenta vainement de le réveiller. Manon se rhabilla, couvrit son amant, fouilla sa chambre et récupéra montre, bijoux, pièce d'or, pour se dédommager de sa peine. Il fallait quitter au plus vite sa demeure, avant le retour des domestiques qui la toisaient, ayant perçu en elle, dessous ses toilettes et ses manières, les paysans qu'ils étaient aussi.
Elle ferma la porte de la chambre avec précautions, descendit le bel escalier de marbre à pas de loup. Personne. Les domestiques les savaient enfermés pour longtemps dans la chambre, ils devaient en profiter pour faire leurs propres affaires, de leur côté, ou attendre dans leurs quartiers. Elle ouvrit la porte d'entrée massive, pour se retrouver dans la rue. Face à face avec le chevalier Barral, tourné vers les sergents de ville, expliquant de sa voix plaintive que c'était là, dans cette maison, qu'un vieillard lubrique retenait de force une innocente jeune fille. Les quelques babioles fourrées dans sa robe lui semblèrent peser tout à coup le poids de la mort.

(P95-99)
Commenter  J’apprécie          40
Alex
Ce qui est dur c'est de faire un boulot dévalorisé, à cause du regard des autres, mais moi ce qui me gêne le plus c'est la précarité. Quand je dis précarité, je sais c'est un CDI, mais un temps partiel quand même, trente heures par semaine, et c'est sûr que je crains pas d'être au chômage, mais je compte chaque sou, parce que c'est juste à la fin du mois, je peux pas dépasser, j'ai mon budget habits, mon budget nourriture, mon budget pour les sorties parce qu'on est pas des bêtes quand même. Les vacances c'est une année sur deux, si tout va bien, l'année où j'ai dû changer le canapé, c'est les sous des vacances qui sont partis là-dedans, et les gamins qui grandissent et qui réclament toujours plus, c'est normal, seulement moi mon salaire il augmente pas. Attention, je suis pas malheureuse, ça non, mais pour moi c'est ça aussi la précarité, c'est pas seulement être au chômage ou en CDD, c'est devoir tout compter, tout faire attention, c'est vivre petit alors que pour mes enfants je voudrais du grand.
Commenter  J’apprécie          40
On s’en prend des trucs dans la vie
Des tristesses et des gens qui partent
Souvent, ça cloche, ça dérape, ça fait mal.

On résiste on fait ce qu’on peut
On se serre on se carapace
Il nous faudrait un lieu pour se retrouver
Avec celles et ceux qu’on a aimés
Ce serait autre part que la nuit et les rêves
Un vrai lieu.

On ne veut pas s’extraire des malheurs du monde
S’isoler et se mettre à part
On pleure mais on est là
On est dedans
On se bagarre
On se donne les moyens
Coup pour coup autant qu’on peut.

On a nos corps qui bougent et nos mots qui résonnent.

On est en armes.
Commenter  J’apprécie          31
"Elle avait la peau ridée, tante Madeleine, vieille dame provençale qui a donné sa recette à ma mère, parce que c'est ça, la cuisine, ce qu'on offre, ce qu'on transmet, ce qu'on laisse. L'envie de partager, de faire plaisir aux autres. Cet amour-là, cette joie, on ne peut pas nous les enlever, quoi qu'il arrive après."
Commenter  J’apprécie          30
Il y aura peut-être une autre boutique. Sûrement, on peut dire.

Il y aura d’autres grèves encore.

Il y aura des anciens sans-papiers devenus travailleurs. Des anciens sans-papiers devenus citoyens…

….

… Il y a ces sept qui se sont battues.

Il y a ces sept qui ont gagné
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sylvain Pattieu (507)Voir plus

Quiz Voir plus

Pluriel de quelques mots composés (2e)

Les carottes sont crues

des épluche-légume
des épluches-légume
des épluche-légumes
des épluches-légumes

12 questions
73 lecteurs ont répondu
Thèmes : vocabulaire , orthographe , Accords , pluriel , noms , motsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}