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EAN : 9782812609893
477 pages
Editions du Rouergue (06/01/2016)
3.59/5   107 notes
Résumé :
De l’Ancien au Nouveau Monde, le destin de trois bateaux et de leurs équipages, un négrier, un vaisseau pirate et un navire marchand. Avec ces péripéties nombreuses et ses personnages fascinants (depuis l’esclave africain jusqu’à l’armateur hollandais), cet hommage aux romans d’aventures se saisit du genre pour le renouveler d’une façon très inventive. Un roman contemporain, donc, au grand souffle romanesque, porté par une réflexion politique sur ce que fut cette pr... >Voir plus
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A la fin du XVIème siècle, il n'est pas rare que les navires croisent sur la mer des Caraïbes des vaisseaux pirates. le Florissant, navire commercial français rencontrera le Fancy. Deux autres bateaux : L'Entreprize, bateau négrier anglais et le Batavia, navire marchand hollandais navigueront dans cette mer. Tous devront reconsidérer leur projet et leur équipage suite aux diverses mutineries et abordages. Pas loin de vingt personnages fouillés et intéressants traverseront ce roman mais pour lesquels je n'ai pas réussi à m'attacher. Et comme nous sommes dans un roman de pirates, il sera question d'embruns, de vent, de tempête, de sabres, d'épées, de canons, de prisonniers, d'îles, de femmes et de rhum.

Il est des livres pour lesquels la rencontre ne s'est pas produite ; il est d'autant plus difficile de les commenter. Je suis tellement mitigée et frustrée. Je reste persuadée que j'aurais pu vivre la grande aventure avec ce roman de pirates si la forme choisie par l'auteur avait été des plus classiques. La construction et le style de Sylvain Pattieu ont eu raison de moi. Elles m'ont trop souvent perdues. Les nombreuses digressions tendant à faire un parallèle entre la piraterie d'hier et la mondialisation d'aujourd'hui sont certes très intéressantes mais ont perturbée ma lecture. Pour autant, je reconnais une écriture riche, travaillée et documentée et de beaux passages romanesques.
Mais si je suis montée à bord de ces bateaux, je suis restée spectatrice. Dommage.
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La Feuille Volante n° 1112
Et que celui qui a soif, vienne. - Sylvain Pattieu – La Brune au Rouergue.

Dès l'abord et malgré ce titre tiré d'un verset de l'Évangile, le lecteur est plongé dans l'atmosphère de ce siècle de piraterie, avec pour personnage central la mer. A l'époque, la navigation était plus dure que maintenant, plus aventureuse et incertaine aussi. L'auteur ne nous épargne rien de la dure vie des hommes d'équipage à bord, des matelots recrutés de force ou par ruse dans les tavernes et qui bien souvent mourraient pendant le voyage, victimes des conditions extrêmes de navigation mais aussi des sanctions des supplices, parfois injustes infligés par les officiers et des boscos et des sévices des plus anciens. L'auteur nous fait aussi partager, avec force détails, les châtiments dont sont victimes des hommes d''équipage au nom de le nécessaire discipline. A cela s'ajoutaient la piraterie, les mutineries, les abordages meurtriers auxquels les navires marchands ne pouvaient résister. Il nous invite aussi à terre, à l'escale, avec l'alcool, les filles du port et les rixes parfois mortelles. C'était l'époque des négriers, du commerce triangulaire, des traversées inhumaines avec au bout la souffrance à fond de cale et la mort pour ceux qui passeraient leur vie en esclavage ou tenteraient de prendre par la révolte leur destin en mains. Il y avait ce Nouveau Monde, cette Amérique, qu'il fallait peupler avec des femmes qu'on sortait des bordels ou simplement de la misère en leur faisant miroiter des jours meilleurs. Pour beaucoup c'était l'espoir qu'on entretenait ainsi, mais la réalité était bien différente. C'est aussi l'époque de la Compagnie des Indes Orientales où le mot d'ordre était de s'enrichir par le commerce entre l'Europe et l'Asie mais dans la tradition puritaine protestante.

Ce brassage de population fait naître des rencontres pas toujours heureuses. le microcosme de ces trois navires à voiles, le négrier, le marchand et le pirate, donne à l'auteur l'occasion de se livrer à une galerie de portraits étonnants, émouvants et parfois même inattendus, des hommes de la terre se retrouvent à bord, des paysans et des religieux incapables de s'adapter à cette nouvelle vie, des femmes du bord pour qui ces hommes sevrés d'amour se battent et parfois meurent. Il transporte le lecteur dans ce siècle où la vie ne valait pas cher, quand les voyages maritimes se faisaient au gré des vents et des tempêtes, quand le danger et la mort faisaient partie du voyage, le tout sur fond de combats, d'abordages, de taverne et de liberté.

Ce siècle de piraterie n'était finalement pas bien différent du nôtre aujourd'hui où l'imagination n'a pas de borne pour s'enrichir, s'approprier le bien d'autrui ou simplement le faire souffrir, l'écraser ou le jeter dehors pour le seul plaisir de se dire qu'on existe et qu'on a de l'importance. Dans ce siècle comme dans le nôtre, le mensonge, l'hypocrisie, l'adultère, la vengeance avaient cours, partagés équitablement entre les hommes et les femmes, malgré les apparences savamment entretenues. Les circonstances, les modalités, le décor sont certes différents mais l'espèce humaine reste la même, pas si fréquentable que cela malgré les efforts louables de gens qui veulent faire changer le monde, le rendre meilleur ! de simple récit d'aventure, ce roman passionnant au début et fort bien écrit, malgré cependant de nombreuses longueurs et l'histoire un peu abracadabrantesque de Karl (ou de Katarina), et le mélange franchement déroutant des époques, pirates ou non, et des épisodes de la vie personnelle de l'auteur, révèle, s'il en était besoin, cette espèce humaine pas si reluisante que cela mais à laquelle nous appartenons tous.

Ce qui au départ était excitant, qui sentait bon l'aventure et le dépaysement est parvenu, sur la fin, à me lasser.

© Hervé GAUTIER – Février 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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« Et que celui qui a soif vienne..» de Sylvain Pattieu . Dans une rencontre récente en librairie , j'avais trouvé cet auteur particulièrement sympathique et intéressant (et pas seulement parce qu'il est aixois comme moi) . Ce n'est pas la lecture de ce roman qui me fera changer d'avis ! Cette histoire de pirates est à plus d'un titre remarquable : lecture passionnante répondant à tous les canons du roman d'aventure (personnages attachants, rythme haletant , péripéties bien agencées, dialogues percutants) ; solide base historique et littéraire (on sent l'historien à la barre) ; point de vue visant une lecture politique de la piraterie (revanche des exclus, maltraités et victimes de tous les pouvoirs) sans tomber dans l'idéalisation (ce ne sont pas des anges ,loin de là) ; exaltation de la liberté (des esprits et des corps ). Ecriture maîtrisée sans prétention , ni relâchement. Et à mon goût l'originalité consistant à insérer (sans rompre le récit) des éléments autobiographiques , et des mises en perspectives avec des évènements postérieurs pour attester la permanence historique des mécanismes de domination et des révoltes.
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Et que celui qui a soif vienne est une très belle histoire d'aventures, de traite négrière et de piraterie, le tout combiné à une quête de la liberté.
Le récit commence avec une « nouvelle », ma mère et le loup. Ce texte était trop bizarre pour moi et l'écriture non structurée m'a gênée. Comme entrée en matière c'est risqué car c'est particulier et ça tranche vraiment avec le coeur du roman. Heureusement pour moi tout n'était pas écrit comme ça. La suite est super fluide et intéressante. le roman a une structure qui fonctionne bien, on commence par suivre un à un les différents bateaux puis les occupants se croisent. le rythme est agréable ce qui n'est pas évident à maitriser quand on a un début avec une structure répétitive.
J'ai beaucoup aimé que le premier chapitre axé sur le bateau esclavagiste joue sur l'absence de noms pour les personnages. Ils sont quantité négligeable, ça renforce la perte d'humanité des esclaves et du mousse.
Niveau personnages, il y en a pour tous les gouts. La galerie présentée est grande, maitrisée, variée et bien travaillée. Bien que j'ai apprécié la majorité des personnages, j'ai eu un petit faible pour Karl et son parcours hors du commun.
Juste un bémol, l'auteur insère des éléments anachroniques et des digressions qui m'ont régulièrement sortie de ma lecture.
Pourquoi insérer dans un récit historique situé environ au 16ème siècle, une renault R5, Gabin et Signoret, un avion détourné… ?
Pourquoi raconter les souvenirs de sa mère et de sa maladie/mort ?
Pour moi ça n'a rien à faire là, soit on fait une autobiographie soit un roman d'aventures/historique.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture dont les messages sont touchants.
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« Et que celui qui a soif, vienne » ce mot d'ordre des pirates, tiré des évangiles, donne le ton du roman. Les combats, les bateaux, sont eux aussi les personnages principaux de ce roman d'aventure comme on les aime. On y retrouve les esclaves, évocation de la traite négrière, de la participation des peuples subsahariens dans la capture de ceux qui traversent l'océan pour être vendus dans le nouveau monde. Il y a aussi les bateaux du royaume de France, où les captives, prostituées bannies, vont aller elles aussi peupler ce nouveau monde. Il y a enfin les bateaux des riches marchands hollandais, ceux de la compagnie des Indes Orientales, fiers commerçants à la pensée protestante rigoriste. Il y a enfin les rencontres, entre hommes et femmes, entre marchands et ouvriers, vitrier, charpentier, marins par passion ou par force, pour éponger une dette d'un soir de beuverie, ou par défi pour fuir une vie dont on ne veut plus. Et forcément, à moment donné, les routes et les destinées de ces différents navires vont se croiser, pour le meilleur et sans doute pour le pire.
Sylvain Pattieu nous entraine à leur suite, mais pas seulement. Rarement une lecture n'aura été aussi déroutante. Car comment dire, lorsque il est emporté par les combats, par l'assaut des bateaux, par les duels à l'épée, nul lecteur ne s'attend à lire entre les scènes les réflexions de l'auteur au moment où il écrit ! Or, là c'est ce qu'il se passe. Le récit est constellé de paragraphes très personnels, sur l'actualité, sur la vie de l'auteur, le décès de sa mère, les situations identiques dans l'Histoire, un peu comme si on le voyait poser la plume et nous parler, si on l'entendait réfléchir et penser à voix haute pendant son travail d'écriture. Je ne sais pas dire si cela a vraiment de l'intérêt ni si cela m'a vraiment plu. Mais c'est assez original pour être souligné. Car dans ce roman on embarque vraiment sur les trois bateaux, l'Enterprize, le Florissant, le Batavia. On voit bien la psychologie et la personnalité des différents commandants, sur le bateau négrier, sur les vaisseaux marchands de la compagnie des Indes Orientales, sur les bateaux de pirates enfin, qui traquent pour leur survie, mais aussi pour le plaisir de l'abordage, du combat, de la victoire, et qui s'avèrent les précurseurs pour une vie égalitaire et de liberté. On s'y croit, et tous ceux qui aiment les romans de pirates vont apprécier, mais pas seulement, tous les autres aussi, car il y a à la fois une belle écriture et un jolie inventivité romanesque dans ce roman-là.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Dégoulinant. Manon avait beau chercher, pas d'autre mot. Dégoulinant par les pores de sa peau ridée et grêlée, dégoulinant de son nez tordu par l'effort, dégoulinant de son vier suintant avant même de l'avoir pénétrée. Manon avait le temps de penser pendant qu'il faisait son dedans-dehors. Il n'était pas avare, c'était à son crédit, ni des efforts dans ses allers-retours ni de sa bourse aisément déliée. On ne peut pas demander beaucoup plus à un homme, comme elle voyait les choses. Elle aurait peut-être pensé autrement si elle était née ailleurs que dans une cour de ferme à proximité de la ville, si elle avait été faite pour les travaux exténuants des champs, si elle n'avait pas décidé de fuir pour la ville sitôt que possible, si la domesticité comparée à l'agriculture ne lui avait pas semblé humiliante et somme toute guère reposante, malgré un plus grand confort indéniable, si elle ne s'était aperçue de l'effet qu'elle faisait aux hommes, s'il ne s'en était trouvé de bien riches pour lui donner de quoi vivre en échange de quelques faveurs oubliée dès qu'octroyées, si elle ne s'était habituée aux belles toilettes, aux bijoux, aux places correctes au théâtre.
Il ne lui faisait pas bien mal mais il y mettait tout son cœur. Elle était bonne fille et gémissait de temps à autre. Il était duc, et fortuné, c'était bien le moins qu'elle lui devait. Son ardeur dérisoire ne pouvait l'empêcher de penser, malgré le poids certain qui pesait sur son ventre, car l'homme avait meilleur coup de fourchette que de bite. Il ahanait de façon moins régulière, à grand soupirs, il commençait à fatiguer et elle pouvait l'épuiser pour finir en quelques mouvements de bassin. Elle n'en fit rien. Elle réfléchissait. Elle voulait s'en aller promener après qu'il serait endormi, ronflant et bavant sur son traversin, parce qu'elle avait repéré un valet bien gaillard, à deux pâtés de maisons, qui lui vaudrait consolation pour les faiblesses de son protecteur. Elle espérait ne pas devoir recroiser le jeune chevalier qui s'était amouraché d'elle. Il portait beau mais c'était un cadet sans le sou, assez bête pour penser malgré tout se l'attacher. Il l'avait déjà mise plusieurs fois dans l'embarras en croyant la tirer d'affaire. Ce chevalier Barral se la figurait sous la coupe de vieux grigous sans comprendre qu'elle menait la danse. A défaut d'argent, elle aurait apprécié l'aventure, mais c'était homme sans imagination.
Une série de halètements plus intenses et rapprochés sembla signaler la fin de la coquine entreprise du vieillard. Il ne faudrait pas deux minutes avant qu'il dorme, d'autant qu'il avait pris force vin pour se donner du courage. Il en fallait pour exposer devant une beauté comme elle son corps boursouflé, même s'il avait pour lui le privilège de la naissance. [...]
Des hommes l'aimaient, elle leur donnait ce qu'ils attendaient, ils la logeaient, la nourrissaient, la paraient, la distrayaient. C'était aussi simple jusqu'à ce stupide chevalier Barral. Il se la figurait pure et voulut lui proposer son pauvre amour ennuyeux et désargenté en place des galanteries sonnantes et trébuchantes de ses amants. Elle avait eu la faiblesse de consentir à ses assauts et d'acquiescer à ses sornettes. Il espérait la sauver, l'aimer, l'épouser. Elle en frissonnait. Ce frisson ne lui était pas adressé, mais le vieux barbon se l'attribua, en eu un regain d'espoir et redoubla d'efforts. Il était temps que cela cesse. Son bassin cognait douloureusement contre le sien.
Il poussa un dernier cri et s'abattit sur le dos. Elle lui caressa machinalement l'épaule. Le vieillard commença à ronfler. Manon réfléchissait. Le chevalier l'avait déjà retrouvée par deux fois. A chaque fois, de nouveaux serments, des cadeaux, un scandale. Il avait déjà éloigné d'elle un marquis et un comte. Il avait défié le marquis en duel pour le laisser estropié, à son âge. Le comte avait ordonné à ses spadassins de se débarrasser de l'indésirable mais l'avait rendue responsable, elle, de ce problème désagréable. Les horions n'avaient pas rendu le chevalier plus raisonnable. Elle avait tenté de lui parler, le désespoir de ses parents, la honte de sa famille, la carrière brisée avant d'avoir commencé, pour elle, une fille de rien. Il ne l'écoutait pas, il la pensait trop malheureuse pour avoir à l'esprit se propre situation. Elle avait un temps espéré qu'il soit envoyé aux galères, mais il était noble, et elle aurait pu l'y rejoindre si on les avait associés. Elle devait temporiser. L'embrasser, lui promettre, puis partir sans un mot, sans un signe. Il la pensait enlevée, ne voyait pas sa trahison, elle ne parvenait pas à tomber en disgrâce. Il savait les lieux où elle aimait paraître, théâtres, jardins, spectacles, et n'avait de cesse de chercher jusqu'à la retrouver.
Les ronflements du vieillard se firent geignements. Elle n'y prêta pas garde, perdue dans ses pensées, à demi assoupie. Il se raidit soudain, poussa un cri, il était mort. Déjà plus raide de corps que durant leurs pauvres ébats. Elle le toucha, le secoua, tenta vainement de le réveiller. Manon se rhabilla, couvrit son amant, fouilla sa chambre et récupéra montre, bijoux, pièce d'or, pour se dédommager de sa peine. Il fallait quitter au plus vite sa demeure, avant le retour des domestiques qui la toisaient, ayant perçu en elle, dessous ses toilettes et ses manières, les paysans qu'ils étaient aussi.
Elle ferma la porte de la chambre avec précautions, descendit le bel escalier de marbre à pas de loup. Personne. Les domestiques les savaient enfermés pour longtemps dans la chambre, ils devaient en profiter pour faire leurs propres affaires, de leur côté, ou attendre dans leurs quartiers. Elle ouvrit la porte d'entrée massive, pour se retrouver dans la rue. Face à face avec le chevalier Barral, tourné vers les sergents de ville, expliquant de sa voix plaintive que c'était là, dans cette maison, qu'un vieillard lubrique retenait de force une innocente jeune fille. Les quelques babioles fourrées dans sa robe lui semblèrent peser tout à coup le poids de la mort.

(P95-99)
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Les pirates grimpaient un à un de leur navire plus bas de quille. En premier un grand torse nu, cheveux longs et nattés, colliers et ceinture, tatoué de bleu, l’air d’un sauvage, et à son côté un rouquin, bouteille enflammée à la main. Puis de suite les autres arrivèrent, défilé farouche et méfiant, sabres et fusils levés, au cas où la trêve serait une ruse. Les marins les regardaient comme on regarde un grand frère parti, admiré et craint à la fois, celui de la famille qui serait allé courir la route plutôt que suivre la coutume. Une fois revenu, on le scrute, teint, habit, timbre de la voix, on guette déception, défaillance, signes de bonne santé, de réussite et degré d’insolence. On vérifie la couleur de sa peau et les dessins sous ses yeux, on regarde dedans pour y voir enthousiasme ou désespoir. On observe s’il tremble, fébrile de crainte, ou s’il irradie, goguenard de bonheur. En fonction des regards de biais, de cette écoute intéressée, on se décide, on se découvre, on tombe dans les bras ou on hésite, on rejoint ou on garde ses distances. Ainsi ballottaient-ils, frères marins de nouveau réunis. Leurs yeux formaient assemblée. Certains votaient pour la peur, d’autres avaient plus confiance ou même grand intérêt. Les yeux effrayés roulaient follement ou se baissaient. Les yeux curieux fixaient et s’attardaient.
Le spectacle était étonnant de voir ces marins comme eux, démarche mêmement chaloupée, visages creusés par la mer, rides asséchées au soleil, hirsutes de poils blanchis. Leurs pognes tenaient de grands sabres ou des coutelas, quelques mousquets et fusils, les mains noircies par la poudre. Leurs visages allaient ricanant, rendus beaux de triomphe facile. Leurs gestes avaient la confiance propriétaire que donne la force. Ils arpentaient la coque, quelques-uns pieds nus mais la plupart chaussés, parfois de fort beaux souliers. La méfiance levée, ils riaient bruyamment, touchant les objets désormais leurs, si telle était leur volonté, pénétrant les lieux interdits, plaisantant les officiers, les mettant à part des hommes et faisant tomber leurs chapeaux.
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Un livre est un rêve où se mêlent les vivants et les morts, il est peuplé des miens et de mes chimères, personnages qui se bousculent et se répondent. Il y a des reliefs, des herbes et des animaux. Il n’y a pas vraiment de temps strict et délimité dont on a trop souvent l’habitude, ici il se déchire d’éclats de souvenirs, de tristesse, de révolte
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Ils eurent d’autres soucis, pourtant, tant il est vrai que les malheurs chassent en meute. Le scorbut commença à frapper, la Compagnie ayant vu trop juste dans les réserves d’agrumes. Des marins tombaient las, bouche rougissant par les gencives, dents branlantes, marques sur tout le corps. Des fièvres malignes les terrassaient. Quand ils ne respiraient plus, on les mettait dans un grand sac de jute puis par-dessus bord.
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Un livre est un rêve où se mêlent les vivants et les morts, il est peuplé des miens et des chimères, personnages qui se bousculent et se répondent. Il y a des reliefs, des herbes et des animaux. Il n'y a pas vraiment de temps strict et délimité dont on a trop souvent l'habitude, ici il se déchire d'éclats de souvenirs, de tristesse, de révolte.
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Videos de Sylvain Pattieu (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvain Pattieu
Qui sont ces silhouettes qui courent ? Et si le canal les menait autre part, à contresens d'un léger courant dirigé par le vent ? Victoria, Koumba, Mennel, Viviane, et Anonymes, sont les joggeuses protéiformes, fières, essoufflées, coriaces, qui traversent le 93, au fil de l'eau, de Pantin jusqu'à Bondy. _________ Vidéo conçue par Marcela Cibin Ugo pour l'exposition réalisée par les étudiant·es du Master de création littéraire de l'Université Paris 8 Saint-Denis-Vincennes, "Deux fois plus fortes - portraits de femmes sportives dans le 93". Elle est présentée à la médiathèque Roger Gouhier de Noisy-le-Sec, dans le cadre du festival Hors limites 2024, avec le soutien du CND (centre national de la danse) et de l'IUF (Institut universitaire de France).
Sous la direction de l'écrivain Sylvain Pattieu et illustrée par Laureline Uzel, cette exposition raconte comment des femmes s'imposent dans ces milieux compétitifs, souvent brigués par les hommes, et parviennent à faire du sport un vecteur d'émancipation.
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