Citations de Tarjei Vesaas (185)
« Forêt aveugle – sans limite – parce que l’horizon aujourd’hui a disparu dans le doux temps de neige mêlé de brouillard. » (p. 10)
« Venez, rentrons. Tout ce que nous offrons ne sert à rien. » (p. 94)
Que faire quand tout le monde autour de vous est fort et sage ?
L'édifice de glace se dresse au-dessus d'eux, fort du mystère qu'il incarne, du pouvoir qu'il exerce; il se dissout du haut de ses cimes dans l'obscurité massive et le vent d'hiver. Comme promis à demeurer ainsi campé pour l'éternité – or le temps est trompeur, et au contraire très court : un jour viendra la débâcle, et le colosse s'effondrera.
Aveugle comme elle l’était, il n’aurait servi à rien de lui expliquer comment il se faisait que ses pensées s’entendent volontiers avec les rames dans une barque, mais pas avec la hache ou l’écorceur.
C’est à ce moment-là qu’arriva l’inattendu.
Mattis leva les yeux vers le ciel pour voir s'il était pur et dégagé ce soir-là, et il l'était.
Et puis il y eut un petit bruit. Un cri soudain, étrange. Et en même temps, il perçut quelques brefs coups d'aile rapides, là-haut, en l'air. Puis quelques appels étouffés dans un langage d'oiseau désemparé.
Cela passa juste au dessus de la maison.
Mais cela passa aussi juste à travers Mattis. Il entra dans une excitation muette, resta vigilant, décontenancé.
Était-ce quelque chose de surnaturel ?
Non, c'était tout autre chose, mais...
C'était une bécasse qui venait de passer au dessus d'ici. Et cela les bécasses ne le faisaient pas à cette heure-là par hasard : il fallait qu'il y eût une passée de bécasses au-dessus de sa maison !
Des éclaboussures de l’eau avaient à la longue formé des sortes de troncs d’arbres et de branchages de glace. Parmi les plus grands, des arbustes jaillissaient du sol. Voilà encore un monde indéfinissable, impossible à décrire, mais qui semblait naturel dans un tel endroit, et qu’il fallait accepter tel quel. De ses yeux écarquillés, elle fixait cette étrange apparition.
Le vent souffle et transperce.
Le vent souffle et transperce.
Les vieilles feuilles dansent.
Les vieilles portes grincent.
Mais les vieilles idées se font
neuves et dangereuses
dans le vent jeune.
Si tu trouves le travail trop pénible, il vaut mieux le dire tout de suite.
Inutile de vouloir trop en faire le premier jour.
Ne suis-je pas un homme ?
Caresse-moi ! Caresse-moi !… Il faut que nous en sachions plus l’un sur l’autre.
Une autre conversation suivait son cours dans la voiture, une conversation singulière, sans paroles, sans gestes.
Il ne connaissait rien aux jeunes filles. Qu’il était donc singulier de sentir une jeune vie tout contre soi !
Tout cela est bien singulier, dénué de tout sens, de tout sens, songeait Arne. Ce n’est pas naturel. Pourquoi faut-il qu’elles ne fassent qu’apparaître et disparaître ; qu’elles appartiennent toujours à d’autres lieux ?
Une toute petite courbe dans l’immensité du ciel… Et, malgré tout, la petite courbe a été tracée d’est en ouest.
Tant de choses peuvent se produire dans un pays profané.
Viens ! À présent, il n’y a plus que toi !