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Citations de Tarjei Vesaas (185)


« Une voix monta en lui : C’est moi qui ai fait grisonner Hege. Ainsi, peu à peu, la vérité l’accabla. Il eut profondément honte de sa conduite. » (p. 29)
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Donc, pas moyen d'oublier Unn. Cela prit forme dans la chambre de Siss. C'est là que se forgea l'intangible promesse.
Au bout de huit jours, Siss eut le droit de se lever. Une semaine où, de sa fenêtre, elle vit tomber une neige incessante et où les nuits lui réservèrent quelques belles heures. Elle avait le sentiment que ces chutes intarissables avaient pour but d'effacer Unn. De l'effacer. Pour souligner qu'elle était partie pour toujours et qu'il serait inutile de la rechercher.
Dans ces moments, il lui arrivait cependant de se révolter. Les promesses prenaient toute leur force. Elles s'affirmaient davantages au fur et à mesure que les recherches se faisaient plus rares, lorsque les espoirs s'évanouissaient.
Non, elle ne disparaîtra pas. Elle ne peut pas disparaître. Dans sa chambre, Siss se le répétait sans cesse.
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De toutes les failles du palais, de véritables éclairs jaillissent, à travers tout l’espace, vers les paysages désolés. La masse prend sans cesse des formes différentes, mais elle reste telle que les éclairs continuent à en sortir vers le soleil. L’oiseau, qui ne peut se détacher de cet endroit, poursuit ses vols en piqué, mais sans s’approcher davantage.
Le palais de glace se contente de projeter ses rayons de lumière à partir des salles glacées qui sont sur le point de s’effondrer. Un spectacle que personne ne voit, car aucun être ne vient ici.
Cela ne durera pas longtemps. Le palais va s’écrouler. Ce que fera l’oiseau, personne ne le sait. Effrayé par le bruit du château qui s’écroule, il montera dans le ciel où il ne formera plus qu’un point noir.
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Dehors, la neige continuait à tomber, comme pour effacer Unn et tout ce qui se rapportait à elle.
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« On est coincé en ce moment au creux d’un abîme. Le courant s’écoule dans toute sa magnificence en emportant l’ensemble de ce qui s’est déposé au fond de lui et qui va être emporté. Il existe une tombe pour ça. Et si tout ne se déroule pas trop mal pour nous, on pourra y déposer notre fardeau et être libéré. » (p. 95)
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- Assieds-toi, dit-il.
Elle s'assit.
Ils laissèrent l'averse chaude les laver de l'extérieur, les ébouriffer un peu, mais uniquement à l'extérieur : les cheveux, les jours, leurs vêtements fins collés à la peau - à l'intérieur, en revanche, on était forcément florissant.
Florissant ? Pourquoi ? Aucune idée. Aucune envie de savoir, aucune envie de demander. Rester là, assis côte à côte, et partager mille et un souvenirs minuscules. Rester là, impassibles.
- Alors comme ça tu peux appeler la pluie, Hallstein.
Il ne répondit pas. Ne dit pas ça, formulait-il le souhait. C'était beaucoup trop étrange à ses yeux, beaucoup trop solennel pour le dire.
L'air bruissait du chuintement de la pluie. Il était là, assis par terre, nu et minuscule, sachant pertinemment qu'il devait céder et rentrer : bientôt, il ferait de toute façon trop froid. Il entendait des soupirs dans les arbres, des soupirs dans le sol, il voyait les mignonnes limaces se rétrécir au fur et à mesure que la pluie leur tambourinait le dos. Il humait le parfum de Sissel et il était heureux de participer à une espèce de jeu silencieux.
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Et une fois dans le tourbillon, il est trop tard. On n’a même pas le temps de s’en rendre compte. On a beau agiter les bras et résister de toutes ses forces, on est irrésistiblement happé.
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« La glace qui couvrait le lac était si étincelante qu’elle ne semblait pas exister. Une glace d’acier. Pas le moindre flocon de neige n’était tombé depuis sa formation. » (p. 61)
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Parler de chez nous -
neige et forêt de sapins
sont de chez nous.
Dès les premiers instants
ils sont nôtres.
Avant que quelqu'un dise
qu'ils sont neige et forêt de sapins,
ils ont leur place en nous -
et depuis il en est ainsi,
tout le temps, tout le temps.
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Tarjei Vesaas
L'oiseau se tenait prêt
au bord du chemin, il attendait.

L'oiseau était miraculeux .
Son envergure immense
était oubli.
Le rythme des battements de son coeur
était mien.

Ensemble nous voguâmes
dans l'inconnu.
Sans questions.
Sans chagrin.

(" Vie auprès du courant")
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Les hommes s’affairaient. Ils avaient avec eux la vie et la lumière. Et ils visitaient une forteresse inconnue qui avait tout de la forteresse de la mort. Si on cognait le mur avec son bâton, la paroi se révélait dure comme la pierre. Les coups rebondissaient et vibraient jusque dans les bras. Rien ne s’ouvrait. Les hommes frappaient quand même.
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Un homme peut enrager dans ces nuées,
être pris de folie furieuse,
hurler dans l’obscurité.
non pas à cause des moustiques, mais du reste :
de ce qu’il ressent
mais ne peut expliquer
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Et bien sûr, comme d’habitude, ses pensées se mirent bientôt en travers, comme chaque fois qu’il était en train de travailler, elles s’empêtrèrent et gâchèrent ce qu’il faisait . […] ça commençait par des nœuds de pensées qui descendaient jusque dans les doigts, les faisaient agir à l’inverse de ce qu’il voulait et retardaient sa marche […] ses doigts n’exécutaient pas ce qu’ils devaient faire, ses pensées les faisaient divaguer, et de temps à autre, ils cessaient tout travail
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Le lendemain matin, il pensa, le cœur plein à déborder :Aujourd’hui, c’est moi et la bécasse. Comment, il ne pouvait l’expliquer. Il n’avait pas besoin d’une explication non plus. Il y avait bien des raies au-dessus de la maison – des traces de la bécasse qui était passée par ici pendant qu’il dormait cette nuit, et toutes les nuits maintenant. C’était presque un péché que de dormir. Plus Mattis pensait à la bécasse, plus il était certain qu’il arriverait de bonnes choses. Quelque chose qui serait autrement. C’était pour cela que la bécasse passait au-dessus d’ici matin et soir, mais toujours pendant que les gens étaient cachés dans leurs maisons.Cela signifiait quelque chose de bon, lui semblait-il. Evidemment, il pouvait sortir et veiller, suivre le passage de l’oiseau dans l’air aussi souvent qu’il voudrait. C’était la bécasse et lui. Aujourd’hui, c’était un jour nouveau avec elle.La bécasse comblait les pensées de Mattis. Il ne pouvait s’empêcher d’y faire allusion sans cesse devant Hege. Celle-ci était fatiguée mais il pouvait bien se comporter de telle sorte que Hege ne sût pas de quoi il s’agissait, croyait-il, et de sorte qu’il pût pourtant soulager son cœur.
De bonne heure, ce matin-là, tandis qu’elle lui donnait à manger, il dit à Hege :
– Ça va et ça vient pour moi maintenant.
– Qu’y a-t-il donc ? demanda-t-elle patiemment.
– Comme ça. Il fit un trait en l’air avec ses doigts, comme une passée de bécasses. Hege voulut poursuivre son travail. Elle était toujours pressée. Mattis était heureux de l’associer à ce qu’il portait en son cœur juste alors, mais, dans son aveuglement, Hege ne le comprenait pas.
– Attends un peu, Hege, c’est important ça.
– Vite alors, dit-elle.
– Tu en sais si peu sur certaines choses.Il dit cela amicalement, d’un ton un rien effrayé. Il parlait à quelqu’un de futé, non ?
– Oui, tu l’as déjà dit, répondit Hege.
– C’est passé et repassé, dit-il.
– Et pendant que tu dormais, dit-il.
– Tous les jours, dit-il pour arrondir.
Alors, elle le regarda comme elle eût regardé un adulte, puis elle dit :
– Tant mieux pour toi que tu le prennes ainsi. Ce n’est pas mon cas, je dois dire.
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Oui, oui, mais pour le moment, cela fut remis dans l'ombre par les nuages noirs et la peur de l'orage. A présent, il s'agissait d'arriver à la maison à temps et de se mettre à l'abri en lieu sûr. Il arpentait la route aussi vite qu'il pouvait. Il tenait le sac de bonbons à la main. Le soleil brillait encore, brûlant, comme avant un orage.
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Chapitre XII Un rêve de ponts enneigés

Pendant que nous sommes tous là, la neige tombe de plus en plus dense.

La manche de ton manteau se couvre de blanc.
La manche de mon manteau se couvre de blanc.
Elles forment des liens entre nous comme des ponts enneigés.

Mais les ponts enneigés sont gelés.
Ici à l'intérieur la chaleur règne.
Sous la neige ton bras est chaud.
Doucement il pèse sur le mien.

Il neige et il neige,
Sur des ponts silencieux,
Des ponts que les autres ignorent.
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Ça remue dans les profondeurs. Honteusement. De manière rampante.
L'immobilité oppressante après coup. Avec des voix qui s'éveillent dans la conscience.
Quelque chose dit : ressaisis-toi.
Qui es-tu ? croit-on entendre.
On est assis là les mains tremblantes, et on se ment à soi-même.
J'ignorais tout de ça. Ça n'était pas en moi auparavant.
Tu sais que ce n'est pas vrai, répond une voix. L'abîme est au fond de toi.

On regarde en soi-même, on découvre comme un paysage de landes sèches et de versant abrupts sur lesquels dansent des ombres mouvantes. Et on sait qu'il existe, dissimulés, de terribles gouffres. On les évite, on se garde d'aller dans cette direction. Tant de choses sont enfouies au fond des eaux. Il faut les laisser là. Que personne n'en sache rien.
Qu'elles demeurent au fond des océans.
Puis un avertissement s'élève :
Un jour viendra où tout ce qui...
Non, oh non ! répond-on précipitamment, pour couper court. Pour essayer de couper court. Mais rien à faire contre cette voix obstinée qui dit jusqu'au bout ce qu'elle a à dire :
Un jour viendra où l'océan que tu portes en toi charriera tout ce qui s'y cache en ce moment. Ton petit océan profond et maléfique. Il y a de la pourriture tout au fond. De la fange et des ténèbres. Prends garde.
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Et ils continuèrent ainsi. Tantôt ils marchaient et expédiaient leurs affaires à l’avance, ou les faisaient suivre, tantôt ils roulaient à une vitesse vertigineuse qui faisait danser prés et fermes autour d’eux. Arrêtez ! pouvait demander mère en pleine course, et la voiture lui obéissait instantanément. Père avait donné des instructions au chauffeur. Ils étaient là, à un croisement de chemins déserts et se demandaient ce que mère pouvait voir, suivaient son regard qui traversait la vallée jusqu’au flanc de la montagne d’en face.
Mère eut un petit rire étonné :
-Vous ne voyez pas ?
Ils étaient heureux qu’elle vît, mais eux ne voyaient rien.
- Vous ne voyez pas cette strie blanche ?
Mais oui ! Là-bas, sur une paroi escarpée, une bande blanche filait en oblique et disparaissait dans la terre. Une veine de quartz, rectiligne, et lisse si on avait pu la toucher, et certainement très large.
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Comme animé d’une force propre, presque luminescente, le linge blanc accroché aux fils ressort dans la pénombre estivale. Exposé à la rosée de la nuit et aux premiers rayons du soleil.
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Qui veut attendre un perdant ?


Encore une fois, là-bas,
quelqu'un doit m'attendre.
J'ai une moitié de cœur
et dois avancer.

Et là-bas,
il y a bien une main.
Quelque chose à tenir.
Et qui est urgent. Urgent.

Vide est ma vie.
À moitié vide est ma vie.
Vite passe ma vie.

Laisse-moi arriver
auprès de quelqu'un qui attend quelque chose,
même d'à moitié vide comme moi.
Quelqu'un doit m'attendre,
dès ce soir.
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