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Critiques de Tatiana Arfel (55)
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L'Attente du soir

♫Plus gris que le gris de ma vie, rien ne serait plus gris, pas même un ciel de pluie

Plus noir que le noir de mon coeur, la terre en profondeur n'aurait pas sa noirceur♫

- Edith Piaf - 1951 -

Reprise - Aznavour/Piaf virtuelle- 1997 -

---♪---♫---🎪---🎨---🎪---♫---♪---



C'est assez difficile à expliquer !

Deux gris qui se rencontrent ça fait toujours du gris

La femme éteinte venait du dehors, le salon gris du dedans de lui

Elle ne lève jamais les yeux , ne rencontre jamais son reflet

La mère même en furie ne s'en approche pas

Soupirs sans regards sont ses premiers souvenirs

Ce qui manque, pas toujours on ne le voit

Les émotions s'épuisent à force de ne pouvoir se dire

Vague à l'âme, terrain vague

On peut manger des herbes et sucer des cailloux

La peur devient aussi gris marron que le carré de boue

Mémoire jaune, rouge le matin, le soir avec ou sans soleil

Sensationnel, sous les gouttes d'eau du ciel

Blanc brillant, poudre d'argent

Une bouteille qui casse, le temps qui passe

Violence d'une bourrasque

Du rouge qui bouge, poésie des gestes et des mots

De quelle couleur est le diable noir fluo !?

Vite récitater de la table de multiplication

Sublimer la couleur des émotions

et peindre les odeurs des sentiments

Tous là bien réels, dépouillés du gris quotidien,

mais complètement différents

Au rang des apparences, c'est la plus accessoire

Le blanc, le jaune, le noir, la couleur miroir

Nous vivons en exilés sans point de départ ni d'arrivée

Le temps est compté et l'on s'accroche à chaque seconde sans pour autant jamais la rencontrer !

Il n'y a pas de présent

Tenir la peine à distance de ceux qu'on aime

sous le seul prétexte qu'on les aime !

Se remettre en coulisse

une âme reprend un nouveau tour de piste

Laissez-le rester Saltimbanque.

Il aime la lumière et le feu,

Les tours et les mots dangereux

Jamais il manque.

Son numéro n'est pas fameux.

Il est merveilleux... ⭐⭐⭐⭐⭐

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Des clous

“Clou qui dépasse souvent rencontre marteau”.



Human tools est une compagnie internationale très cotée en bourse et qui vend du vent très cher, une parmi d'autres qui abondent sur le marché international.

Catherine, Francis, Rodolphe, Sonia, Marc, Laura y ont été recrutés parmi de très nombreux candidats, à travers des tests sophistiqués, où tout est calculé au millimètre près pour choisir les robots esclaves idéals qui contribueront à l'optimisation des objectifs, par conséquent des profits....et dans tout ça l'individu ?

Pas grand chose et pas grand choix, ils doivent s'y soumettre, car il y a enfants à nourrir, parents à aider, loyer à payer.....et ils sont vite interchangeables. Mais voilà ces six personnages sont devenus pour “cet organisme sain et fort”, du sang noir, il faut les saigner pour obtenir du sang clair, rouge et vif comme le reste de Human Tools. C'est ce que dit Frédéric Hautfort, PDG fondateur de Human Tools, le grrrrand Mr. Ego (“Human Tools c'est moi, d'abord, moi qui l'ai créé de mes mains et de mes idées uniques.”).



Tatiana Arfel, avec une liste catégorique et descriptive des personnages travaillant chez HT en préambule, donne tout de go le ton tragi-ironique de la situation :

Les non-conformes, “les clous“ qui dépassent, cités ci-dessus, qui posent et se posent trop de questions sur tout ce qui n'est pas éthique,

Les conformes, ceux qui sont déjà des robots et manipulateurs “ hyper intelligents”, les marteaux,

et Ceux à côté, les hors jeu.

Par le biais de méthodes importés des amerlocs au langage infesté de leur jargon américanisant, appelées “séminaires de remotivation” , les conformes prétendent vouloir « aider » les non-conformes à entrer dans le moule, au plus vite. Mais le but est tout autre, un Coup de Pouce au départ volontaire , plus simplement dit, virer sans payer d'indemnités.......Ce n'est que le début, dont je vous laisse découvrir la suite passionnante.



Bien qu'en parti, révoltant, ce livre nous rappelle avec beaucoup d'ironie, où nous en sommes aujourd'hui avec les conditions de travail dans les grandes entreprises dans les pays dit développés, où l'individu n'a aucune importance face à la concurrence féroce accentuée par la mondialisation. La prose sèche au rythme trépidant s'adapte parfaitement à ce monde sans âme, dont l'oxygène est la Peur et l'unique dieu, l'Argent. Ça me rappelle en mini scénario, les procédés copie collé des dictatures. Arfel a réussit le tour de force d'un récit polyphonique suffocant où la vacherie, la traîtrise, torture et manipulations psychologiques sont au max, nous offrant quand même une issue de secours que j'ai trouvé très intéressante avec un sprint final éblouissant, et une fin tout en douceur.

Un livre aussi qui relate très subtilement l'ambivalence chez l'homme, nos doutes, nos peurs, où se noient nos vrais personnalités (ou de ce qu'il en reste ), dans un monde qui tourne de plus en plus vite et où les vrais valeurs, l'honnêteté, la pudeur, le respect de soi et de l'autre.......deviennent de plus en plus désuets.

Une écrivaine dont j'ai croisé le chemin grâce à un ami babeliote. Sans aucun doute un ovni dans le paysage littéraire français que j'aimerais mieux connaître.



“C'est impossible, bien sûr de dépenser tant d'énergie pour abîmer les gens....non, non, ça ne peut pas exister .”

“Comment être dans chacun de mes pas ? Nous y serons, bientôt, dans nos pas. Nos pas à nous.”

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Des clous

Une fois de plus, merci à Bookycooky à qui je dois d’avoir fait la rencontre avec ce roman singulier. Nous voici dans le milieu du travail, et dans ce qu’il y a de plus abject. Nous allons suivre surtout les six employés que le boss met en formation obligatoire. On apprend vite que le but est de les faire craquer pour éviter des licenciements qui coûteraient. Pourquoi ? La D.R.H. qui n’a pas pu faire des licenciements secs, la réceptionniste qui ne supporte pas les talons hauts, le cuisinier qui a mis du persil sur des plats, etc. Comment le formateur, au CV trafiqué, va-t-il s’en sortir ? Cela semble pousser à l’extrême, mais pourtant… Original et grinçant. Je me répète, mais où se cache la mine d’or de Bookycooky pour nous sortir des pépites pareilles ?
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L'Attente du soir

Il y a Giacomo et son cirque qui sillonne les routes de France.

Clown triste et poétique au cœur débordant d'amour.

Un mélange de bonheur et de mélancolie.

C'est un magicien de la vie Giacomo.

Il y a le môme.

Enfant sauvage qui s'est élevé tout seul dans un terrain vague.

Il est attendrissant et pathétique.

Son histoire est poignante.

Il y a Mlle B.

Transparente à ses parents dans l'enfance, elle le restera dans la vie.

Son récit est désolant et désespérant et on peine à lui accorder de la sympathie tant elle est passive.

Quelle construction de récit bien proportionnée !

C'est une alternance des trois récits suffisamment longs pour nous satisfaire, suffisamment courts pour qu'on se replonge avec bonheur dans le suivant.

Avec le môme j'ai retrouvé le garçon de Marcus Malte..

La même émotion, la même admiration de l'écriture, belle et puissante.

C'est un premier roman magistral, parfaitement maîtrisé.

Bravo vraiment.
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L'Attente du soir

Mon coup de cœur émotionnel de l’année !!!

« L’attente du soir » est un récit poignant, avec des personnages qui t’alpaguent et que tu ne veux plus lâcher. On entre dans ce roman par l’émotion et la poésie, par cet univers fleurtant entre féérie et serrement de cœur. Un roman regorgeant de tant de qualités que je m’étonne qu’il n’ait pas rencontré plus de lecteurs depuis sa date de parution en 2009.

Ce roman c’est du Romain Gary, du Boris Vian et du « Sans famille » d’Hector Malot. C’est un conte moderne sans se départir d’une critique sociale sur l’individualisme de notre société.



Ce récit raconte l’histoire de 3 marginaux :

Un vieux directeur de cirque, épris de liberté, de voyage, dont le seul objectif est de faire rêver et sourire les gens, les émouvoir par la magie du cirque, les étoiles et les parfums. Et leur apporter une petite touche de beauté et d’évasion dans leur quotidien.

‘’le môme’’ est un petit gamin seul, vivant dans un terrain vague, livré à lui-même, si petit qu’il ne sait pas parler, n’a pas appris le langage ni reçu les bases de l’éducation. L’enfant sauvage de l’histoire, le plus en marge de « la civilisation » des trois. Il se construit seul, se débrouille par lui-même, par instinct et -parce que sans référence sociale ni familiale- il construit son propre univers, sa propre interprétation du monde et crée son propre langage de ce qui l’entoure.

Et enfin une jeune femme, Melle B., plus ancrée dans la société, mais invisible aux yeux des autres. La moins attachante probablement des trois parce que la plus grise et inerte.



Ce sont des personnages atypiques qui se ressemblent par leur solitude, des parcours difficiles, des blessures, le cœur souvent trop lourd. Et si tous les trois avancent dans la vie un peu différemment, c’est avant tout en fonction du ciment de leur enfance qui les a fait grandir.



On découvre sous la plume de cette auteure une palette de poésie, d’imaginaire, de sensibilité incontestables. Tatiana Arfel joue avec les mots et les sensations. Elle sait puiser au fond du cœur, au fond des âmes pour n’en recueillir que la substantifique moelle des personnages… En plus de cet écriture inventive, la pureté de ces êtres qu’elle nous fait découvrir explique sûrement la densité des émotions ressenties à leur côté et le fait qu’on s’attache si fortement à eux. Ils sont comme des diamants à l’état brut, des aimants vers qui on ne peut qu’être attirés. Sans qu’on y prenne garde, notre cœur s’écaille, craquèle et se laisse aller à l’émotion. Mais il ne faut pas croire que les 3 personnages soient naïfs. Ils portent un regard lucide et terriblement vrai sur la société. (La formation de psychologue et les stages en hôpital psychiatrique de l’auteure lui ont probablement permis de sculpter aussi bien ses personnages.)

J’ai tout simplement été envoutée par cette histoire. J’ai aimé retrouver tous les jours ces 3 personnages, les suivre, tantôt avec le sourire tant la poésie et l’imaginaire se dénichent à chaque page ; tantôt avec le cœur serré, emplie de tristesse face aux évènements qui parcellent leur chemin. J’étais écartelée entre la curiosité, l’envie de savoir ce qui allait leur arriver et le désir de ne pas aller trop vite pour savourer chaque mot, pour rester dans ce plaisir intense d’avoir entre les mains une petite pépite humaniste.

Si j’ai eu mes préférences pour l’enfant et Giacomo, c’est bien entendu parce que tous deux à leur manière, avec leur propre expression, sont des créateurs de beauté, des artistes qui ‘’badaboument’’ le cœur de ceux qui les entourent, en tout cas, de ceux qui savent ouvrir les yeux. Et croiser de tels personnages fait un bien fou au lecteur, comme s’ils lui enlevaient le voile terne devant les yeux, comme s’ils lui décrassaient le cœur.

C’est une histoire tellement marquante qu'on a une seule envie : la faire découvrir autour de soi.

L’auteure réussit finalement à faire comme Giacomo : à nous faire partager ces moments les plus intenses, mettre des étoiles dans notre quotidien par son imagination et sa sensibilité.

Un grand grand merci pour ces heures passées dans son univers !





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L'Attente du soir

Un joli conte à la fois cruel et tendre, qui nous entraîne aux côtés de trois personnages cabossés par la vie, Giacomo le vieux clown dresseur de caniches, la femme sans nom qui fait du calcul mental pour éloigner l'angoisse, et le môme, enfant sauvage aux multiples ressources.

L'écriture de Tatiana Arfel est solaire, poétique, pleine de douceur, certains passages sont réellement magnifiques.

C'est un texte plein de bon sens et de philosophie, qui donne envie de profiter de la vie et des petits bonheurs, mais qui fait également réfléchir notamment sur les notions de famille ou encore de vieillesse.

Une lecture qui évoque aussi et avec réussite les arts, notamment le cirque et la peinture, les descriptions sont colorées, imagées et donnent corps aux actions des personnages.

Un très joli roman.
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L'Attente du soir

Ce roman donne la parole à trois êtres qui vivent en marge de la société, parce que la vie les a laissés là sans leur demander leur avis. Ils livrent chacun leur tour leurs souvenirs sans se plaindre, ils racontent les moments qu’ils ont vécus avant que la vie ne les réunissent. Il y a Giacomo le clown blanc, dresseur de caniches, élevé dans le cirque familial convaincu que l’impitoyable Sort va continuer à s’acharner sur lui du jour où sa jeune mère trouve la mort dans un accident de trapèze. Lorsque son père lui laisse diriger le cirque, Giacomo donne le meilleur de lui-même juste pour voir le bonheur illuminer le visage de ceux qui viennent au cirque, sacrifiant son bonheur personnel car il sait que le Sort veille. Il y a le môme, un tout jeune enfant abandonné dans un terrain vague qui apprend à survivre en se nourrissant de tout ce qu’il trouve. Il s’élèvera au côté d’un chien, jusqu’à ce que celui-ci meure. Cette perte le pousse à s’exprimer non par le langage qu’il n’a pas appris, mais par la peinture qu’il trouve dans les rebuts de notre société. Puis il y a Melle B, une jeune femme élevée dans une famille où on ne la regarde pas, qui a appris par la force des choses à ne pas exister pour ne pas gêner. Lors d’une soirée de fête au lycée, alors qu’elle n’est pas la fille convoitée, elle s’unit à un garçon éméché. L’enfant qui naît de cette union lui sera arraché, la faisant retomber dans une transparence grise qui lui collera définitivement à la peau, l’incitant toujours plus à se réfugier dans la litanie des tables de multiplication. L’auteur décortique ces trois destins que l’on pourrait croire perdu tellement la noirceur qui les entoure est accablante. Par la magie du conte l’auteur laisse entrer la magie dans ses vies marginales et les couleurs salvatrices prennent leur place, pour la plus grande satisfaction du lecteur étreint et chaviré de tant d’émotions. L’auteur exploite nos peurs les plus primaires pour nous offrir un roman vibrant et merveilleusement inattendu pour qui sait être patient.
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L'Attente du soir

Un récit à trois voix, à trois personnages. Chaque personnage détient sa propre voix, évolue dans son monde et lit sa partition.

Il y a Giacomo, directeur du cirque du même nom, clown blanc qui dresse des caniches et fait naître des symphonies parfumées.

Né dans une roulotte, sa vie c’est le chapiteau et ses couleurs.

Giacomo est fataliste, il sait que Le Sort le rattrapera, Le Sort qui apporte le malheur



Il y a Melle B. Jamais le regard de sa mère ne l’a caressée, jamais les bras d’un père ne se sont fermés sur elle. Elle avance dans la vie invisible, transparente, absente

La folie rôde

Elle récite des tables de multiplication lorsqu’elle est en proie à l’angoisse. Et puis elle a « un trou dans la poitrine » quelque chose lui manque qui lui a été enlevé.



Et il y a le Môme. Enfant abandonné à lui-même, il découvre le monde par le brillant du soleil et le froid de la boue du terrain vague où il vit. Il découvre les goûts par « le jus blanc » de l’herbe dévorée, le piquant et l’âcre des aliments trouvés dans les poubelles, les odeurs des flaques d’eau et de la terre gelée.

La seule chaleur reçue est celle d’un chien qui devient son lien avec le monde, mais ce lien va se rompre et il connait la douleur

Mais le monde va venir au môme par les couleurs, va s’éclairer et s’élargir par les couleurs, le bleu des sacs poubelle, le rouge d’un vieux tapis, « le jaune et l’espoir ». Les couleurs remplacent les mots et deviennent langage.



Trois univers que tissent Tatiana Arfel, la parole est donnée à ceux qui ne peuvent parler en mots ou dont les paroles ne sont jamais entendues. De son travail en psychiatrie elle a rapportée la connaissance de l’autre et de sa souffrance, des possibilités infinies de l’être humain, de l’importance des mots mais aussi d’autres langages.

La première partie du roman s’intitule « Un plus un plus un », puis dans une seconde partie se révèle la possiblité de compter pour quelqu’un

« deux plus un » de n’être plus seul ou de l’être moins.

Le récit est ponctué par les étapes du cirque, par le temps qui passe pour les trois personnages qui marchent les uns vers les autres pour être enfin « quelqu’un pour quelqu’un.»



C’est un roman foisonnant d’une imagination très riche, pleine d’odeurs et de couleurs.

J’ai été prise par ce texte d’une grande force et d’une très grande humanité

Une vraie réussite pour ce premier roman, une auteure à suivre
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L'Attente du soir

J'adore !



STOP ! STOP ! : Ceci est vraiment un premier roman ?!!

Quel brio, quelle maîtrise. Pas une phrase n'est faiblichonne, pas une phrase ne pâlit la puissance de ce texte. Tout s'enchaîne, juste, précis. Et, même si j'ai vite compris ce à quoi il risquait d'aboutir, j'ai été pris. Oui, j'ai adoré ces sensations pulsées, peintes, criées, décrites. La force de la misère, la violence d'un quotidien glacial, la survie, le deuil, les lumières, les sons, les odeurs, et ces couleurs... Ces contrastes et contraires et ces êtres si violemment contrariés.

Trois désespoirs, l'un est dur, l'autre est très dur, le dernier est encore pire. Ils sont bien évidemment incroyables et en même temps, on a déjà vu ça, dans la réalité-même. On n'arrive pas à y croire. Et pourtant.

Je dois dire qu'en plus je n'aime pas les cirques, les clowns, je trouve moches les caniches : Tatiana Arfel parvient à me les sublimer.

Par de nombreux biais, points de vue, images et mots, l'auteure touche des cordes en moi sensibles, ça frappe même, ça éponge, ça crisse, ça crie, ça décrie, ça brosse sec à la paille de fer, ça suce l'âme... La fin reste une suite à écrire dans sa vie à soi. Parce que le livre s'arrête et que, oui, tout reste à écrire.



Je suis impressionné. Je suis admiratif. Je loue. Je bénis. Je remercie.

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L'Attente du soir

Il s'agit de trois histoires qui au final n'en font qu'une. Ce livre est d'une poésie, d'une finesse. Il faut le mériter car le début de ce roman est très déroutant ... Mais la récompense est au rendez vous. Les études de caractères sont tellement belles, fines, ciselées ... C'est un régal de lecture. Un conseil : prenez votre temps, soyez concentré pour lire ce magnifique roman, ça en vaut la peine. Bonne lecture !
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L'Attente du soir

Ce roman entrecroise les portraits de trois personnages, qui ont choisi ou subi d'être en marge de la société faute d'amour. On devine peu à peu que le destin va les rapprocher. Cela ne sera pas chose aisée, car ils devront s'apprivoiser, surmontant les souffrances passées.

Cette foi en la vie, retrouvée grâce au rapprochement d'êtres blessés, est un des chemins de vie les plus émouvants. En lien avec cette thématique prenante, on rencontre une méditation sur le sens de la vie. Le style est imagé, poétique, le ton toujours juste.

C'est pour moi la révélation de l'année 2010 !
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L'Attente du soir

Le roman choral est difficile. Difficile, lorsque trois personnages seulement, fussent-ils aussi extraordinaires et marginaux et démesurés dans leur renfermement souffrant que ceux-ci, s'alternent dans une mise en scène, de structure triptyque, typique du théâtre moderne (par opposition au théâtre classique) où la parole/conscience et non l'action fait avancer le récit. Difficile aussi, lorsque le poids de la souffrance est tellement palpable, à chaque phrase, que le recours salvateur aux artefacts des sens, la vue des couleurs pour l'enfant sauvage qui deviendra peintre, l'odorat pour le clown faisant son deuil par des symphonies de parfums, ne suffit pas à soustraire le lecteur d'une influence émotionnelle au premier degré par moments presque dévastatrice. Il s'agit d'un recours salvateur tout de même, car la peinture aura pour l'enfant sauvage exactement le même effet révélateur qu'une psychanalyse ; le regard porté par celui-là sur Mlle B., aussi blessant de réalisme soit-il, lui rendra pour la première fois une ombre d'humanité à elle ; les soins au parfum de chocolat chaud que Giacomo déverse sur l'enfant exorciseront sa propre angoisse du Sort en lui révélant qu'il s'agit de l'interruption - réversible - d'une transmission par la filiation, qui ne lui était pas échue par voie biologique...

Trois déchirements dans les relations de filiation, remarquera-t-on ; que l'analyse avisée de la jeune psychologue sait faire remonter loin, à plusieurs générations.

Néanmoins cette première esquisse d'évidence est loin d'épuiser tout le potentiel d'interprétation renfermé par cet énorme opus, dont l'originalité déroute autant que la densité des images et des sentiments ; et mon propre bouleversement m'empêche de me soustraire à un questionnement sans réponses qui est quantitativement bien plus important que les quelques ébauches ci repérées.



Cit. finale :

Les gens ne savaient pas ce que c'était que cette ombre, ils en avaient peur, pensez donc, disait-il, si on avait représenté un vrai monstre, vert ou diabolique, les gens achèteraient, ils ont l'habitude et puis ça purifie des vieux démons, mais cette ombre grise on ne savait pas ce qu'il y avait à l'intérieur, on pouvait y mettre le pire, peut-être même qu'il n'y avait rien, c'était le dessin d'une absence plus monstrueuse qu'un monstre, et ça, c'était impensable. (p. 251).

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L'Attente du soir

Telle une perle dans son écrin, ce livre n'attend plus que vous pour être sublimé. Ou plutôt pour vous sublimer ! Trois personnages, qui n'ont rien en commun vont se dévoiler petit à petit sous vos yeux. Tel le renard du petit prince, ils vont vous amadouer vous dévoiler leurs forces et leurs faiblesses. Et c'est ainsi que vous aller tomber sous leur charme.

Une lecture pour n'importe quelle saison, elle est de celles qui met du baume au cœur, et lorsque la dernière page est tournée... C'est un peu comme si on disait au revoir à de très vieux amis. Une très belle découverte.
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Des clous

Dans le roman cité, l’auteur n’a pas failli à la description du monde de l’entreprise. Elle y a même excellé. Les dérives, les dangers ont été parfaitement rapportés.

Elle s’inscrit dans ces descriptions aux naturalistes tels Zola.



Convaincante et crédible jusque dans l’absurde en choisissant des personnages portant les stigmates d’une société telle que la nôtre : un comptable avec des T.O.C., un fils à papa vulnérable étouffé par l’autorité paternelle, un étudiant aux préoccupations proches de celles de notre jeunesse actuelle, une DRH avec de vraies valeurs humaines. L’écriture est accessible, précise, elle fait mouche.



La construction du roman est originale. Ecrit en cinq parties, entrecoupées d’un interlude qui est une note de service, de chapitres bis, l’auteur maîtrise sa structure et parvient à fédérer autour du lieu commun du manque de confiance en soi.



L'auteure a le mérite de nous présenter le miroir de nos défauts conformistes : « la dictature du confort, de la sécurité, de chacun à sa place, conditionné et consentant », l’auto-flagellation communément répandue », « nous allons rationaliser notre rationalisation ».

Elle a aussi celui de rappeler à l’ordre...

Elle a enfin celui de rappeler que « l’entreprise, ça n’existe pas ! ça n’est pas une structure supérieure préexistante ! L’entreprise, c’est des hommes ensemble, les uns soumis aux autres, c’est tout ! ».



Et si la solution qu’elle propose au final de son livre ne me convient pas, je la rejoins sur la remarque suivante : « je crains que la sécurité, que la résignation ne soient plus fortes que tout ».

Dans un monde aux structures complexes, elle pose une sagesse :

« trouver sa place prend du temps, un temps que les actionnaires n’ont pas et dont ils se fichent ».







Faire un état des lieux, sonner les alarmes adéquates, ramener à la vérité de l’être, et l'humain au coeur des structures auxquelles il consent ou qu'il installe, ne sont-ce pas là les fonctions véritables d’un romancier ? La solution, au fond, c’est à nous tous ensemble de la trouver pour que le monde du travail cesse de se déshumaniser et qu’il ne nous enferme pas dans un système qui nous échappera.



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Des clous

La critique du travail et des modifications déshumanisantes que le néoliberalisme y apporte à une vitesse croissante, principalement mais pas uniquement en entreprise, est un sujet qui m'intéresse beaucoup ; s'ajoutait à mon intérêt la grande admiration que je voue à la jeune Tatiana Arfel, depuis son premier roman, L'Attente du soir. Je la tiens pour l'une des plumes les plus prometteuses, pertinentes, éveillées, nourricières en réflexion et en poésie de la littérature française actuelle. Ce roman a été pleinement à la hauteur de mes attentes pourtant très élevées.

Il s'agit de l'histoire d'une monstrueuse supercherie au sein d'une entreprise spécialisée en "procédures de rationalisation", qui, sous couvert de séminaire de "remotivation" d'employés "non-conformes", vise à leur écroulement psychique afin d'en faciliter le licenciement, et même à un but plus immoral encore.

Au cours des huit mois du déroulement de l'action, treize personnages s'alternent dans leurs récits, avec la puissante caractérisation stylistique, linguistique et psychologique de chacun qui fait l'une des valeurs principales de l'écriture de l'auteure. Si, contrairement au précédent roman, ces différents traits stylistiques n'incluent pas principalement cette prose poétique si séduisante, la séduction s'opère ici aussi par la même vérité (plus que de la simple vraisemblance) des personnages. En effet, autant le premier roman mettait en scène des personnages marginaux et dont l'existence réelle était (au moins statistiquement) improbable, autant ces personnages-ci sont repérables, hélas, à tous les coins d'une entreprise "à la pointe" ; et cela vaut à mon sens aussi bien pour "Les conformes" que pour "Les non-conformes" ou "Ceux à côté".

Habileté dans le cheminement du récit, fort impact émotif permettant une lecture avide et vorace, alternance dynamisante de ces "voix" complémentaires : ce sont là les principaux mérites de cette prose. La raison d'être du fond, authentiquement militante et engagée, se révèle d'elle-même dès le début ; et une lecture proche de celle d'un essai, pour apprendre et pour essayer de comprendre le monde qui nous entoure, en est également satisfaite.

Afin d'éviter que cette note ne soit que dithyrambique, j'ajoute une toute petite critique qui m'a paru opportune notamment pendant les 70-80 premières pages : celle d'une caractérisation trop forte, d'un trait trop marqué dans les récits des "conformes" (surtout des "méchants" comme Hautfort, Sabine et Stéph), lequel, s'il facilite l'identification à cause du nombre plutôt élevé de personnages, affaiblit par contre la force du texte en rendant ceux-ci presque caricaturaux.

Enfin, le piège du "happy end" qui pourtant se profilait vers la fin du roman, est évité in extremis (encore que certains lecteurs puissent sans doute penser l'inverse).

A ceux qui peu ou prou partagent certains de mes goûts et intérêts, je recommande de ne pas laisser vous échapper cette lecture utile et précieuse.
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Des clous

Ce roman est d'abord une excellente critique sociale. Avec précision et méticculosité, Tatiana Arfel décortique les rouages d'une grande entreprise, dissèque comment des humains égoïstes et ambitieux, devenus machines, exigent que la vie soit, elle-même, une grande machine. Denis compare la manipulation exercée par Hautfort à ce qui est fait pendant les guerres et les dictatures. En effet, on annihile lentement la volonté et la pensée de l'autre. On le matraque de sous-entendus pour le dévaloriser. On l'assure que c'est en se conformant à ce qu'on lui demande qu'il sera le meilleur. Tout cela en douceur, et en certifiant qu'on prend sur soi pour aider la personne à s'en sortir.

Les tactiques et mécanismes de manipulation sont démontés, expliquées, mis au jour bien mieux que ne le fait n'importe quel documentaire sur le sujet. Attitudes, langage, actes, tout est analysé. C'est à la fois effrayant et rassurant. Une telle veulerie de l'homme contre son semblable est écoeurante, mais il est réconfortant, lorsque tout est expliqué, de voir qu'on peut y faire face... encore faut-il avoir compris qu'on est manipulé. Ici, la forme de harcèlement est peu commune, car elle n'est pas à découvert.

D'autre part, ce roman m'a fait prendre davantage conscience (je l'avais quelque peu remarqué), que beaucoup d'hommes tentent, à plus ou moins grande échelle, de manipuler son semblable. Quand on voit le lavage de cerveau fait par HT (dont le nom est très bien trouvé), on peut se demander si on n'est pas soi-même victime de manipulation où que ce soit, et si on a l'esprit critique en toutes circonstances...



En quatrième de couverture, l'auteur indique que son roman n'est pas un roman d'anticipation. Je ne suis pas très loin de partager son point de vue. Bien sûr, je pense qu'aucune entreprise n'est au niveau de HT, mais elles ne doivent pas en être très loin...

[...]

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L'Attente du soir

Je viens de le terminer.Au début il ne m'est pas apparu que les trois destins qui s'annonçaient allaient se rejoindre!Et c'est là que ce livre sait vous tenir en haleine sur plusieurs chapitres avant de se terminer en" happy end" qui ne dit pas son nom.

J'avais tergiversé pour le commencer mais ensuite je me suis laissé entraîné dans cette aventure psychologique avec passion!Merci à son auteur!
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L'Attente du soir

Un premier roman ambitieux découpé en trois parties, une partie pour chaque personnage principal du roman.

Giacomo, Melle B ou la femme grise et le môme.



Sans lien entre eux au premier abord, les fils vont bien entendu se tisser par la suite.



Les descriptions sont nombreuses et riches apportant un plus au roman.



Ce roman est riche de mots, de descriptions, forçant le lecteur à la réflexion, à l’interprétation à l'analyse aussi



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La deuxième vie d'Aurélien Moreau

[note rédigée après la rencontre avec l’auteure]



La normalité comportementale – médiane, normée, prévisible, incolore, impénétrable, indéchiffrable – est le signe d’une profonde psychopathologie. Aurélien Moreau, qui l’affiche dans la première moitié du roman, est d’abord présenté par son entourage, dans des verbatim d’enquête ; chacun, surtout les intimes, tout en ajoutant des indices concordants sur la personnalité de ce directeur adjoint – méticuleux et méprisé – de l’entreprise de son beau-père, s’avérera absolument incapable ne serait-ce que de soupçonner la véritable nature de cet homme et la souffrance qui motive son attitude à la fois convenue et hermétique. Même le psy. S’ensuivent les carnets d’Aurélien, arides, bloqués, qui nous révèlent cependant la profondeur de son mal-être qui ne sait être maîtrisé que par une « cotte de maille » anesthésiante et robotisante.



Les conséquences d’un plan social au sein de l’entreprise, sous forme de « mots sorciers », vont percer l’armure, mettre irréversiblement en danger l’équilibre maladif d’Aurélien – dont la prose commence à se délier et la vie à prendre des saveurs – et précipiter l’avènement de l’action dramatique qui, sous forme de décharge de milliers de watts, va faire fondre à jamais la cuirasse. L’homme ainsi dénudé, son langage explose dans un premier temps, puis se recompose dans une forme originale et personnelle, de plus en plus achevée à mesure que celui-là devient perméable à un certain nombre d’actions extérieures bienfaisantes, surtout féminines, et qu’il conquiert partiellement un goût et une volonté de vivre par ses sens nouvellement découverts. Un périple géographique le mènera vers une existence assez significativement distante de celle qu’il avait vécue pendant ses quarante-cinq premières années.



Ce roman, le troisième de la jeune auteure qui réalise le prodige de me provoquer les mêmes ferveur et attraction magnétique que les précédents, dont il s’inscrit comme une synthèse à de nombreux égards, traite de la pathologie de la normalité par une recherche langagière absolument formidable par son originalité (paradoxe : la normalité par la génialité…). Dans le premier chapitre déjà, où la caractérisation aboutie des personnages sourd de leurs paroles et non de leurs propos incongrus sur autrui ; dans la représentation de la parole éclatée – magnifique dialogue entre Aurélien et sa mère (p. 193-195) ! – ; enfin dans la manière de rendre les trois étapes du chemin psychique du héros, la dernière desquelles, la « renaissance », possède toute la progressivité nécessaire à la vérité. Le personnage s’impose ainsi de sa vie propre – et je conteste le titre qui indique un redoublement de vie – dans sa problématique très contemporaine et par un langage parfaitement créé.

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Des clous

Après avoir lu et adoré L'attente du soir, je me suis laissée tenter par Des clous de Tatiana Arfel... Et je n'ai pas été déçue!

Ce roman est remarquablement bien écrit! Contrairement à L'Attente du soir où l'écriture est poétique, ici l'écriture est vive, sèche, tranchante et sied tout à fait au sujet : la vie en entreprise!

Et ce que nous découvrons est effrayant!!

Six employés de la grande entreprise HT sont "invités" ( mais doivent tout de même rattraper leurs heures) à une formation pour les remettre d'attaque!

Et nous découvrons avec horreur que cette formation est uniquement destinée à leur faire avouer leurs faiblessess, voire leur faute, pour les licencier!

Cette formation a officiellement pour but d'améliorer leur rendement et par dessus tout faire gagner du temps et de l'argent à l'entreprise, et ce par n'importe quels moyens! Il leur est donc demandé de ne pas aller à la machine à café le matin, ne pas discuter dans les couloirs, ne pas penser à autre chose qu'à l'entreprise pendant les heures de travail ( aucunes pensées personnelles n'est tolérées, et ceci est vérifié avec des électrodes durant la formation...) C'est terrifiant!!



Les personnages sont tous plus paumés les uns que les autres, subissant les bons conseils de leur patron par le biais de Sabine, la Directrice des Ressources Humaines aux dents longues, qui n'attend qu'un faux pas pour les remercier.

Certains sentent que cette formation est louche, mais la peur d'être le seul à se rebeller et donc de se faire licencier sans soutien des autres les empêchent de dire ce qu'ils pensent.

Mais Denis, le formateur n'entend pas se laisser faire!

Un livre drôle et terrifiant à la fois à ne pas louper!!
Lien : http://leslivresdagathe.over..
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