AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Teodora Dimova (37)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les dévastés

Les Dévastés. Le titre donne le ton : ce n'est pas sur les jours heureux de la Bulgarie que va se concentrer l'histoire, du moins pas totalement. C'est encore une page de la Seconde Guerre mondiale que j'ai découverte à travers cette histoire bulgare bien méconnue, par moi en tout cas. Si l'on se rappelle que le pays fut intégré au bloc de l'Est, il est moins connu que le pays fut également allié à l'Allemagne lors des deux guerres mondiales. C'est ainsi ce brusque changement de régime faisant suite à une "guerre d'un jour", ou une insurrection installera un régime favorable aux Soviétiques et ses conséquences sur trois familles bulgares, que se concentre les Dévastés. Nikola et Raïna Todorov - écrivain, Mina Tomov et Ekaterina Zahkariev - prêtre, Boris et Viktoria Piperkov - industriel prospère. Si le nazisme fut une abomination, l'instauration du régime communisme n'est pas en reste en matière d'atrocités : ce sont trois récits, fictifs, qui forment un ensemble indissoluble, celui de l'histoire bulgare, et qui ont fait écho, dans ma mémoire de lectrice, à bien d'autres récits de victimes soviétiques du communisme.



Les échos que j'ai perçus ne se font pas uniquement en résonance avec d'autres œuvres annexes, mettant en scène des pays voisins qui ont subi la même violence du régime totalitaire, Théodora Dimova tisse des liens entre les trois drames qu'est devenue l'histoire de chaque famille. Elles se font écho sur de nombreux, que le père de famille soit auteur ou chef d'entreprise. Ces récits sont truffés d'effets miroir qui ont pour résultat de donner davantage de force à l'ampleur des tragédies qui se sont jouées lors de la mise en place du nouveau régime. Si les familles sont dissemblables sur de nombreux points, on retrouve toujours cette nostalgie d'un passé révolu, paradisiaque, dans cette ville de Boliarovo, qui constitue l'un des pivots de ces histoires. Si Sofia la capitale endosse l'identité de la ville communiste, abrupte, triste, uniformisé, la pittoresque Boliarovo, fleurie, colorée, chatoyante, chaleureuse, nous ramène, à chaque fois, avec amertume dans ce bonheur perdu d'un passé, qui s'est définitivement éteint sous les estocades de boutoirs de l'épuration et de l'uniformisation communiste. Cette douce amertume se transmet très poétiquement par le goût de cette liqueur de griotte, motif récurrent, qui accorde cet ultime effluve, sucré, sirupeux, avant leur dissolution progressive au sein d'une grisaille soviétique morne et terne. Les allers et retours entre Boliarovo et Sofia se traduisent par un aller-retour entre présent et passé, puis futur, ou d'une manière ou d'une autre, chaque famille est amenée à se croiser, de façon providentielle et dans l'ignorance de l'existence des unes et des autres, sous l’œil curieux du lecteur. Et très habilement, en toute fin de roman, on se rend compte que l'auteure a fini par rejoindre tous les fils tissés pour en faire une toile complète, qui apporte certaines réponses à des questions laissées en suspens le long du récit,



C'est un texte, minutieux, d'une précision redoutable et dense, dont cette même densité est accentuée par sa forme, qui se présente sous l'aspect d'un seul bloc, ou les dialogues sont totalement intégrés à la narration. Cela donne un récit très compact, mais absolument pas sibyllin, qui contribue peut-être à rendre pour le lecteur de façon plus authentique cette sensation d'oppression qui pèse sur les épaules de chacun des personnages du roman. Outre cette perspective historique qui se dessine à travers les destins filés de ces différentes femmes, dont les hommes semblent être dépourvus si ce n'est celui du raté qui se trouve une vocation de bourreau à la petite semaine, les différentes focalisations internes donnent une réelle dimension personnelle. Et l'écriture de Théodora Dimova, toute en nuance et en profondeur, donne une véritable consistance à ces histoires : c'est un réel plaisir de la lire ! Elle possède cet art de placer son récit à une dimension supérieure grâce à tous ces petits détails poétiques, ces passages sur la littérature ou la littérature, qui transcendent le simple utilitarisme socialiste.



Ce roman très fort, autant par le sujet qu'il traite - une page de l'histoire bulgare à travers les existences fracassées de trois familles sofiotes - et la façon dont il le traite - circonspection, délicatesse alliée à la puissance - est à mon avis l'un des titres à retenir pour cette année qui commence à peine, et son auteure Théodora Dimova, m'apparaît comme une voix littéraire à lire davantage. Merci les Éditions des Syrtes !












Lien : https://tempsdelectureblog.w..
Commenter  J’apprécie          50
Les dévastés

Les Dévastés est nous emmène dans les purges de la Bulgarie communiste. Le livre est scindé en 4 chapitres qui nous éclairent sur quatre histoires différentes. Qu’elles s’appellent Raïna, Ekaterina, Viktoria, ces femmes ont toutes un point commun : avoir perdu leur époux dans la traque menée par le nouveau pouvoir communiste après 1944. Chaque histoire pourrait se lire indépendamment, mais elle se recoupent entre elles. On retrouve ces trois femmes en 1945 au bord d’une fosse commune où ont été jetés les corps de leurs maris (un écrivain, un pope et un entrepreneur), qui partageaient un dénominateur commun : faire partie d’une élite devenue indésirable.



Chaque récit se complète et contribue à donner un arrière-plan à cette époque particulièrement sombre. Les images défilent sous nos yeux : les tribunaux de la Milice populaire, les domiciles réquisitionnés, la déportation, les arrestations, les mauvais traitements, le jugement.



Les Dévastés est un livre fort, un témoignage puissant qui pénètre profondément dans la pensée des personnages ; c’est ma première lecture de Théodora Dimova et ce ne sera pas la dernière.
Lien : https://etsionbouquinait.com..
Commenter  J’apprécie          40
Les dévastés

Le roman « Les Dévastés » de l’écrivaine bulgare Théodora Dimova, paru aux Éditions des Syrtes dans la traduction française de Marie Vrinat, est avant tout un acte de justice rendue aux intellectuels et aux opposants persécutés et assassinés par le régime communiste instauré en Bulgarie suite au coup d’État de septembre 1944. Cette mise en fiction historique réussit à remettre en lumière « le mécanisme par lequel le poison de la peur se mettait tout à coup à agir en l’homme et paralysait ses mouvements et sa volonté ». C’est de ce danger d’un basculement brutal et inattendu dont nous parle Théodora Dimova dans un roman bouleversant et tellement actuel.
Lien : https://lettrescapitales.com..
Commenter  J’apprécie          40
Mères

Une soirée de Coupe du monde est l’un des plus petits détails qui, comme un fil reliant les différentes perles d’un collier, rassemble les chapitres de ce roman bref et percutant, et lui donne son unité. Ce livre porte le nom de Mères, mais ses chapitres – Andreia, Lia, Dana, Alexander, Nikola, Deyann, Kalina – égrènent ceux de leurs enfants. Seul le dernier chapitre y fait exception : Yavora, le nom de l’énigmatique et adorée Yavora, qui fait le lien à la fois tangible et intangible entre tous ces adolescents, sans pourtant être l’un d’entre eux. Lien, et fermoir, car c’est avec ce chapitre où elle apparait enfin après avoir été incessamment et mystérieusement évoquée, que se résout et se clôt la structure du roman.



Jusqu’à ce dernier chapitre, on pourrait presque lire Mères comme une succession de nouvelles parallèles, chacune le portrait d’une famille de la Bulgarie ordinaire du début des années 2000.



Et quels portraits ! C’est d’abord celui d’Andreia, prise en étau entre « sa mère malade qui se mouvait comme un enfant devant elle, [et] son père malheureux qui tentait de tout son cœur de l’élever. » Puis celui de Lia, à qui ses parents aimants mais désargentés ne peuvent offrir les cours nécessaires pour développer ses dons pour la danse, puis celui de Dana, « grande, massive, masculine, … première de la classe », vivotant avec son père sur les deux cents euros mis de côté chaque mois par sa mère, garde-malade à Chypre, et ainsi de suite jusqu’à la dernière, Kalina, « cette enfant qui n’avait pas connu d’enfance » et qui s’écroule devant la responsabilité de s’occuper de sa grand-mère semi-paralysée et de sa mère frappée « d’asthme bronchique, d’un diabète avancé et d’ostéoporose. »



Si chaque chapitre est, à son tour, la description d’un univers particulier, compris entre les quatre murs d’un appartement, il est aussi celle d’un univers général, celui d’une société que la transition post-communiste a jeté dans une crise matérielle et existentielle à laquelle peu échappent.



Bien que chaque chapitre soit relativement bref (l’ensemble fait tout juste 200 pages), il rend presque immédiatement palpable chaque famille et chacun de ses membres. Par son style, le livre épouse au plus près les récits, les émotions et les besoins de ses personnages, et la lectrice se retrouve prise dans les flots de dialogues et de pensées qui se bousculent dans cette narration rapide et sans transitions (et superbement traduite par Marie Vrinat).



Il y aurait beaucoup d’autres choses à dire – sur l’amertume de parents, pris, à mi-chemin de leurs vies d’adultes, dans une transition dont les bénéfices sont durs à apercevoir ; sur le rôle que joue Yavora dans la vie de leurs enfants ; sur le changement de registre qui marque la fin de chaque chapitre… Mais c’est surtout cette structure à deux niveaux que je retiendrai, avec cette immersion dans l’univers de chaque appartement et de ses occupants, et ces détails qui sentent le vécu à plein nez : une immersion qui nous fait aussi nous rendre compte à la fin des récurrences dans ces vies. Celles-ci transcendent chapitres et personnages pour mener à un chapitre final brutal et inattendu, que la traductrice Marie Vrinat compare dans son excellente postface à une scène biblique. Une scène finale d’autant plus brutale qu’elle se déroule dans un parc de la ville pendant que, devant la télévision, bière en main, les adultes regardent le dernier match de la Coupe de monde de football.



Par son style incisif et son sujet en prise avec l’actualité, Mères appartient à la même veine littéraire que deux autres romans publiés en traduction française ces dernières années par les éditions des Syrtes : La croisade des enfants de la roumaine Florina Ilis, et L’été où maman a eu les yeux verts, de Tatiana Ţîbuleac (également roumaine). Publié en Bulgarie en 2005, la traduction française parait déjà en France en 2006, et c’est à l’occasion de sa réédition en version poche l’année dernière que les Syrtes m’en ont envoyé un exemplaire. On ne peut qu’espérer que les éditions des Syrtes continueront à enrichir ce volet résolument contemporain, percutant, et féminin de leur catalogue.
Lien : https://passagealest.wordpre..
Commenter  J’apprécie          30
Mères

Un livre avec une étrangeté... Ressemble à ces recueils de nouvelles qui se recoupent à la toute fin.
Commenter  J’apprécie          30
Mères

Petit mais puissant! Direction la Bulgarie avec ce roman de Théodora Dimova inspiré de faits réels. Et pour ma part je n'ai pas souvent eu l'occasion de partir pour la Bulgarie au fil de mes lectures.

Nous suivons un adolescent par chapitre, le narrateur est omniscient et le récit à la troisième personne. Et une obsession émerge pour le lecteur : comprendre ce qui a amené cet adolescent à ce qu'il a fait (fait que nous n' apprenons qu'en fin d'ouvrage mais que nous devinons très vite). Le style est très dense, parfois alambiqué à l'image du stream of consciousness de Virginia Woolf, mais sert parfaitement le propos, faisant ressortir toute la crudité et la violence sous-jacente à laquelle sont confrontés ces jeunes dans la société bulgare post-communisme. La lecture pourra être éprouvante pour certain, aussi je ne l'a conseillerai pas à tout le monde. Pour ma part elle m'aura durablement marquée .
Commenter  J’apprécie          20
Les dévastés

Dans ces portraits croisés se nouent les destins de trois familles qui resteront brisées par la mort du mari, du père. Chacune de ces histoires personnelles est tragique, bouleversante. Les femmes, en tant qu’épouses, mères et filles, sont au centre de ces récits, et pour cause : les hommes ne sont plus là, les femmes doivent vivre seules avec le poids de leur absence, de la culpabilité et du non-dit. Et si certains « vainqueurs » sont foncièrement mauvais, l’autrice ne tombe pas dans le cliché et montre que beaucoup cherchent simplement à sauver leur propre peau.

L’écriture fluide, extrêmement élégante et cinématographique de Théodora Dimova m’a tout simplement emportée. J’ai été soufflée par la plume de Théodora Dimova (et sa traduction de toute beauté). Les dévastés est à lire d’urgence !
Lien : https://des-romans-mais-pas-..
Commenter  J’apprécie          20
Mères

J'aime être emportée par une lecture imprévue, être surprise par un auteur inconnu, comme cela a été le cas avec ce titre. Il faut dire que l'écriture de Théodora Dimova dégage une intensité qui ne peut laisser indifférent. Le premier chapitre de "Mères" vous cueille à froid, logorrhée heurtée, d'une violence poignante, évoquant la détresse d'Andreia, orpheline d'une mère non pas défunte mais dépressive, au bord de la démence, indifférente à tout sauf à sa propre douleur, incapable ne serait-ce que de faire semblant d'éprouver le moindre sentiment pour sa fille, qui en est dévastée.



Suivent d'autres chapitres, ayant pour titre le prénom de celui ou celle dont ils évoquent la douloureuse histoire, portée par une plume vibrante, percutante, qui obsède et glace à la fois. Lia, Dana, Alexandre, Nikola... Ils sont tous adolescents, filles ou garçons, riches ou pauvres, enfants uniques à une exception près. La souffrance les a fait grandir trop tôt, les a plombés de la gravité de ceux qui savent ne pouvoir compter que sur eux-mêmes. Le drame de leurs courtes existences, marquées par l'abandon, la négligence ou la violence, puise ses racines dans le lien à la mère, perverti par une relation toxique ou par l'absence, qu'elle soit physique ou psychique.



Un autre point commun les réunit : la mystérieuse Yavora, évoquée à la fin de chaque séquence, à propos de laquelle un enquêteur anonyme les interroge, dans le cadre de ce qui s'apparente à une audition judiciaire. Les adolescents tergiversent, renâclent, incapable de la dépeindre autrement qu'en se référant à leurs rêves, ou en utilisant des métaphores, femme providentielle et impalpable, dotée d'un charisme surnaturel, figure idéale d'une mère dont chacun est en carence...



En toile de fond, au gré des éléments composant le quotidien de chacun des protagonistes, se dessine la Bulgarie des années 2000, gangrenée par la corruption et les inégalités sociales. L'espoir initié par la fin de l'ère communiste vécue par leurs parents a fait place à une désillusion que semblent incarner ces mères déficientes, elles-mêmes victimes d'un système inique ou d'une filiation délétère.



"Mères" est un récit bouleversant, glaçant, dont on pressent avec effroi l'issue inéluctable, qui met en évidence l'influence de l'instabilité familiale dans la propension à la violence.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          20
Adriana

Un roman étrange à l'atmosphère à fleur de peau.

Tout est précipité, hors d'haleine, à l'image du style d'écriture qui rendrait presque impossible une lecture à voix haute.

Ioura réapparaît après trois mois d'absence et se raconte, en une nuit, à Téodor.

Elle raconte pour transmettre, comme un testament, la vie d'Adriana qui vient de mourir... et son secret.



Une expérience de lecture surprenante qui vaut le détour !
Commenter  J’apprécie          20
Adriana

Un livre envoutant, plus par le récit que fait la jeune fille, Ioura, à son cousin Todor une nuit entière, de ce qui lui est arrivé d'improbable et inattendu, que par celle qui donne son nom au livre, Adriana, 94 ans quand commence le récit. Adriana est parfois antipathique, son histoire crédible ou pas, mais par elle tout arrive dans la vie de Ioura. Cependant c'est Ioura qui pas son humanité et sa personnalité solaire, ses qualités qui irradient d'elle sans qu'elle le sache, qui provoque toute cette aventure, la vit au jour le jour et l'accepte. Une très belle traduction de Marie Vrinat d'une autre très connue en Bulgarie et qui mérite de l'être en France.
Commenter  J’apprécie          10
Les dévastés

L'écrivaine rappelle les crimes ayant suivi la prise du pouvoir par les communistes à Sofia, en 1944, dans un roman nécessaire.




Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
Commenter  J’apprécie          10
Les dévastés

Porté par une langue d'une finesse remarquable, habité d'une grande puissance émotionnelle, Les Dévastés est traversé de scènes poignantes, qu'il est impossible de lire, en 2022, sans songer au drame ukrainien.
Lien : https://www.lepoint.fr/livre..
Commenter  J’apprécie          10
Les dévastés

Mémoires de femmes bulgares



Le précédent roman de la dramaturge et romancière bulgare Théodora Dimova, Mères (Éditions des Syrtes, 2019), était consacré à un fait divers survenu dans un lycée en 2004 et dénonçait de manière magistrale l’extrême violence contemporaine du monde adolescent. Les dévastés est, quant à lui, selon ses propres termes, un roman de la mémoire. Après avoir ausculté la société bulgare contemporaine, un retour dans le passé s’est imposé à Théodora Dimova. Dans sa postface, elle raconte qu’en 2016, lors d’un hommage devant le monument aux victimes du communisme, dans le parc du Palais de la culture, en l’absence totale de représentants de l’État, elle a pris conscience de l’absolue nécessité, en tant qu’écrivaine, de revenir sur cette partie de l’histoire de son pays.
Lien : https://www.en-attendant-nad..
Commenter  J’apprécie          10
Mères

Le style est particulier, la ponctuation, enfin le « point » surtout se fait rare. Un livre dur, reflet d’une société bulgare post communiste souffrante, mais une intrigue trop vite survolée.
Lien : https://lesperluette.blog/20..
Commenter  J’apprécie          10
Adriana

Adriana trace le portrait d'une femme blasée par l'argent, poussée par l'ennui et la solitude jusqu'à la déchéance. Et jusqu'à commettre l'irréparable. Ce roman illustre les obsessions de l'auteure Theodora Dimova qui remonte aux sources de la violence rongeant la société, et pose une question entêtante à savoir si l'on peut restaurer, envers et contre tout, ce qui a été brisé ?



Ce roman prolonge l'œuvre de son père Dimiter Dimov (1909-1966), très connu dans la Bulgarie des années du stalinisme dont il est d'ailleurs l'une des premières victimes, en reprenant et en donnant une fin au roman qu'il a laissé.
Commenter  J’apprécie          10
Mères

L’instinct maternel dont on nous rebat si souvent les oreilles, ça vous parle ? Eh bien voici un petit livre qui lui en met un grand coup dans l’aile ! Sept histoires nous y sont relatées, celle de sept enfants grandissant dans la Bulgarie post-communiste, sept enfants étudiant dans le même lycée et qui ont noué une étroite relation de confiance avec leur professeure principale prénommée Yavora.



On découvre l’un après l’autre le contexte familial dans lequel vivent ces adolescents avant d’entendre la déposition qu’ils sont sommés de faire et dont on ne sait pas précisément si elle est formulée devant un représentant de la police ou devant un psychologue. Mais ce qui est clair, en revanche, c'est qu’un mystérieux drame les unit.



A travers ces récits, c’est toute une société qui nous est dépeinte, celle d’un pays qui, en s’ouvrant à l’économie libérale, a vu naître une oligarchie mafieuse, la corruption s’étendre et le chômage sévir, d'où émerge néanmoins une classe moyenne mais où l’extrême pauvreté et la précarité sont devenues légion. C’est un pays où le hiatus peut très vite se creuser entre des parents nés dans un système socialiste et des enfants grandissant dans un monde différent, avec pour tous des repères brouillés et des perspectives difficilement perceptibles.



Comment, dans ce contexte, assumer sa maternité ? Accompagner son enfant lorsqu’on est contrainte de partir travailler à l’étranger, que l’on a sombré dans une profonde dépression, que l’on a soi-même connu de violents traumatismes dans sa propre enfance ou que l’on a le sentiment d’avoir été dépossédée de sa propre existence ?



Etonnant récit, dont le rythme effréné qui happe le lecteur pour le rendre captif de ces univers souvent étouffants contraste avec l'atmosphère fantasmagorique des pages consacrées à Yarova, ce personnage surnaturel incarnant une sorte de vie rêvée, d’idéal inaccessible. On sera sensible ou pas à cette surprenante composition, mais elle confère assurément à cet ouvrage une couleur insolite qui ne laisse pas indifférent.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
Commenter  J’apprécie          00
Mères

Bulgarie : produire le passé qui manque





Une nouvelle génération d’auteurs bulgares, récemment mis à l’honneur par le festival « Un week-end à l’Est », est depuis quelques années accessible en français grâce au travail infatigable de Marie Vrinat qui a traduit la plupart de ces livres et est parvenue à restituer des styles différents. Guéorgi Gospodinov, Théodora Dimova ou encore Kapka Kassabova redonnent vigueur au genre romanesque, cultivent une relation singulière au passé, où la mélancolie est teintée de fantaisie et d’un humour souvent redoutable.


Lien : https://www.en-attendant-nad..
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Teodora Dimova (71)Voir plus


{* *}