Citations de Thierry Lenain (117)
Les jours et les nuits se sont entremêlés. Le soleil nous unissait. La lune nous protégeait. J'avais les yeux remplis d'étoiles.
Carlos, lui, il m'a dit que les papis qui s'en vont, ils vont tout là-haut dans le ciel. Mais là-haut, c'est trop haut pour toi, Papi !
Mon corps et mon corps, ça veut dire que personne n'a le droit de me faire un bisou ou une caresse si je ne suis pas d'accord. J'étais bien contente d'entendre ça.
A l'époque des mammouths, il y avait les mammouths avec zizi et les mammouths sans zizi. Et lesquels étaient les plus forts?
Si on était pareil, on serait tout le monde. On existerait, mais personne ne le saurait vraiment.
Et quand on mourrait, personne ne s’en apercevrait vraiment.
Si on était pareils, on serait personne.
C’est pour ça que j’aime qu’on ne soit pas pareils.
Parce que « on n’est pas pareils » ça veut dire :
Il y a toi,
Il y a moi,
Il y a nous.
L'amour est plus fort que la guerre.
Et Raïssa dessine sur le tableau.
Elle dessine des avions et des bombes.
Elle dessine des immeubles écroulés.
Elle dessine des gens morts par terre.
Plus personne ne dit rien dans la classe.
Comme si tout le monde
avait perdu sa voix.
Puis madame Okili demande doucement :
C'était comme ça dans le pays d'où tu viens ?
( p 14)
La fillette fixe sa poupée et ses traits se figent jusqu'à ce que, dans la pénombre, l'immobilité de l'une réponde étrangement à celle de l'autre.
A aucun moment tu ne lui as donné ton corps. A aucun moment. Il te l'a volé, Sarah. Il te l'a volé.
Le soir du deuxième meurtre [de poupée Barbie], la mère de Sandra vint faire un foin du diable à l'école. (...)
Pour la calmer, la maîtresse finit par accepter de rembourser les Barbie avec l'argent de la coopérative. Mais à condition que les filles ne les emmènent plus à l'école.
Recommandation inutile. Les pimbêches étaient pimbêches, mais pas cinglées. Elles n'allaient pas risquer davantage la vie de leurs Barbie chéries. Elles les planquèrent chez elles, dans les armoires, sous les couvertures, et même dans le bac à légumes du frigidaire.
(p. 11-12)
- Merci d'être née avec nous, Sofia !
Lali, enfant qu'on ne pouvait pas laisser sur le carrelage parce qu'elle s'y cognait la tête, les mains et les jambes jusqu'à saigner et s'évanouir.
Marion, tu allais naître. J'avais les mains tendues vers toi. Et tu es apparue. Tu ne criais pas. Tu ne pleurais pas. Tu me regardais. J'ai été ta première image du monde.
Le Père Noël se souvint alors qu'il était aussi descendu sur terre pour faire ses courses. Résigné, le pas lourd, il se dirigea vers le Grand Magasin. Depuis quelques années le Père Noël achetait dans les grandes surfaces les cadeaux qu'il distribuait le 24 décembre.
Sauf que, ce jour-là, tout en recopiant les dernières listes de jouets que les uns et les autres désiraient, le Père Noël ne parvint pas à oublier que, quelque part sur la terre, Pierre avait fini de croire en lui.
L’enfant vit les guerres.
Il se dit il faudra peindre les uniformes des soldats.
II faudra, des canons de leurs fusils, faire des perchoirs
d’oiseaux et des flûtes de bergers.
L’enfant vit les famines.
Il se dit il faudra attraper les nuages au lasso et les faire pleuvoir sur les déserts.
Il faudra creuser des rivières d’eau et de lait.
L’enfant vit la misère.
Il se dit il faudra apprendre à additionner, soustraire et multiplier, et puis à diviser.
Il faudra apprendre à partager l’argent, le pain, l’air et la terre.
L’enfant vit les puissants se goinfrer, ordonner, clamer et décréter.
Il se dit il faudra leur ouvrir les yeux ou les chasser.
....
Même si aujourd'hui celle qui sera toujours ta maman n'est plus ma femme.
Même si aujourd'hui moi qui serait toujours ton papa, je ne suis plus son mari.
Elle et moi t'aimons ensemble chacun de notre côté.
"Celui qui désire la pluie doit aussi accepter la boue"
- Et avant PepiTili et Mamie Okili, il y avait qui?
- Avant eux, il y avait tes mamies et papis plus anciens. L'une de ces mamies est née en Afrique, et des hommes l'ont emmenée en Amérique.
La tête de la maîtresse change.
Ça devient une tête de maîtresse qui se demande si les enfants ne sont pas devenus fous.