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Critiques de Thomas Cantaloube (143)
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Requiem pour une République

Paris, 1959. Un massacre est perpétré au domicile d'un avocat algérien, et cette tuerie va faire se croiser un affreux mercenaire, un trafiquant corse, et un jeune flic. Qui eux-mêmes vont croiser de nombreux citoyens de seconde zone (les travailleurs Français musulmans d'Algérie) et quelques illustres personnages de la France contemporaine (Papon, Mitterrand, le Pen).

Ce n'est pas vraiment un roman policier (on découvre rapidement les tenants et aboutissants de l'enquête), mais plutôt un roman politico-historique sur cette page trouble de notre Histoire qu'étaient les "événements d'Algérie". Thomas Cantaloube ne dénonce rien, ne révèle rien que l'on ne sache déjà, et finalement, je ne sais pas où il souhaitait emmener son lecteur. Je m'attendais à quelque chose de plus virulent, façon "Meurtres pour mémoire" de Didier Daeninckx.

Toutefois, j'ai bien aimé ses trois personnages principaux, leurs doutes, leurs paradoxes, leurs blessures -avec une nette préférence pour l'affreux mercenaire, Sirius Volkstrom (quel blaze d'enfer !). J'ai apprécié aussi son ambiance de film noir à la française, avec ses caïds et ses barbouzes, ex-résistants et ex-collabos, qui défouraillent vite et distribuent les bourre-pifs, leur sens de l'honneur, leurs trafics et petits arrangements avec les condés, et l'inévitable tapineuse reconvertie.

Ca se lit aisément, et malgré le manque de suspense, on a envie de savoir ce qui va arriver aux protagonistes. Ca reste donc une lecture agréable, qui ravira les fans de Pépé le Moko et les amateurs d'Histoire de France. Ce qui est déjà bien bath.
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Frakas

On ne présente plus Série Noire chez Gallimard, gage de qualité.

Ce Frakas, signé Thomas Cantaloube ne déroge pas à la règle.

J'ai remonté le temps jusqu'aux années 60, à une époque où la France, implantée militairement, occupait une partie de l'Afrique, tentant d'en extraire la moindre richesse, au mépris des vies humaines et en toute impunité internationale (les autres n'en faisaient-ils pas autant ?). Éliminant sans scrupules, tout opposant au régime qu'elle avait mis en place.

Cantaloube nous offre un roman dans lequel se mêle l'histoire réelle du Cameroun et de la France et la fiction, avec un bon suspense.

Les héros de fiction, justement, y croisent tout un panel de célébrités, notamment politiques, de l'époque.

Luc Blanchard, journaliste à France Observateur, se voit confier par son patron, une enquête sur un groupuscule que l'on dit disparu depuis longtemps,  la main rouge, responsable d'actions obscures et d'assassinat au nom de... Oui, au fait, au nom de qui ?

Un état se cacherait-il derrière ces attentats ?

Les investigations de l'ex-flic, devenu reporter, le conduiront jusqu'au Cameroun où il retrouvera de vieilles connaissances, embarquées, elles aussi, dans de dangereuses aventures.

Un voyage qui ne sera pas de tout repos.

Surtout que quand on devient trop curieux, qu'on s'approche un peu trop de secrets d'État, on met sa vie en danger.

J'adore ce genre de lecture, qui m'amène à vérifier certains faits (Ah ! Si Wiki n'existait pas) et me plonge dans les coulisses du pouvoir et de la Françafrique.

Frakas est un roman, mais pas que...

Thomas Cantaloube, un auteur que je vais continuer de suivre avec intérêt.
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Requiem pour une République

En chroniquant les coulisses de la guerre d’Algérie, Thomas Cantaloube, reporter d'investigation qui travaille actuellement à Médiapart s'attaque pour son premier roman à un projet aussi ambitieux que complexe.



Il installe son intrigue au tout début de la Ve République, entre 1959 et 1962, pendant la période particulièrement sombre des dernières années de la fin de la guerre d'Algérie et en toile de fond, on y découvre tous ces événements qu'on apprend que trop peu dans les manuels d'histoire, tels quele massacre de la station de Charonne ,en 1962 ou les attentats de l'observatoire qui avait pris pour cible un certain François Mitterrand.





Car c'est tout l’intérêt de l'excellent roman de Thomas Cantaloube: partant d'un point de départ fictif, l'enquête d' un meurtre commandité d'un avocat proche du FLN, commandité par un certain Maurice Papon, Canteloube met en scène des personnages réels - Papon, Mitterrand, Le Pen, et même un certain jean Pierre Melville non cité nommément, mais qu'on reconnait aisément- qu'il mélange à plusieurs personnages fictifs parmi lesquels Luc, jeune policier idéaliste qui va essayer de résoudre cette affaire criminelle particulièrement sordide.



Avec un titre un peu ironique (comme on assiste au début de la Ve république, le requiem n'étant pas forcément la musique des plus adaptés ) qui laisserait entendre que ce régime était vicié dès ses origines, l'auteur ne nous cache rien des manœuvres les moins glorieuses gaullisme, avec une répression policière violente dont le parallèle avec des faits actuels pourrait sembler assez évidente à faire..





Si le primo romancier s'appuie sur un vrai travail journaliste de documentation et d'analyse des faits, il réussit également avec une belle maestria à tricoter le réel et la fiction, à inventer des personnages parfois très proche de la réalité et réussit avec une belle fluidité à maintenir un suspense constant avec un sens du dialogue et de la formule qui fait très souvent mouche.



"Ces politicards qui nous gouvernent n’ont pas de principes ! De Gaulle est revenu aux affaires, porté par des médiocres et des minables. Il a choisi de les garder à ses côtés, il s’est entouré de requins au nom de la raison d’Etat !



Un vrai plaisir de lecture à vous conseiller illico parmi les bons polars de cette année 2019, et un auteur qui frappe un grand coup dès son entrée en force dans la si prestigieuse collection « Série noire »!!



"Il descendit les escaliers calmement et prit à rebours le chemin par lequel il était venu. Il jurea intérieurement : putain de Lemaire, putain de Deogratias, putain d'arabes trucidés!"
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mai 67

Le journaliste Luc Blanchard rejoint sa compagne Lucille en marge d’une manifestation des ouvriers du bâtiment devant la sous-préfecture de Pointe-à-Pitre et assiste à la violente répression que ceux-ci subissent : certains ne se relèveront pas. Son enquête pour tenter d’innocenter Lucille, poursuivie pour sa proximité avec le Gong, mouvement indépendantiste auquel appartenait son oncle, première victime des tirs policiers, le conduit dans les coulisses d’une Ve République qui ne s’embarrasse guère de légalité.

(...)

Thomas Cantaloube, mêlant suspens et action, restitue fidèlement cet épisode méconnu, dernière répression sanglante d’un soulèvement social… avant le récent retour d’une brutalité assumée. C’est plaisant, bien documenté et instructif. On entretiendra, qu’hier comme aujourd’hui, on ne compte pas des morts qui ne comptent pas !



Article (très) complet sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451 :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Frakas



On avait découvert Luc Blanchard en jeune policier idéaliste, dans l'excellent Requiem pour une république , le précédent polar politique de Thomas Cantaloube, on le retrouve avec plaisir ayant troqué son badge de policier pour celui de journaliste



Et après l'Algérie,le voilà direction Cameroun, autre terre du continent africain appartenant jadis aux français.



On retrouve également d'autres personnage du premier volet comme Antoine Carrega,ou Sirius Volkstrom !



Luc Blanchard va cette fois ci enquêter sur le meurtre étrange d'un leader politique camerounais Bechtel soupçonné d’avoir empoissonné 2 ans plus tôtFélix Moumié le Président de l’UPC (L’union des populations du Cameroun.



En voulant faire éclater la vérité, Blanchard va se mettre en danger et devenir une cible et va se retrouver ainsi à Yaoundé et retrouver un ami corse, ancien barbouze Antoine Luchesi!



L'auteur, journaliste à Médiapart, se fait avec ce second volet de ce qui semble être une trilogie, le spécialiste de l'exploration des dessous peu reluisants de la politique française post colonisation :Trahisons, corrpution, assassinats, courses-poursuites forment les pièces du puzzle mis avec énormément de brio par l'auteur.



Roman noir politique et sociétal sur une partie oubliée de l'histoire dont on a très peu entendu parler et qui fait naitre aujourd’hui ce qu’on appelle la « Françafrique » entre marigots de la diplomatie et ceux des services secrets.



Thomas Cantaloube nous invite dans les cuisines d'une indépendance négociée aux intêrets de la France et nous fait découvrir un pan de l'Histoire de France du XXème siècle pas forcément des plus avantageux pour notre pays.



Son sens de l'analyse politique et du réalisme fait mouche une fois de plus tant il est peu aisé de dinstinguer le réel et de la fiction :décidément, CE Thomas Cantaloube est une grande plume du polar chez Série Noire !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Requiem pour une République

J’ai adoré ce livre.

Ma libraire me l’avait recommandé un peu avant l’annulation de Quais du Polar, l’année dernière, peu après sa parution. « Vous allez voir, c’est du lourd, un ancien journaliste de Mediapart, on y croise Mitterrand,Papon,Le Pen,Pasqua etc..L’intrigue est bien ficelée, la petite histoire croise la grande Histoire ...vous allez adorer »

Exact.

Mais , je dois vous l’avouer, cela m’avait fait un peu peur, et il a fallu un peu plus d’un an,3 confinements et la parution en livre de poche pour m’intéresser à Thomas Cantaloube

Alors oui j’ai vraiment aimé ce livre qui a tout pour plaire. Coup d’essai, coup de maître.

L’écriture est incroyable, on est parachuté entre septembre 59 et avril 62, dans le Paris ( et un tout petit peu Marseille) des remugles de la guerre d’Algérie.

On saute de Dauphine à 404, on entend le « tacatacatac » des motrices de train, on empeste l’anisette, on vibre avec le gentil, on adore détester le méchant, on louvoie en pleine zone grise.

C’est époustouflant de maîtrise, c’est virtuose, c’est passionnant.

Bon, vous connaissez l’histoire : on suit 3 hommes lors de courts chapitres datés.

Le désagréable Sirius, l’intriguant Antoine et notre jeune héros : l’inspecteur Luc Blanchard, un bleu de la Crim qui doit son affectation au pedigree de son héros de père.

Au fil de l’intrigue tout ce petit monde prend de l’épaisseur et se complexifie. Flic idéaliste, truand madré et psychopathe collabo se croisent et se recroissent, au fil d’un destin qui leur échappe et auquel l’auteur ne croit guère.

Alors bien sûr Thomas Cantaloube a ses sympathies et mine de rien développe habilement sa thèse , voir son engagement.

C’est très enlevé et en même temps profond.

Et c’est plein d’humour, c’est même carrément tordant.

Morale de l’histoire : écouter votre libraire.

De mon côté j’attaque Frakas, la suite paraît il, qui vient de sortir.....et qui serait du même...calibre !!
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Mai 67

Guadeloupe, mai 1967. En lançant son chien sur un pauvre mendiant guadeloupéen, un commerçant blanc met le feu aux poudres et la manifestation spontanée qui suit sera le prélude à une vraie révolte alimentée par une situation économique désastreuse pour les travailleurs.

Mais au-delà des revendications salariales, c’est un profond sentiment d’injustice qui motive les manifestants. Réprimée à balles réelles, l’émeute coute la vie à plusieurs opposants et provoque l’arrestation de dizaines de guadeloupéens dont certains sont emprisonnés en métropole comme Lucille, la compagne noire de l’ex-flic devenu journaliste Luc Blanchard.

De Basse-Terre à Paris, il n’aura de cesse de dénoncer les dérives du gouvernement français.

Archétype du roman noir à la française, cet ouvrage, basé sur des faits bien réels, évoque une sombre page de l’histoire de nos départements d’outre-mer et stigmatise les relents colonialistes de l’époque.
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Frakas

Requiem pour une République, le premier roman de Cantaloube, se situait en 1959 et mettait aux prises des pro-FLN, des groupes plus ou moins légaux luttant contre le FLN dans l’hexagone et ceux qui les manipulaient. Trois personnalités très différentes s’impliquaient dans les événements, qui allaient générer de violentes interventions de police sous l’autorité du préfet de police, Maurice Papon : Luc Blanchard, le jeune flic idéaliste, Antoine Carrega, l’ancien résistant lié au milieu marseillais, et Sirius Volkstrom, un ancien soldat, collabo durant la guerre, et devenu un exécuteur vendu au plus offrant.



Dans Frakas, l’auteur reprend ce trio en 1962. Luc Blanchard, écœuré par l’action des services de police, est devenu journaliste. Il est chargé par son hebdomadaire d’enquêter sur les débuts de la décolonisation. L’occasion de rencontrer Jacques Foccart, le conseiller pour l’Afrique du général de Gaulle. L’occasion aussi de se frotter aux services qui maintiennent les intérêts français en Afrique, particulièrement au Cameroun. Le Cameroun c’est d’ailleurs la destination d’Antoine. Le serveur de son troquet marseillais est reparti là-bas avec un cahier lui appartenant, et qui doit revenir fissa à Marseille, sinon les truands locaux se fâcheront. Quant à Volkstrom, qu’on avait laissé pour mort nageant dans la Seine après avoir reçu une balle, il s’est mis au vert et a retrouvé l’armée au … Cameroun.



Aucun des trois ne connaissait ce pays avant. La France a cédé le pouvoir en façade, mais ce sont ses troupes qui entraînent l’armée camerounaise, et ce sont ses sociétés qui s’approprient les richesses locales. Les militants camerounais de l’UPC, qui prônaient l’indépendance, ont été poursuivi, chassés, exécutés, avant que le nouveau pouvoir local ne prenne la main. L’armée française a assuré le nettoyage des régions où le groupe indépendantiste avait ses bases. Désormais ce sont les services secrets qui continuent d’écarter ses rebelles pour les empêcher d’arriver au pouvoir. Et tous les moyens sont bons.



Cantaloube continue d’utiliser le polar pour rappeler l’action cachée des gouvernements successifs vis à vis de l’Afrique noire. Torture, destruction de villages entier, assassinats politiques ciblés, les indépendantistes qui frayaient trop avec le communisme ont été pourchassés. L’indépendance s’est faite, mais sans eux ; les pantins mis en place ont respecté les règles du jeu : le business doit continuer comme avant. Ce qui en découle c’est la Françafrique de Foccart, ce jeu d’intérêts croisés, de pots de vins, de contrats d’exploitation et de soutien militaire attribués en contrepartie.



Le récit demande un peu d'attention au début (surtout si le lecteur ne connaît pas déjà le trio de héros et les relations particulières qu’ils entretiennent entre eux), mais ce qu’on découvre petit à petit est très intéressant, peu connu et malheureusement historiquement exact. Le colonialisme à la Tintin au Congo devrait disparaître avec les indépendances africaines, mais est toujours inconsciemment dans toutes les têtes. Les rôles et les places sociales sont repartis et ne changent plus.



Ce roman sombre et étouffant est un petit cours d’histoire africaine, comme on ne la trouve pas dans les manuels officiels. L’envers du décor raconté avec efficacité sous l’angle du polar.
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Requiem pour une République

Un premier roman et c'est une réussite.

Un polar historique qui se passe en France sur fond de guerre d'Algérie, d'OAS, de FLN.

On y croise Papon, Debré, Mitterrand, le Pen, Delon.

Les chapitres s'enchainent facilement. Il n'y a pas de temps morts.

On s'attache aux 3 protagonistes qui ne sont pourtant pas des enfants de coeur et qui sont parfois détestables.

C'est bien écrit et les dialogues sont fluides.

Bref un roman efficace et agréable à lire.
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Requiem pour une République

Roman policier, roman historique, roman politique, roman à clés aussi, le premier roman de Thomas Cantaloube est une vraie réussite. Il nous plonge dans une période extrêmement troublée, dans les débuts de la Ve République, comme le titre ne l’indique pas puisqu’il semble en annoncer la fin, en plein pendant les « zévénements » d’Algérie… L’intrigue se déroule essentiellement sur trois années, de 1959 à 1961, en trois parties flanquées d’un prologue (le meurtre d’un avocat algérien et de sa toute famille) et d’un épilogue (la rencontre de deux des protagonistes en 1962, six mois après les terribles événements qui vont, pour des raisons différentes, bouleverser leur vie à tous les deux). On croise de nombreux personnages réels qui se mêlent aux trois principaux personnages dont on adoptera tour à tour le point de vue : Sirius Volkstorm, l’exécuteur des basses œuvres, l’ancien collabo, le nervi au service de qui le paie ; Luc Blanchard, le bleu, inspecteur de police débutant, qui se fait encore une haute idée de son métier malgré son désastreux binôme et la corruption de ses chefs ; Antoine Carrega, truand de moyenne envergure, ancien résistant, opportuniste mais fidèle en amitié et doté d’un certain code l’honneur. On croisera nombre de personnages clairement identifiés : Papon, préfet de police corrompu et magouilleur, Le Pen à ses débuts, partisan de l’OAS, Mitterrand et l’attentat raté de l’Observatoire, Debré, etc., et brièvement le très réel et très engagé photographe Georges Azenstarck, le seul personnage solaire de cette terrible histoire. D’autres personnages sont vaguement camouflés. J’ai dû en rater plusieurs, mais je crois que j’aurais reconnu Delon même sans l’anagramme (Lionel Adan), comme j’ai reconnu Jean-Pierre Melville au Stetson et aux lunettes noires bien qu’il ne soit pas nommé. Quant à un certain Monsieur Charles qui travaille chez Ricard, il n’avait déjà pas les mains très propres…

***

L’intrigue policière (qui manque un peu de rythme, c’est mon bémol) se déroule sur arrière-plan de racisme violent, de création du SAC de triste mémoire, d’attentats du FLN et de l’OAS, sans qu’on sache trop qui commet lequel, de répression sauvage, et d’essais nucléaires qui semblent aujourd’hui bien oubliés… Un contexte terrible et passionnant, même si, à cause des dates en titre de chapitre, on voit les événements de la fin arriver : 17 octobre 1961. J’avais découvert ces horreurs dans Meurtres pour mémoire, de Didier Daeninckx, que j’avais lu à sa parution (fin 83). Thomas Cantaloube sait lui aussi nous faire partager l’incrédulité et l’indignation ressenties par Blanchard, le jeune inspecteur pour qui cette nuit sera décisive dans la conduite de sa vie. Un très bon roman, une piqûre de rappel nécessaire.
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Requiem pour une République

La République est morte; vive la République !

En refermant ce livre, je me demande si ce requiem vaut pour la IVe tout juste enterrée, ou pour cette jeune Ve dont Thomas Cantaloube fait le décor de son roman.

L'histoire débute en 1959 par le meurtre sauvage d'un jeune avocat d'origine algérienne et de toute sa famille.

Époque fébrile. Ramené au pouvoir par les spadassins de l'Algérie française, voilà que le Général de Gaulle hésite et atermoie, générant une confusion poisseuse et délétère. "Gaullistes et anti-gaullistes se claquaient la bise. Des résistants farouches faisaient bras dessus bras dessous avec des collabos. Fachos, poujadistes et nostalgiques étaient recyclés dans l'administration ou à l'Assemblée nationale avec la bénédiction de leurs anciens adversaires. "

Du côté d'Algérie, on fourbit ses armes tandis que Paris et la France plongent dans une folie ultra-droitière menée par une raison d'État qui s'impose jusque dans la création de milice sauvages et sanglantes.

C'est dans ce climat malmené que l'auteur conduit son enquête d'une main de maître. Lauréat du prix Landerneau en 2019, ce premier roman montre autant d'érudition pour la période que de maestro pour tirer les ficelles d'un suspense prenant.

Trois personnages se croisent entre 1959 et 1961. Antoine, le bandit corse, résistant de la première heure ; Luc, jeune inspecteur à la crim qui sera déniaisé plus vite qu'il ne l'imaginait, et Syrius, barbouze de tous les coups tordus pourvu que la paye soit en ordre.

De l'ordre, il y en a à la fois trop et pas assez en ces jours troublés. Pas assez pour permettre une cohabitation pacifique avec nos cousins d'Algérie appelés en renforts dans les usines de la métropole, et beaucoup trop dans les forces de police menées par le préfet Papon qui ne paiera ses crimes contre l'humanité qu'en 1998!

A l'image de ce sinistre personnage, la Vè se révèle gangrénée dès sa naissance. Thomas Cantaloube excelle à brosser une fresque qui, si elle n'était pas si triste, nous ramènerait au temps des sixties. Mais la Seine se rappelle le 17 octobre 1961, Évian l'assassinat de son maire par L'OAS et Vitry-le-francois n'oublie pas les 28 innocents massacrés dans un attentat que l'État français refusera de reconnaître jusqu'en 1966.

Oui, le charme des années 60 bat de l'aile sous la plume incisive de Thomas Cantaloube.

Arrivée au terme de mon billet, je me questionne encore. Ce requiem vaut -il pour la IVe "née sur les cendres du pétainisme et des combats de la Résistance " ou plutôt sur la Ve qui "démarrait sur les cadavres des algériens et les remugles d'un fascisme en képi"?

Dans cette dernière option, l'agonie est fort longue; la bête aura eu la dent et le poil durs... Sans jamais se départir de ses corrompus ni de ses magouilles, elle flotte encore au fronton de nos mairies. Sans doute ce jeune auteur est-il un peu visionnaire...
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Mai 67

Thomas Cantaloube par ses présentations romancées d’événements historiques peu connus jette un autre regard sur la cinquième République, époque gaulliste. Après le traitement de la guerre d’Algérie, entre FLN et OAS et la répression du métro Charonne le 08 février 1962 ordonnée par le préfet de police Maurice Papon dans Requiem pour une République, et les magouilles de la Françafrique version Jacques Foccart dans Frakas, Cantaloube continue d’explorer les arrière-cours du gaullisme et de ses services parallèles en conviant ses personnages favoris en Guadeloupe en 1967.

Revoilà le journaliste Luc Blanchard, installé à Pointe à Pitre en famille avec sa femme Lucile et sa fille, le truand à l’ancienne Antoine Lucchesi, en disponibilité pour cause de convoyage de voilier sur l’Atlantique, et le mercenaire manchot Sirius Volkstrom, qui pour le moment fait dans l’anti-castrisme pour le compte de la CIA.



La décolonisation a suivi son cours mais les habitants des départements d’outre mer continuent de subir un traitement de seconde zone. Les békés contrôlent l’économie, avec la bénédiction du préfet UNR, pendant que les populations antillaises ont du mal à suivre le coût de la vie, voire sont fortement incitées à rejoindre la métropole pour y occuper des emplois non qualifiés en s’entassant dans les HLM de banlieue.



C’est dans ce contexte tendu qu’éclate le 26 mai 1967 une manifestation initiée autour de revendications d’augmentations salariales. Rapidement les esprits s’échauffent, suite à des remarques racistes, et la préfecture ne fait pas dans le détail en envoyant CRS et forces de police. Des détonations sont entendues, des manifestants sont atteints par des tirs, à l’origine douteuse. Le pouvoir réprime tout cela, arrête quelques leaders d’un mouvement autonomiste et les transfère vers Paris pour qu’ils soient jugés par la Cour de sûreté de l’État. Parmi les Antillais accusés d’avoir tenté une insurrection, Lucile la compagne de Luc Blanchard.



En croisant les points de vue de chacun de ses trois héros, Cantaloube expose une époque où les morts locaux, et les circonstances de leur décès, ne pèsent pas lourd face à la grande politique. Il faudra une commission d’enquête d’information et de recherche historique présidée par Benjamin Stora pour conclure en 2016 que les dérapages policiers étaient voulus. Il aura fallu deux ans pour l'apprendre, les archives et le bilan officiel des événements ayant disparu.



Le roman est parfaitement réussi dans l’évocation de ce qu’était la situation des DOM à la fin des années soixante, résumée par l’ancien député USDR Claude Estier par « les événements du 26 mai démontrent la supercherie de la légende selon laquelle le général De Gaulle serait le dernier décolonisateur de la République française alors qu’en fait le colonialisme subsiste aux Antilles ».

Mais il pêche un peu au niveau de l’intrigue policière, par manque de dynamisme. La priorité de l’auteur est clairement de montrer des pratiques et une époque, les enchaînements de chapitres suivent ce cheminement, et débordent même du sujet en se concluant avec un autre mois de mai, un an plus tard, avec les négociations entre le pouvoir (représenté par le tout jeune Chirac) et les syndicats.
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Mai 67

Mai 1967 est le troisième volet de la trilogie de Thomas Cantaloube sur les affres et le côté obscur de la 5ème République. Après les soubresauts de la Guerre d’Algérie dans Requiem pour la République puis l’installation de la FrancAfrique au Cameroun, Thomas Cantaloube nous rememore un événement méconnu : le soulèvement de la Guadeloupe en Mai 1967.

Nous retrouvons trois des personnages principaux des deux romans précédents .

Luc Blanchard, ancien policier devenu journaliste à France Antilles.

Antoine Carrega, ancien résistant corse en accointances avec le milieu marseillais.

Sirius Volkstrom, ancien collaborateur et réalisateur des basses œuvres de la Préfecture de Poilce.

Ces trois personnages vont se croiser et se decroiser en Guadeloupe.. Luc Blanchard vit maintenant en Guadeloupe avec sa femme guadeloupéenne et sa fille. Antoine Carrega ou Lucchesi fait du convoyage entre Marseille et les Antilles. Sirius Volkstrom lui travaille en sous main pour la CIA dans les Antilles.

En Mai 1967 à Point à Pitre le GONG, mouvement de libération guadeloupéen essaye de soulever la population au travers de manifestations. L’une d’elle va dégénérer et provoquer la mort de huit personnes. Lucille la femme de Luc Blanchard se trouve dans cette manifestation comme personnel médical .

Suite à cette manifestation, la police arrête un certains nombre de guadeloupéens dont Lucille. Ils sont transférés en Métropole pour être jugés dans le cadre de cette insurrection.

Thomas Cantaloube, comme à son habitude va entremeler le réel et la fiction pour nous entraîner sur les chemins noirs de la République et du pouvoir gaulliste.

C’est toujours aussi prenant et réaliste.



















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Requiem pour une République

Un véritable coup de cœur pour ce polar très très noir qui nous ramène à la fin des années 50, aux "événements" qui se déroulaient en Algérie, et au côté obscur de la politique de l'époque.

Même si l'auteur a écrit une fiction, il nous donne à ressentir l'atmosphère pesante qui régnait.

L'enquête part d'un meurtre atroce : une famille, les parents et les deux enfants, ainsi que le frère du mari, sont retrouvés assassinés. Mais l'homme est un avocat algérien et sa femme est française. Il ne peut, pour les autorités, que s'agir d'un règlement de comptes entre partisans et opposants de l'Algérie française.

Les intérêts, les points de vue et les ambitions s'opposent. Sur un fonds historique très bien documenté (on y croise entre autres Papon, Le Pen et Mitterand), l'enquête est passionnante mais hélas le rappel de ces heures sombres est à vomir.



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Frakas

Une découverte pour moi grâce à Babelio. J'ai eu la chance d'assister à une rencontre en visio avec l'auteur le mois dernier. Un beau moment d'échanges avec Thomas Cantaloube autour de son dernier livre : Frakas.

Frakas, c'est un mot valise pour France / Kameroun et qui sonne comme le fracas du monde. En couverture, une des rares photos de l'époque (les années 50) Ruben Um Nyobè et à ses côtés, Félix Moumié assassiné au début du roman, tous deux upcistes (de l'Union des populations du Cameroun (UPC), le parti indépendantiste du Cameroun).



Frakas, c'est un polar géopolitique très intéressant.

L'auteur a opéré un juste dosage entre le docu-fiction sur les travers scandaleux cautionnés par l'Etat français et qui sont "malencontreusement" tombés dans l'oubli et le récit d'aventures aux rebondissements appréciables.

La guerre franco-camerounaise des années 1960 est peu connue. Une guerre sale. Au Cameroun, l'école coloniale française a fait régner la terreur et perpétré des atrocités ; elle a laissé des traces qui perdurent encore aujourd'hui.

Luc Blanchard, ancien inspecteur devenu journaliste, enquête sur la Main Rouge, une organisation terroriste jusqu'au-boutiste, à l'origine de l'assassinat de leaders indépendantistes dans les anciennes colonies françaises. Cette enquête le mènera au Cameroun, sur des chemins chaotiques, où il retrouvera deux anciens compagnons.



Une lecture instructive pour laquelle je remercie Babelio, ainsi que les éditions Gallimard Série Noire. Et merci à vous Thomas Cantaloube.



Le premier roman de l'auteur "Requiem pour une République" qui a reçu le prix 20 Minutes/Quai du polar ainsi que le prix Mystère en 2020, me tente bien !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Mai 67

Lorsque la compagne de Luc Blanchard, ancien policier devenu journaliste, est arrêtée avec les émeutiers et expédiée en France pour être jugé sans aucunes preuves, il décide de mener son enquête, ce qui va le mener de Point-à-Pitre à Paris.



Depuis son premier roman, Requiem pour une république , paru en 2019, Thomas Cantaloube journaliste à Médiapart, est devenu le spécialiste de l'exploration des dessous peu reluisants de la politique française post colonisation :Trahisons, corrpution, assassinats, courses-poursuites forment les pièces du puzzle mis avec énormément de brio par l'auteur.



Après un second volet, Frakas, qui nous plongeait en Cameroun, terre du continent africain appartenant jadis aux français. pour décrire de façon pétaradante les débuts de la Françafrique., il vient clôre avec Mai 67, ce qu'il a lui même annoncé comme une trilogie avec en personnage principal notre .Luc Blanchard découvert en jeune policier idéaliste, et qui depuis a pris de la bouteille et perdu quelques désilussinons en devenant journaliste.



Il plonge le lecteur en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, au moment où éclate une grève, car le pays qui doit faire face à des conflits sociaux et politiques, moments intenses de tension, restés longtemps dissimulés par le gouvernement français.Le romancier journaliste continue de tisser des liens entre le passé et le présent, de les mettre en résonance mais sans ce que cela ne soit jamais didactique.



Chez Cantaloube, c'est en effet la fiction et la narration qui irriguent l'ensemble et qui priment envers et contre tout!!



C'est toujours formidablement bien écrit, de manière fluide, rythmée, haletante et surtout c'est bien plus passionnant que ce que l’on a tenté de nous apprendre dans les cours d'histoire !!




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Frakas

Un plaisir qui ne va pas seul !

D’abord recevoir le livre de Thomas Cantaloube Frakas dans le cadre d’un futur Club Lecture Zoom Babelio avec l’auteur

Ensuite lire passionnément Frakas.

Enfin lecture finie, s’apercevoir que l’on est le 22 Mai et que le Club Lecture a lieu le 25 Mai.

Jubilatoire !

Avant de me plonger dans la lecture de ce thriller politique, l’ensemble des voyants étaient au vert.

L’auteur est un ancien grand reporter de Médiapart.

Le sujet : la naissance de la Francafrique lors d’une guerre méconnue au Cameroun dans les années 1960.

Une belle pincée de personnages bien campés – Une grosse pincée d’hommes politiques bien fielleux et manipulateurs. Reviennent aux oreilles : Foccart – Pasqua – Deferre etc…

De bout en bout le roman est passionnant.

Bien qu’il puisse se lire indépendamment du roman précèdent de Thomas Cantaloube Requiem pour une république, les personnages principaux du premier roman se retrouve dans Frakas.

Frakas commence deux mois après l’épilogue de Requiem pour une République. Nous sommes au printemps 1962. Luc Blanchard est un jeune policier qui a quitté la police par écœurement (cf Requiem pour une république) et qui est devenu journaliste à France Observateur. Pour l’une de ses articles il enquête sur la mort de Félix Moumié à Genève en 1959.

Félix Moumié était un des leaders de l’UPC (Union des Populations du Cameroun), organisation hostile à la colonisation et surtout à la décolonisation au profit du colonisateur. Felix Moumié a très probablement assassiné par les Services Secrets Français. Comme on dit prosaïquement, il gênait.

S’appuyant sur ce fait réel, Thomas Cantaloube par l’intermédiaire de Luc Blanchard, de Sirius Volkstrom et d’Antoine Lucchesi va nous entrainer dans le Cameroun colonisé des années 1960.Nous serons aux premières loges pour voir, comprendre la mise en place de la FrancAfrique. Voir, comment avec le concours de l’armée française, l’armée camerounaise se met au service du colonisateur. Voir comment on peut spolier un pays de ses richesses.

Le tout se lit comme un roman d’aventure, ou encore mieux comme un film d’aventure.

A partir d’une documentation impeccable (qui cadre parfaitement l’action) Thomas Cantaloube déroule son roman et sa fiction. A aucun moment l’un prend le pas sur l’autre.

Malgré ce côté aventure cinématographique, ce roman est totalement politique et nous rappelle que le rapport néo colonial de la France avec le Cameroun dans les années 1960 a été reproduit en Cote d’Ivoire, au Sénégal et que la France a beaucoup de mal à couper le lien avec ses anciennes colonies ( ah ! ces ressources naturelles ! )

Les faits dénoncés étaient terribles, les mains sales étaient nombreuses, politiques, mercenaires, militaires, blanches mais aussi noires. On aimerait que l’emploi du passé soit un gage de changement….

Malheureusement non. Les mains sont toujours sales.

Demain soir je pourrais en débattre avec des Babéliotes et Thomes Cantaloube. Une belle suite à cette lecture.

Merci Babélio, Gallimard Série Noire et Thomas Cantaloube.


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Requiem pour une République

Requiem pour une république  est le premier roman policier et politique de Thomas Cantaloube. Il est suivi d'une suite Frakas qui est sorti en avril 2021. Les deux livres peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre bien que les personnages soient récurrents.  Chaque roman à sa propre histoire et se clôt.

Le premier roman Requiem pour une république se situe entre 1959 et 1961 à Paris..

A l'automne 1959 un avocat algérien  lié au FLN est assassiné à Paris. Mais cet assassinat tourne à la tragédie car toute la famille sera décimée soit 5 personnes.

Trois personnages principaux et récurrents sur les deux romans sont à la recherche du meurtrier.

Tout d'abord Luc Blanchard, jeune flic du Quai des Orfévres, puis Antoine Carrega , ancien résistant, corse , en accointance avec le Milieu,  enfin Sirius Volkstrom, ancien collabo et réalisateur des basses oeuvres de la Préfecture de police et de Maurice Papon.

A partir de ces trois personnages principaux, Thomas Cantaloube va nous immerger dans ces années 1960 marquées par la guerre d'Algérie.

Tout le talent de Thomas Cantaloube réside entautre dans sa faculté à interagir entre la fiction et la réalité.  L'une ne prenant pas le pas sur l'autre. Et de passer du bureau de Maurice Papon à celui de François Mitterand, tout en n'oubliant pas d'aller à un meeting de Michel Debré et de saluer Charles Pasqua.

L'écriture est cinématographique,  les décors nous rappellent les noirs et blancs des films des années 50 . ( d'ailleurs Alfred Hitchcock saura se rappeler à votre bon souvenir )

Toutes les arrières salles de bar sont louches à souhait, les arrondissements de Paris quittent de pluie et de nuits.

En plus de ce talent d'ecriture, Thomas Cantaloube nous rappelle qu' il est un ancien journaliste de Mediapart. Tout est documenté et sourcé.  Et au delà du roman policier, apparaît le roman politique.

Ces années 1960 sont les premières années de cette cinquième république  qui nous régit toujours.  Ces années soixante qui sont  peut-être les germes du racisme et de l'immigration des années actuelles.

En synthèse,  un grand plaisir de lecture policière et en même temps un regard acéré sur ce monde politique qui nous gouverne,.

Nous retrouverons les mêmes protagonistes dans Frakas.  Nous sommes 1 mois plus tard et l'Afrique et le Cameroun les attendent : guerre du Cameroun  , naissance de la Françafrique , meurtre.....

Policier, politique le même cocktail, le même plaisir.

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Frakas

Lu tout de suite après Requiem pour une République, Frakas me laisse un peu sur ma faim. Mais tout est relatif. Requiem était un bonheur de lecture, du coup, tout de suite dans la foulée Frakas apparaît moins écrit, moins dense, moins....

C’est tout de même très bien

On retrouve avec beaucoup de plaisir notre casting cinq étoiles : Luc, Sirius et Antoine.

Quelques mois ont passé. L’action, très cinématographique, se déroule entre mai et août 1962. Simultanément à Paris et à Marseille puis au Cameroun. Tout cela est rondement mené.

Thomas Cantaloube annonce la couleur : nous allons découvrir un épisode oublié de l’histoire de France. Une guerre effroyable dont personne ne parle et dont plus grand monde ne se souvient. Entre 100 et 200000 morts. La naissance de la Françafrique.

C’est édifiant. Et suffisamment documenté pour nous faire comprendre tous les enjeux de la sanglante répression de l’armée française puis camerounaise contre les forces de l’U.P.C.

L’Union des Populations du Cameroun. Tout cela a vraiment existé et le lecteur est ébahi par ce qu’il découvre. Et nos trois héros avec...

Pour faire tenir tout cela il faut une trame narrative pas trop épaisse ( les faits parlent d’eux même) mais suffisante pour nous emmener de péripéties en péripéties et nous plonger dans l’Afrique francophone des années 60....

Comme dans le précédent opus nous allons croiser des personnages bien réels : Mitterand, Pasqua,Deferre et surtout Jacques Foccart, grand ordonnateur, fondateur de la Safiex, conseiller Afrique de De Gaule à Sarkozy !!!

Ça se lit d’une traite bien sûr mais surtout cela donne envie de se pencher sur la question, de lire Kamerun!, l’ouvrage de référence, d’aller chercher d’autres sources.

Et c’est bien là que Thomas Cantaloube réussit son pari: nous faire partager son indignation,nous rendre un peu plus éveillés mais , et c’est là un tour de force, nous divertir en même temps.

On a hâte de retrouver nos trois lascars, en Afrique ou ailleurs !!!
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Requiem pour une République

En 1959, la France est en pleine guerre d’indépendance algérienne et le gouvernement de De Gaule décrié par beaucoup. En quoi l’assassinat de Abderhamane Bentoui, un avocat du FLN, et de toute sa famille pourrait changer quelque chose ? Ce doit être un simple règlement de compte, suggère le préfet, Maurice Papon… Oui mais voilà pas pour trois hommes. Trois hommes aux idées radicalement opposées. Trois hommes qui vont bien être obligés se rencontrer car s’ils ont une seule chose en commun, c’est bien le désir de retrouver l’assassin.

Et nous les suivons, chapitre après chapitre, toujours dans le même ordre :

- Sirius Volkstrom, homme perdu, ancien collabo, magouillant pour des hommes politiques véreux ;

- Luc Blanchard, jeune policier naïf de la police criminel, à qui on a confié « l’affaire Bentoui » ;

- Antoine Carrega, ancien résistant qui trempe maintenant dans quelques affaires de trafics pour garder la forme ;

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Ce roman historique était vraiment très intéressant, j’ai appris plein de choses ! Au niveau des repères historiques, mais aussi sur les personnages réels présents ici : Papon, Mitterrand, De Gaule, etc. La dimension politique est également très intéressante ! Les personnages nés de l’imagination de l’auteur étaient aussi bien travaillés.

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Cependant, j’ai trouvé quelques longueurs... J’ai mis un mois à le lire, en changeant de livre souvent entre temps, et ça, c’est pas bon signe… (ou alors c’est ce qui a malheureusement fait que je n’étais pas entièrement dedans…) Bref, je n’ai pas réussi à être prise dans l’action, que je trouve assez plate… mais de ce fait, on ne peut pas reprocher à l’auteur de ne pas développer son récit ! Puis il faut tout de même nuancer avec le fait que je ne suis pas une grande habituée de ce genre de roman.

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Enfin, je trouve que la patte de Thomas Cantaloube est vraiment agréable : vive et net, ça colle assez bien à son statut de journaliste finalement !

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Bref, c’était agréable et intéressant, mais pas forcément captivant !
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