Citations de Thomas H. Cook (526)
Il faut peut-être, une fois de temps en temps, faire une folie, (…). Ne serait-ce que pour se prouver qu'on existe.
- Que dites-vous de tout ça ? demanda-telle à brûle pourpoint ?
- Tout quoi ?
-- Toute cette agitation. Tout ce qui se passe en ville.
- Ca me navre.
- Mais de nous les Noirs, insista Esther. Que pensez-vous-vous, à titre personnel de nous ?
Il prit alors conscience qu'on ne lui avait jamais posé cette question et, sur le moment, ne sut que répondre. Puis il se souvint du jour où petit garçon, il s'était rendu compte que les Noirs s'asseyaient toujours au fond du tramway. Il avait demandé à sa mère qu'elle en était la raison, et elle s'était contentée de lui répondre : "Parce que ça leur plaît." Mais son père avait riposté : "Mais non ! Personne n'aimerait y être obligé." Y être obligé ? Ce fut la première et dernière conversation qu'il avait entendue sur ce sujet et pourtant, au fil des années, il n'avait jamais lancé un coup d'oeil vers le fond d'un tramway et vu les visages noirs tournés vers lui sans repenser à cette remarque de son père.
Gâté par le sort, je n'ai pas su voir les ténèbres ni ce qu'elles dissimulaient. Jusqu'au moment fatidique le mal s'est tenu à distance, circonscrit à des simples notes de cours sur les crimes perpétrés par des armées, des foules et des individus sanguinaires, auteurs d'actes abominables que j'exposais avec passion à mon auditoire d'élèves captifs.
Dans ses yeux brillants, je vis le soleil de sa vie se coucher.
Certaines tristesses, il est vrai, sont inexprimables.
Il faudrait savoir se contenter du simple fait d'être vivant.
Puisque nos passions ne durent pas éternellement, notre véritable épreuve est de leur survivre.
Une phrase me frappa à jamais : « La vie ne vaut d’être vécue qu’au bord de la folie ». Je me souviens qu’une exaltation farouche gonflait mon cœur à mesure que je lisais et relisais cette phrase dans ma chambre, et qu’il me semblait qu’elle illuminait tout ce que j’avais ressenti jusqu’alors. Aujourd’hui encore, je suis frappé de constater que nulles ténèbres n’avaient jamais surgi d’une flamme aussi vive.
L'art, c'est comme l'amour. C'est tout ou rien.
Je ma rappelai qu'Ufala n'avait jamais pu s'adapter au balai à poils souples, lui préférant celui de paille au manche plus court dont le style avait peu évolué depuis son prototype, le besma, mot qui signifie "fagot de brindilles". Elle en venait à se voûter pendant qu'elle balayait, labeur à se briser les reins, chaque fois que je désignais l'autre balai flambant neuf que j'avais rapporté de Rupala, elle secouait la tête en signe de refus. Un jour que j'en avais parlé à Martine, celle-ci m'avait rétorqué, le sourire aux lèvres : "Le plus difficile dans la vie, Ray, c'est de comprendre ceux qu'on ne comprend pas."
De la joie. Oui, c'était cela, me remémorai-je. Martine puisait la sienne dans les formes, les sensations, les goûts et les bruits du Lubanda et, parmi ces délices éminemment sensuelles, elle se réveillait chaque matin comme au jour de Noël et là, devant ses yeux, étalés sous le sapin scintillant entrelacé de couleurs vives et de noeuds dorés, se trouvaient les plus savoureux plaisirs de la vie qu'il le lui restait plus qu'à déballer.
Le problème quand on ne vit pas dans l'ombre de la mort (…), c'est qu'on ne remarque pas que tout est si beau.
La vie triche au jeu , il ne faut jamais l'oublier , elle ramasse de nombreux plis , [..., ] je suis frappé de voir avec quelle facilité elle peut abattre un atout .
Vivez ou mourez, avait écrit la poétesse Anne Sexton, mais pour l'amour de Dieu ne gâchez pas tout.
Les forces qui nous incitent à prendre telle ou telle décision sont immatérielles. En dépit de leur pouvoir, elles demeurent intangibles, invisibles. Nous savons seulement qu'elles agissent sur nous.
L'espoir – du moins, l'espoir de ne pas perdre espoir – est le seul sentiment qui doit tous nous animer jusqu'à la fin.
Nous l'imaginons tapi derrière une porte .
Nous le discernons dans l'éclat d'une lame ou le canon bleu acier d'un pistolet . C'est sensé nous surprendre à la sortie d'un virage en épingle à cheveux ou surgir de la nuit gagnée par le brouillard et, souvent , nous le projetons en silhouette qui rôde dans l'ombre , menaçante , s'avançant vers nous du fond la ruelle , nous observant de ses petits yeux malicieux .[...]
" Seule la haine peut pousser quelqu'un à commettre un tel acte ."
Plus encore peut-être que quelqu'un à aimer et qui nous aime en retour, nous avons besoin de quelqu'un à qui nous pouvons dire la vérité sur nous-mêmes sans fard.
On remarque les petites choses qu'on croit avoir perdues, mais jamais les grandes qu'on a perdues pour de bon.
- On ne le comble jamais, n'est-ce pas ? demanda-t-il.
- Quoi ?
- Le vide qu'ils laissent. Ceux qui nous sont retirés.
(…)
- Non, répondis-je. On ne le comble jamais.