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Citations de Thomas M. Disch (44)


Il en est ainsi au milieu des plus grands désastres, des pires catastrophes : la machine de joie continue de grincer pour le bien de quelques élus.
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L'amour, c'était des foutaises, du blabla, de la manipulation. C'était l'arme utilisée par les épouses sur leurs maris et les parents sur leurs enfants pour les rendre dociles. Il se souvenait encore du jour où sa mère avait tiré sur la ficelle une fois de trop - " Si tu m'aimes, tu ne feras pas ça " - et où il avait réalisé, avec allégresse, qu'il ne l'aimait pas et, en conséquence, n'avait pas besoin de lui obéir.
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"Ma sœur !" s'exclama-t-elle, et les épais sourcils noirs de la religieuse se dressèrent comme deux corbeaux alarmés.
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il y a pis encore que de rendre des visites à l'hôpital : c'est de les recevoir.
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Elle était morte et enterrée dans une tombe. Comment elle le savait, par l'intermédiaire de quel sens, elle n'aurait su le dire. Ce n'était pas grâce à la vue en tout cas, ni à son équivalent spirituel, car il n'y a rien à voir là où nulle lumière ne pénètre. Ce n'était pas non plus au niveau d'une sensation quelconque dans les membres ou les reins, dans le cœur ou la bouche. Son corps était ici avec elle, dans le cercueil, en un sens elle était toujours reliée à ses protéines en voie de désintégration, mais ce n'était pas à travers lui qu'elle ressentait la chose. Il y avait seulement, en suspension, cette sphère de la conscience de soi, derrière laquelle elle discernait vaguement certains aspects essentiels de la terre qui l'emmurait : masse dense, humide, complexe, percée de constellations affamées qui progressaient lentement en avant, de nodules d'intensité se détachant sur l'éclat laiteux de la calme transformation bactérienne.
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Mince comme une aiguille, une libellule rouge se mit à voleter entre les herbes, aux pieds d'Alice, qui les leva nerveusement pour les poser sur le couvercle de la malle. Un mince voile de transpiration lui picotait le front et les pommettes. À perte de vue, la route était déserte.
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La Nature est prodigue. Sur une centaine de plants, un ou deux seulement survivraient; sur une centaine d'espèces, un ou deux.
Mais pas l'homme.
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La Plante était admirable d'efficacité. En fait de végétal, elle était imbattable. Elle l'avait déjà prouvé. Plus on l'observait, plus on était obligé de se rendre à l'évidence. Si on était du genre à s'extasier devant cette sorte de chose. Prenez ses racines, par exemple. Elles étaient creuses. Celles d'un végétal terrien analogue (et le séquoia lui est à peu près comparable) sont entièrement constituées de matière solide et ligneuse. Mais pour quelle raison ? Leur énorme masse n'est nullement fonctionnelle. C'est autant de matière morte.
L'unique fonction de la racine est de transporter jusqu'aux feuilles l'eau et les minéraux et, une fois réalisée leur synthèse en éléments nutritifs, de les ramener jusqu'en bas. Pour accomplir cela, la racine se doit d'être assez rigide pour supporter la pression qu'exercent constamment sur elle le sol et les roches environnantes.
Toutes ces choses, la Plante les réussissait à merveille - bien mieux, compte tenu de ses dimensions, que la plus efficace des plantes terrestres.
Le large espace libre à l'intérieur de la racine permettait le passage d'un plus grand volume d'eau à une vitesse et une distance infiniment supérieures. Le système vasculaire qui fait monter l'eau dans une racine ordinaire n'a pas le dixième de la capacité des capillaires expansibles qui formaient le réseau intérieur de la Plante. De même, les fibres qui tapissaient les parois des racines creuses pouvaient en un seul jour transporter des tonnes de glucose liquide et autres matériaux du feuillage jusqu'aux tubercules et aux racines les plus profondes. Elles étaient au liber des plantes ordinaires ce qu'un pipe-line intercontinental est à un tuyau d'arrosage.
Mais l'espace creux à l'intérieur des racines avait une autre fonction : il alimentait en air pur les régions inférieures de la Plante. Enfouies à une si grande distance de la surface, elles n'avaient pas, comme des racines normales, de source d'oxygène à leur portée. Il fallait qu'il leur soit amené. De sorte que, de l'extrémité de ses feuilles à ses plus lointaines radicelles, la Plante respirait. Et ce système de communication multiforme est à grand rendement expliquait son rythme de croissance inhabituel.
La Plante était économe. Avec elle, rien ne se perdait. A mesure que ses racines grandissaient et pénétraient plus profondément dans le sol, elle digérait sa propre substance, laissant apparaître les cavités où se développait ensuite le réseau complexe de lianes et de capillaires.
Ainsi, le bois qui n'était pas utilisé pour maintenir un exosquelette rigide pouvait être assimilé utilement.
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Jamais il n'aurait cru attacher une si grande importance à la disparition de son village. Avant l'avènement de la Plante, Tassel avait symbolisé tout ce qu'il détestait le plus : l'étroitesse d'esprit, la mesquinerie, l'ignorance sordide et un code moral remontant au Lévitique. Et voilà qu'il le pleurait comme si c'était Carthage tombée aux mains des Romains et parsemée de sel, ou Babylone, la grande cité.
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Pas les terres cultivées, naturellement - pas encore. Mais au bout de trois ans seulement la Plante assiégeait les champs et les prés, et ce n'était plus qu'une question de temps. De très peu de temps, à vrai dire: rognant et grignotant, elle finit par tout envahir au cours de l'été de la cinquième année.
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Je me rappelle encore le jour où j'ai rejoint le Klan. Je venais de voir Mae Marsh dans Naissance d'une nation, un film sur la guerre de Sécession. Elle était mignonne à croquer, dans ce film, et douce comme un ange; mais à un moment, il y avait un nègre -en uniforme Nordiste, en plus- qui la poursuivait dans la montagne. Quand elle se retrouvait au bord du précipice, coincé par ce moricaud avec la bave aux lèvres, elle avait plus qu'une chose à faire, bien sûr: sauter dans le vide. Alors, moi, je dis: voilà le genre de choses dont le Klan devrait s'occuper.
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Alice commençait à trouver cela assommant de rester assise toute seule sur sa malle, sans rien avoir à faire. C'était le premier jour des vacances, bon sang! Et les vacances, c'était fait pour s'amuser!
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Il découvrit un coin où la pulpe n'avait pas été dérangée et s'y laissa tomber en arrière. Une fois qu'on s'était habitué au contact un peu gluant, ce n'était pas trop désagréable: c'était doux, tiède et confortable.
Il aurait voulu de la lumière : le soleil, une lampe, même la lueur rougeâtre et vacillante de l'incendie d'hier. Quelque chose dans la situation présente l'effrayait, d'une façon qu'il n'arrivait pas à cerner. Comme il y réfléchissait au moment de s'assoupir à nouveau, la réponse vint soudain:
Des vers.
Ils étaient des vers à l'intérieur d'un fruit.
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Le point faible de la capitale était son approvisionnement en eau : la Tamise était basse et ses eaux trop fétides pour être traitées. Miss Marspan lui écrivait deux pages d’écriture serrée sur les difficultés de la vie avec deux pintes d’eau par jour : « On n'ose même pas la boire, écrivait-elle, mais on l’utilise pour la cuisine. Nous sommes ivres du matin au soir – tous ceux du moins qui ont eu la sagesse et les moyens de remplir leur cave. Je n’avais jamais envisagé de devenir un jour alcoolique mais je trouve cela étonnamment agréable : je débute au petit déjeuner avec un beaujolais, passe au bordeaux dans le courant de l’après-midi et termine avec du cognac dans la soirée. Lucia et moi nous hasardons seulement jusqu’à la rive sud, ces derniers temps- car il n’y a plus de transports en commun ; mais les églises du quartier nous donnent notre content de musique. Les exécutants sont en général aussi saouls que l’assistance, mais cela n’est pas sans intérêt, ni pertinence, au point de vue musical. Un madrigal de Monteverdi devient si poignant, dans les vapeurs de vin, et quant à Mahler… les mots me manquent.
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L'enfer est une bande magnétique en circuit fermé qui n'arrête pas de rejouer le même stupide morceau de musique encore et toujours, encore et toujours, pour jamais, pour jamais.
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Notre travail est adapté à nos capacités individuelles et nos vies sont pleines à éclater d’activités passionnantes et enrichissantes. Mais ce n’est là que l’aspect matériel de notre mission. Il est aussi un aspect spirituel que nous avons toujours résumé ainsi : l’Un, l’Unique, l’Unicité. L’idée de l’Unique modèle chacune de nos actions de la journée.
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Organisation est un mot tellement affreux ! Mais j’imagine qu’il est adéquat. Quel est le but de toute organisation ? Croître. Et perpétuer son existence. Nous désirons croître autant que nous le pouvons, exister aussi longtemps que nous le pourrons. Et, encore que ce ne soit pas à moi de le dire, je crois que nous pouvons être fiers de toutes nos réalisations à cet égard. Mais ce n’est pas le moment de nous endormir sur nos lauriers !
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Le hasard et l’entreprise individuelle n’ont pu, sans un sérieux coup de pouce, créer une atmosphère aussi uniformément oppressante ; à n’en pas douter, ce village a été conçu par un esprit unique et vaguement monstrueux ; une espèce de Walt Disney sinistre lâché en liberté sur le monde de la vie quotidienne
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Dans un conflit entre la faim du ventre et les prédilections de l'esprit, le ventre a toutes les chances de l'emporter.
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Au loin, l’Alworth Building s’effondra. Derrière, lui, dans le port asséché, un navire était couché sur le flanc et crachait des flammèches par ses hublots.

Ici et là, parcourant les décombres, on voyait les machines incendiaires achever leur travail. Vues de si loin, elles semblaient tout à fait innocentes. Elles rappelaient exactement à Jackie ces petites Volkswagen du début des années cinquante, alors qu’on n’en voyait que des grises. Elles étaient vives, diligentes et propres.

– Nous devrions nous mettre en route, dit-il. Elles vont bientôt commencer à nettoyer les faubourgs.

– Eh bien adieu, civilisation occidentale, fit Jackie en agitant le bras en direction de la fournaise ardente.
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