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Critiques de Tiffany Tavernier (343)
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En vérité, Alice

Un récit original qui nous entraîne dans deux univers très différents. D'un côté celui de l'emprise où l'on partage les pensées les plus intimes de l'héroïne. On souffre avec elle et retenons notre souffle tout au long des 288 pages en craignant pour son intégrité physique et mentale.

De l'autre on découvre un service diocésain un peu confidentiel en charge du suivi des procès de canonisation. Cela nous donne l'occasion de découvrir de nombreuses vies de Saint plus rocambolesques les unes que les autres mais rayonnant toute de la Foi de leur protagonistes. J'ai beaucoup aimé cette lecture de part l'originalité du sujet, l'excellente transcription de l'emprise de l'héroïne et respect pour l'église.
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Dans la nuit aussi le ciel

Un livre d'une epoque

qui semble revolue .

Celui du voyage absolu.

A sens unique

Initiatique

Essentiel



LE portrait sobre, bouleversant de Justine . decouvrant l'Inde , âpre de Calcutta.. par accident . Une bouffee d'air fetide ... mais puissant . Un Hymne de survie..

Tres beau
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En vérité, Alice

Alice vit sous l'emprise d'un mari menteur, manipulateur, jaloux, violent. Mais elle est convaincue qu'il agit par amour. Sommée de trouver un emploi ( il a perdu son travail ) elle est embauchée par un évêque pour gérer les dossiers de demande de canonisation. Du monde extérieur, elle ne côtoie alors que des êtres lumineux : les saints qu'elle découvre, les bénévoles et les prêtres de l'association diocésaine pleins de gentillesse et de sourires à son égard.

Va-t-elle enfin ouvrir les yeux ?

L'autrice alterne les monologues d'Alice, écrits à la première personne, les récits de sa vie quotidienne, les biographies de saints et de saintes, des extraits de psaumes en italiques.

La fin prend un tour magique : Alice revit en rêve son enfance sauvage au Guatemala auprès d'une nourrice aux pouvoirs chamaniques - pouvoirs qu'elle lui aurait transmis - et par ailleurs partout dans le monde les enfants s'endorment.

Alice va-t-elle se transformer en sainte et réveiller miraculeusement tous ces enfants endormis ?

Une manière originale sans doute de traiter le phénomène de l'emprise !
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L'ami

Un matin, depuis le pas de sa porte, Thierry assiste à une opération policière d’envergure autour de la maison de son voisin et ami, Guy. « Nos deux maisons dans ce coin si tranquille... Il fallait vraiment qu’un truc de dingue soit arrivé à Guy et Chantal pour rameuter une telle armée. » (p. 14) Les si gentils voisins sont arrêtés : l’inspecteur évoque plusieurs meurtres, des jeunes filles disparues. Pour Thierry, c’est l’incompréhension : connaissait-il si peu Guy ? Puis surviennent le déni, la colère, la culpabilité et la perte de repères. Comment guérit-on de la perte d’un ami, surtout quand celui-ci est toujours vivant et jugé pour des atrocités ? Tout autour de Thierry s’effondre : ses certitudes, son quotidien tranquille, son couple. Lui, si solitaire et taiseux, aimant à sa manière, mais résolument mutique, doit apprendre comment ne plus repousser celles et ceux qui lui veulent vraiment du bien. Face aux vieux chagrins toujours à vif, Thierry a le choix entre guérir enfin ou s’accrocher à l’illusion du bonheur passé.

Après avoir découvert Tiffany Tavernier dans En vérité Alice, j’ai plongé tête la première dans cet autre portrait d’un être en errance. Une fois encore, l’autrice écrit la violence, ici sous un autre visage, et les ravages qu’elle fait à l’intimité, à l’identité et à la confiance. Il y a une immense finesse dans le dessin qu’elle fait de l’humanité. Je me garde ses autres romans pour les moments difficiles : je sens qu’ils peuvent tous m’apporter un apaisement profond.

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En vérité, Alice

Alice est une femme soumise, complètement manipulée par son mari, un homme détestable et toxique qui la tient sous sa coupe en la coupant de son entourage, alternant déclarations enflammées et maltraitance caractérisée. Une femme sous influence, presque conditionnée, qui accepte tout sans la moindre remise en question, incapable de détecter l’anormalité dans l’attitude machiavélique de ce pervers narcissique. Dénigrements, surveillance, harcèlement, riennne lui est épargné mais quand les finances du foyer déclinent, il la somme de trouver un emploi. Et c’est un peu par miracle qu’elle est recrutée par le diocèse de Paris dans le service en charge des canonisations, un challenge et une découverte pour elle qui n’a jamais versé dans la religion mais aussi une confrontation au sacré qui lui permettra peut-être d’ouvrir les yeux et d’infléchir son destin.

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Depuis le temps que je voulais découvrir l’écriture de Tiffany Tavernier, je n’ai pas résisté longtemps quand j’ai vu ce titre disponible dans les rayons de ma médiathèque. Une histoire d’emprise, une touche d’originalité, et un contexte singulier, voilà qui avait tout pour me plaire, mais me voilà bien mitigée. J’ai aimé l’écriture de l’autrice, sa capacité à nous immerger dans les pensées de cette femme, et à nous faire ressentir son désarroi. La description de ce phénomène d’emprise est glaçante et j’ai aimé sa manière de décrire le lent chemin de prise de conscience, la façon dont le doute peu à peu s’instille, mais aussi ses rechutes, ses remises en question, ses peurs. J’ai trouvée intéressante la description du processus méconnu de sanctification, même si j’ai trouvé la multitude de détails parfois excessives et la partie sur la vie des saints moins captivante. Mais j’ai eu du mal à lier ces deux histoires, et j’ai eu l’impression de suivre deux trames narratives juxtaposées sans jamais réussir à les connecter ou à les faire former un tout cohérent. Quand à la fin, elle m’a laissée un peu interrogative. Pas sure d’avoir tout compris…

Une lecture en demi-teinte donc, mais qui m’a donné envie de relire cette autrice . Un titre en particulier à me recommander
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En vérité, Alice

Un roman puissant ! Je me suis laissée embarquer dans la vie d'Alice, j'ai eu envie de la secouer. C'est fou de se laisser manipuler de la sorte par un homme. Un homme qu'elle croyait l'homme de sa vie... J'ai éprouvé de la colère vis-à-vis de ce dernier, menteur, manipulateur. Alice est sous emprise, il n'hésite pas à la culpabiliser et elle se croit coupable ! Tout ce qui arrive à son compagnon est de sa faute, à elle ! Sa perte d'emploi, les loyers impayés etc...

Elle va trouver un emploi adminitratif auprès de l'association diocésaine de Paris. Elle va se retrouver entourée de personnes bienveillantes qui s'inquiètent pour elle. Sur injonction de "l'homme de sa vie" elle doit rester distante envers ses collègues de travail, ne pas prendre de repas avec elles. Il a d'ailleurs réussi à l'écarter de sa famille, de sa soeur qui se font énormément de soucis pour Alice et pour cause... Dingue !

Un ouvrage à lire, poignant. Un livre qui marque. Je vais m'en souvenir longtemps...
Lien : http://binchy.canalblog.com/..
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En vérité, Alice

Intéressant roman et assez addictif.

Tout d'abord, j'ai trouvé le roman très réussi sur le plan du couple et du petit-ami d'Alice violent et harcelant. Alice est sous l'emprise de celui-ci, ce qui ne peut que révolter le lecteur.

En effet, ces pages paraissent parfois tellement réalistes, mais aussi tellement terrifiantes.

Et bien sûr il y a le nouvel emploi d'Alice qui nous fait rentrer dans le milieu catholique.

Là aussi, j'ai trouvé le roman intéressant, et je dois dire que je n'ai pas tout compris à la fameuse procédure, qui semble si complexe... Mais quoi qu'il en soit on apprend tout de même beaucoup de choses et notamment sur les Saints !

Par ailleurs, on retrouve beaucoup de bienveillance dans ce milieu, ce qui vient contraster avec la vie conjugale d'Alice.

Le gros bémol à mes yeux c'est l'histoire des enfants qui s'endorment... J'avoue ne pas très bien avoir compris ce que cela venait faire dans le roman, et m'a un peu gâché celui-ci, d'autant que la fin du roman est surtout basée sur cette histoire.
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L'ami

Entre Thierry et Elisabeth, Guy et Chantal, voisins, est née une belle amitié: entr'aide, amitié, coups de mains, prêts d'outils, partage de petits plats...

Mais un beau matin, Guy et Elisabeth ont la surprise de voir arriver chez les voisins une armada de policiers, des ambulances, et ce que révèle l'inspecteur n'est pas fait pour rassurer le couple, même s'il faut un certain temps avant que ne soit exprimées les véritables causes de ces évènements.

Alors les certitudes s'effondrent, la confiance disparaît et le couple se fragilise.

C'est un roman qu'on ne lâche pas facilement mais qui, à mon avis, manque de profondeur. La fin est surprenante. Je n'ai pas accroché!

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L'ami

Les voisins sont des gens intrigants.

On a envie de les connaître à travers une fenêtre, de les saluer par-dessus une haie, de les guetter derrière un rideau.

On voudrait deviner leurs prénoms, ceux de leurs enfants. Leurs professions.

Prendre un café, les inviter à diner.

Les dépanner avec un oeuf ou un outil.

Devenir leurs amis.

Ou pas.



Tiffany Tavernier dans ce livre raconte une histoire de voisins totalement addictive et stupéfiante.

Un matin tôt, très tôt, alors que Lisa sa femme dort encore, Thierry décide de partir à la pêche. Il enfile ses bottes, ouvre la porte d’entrée et découvre six voitures de flics et une ambulance dans la cour qui sépare sa maison de celle de ses voisins Guy et Chantal.

Guy et Chantal qui depuis 4 ans, depuis leur installation, sont leurs amis.

Lisa et Thierry découvrent alors la vérité, une vérité insupportable, tornade qui détruit tout sur son passage, leurs vies, leurs habitudes, leur avenir, leurs certitudes. Tout.



A partir de là, nous lecteur.rices sommes embarqué.es dans une tourmente imprévisible qui nous fait tourner les pages à la vitesse de l’éclair.

Au delà, de cette révélation dévastatrice, Tiffany Tavernier décrit avec talent et justesse le chemin de Thierry depuis son enfance, les drames et les difficultés auxquels il a été confronté, qui l’ont fait se renfermer. S’éloigner. Son travail à l’usine, les horaires, la fatigue, l’exigence et son amour fou pour Lisa malgré tout. Son humilité, sa volonté de changer. Les affres de l’amitié.

Forcément, on aimerait le rencontrer,

Prendre un café,

Devenir son ami.



instagram @mesmotsdanslesleurs
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En vérité, Alice

Une sainte femme, ou presque



Dans son nouveau roman Tiffany Tavernier imagine une femme sous emprise être embauchée comme assistante auprès d'un évêque pour trier des dossiers de canonisation. Um emploi qui va lui permettre de s'ouvrir à la spiritualité et s'émanciper.



Alice Fogère, vingt-neuf ans. Elle vit en couple depuis cinq ans auprès d'un homme qui a très vite trouvé le moyen de la contraindre à ses désirs en jouant avec elle un jeu particulièrement pervers. Après chaque accès de colère et de violence, il vient demander pardon, expliquant qu'il est victime de son lourd passé, ayant lui-même été maltraité. Il promet alors de s'amender avant de recommencer de plus belle. Alice continue à espérer et à prendre des coups. C'est alors qu'il lui explique qu'il ne peut plus assumer seul la charge du ménage et qu'elle doit trouver un plus vite un emploi.

La chance va lui sourire lorsqu'elle découvre dans un bulletin paroissial un annonce pour un poste d'assistante auprès de l'évêque.

Malgré son inexpérience, elle est engagée afin de mettre de l'ordre dans une pile de dossiers de canonisation.

Alors qu'elle tâtonne et subit les premiers quolibets de son mari, elle va découvrir auprès de ses collègues l'envie de l'aider et de la soutenir. En se plongeant dans la vie des saints, elle va voir son horizon s'éclaircir.

Tiffany Tavernier a construit son roman comme un cheminement intérieur. Outre la vie d'Alice dans son quotidien fait de violences psychologiques et physiques, elle nous dévoile – sans prosélytisme – la vie des saints et des candidats à la canonisation. Ces deux récits sont entrecoupés de monologues intérieurs qui nous permettent de mieux cerner l'état d'esprit d'Alice, au fur et à mesure que le doute s'installe dans son esprit. Car après sa prise de fonction, elle va chercher les signes propres à la conforter dans sa position. Et les trouver, car elle se dévoue à son homme et pourrait même s'identifier à ces femmes qui donnent tout. Mais au fil des jours, à la fois en creusant ses dossiers et en donnant du crédit aux réflexions de ses collègues et notamment de son amie Anne-So, elle va voir ses certitudes s'ébranler. Au fur et à mesure que ses dossiers se structurent, qu’elle comprend la différence entre les différentes catégories, du serviteur de Dieu au vénérable, du bienheureux au saint, elle avance vers la lumière. Avec elle, on se nourrit des témoignages recueillis.

Solidement documenté, ce roman nous offre aussi de découvrir la complexité des enquêtes menées pour le promotorat de la cause des saints et de comprendre qu'elles sont toujours en cours. Il y a toujours un saint auquel on peut se vouer...

NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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En vérité, Alice

J’ai aimé, oui, mais pas tout, loin de là !



Il y a pour moi heureusement deux points forts qui sont bien étudiés et maîtrisés. Le premier est le sujet principal du livre, l’emprise d’un homme détestable sur Alice, prisonnière de son déni. Quand il est infect, brutal, irrespectueux, c’est à elle-même qu’elle s’en veut en se disant qu’elle est la première responsable de ses dérapages. Tout le monde a beau essayer de l’éclairer, elle est obstinément et stupidement amoureuse pendant presque tout le scénario. Excellent.



Le deuxième point bien maîtrisé est la description minutieuse d’un service diocésain chargé entre autres missions de savoir qui pourrait être déclaré saint. On y voit des femmes cathos un peu caricaturales, dans leur mode de vie (7 enfants) et dans leurs expressions (tu devrais prier Saint Truc ou Saint Machin, ça donne de bons résultats). Est-ce une satire pour les dénigrer et nous faire rire ? Non, pas vraiment parce qu’elles ont tellement de qualités humaines que l’ensemble reste positif et cela réussit à faire oublier leur semi-bigoterie voisine de la superstition. Et puis il y a l’évêque, si pro, si parfait, qui s’en sort sans même une égratignure. Donc l’autrice les respecte visiblement.



La question qui reste est quand même : qu’est-ce que cela vient faire dans un bon livre centré sur l’emprise ? N’est-ce pas juste la récupération d’un matériau tout prêt, à disposition ? C’est un peu : “Pourquoi as-tu mis ça dans ta soupe ?

- Eh bien, j’avais ça qui traînait dans mon frigo, alors voilà…”.



Le livre est truffé de prières, de témoignages et d’anecdotes anciennes sur les biographies des saints, sur les miracles. C’est parfois ridicule de naïveté et de bêtise. On s’en passerait bien, surtout que rien ne vient indiquer ce que l’autrice en pense ou veut en tirer. Vers la fin, également, des allusions de plus en plus nombreuses à une épidémie nouvelle qui endort les enfants du monde entier surviennent. Là encore, quelle utilité si l’autrice n’en pense rien et n’en sort rien ? Est-ce pour dire : “après le covid, d’autres punitions divines viendront, en vérité, je vous le dis !” ? Pourquoi mentionner la guerre en Ukraine si elle n’en pense rien ? Juste pour dire : “mon livre est récent, vous avez vu, hein ?”. Décevant.



Je n’ai pas aimé la fin où Alice commence à devenir bien mystique, passée d’une emprise à une autre. Athée au départ mais devenue une vraie spécialiste de béatification, elle me fait penser qu’elle est sur le chemin de la bêtification !
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En vérité, Alice

C’était une bonne idée, ce choix de lecture avant le week-end pascal.

J’ai ainsi pu faire connaissance avec toute une équipe de saints sympathiques (dont saint Expédit !) . Mais j’ai surtout découvert l’extraordinaire complexité de la canonisation et donc l’existence du promotorat des causes des saints !

Mais commençons par Alice, qui tient cette histoire de bout en bout, Alice imaginée par Tiffany Tavernier, la fille de Bertrand.

Alice est née au Guatemala et a vécu une enfance sauvage et radieuse grâce à Ida, une sorte de nounou chamane. À l’âge de dix ans, Alice, sa petite soeur et ses parents rentrent en France. Alice est percutée de plein fouet par des exigences sociales et scolaires qui la poussent vers une introversion et une timidité sévère.

Malgré l’effarement total de son entourage, Alice va tout lâcher pour vivre sous l’emprise d’un compagnon pervers qu’elle veut sauver malgré lui. La situation financière du couple est rapidement désastreuse et elle est sommée de trouver du travail. Cela tombe finalement assez bien : elle est recrutée par le diocèse de Paris pour aider l’évêque à la section « canonisation ». Elle va être entourée de collègues d’une bienveillance radieuse dont une certaine Anne-So, mariée à un militaire parti six mois de l’année, mère de sept enfants dont deux ayant la maladie de Charcot…

Grâce à cette fine équipe et à la découverte de la vie des aspirants saints, Alice ira au bout de son destin. Le roman s’offre alors un petit décalage chronique pour une dernière partie tout à fait étonnante.



Il y a peut-être deux façons de lire ce livre étrange, d’une luminosité blafarde :

-Il s’agit d’un millefeuille narratif qui pour la énième fois remet sur le tapis la question de l’emprise. Beaucoup moins pédagogique que « La deuxième femme » de Louise Mey, il met l’accent sur le masochisme féminin dont la déconstruction passerait par la sororité et la spiritualité.

En parallèle on découvre donc tout le dispositif d’instruction des candidatures à la canonisation, d’une complexité sidérante. Morceau choisi:

«… ok, alors accrochez-vous parce que c'est loin d'être fini et je n'ai plus que cinq minutes. Une fois ces deux feux verts obtenus, l'archevêque publie, d'un côté, le décret d'ouverture de la cause, de l'autre, un édit dans le Journal officiel, soit, pour vous, à Paris, le journal Paris Notre-Dame, demandant au peuple d'apporter des témoignages en faveur de cette cause. Est-ce assez clair ?

Ça l'est.

Pendant ce temps, le postulateur ou la postulatrice se met en quête de trouver trois historiens prêts à enquêter de façon bénévole sur la vie de ce futur possible saint.

Une tâche bien difficile, sachant qu'aucun de ces historiens n'a le droit de publier le fruit de ses recherches.

Pourquoi trois historiens, pourquoi pas juste un seul ?

Parce qu'ainsi le veut la procédure : trois historiens, trois axes de recherche différents. Le premier sur tout ce qui a trait à la vie familiale de notre serviteur, le deuxième, sur tout ce qui a trait à sa vie sociale, le troisième, sur tout ce qui touche à sa vie spirituelle. En parallèle, l'archevêque ou son représentant, le délégué épiscopal, aura nommé dans le plus grand secret deux censeurs théologiens. Ces deux-là devront vérifier si notre serviteur a bel et bien respecté, dans ses dires et dans ses ouvrages, le dogme catholique romain… »etc.

Enfin l’histoire d’Alice se déploie, émaillée de monologues numérotés et insérés dans le texte avec des bouts de haïkus, plus ou moins sibyllins, plus ou moins mystiques.



-Il s’agit d’un livre sur l’avénement de sainte Alice.

Et c’est une toute autre grille de lecture ! Ce qui nous est proposé n’est ni plus ni moins qu’un manuel de sainteté car Alice finira par cocher toutes les cases. On vous propose donc une lecture chrétienne, voir orthodoxe dont le titre, EN VÉRITÉ ALICE, annonce la couleur !



À vous de voir, bien sûr…

Allez, je vais conclure sur deux histoires de saints , relatées par Tiffany Tavernier:



VIE DU SERVITEUR DE DIEU TAÏSSIR TATIOS - 1943-1956

Dès son plus jeune âge, Taïssir, dit « Toussi », atteint de myopathie, endure de grandes souffrances. Incapable de marcher, il passe le plus clair de ses journées en chaise roulante sur son balcon, au Caire, en profite pour discuter avec les enfants pauvres du quartier et leur venir en aide. Aux nombreuses personnes de toute religion avec lesquelles il aimait parler de sa foi, il disait : « La meilleure preuve de l'existence de Dieu, c'est ma joie. » Il meurt à l'âge de treize ans.



VIE ET MIRACLE DE SAINT DOMINIQUE SALVIO - 1842-1857

Dès l’âge de cinq ans, il sert la messe et, tout au long de sa courte vie, il confiera souvent que Dieu le veut saint.

À l'âge de quinze ans, il meurt d'un mal de poitrine en prononçant ces mots : « Oh ! comme c'est beau, ce que je vois ! » Il est le patron des adolescents.



Avant Pâques, avouez que c’était le livre idéal.





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En vérité, Alice

Alice, 29 ans, en couple depuis 5 ans. Heureuse, Alice ? Elle en est persuadée. Nous, nous savons que non : « cette impression qu’elle a de ne jamais être à la hauteur, de toujours se tromper… cette sensation d’émiettement. » Nous, nous savons qu’Alice, perdue, éperdue d’amour, croit vivre une magnifique histoire : « il m’aime si fort, nous nous aimons si fort. » En vérité, Alice, vulnérable, est sous l’emprise d’un mari jaloux, alcoolique, manipulateur, violent, pervers (et oui, la liste est longue) qui l’a coupée de sa famille, de ses amis, de la société. Un jour, il lui ordonne de trouver un emploi.



Par le plus grand des hasards, Alice, soumise, devient assistante auprès de « l’Association diocésaine de Paris pour le promotorat des causes des saints. » En gros, elle prépare les dossiers des futurs saints, non sans mal, car elle évolue en terre inconnue (nous aussi). De plus, elle est non-croyante. Alice, timide et rougissante, reçoit beaucoup de chaleur humaine de la part de ses collègues. Et à force de côtoyer les dossiers des candidats à la canonisation, elle est confrontée dans ce qu’elle croit être sa mission auprès de son mari : par amour pour lui ne s’est-elle pas oubliée, niée, sacrifiée ? Proie, victime et sainte ! Alice est certes bouleversante, lumineuse et tellement cash, mais elle peut nous paraître crispante à force de se cramponner à son bourreau. Alors, jusqu’où ira sa soumission ? Jusqu’où peut-on aimer ?



Les monologues dégoulinant de naturel d’Alice, les étonnantes pages sur la vie des saints se mêlent efficacement aux multiples thèmes du récit : les violences conjugales (physiques et psychologiques), les décisions à prendre, l’amitié, la foi… L’écriture de Tiffany Tavernier est au service des émotions. Le livre avec son cortège de phrases-mots bouscule, essouffle. Il dessine le magnifique portrait d’une femme vulnérable, sans masque et qui retrouvera, nous l’espérons, la force de sa liberté. Oui, nous t’aimons, Alice.
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En vérité, Alice

Parce que j avais dévoré "l'ami" de Tiffany Tavernier, parce que je voulais continuer à découvrir cette auteure, j'ai mis de côté mes réticences face à la découverte de la 4eme de couverture . Il s'agit tout de même du énième roman parlant d'une femme sous emprise... et même si le sujet mérite d'être surexposé, ben ... parfois la lectrice que je suis a envie d'être emportée ailleurs, dans un monde moins proche de notre réalité.

Et j ai eu raison de miser sur les talents de narratrice de Tiffany Tavernier car son personnage est riche, complexe et ne peut être résumée à "victime d'un homme nefaste/déséquilibré/alcoolique/pervers narcissique", et elle va se découvrir, s'ouvrir sur elle même et aux autres en prenant un travail ... au diocèse de Paris, mais aucune crainte : il n'y a aucun prosélytisme ! En revanche, on découvre les différentes étapes de la canonisation, quelques rouages de l'église, c est intéressant.



Merci à @apriljo75 de m'avoir permis de croiser la route d'Alice .
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En vérité, Alice

« Nous nous aimons si fort, pourquoi cet acharnement à démolir notre union ; n’y a-t-il pas assez de désespoir dans le monde ? » (p. 10) Alice est aveugle à la vérité : le si bel amour qu’elle croit vivre est une relation d’emprise. Son si beau et si fort compagnon n’est qu’un homme violent, menteur, abusif et cruel, au comportement et aux exigences changeantes. Alors que le couple vient de s’installer à Paris, lui la presse de trouver un emploi. « N’est-ce pas lui qui lui avait demandé de tout arrêter ? » (p. 17) Timide et repliée sur elle-même, marquée par le souvenir d’une radieuse enfance au Guatemala, Alice se force dans le monde et, presque par hasard, est embauchée par le diocèse de Paris pour gérer le promotorat des causes des saints. Au hasard des dossiers, elle découvre des vies extraordinaires, consacrées à Dieu, aux autres et à l’amour. Cela l’inspire à se dépasser toujours plus pour sauver sa si précieuse relation et arracher son compagnon à ses démons. « Puiser au fond d’elle cette douceur infinie qui lui a tant manqué et que, à travers ses cris, il lui réclame. » (p. 34) Mais il faudrait un miracle... Tout n’est même pas assez pour cet homme dont la violence augmente à chaque crise : chaque effort d’Alice est vain, et même la très grande promesse d’un bonheur familial ne peut pas sauver un amour qui, en réalité, n’existe pas.



Cette lecture me parle à bien des titres. J’ai travaillé dans un diocèse pendant quelque temps et j’ai vécu une relation avec un homme cruel. C’est rare, les livres qui consolent et guérissent des morceaux d’âme : c’est le cas du roman de Tiffany Tavernier. Je l’ai lu avec avidité, parfois le souffle suspendu tant j’y trouvais des briques pour consolider mon édifice intime. Je vais laisser passer un peu de temps, mais il est certain que je lirai d’autres textes de cette autrice, mais surtout que je relirai En vérité, Alice.
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En vérité, Alice

Ce livre est mon grand favori de la rentrée littéraire d’hiver ! Tiffany Tavernier offre avec «En vérité, Alice» un roman percutant, sacrément bien fouillé, sur l’emprise conjugale et les prisons affectives. Mais c’est aussi, assez surprenamment, une plongée dans le mystérieux monde de la sainteté. Quand Alice se fait engager comme assistante au bureau du Promotorat pour la cause des Saints, elle doit apprendre à classer et comprendre le jargon ecclésiastique pour mener à bien le processus de canonisation. L’église lui offre aussi l’occasion de s’entourer de personnes bienveillantes qui deviendront un atout pour traverser les affres de sa vie de couple. L'écrivaine enquête et décortique tout un pan de la religion catholique et raconte comment accéder à l'ultime couronnement spirituel. Et elle réussit par un joyeux miracle littéraire à tirer de l’ombre un futur nimbé d’espoir pour sa protagoniste.
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L'ami

Aujourd'hui j'avais rendez-vous avec le club de lecture, moment toujours très attendu pour ma part car j'ai l'assurance de passer un moment enrichissant et convivial consacré au partage d'une passion commune, La lecture!



Le thème du jour étant l'amitié, j'ai choisi de présenter ce roman qui fut un énorme coup de coeur à sa sortie.

Je l'ai donc relu pour l'occasion.



Thierry travaille à l'usine, sa femme est infirmière à domicile et leur fils est parti pour travailler en Asie.

Ils habitent à une petite dizaine de kilomètres d'un village en pleine nature et voient arriver un jour des voisins, Guy et Chantal, un couple charmant avec qui ils s'entendent immédiatement, partageant leurs points communs, se rendant des services et à l'occasion s'invitent pour un apéro ou pour dîner.

En soi des voisins idéales...

Jusqu'au jour où un matin des dizaines de policier, le GIGN encerclent la maison de Guy et interdisent à Thierry de sortir pendant l'intervention...

Tout s'écroule pour Thierry et Élisabeth, ces amis si proches ce voisin tant apprécié ne serait autre qu'un violeur et un tueur d'enfant.



C'est bien là tout l'attrait de ce roman car on ne va pas avoir le côté enquête de police mais plutôt les dommages et les ressentis de ce drame qui leur tombent dessus. Ont-ils été témoins? Auraient-ils pu intervenir? Que s'est-il passé?



Tout le côté psychologique du personnage est génialement raconté car il va se trouver perdu et anéanti, ébranlé dans toutes ses certitudes.

Le chemin de la reconstruction passera sans doute par l'acceptation et les drames vécus par le passé.

Une lecture impossible à lâcher qui m'a beaucoup marquée et que je vous recommande absolument.



L'avez-vous lu et qu'en avez-vous pensé?



Merci à toute l'équipe de la médiathèque notamment à @delphinecardonne qui nous coconcte toujours ce moment tant attendu et merci aussi à mes camarades de lecture.
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En vérité, Alice

Amour toxique et promotorat des causes des saints: quel curieux assemblage.

Excellemment documenté autour de l’intérêt des catholiques pour la sanctification de personnages qui ont marqué leur temps, ce roman reste très déconcertant.



Dans la débâcle conjugale où s’épuise Alice, le travail qu’elle doit effectuer (sans aucune connaissance ou compétence, juste pour trouver un revenu imposé par son mari) dans un diocèse, lui permet des rencontres et des ouvertures inattendues.



Ponctué de monologues emplis de culpabilité, de vies de saints, de bouts de psaumes, la vie d’Alice stagne dans un immense marécage dont nous attendons avec impatience qu’elle émerge.

Ce qui finalement adviendra, mais sans qu’on comprenne vraiment sa prise de conscience subite, associée à la mort de tous les enfants du monde….



Comme le mystère de la foi, mystère de cette fin d’histoire qui laisse très perplexe….
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En vérité, Alice

J’ai plutôt bien aimé ce roman mené à la fois tambour battant & d’une lenteur toute ecclésiale, tout en contraste: l’athéisme face à la dévotion, la violence //la tempérance, la lucidité //l'aveuglement. La double voire triple vie d’Alice puisque s’y mêlent ses souvenirs d’enfance très prégnants est intéressante & assez révélatrice des personnes sous emprise mais l’auteur a voulu mélanger trop de thèmes en un seul roman.

La fin est foutraque, nimbée de spiritualité de toute sorte, sans qu’on comprenne bien le sens alors que le roman avait tout le long ce côté assez réaliste & fonctionnaire donné par les descriptions passionnantes de ce service à la cause des saints. Dommage.
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En vérité, Alice

Depuis la lecture de "L'ami", multiplement conseillé et prêté en trois ans, je guettais l'arrivée d'un nouveau roman de Tiffany Tavernier.



Avec "En vérité, Alice", nous retrouvons cette même qualité d'écriture, une narration haletante et la matière de ces personnages ambivalents. Dès les premières pages, dès le premier monologue intérieur, l'autrice nous plonge dans le mécanisme de l'emprise. L'effroi et la stupeur nous faisant entrer dans le roman, l'empathie pour une Alice tétanisée est inévitable. Lorsque obligée par son tortionnaire de trouver un travail, elle s'investie dans un nouvel emploi pour le promotorat de la cause des saints, on comprend très vite le parallèle tissé par Tiffany Tavernier. Les souffrances d'Alice en feraient elle une sainte? Si ces passages auprès de ses collègues, et des ecclésiastiques, sont autant de respirations pour Alice comme pour le lecteur, je craignais de voir arriver un salut par la religion, avec une Alice touchée par la grâce.

Et c'est bien cette pente que prend le récit dans un premier mouvement. Mais à la faveur de rebondissements ramenant au passé de notre protagoniste, la fin se fait un peu moins évidente et ouverte à l'interprétation.



Si le récit dans son ensemble est prenant et rythmé, la fin peine à trouver du souffle et de l'envergure s'attachant à donner une dimension mystique au personnage d'Alice plutôt qu'en lui offrant une véritable porte de sortie. Un très bon roman malgré tout, où la qualité de la langue prédomine, mais qui reste en de-ça de "l'Ami" qui avait été un vrai coup de cœur.
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