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3.98/5 (sur 179 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Morlaix (Finistère) , le 18/07/1845
Mort(e) à : Morlaix (Finistère) , le 01/03/1875
Biographie :

Le destin de Édouard-Joachim Corbière, dit Tristan Corbière, fut on ne peut plus tragique, si l'on veut bien considérer qu'il est mort à trente ans, parfaitement inconnu, malade, dans sa Bretagne natale où il avait vécu parfaitement étranger aux mouvements intellectuels et poétiques de son époque.

Enterré à Morlaix, dans le plus grand dénuement, c'est à Verlaine que Corbière doit d'être sorti du silence après sa mort, Verlaine qui considéra et proclama à hue et à dia que Les Amours Jaunes (1873), livre unique d'ailleurs de Corbière était un chef d'œuvre.

Il est le fils d'Édouard Corbière, écrivain, journaliste, armateur et aujourd'hui considéré comme le « père du roman maritime en France ».

Source : www.poesie.net
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APRÈS LA PLUIE

J’aime la petite pluie
Qui s’essuie
D’un torchon de bleu troué !
J’aime l’amour et la brise,
Quand ça frise…
Et pas quand c’est secoué.

— Comme un parapluie en flèches,
Tu te sèches,
Ô grand soleil ! grand ouvert…
A bientôt l’ombrelle verte
Grand’ouverte !
Du printemps — été d’hiver. —

La passion c’est l’averse
Qui traverse !
Mais la femme n’est qu’un grain :
Grain de beauté, de folie
Ou de pluie…
Grain d’orage — ou de serein. —

Dans un clair rayon de boue,
Fait la roue,
La roue à grand appareil,
— Plume à queue — une Cocotte
Qui barbote ;
Vrai déjeuner de soleil !
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Pièce à carreaux

Ah ! si Vous avez à Tolède,
Un vitrier
Qui vous forge un vitrail plus raide
Qu’un bouclier !…

À Tolède j’irai ma flamme
Souffler, ce soir ;
À Tolède tremper la lame
De mon rasoir !

Si cela ne vous amadoue :
Vais aiguiser,
Contre tous les cuirs de Cordoue,
Mon dur baiser :

— Donc — À qui rompra : votre oreille,
Ou bien mes vers !
Ma corde-à-boyaux sans pareille,
Ou bien vos nerfs ?

— À qui fendra : ma castagnette,
Ou bien vos dents…
L’Idole en grès, ou le Squelette
Aux yeux dardants !

— À qui fondra : vous ou mes cierges,
Ô plombs croisés !…
En serez-vous beaucoup plus vierges,
Carreaux cassés ?

Et Vous qui faites la cornue,
Ange là-bas !…
En serez-vous un peu moins nue,
Les habits bas ?

— Ouvre ! fenêtre à guillotine :
C’est le bourreau !
— Ouvre donc porte de cuisine !
C’est Figaro.

… Je soupire, en vache espagnole,
Ton numéro
Qui n’est, en français, Vierge molle !
Qu’un grand ZÉRO.
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Tristan Corbière
LE CRAPAUD



Un chant dans une nuit sans air…
— La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.

… Un chant ; comme un écho, tout vif
Enterré, là, sous le massif…
— Ça se tait : Viens, c’est là, dans l’ombre…

— Un crapaud ! — Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle !
Vois-le, poète tondu, sans aile,
Rossignol de la boue… — Horreur ! —

… Il chante. — Horreur !! — Horreur pourquoi ?
Vois-tu pas son œil de lumière…
Non : il s’en va, froid, sous sa pierre.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Bonsoir — ce crapaud-là c’est moi.
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Un pauvre petit diable aussi vaillant qu'un autre,
Quatrième et dernier à bord d'un petit côtre ...
Fier d'être matelot et de manger pour rien,
Il remplaçait le coq, le mousse et le chien ;
Et comptait, comme ça, quarante ans de service,
Sur le rôle toujours inscrit comme novice ! - ...
( extrait de la poésie intitulée "le bossu bitor")
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Se mourant en sommeil, il se vivait en rêve.
Son rêve était le flot qui montait sur la grève,
Le flot qui descendait ;
Quelquefois, vaguement, il se prenait attendre…
Attendre quoi… le flot monter -- le flot descendre --
Ou l'Absente... Qui sait ?

(Le poète contumace)
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Tristan Corbière
Bonne fortune et fortune

Odor della feminita.

Moi, je fais mon trottoir, quand la nature est belle,
Pour la passante qui, d’un petit air vainqueur,
Voudra bien crocheter, du bout de son ombrelle,
Un clin de ma prunelle ou la peau de mon coeur…

Et je me crois content – pas trop ! – mais il faut vivre :
Pour promener un peu sa faim, le gueux s’enivre….

Un beau jour – quel métier ! – je faisais, comme ça,
Ma croisière. – Métier !… – Enfin, Elle passa
– Elle qui ? – La Passante ! Elle, avec son ombrelle !
Vrai valet de bourreau, je la frôlai… – mais Elle

Me regarda tout bas, souriant en dessous,
Et… me tendit sa main, et…
m’a donné deux sous.
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C'est à toi que je fis mes adieux à la vie,
A toi qui me pleuras, jusqu'à me faire envie
De rester me pleurer avec toi. Maintenant
C'est joué, je ne suis qu'un gâteux revenant,
En os et… (j'allais dire en chair). -- La chose est sûre
C'est bien moi, je suis là -- mais comme une rature.

(Le poète contumace)
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Tristan Corbière
Idylle coupée

Avril.

C’est très parisien dans les rues
Quand l’Aurore fait le trottoir,
De voir sortir toutes les Grues
Du violon, ou de leur boudoir…

Chanson pitoyable et gaillarde :
Chiffons fanés papillotants,
Fausse note rauque et criarde
Et petits traits crûs, turlutants :

Velours ratissant la chaussée ;
Grande-duchesse mal chaussée,
Cocotte qui court becqueter
Et qui dit bonjour pour chanter…

J’aime les voir, tout plein légères,
Et, comme en façon de prières,

Entrer dire – Bonjour, gros chien –
Au merlan, puis au pharmacien.

J’aime les voir, chauves, déteintes,
Vierges de seize à soixante ans,
Rossignoler pas mal d’absinthes,
Perruches de tout leur printemps ;

Et puis payer le mannezingue,
Au Polyte qui sert d’Arthur,
Bon jeune homme né brandezingue,
Dos-bleu sous la blouse d’azur.

– C’est au boulevard excentrique,
Au – BON RETOUR DU CHAMP DU NORD –
Là : toujours vert le jus de trique,
Rose le nez des Croque-mort…

Moitié panaches, moitié cire,
Nez croqués vifs au demeurant,
Et gais comme un enterrement…
– Toujours le petit mort pour rire ! –

Le voyou siffle – vilain merle –

Et le poète de charnier
Dans ce fumier cherche la perle,
Avec le peintre chiffonnier.

Tous les deux fouillant la pâture
De leur art… à coups de groins ;
Sûrs toujours de trouver l’ordure.
– C’est le fonds qui manque le moins.

C’est toujours un fond chaud qui fume,
Et, par le soleil, lardé d’or…
Le rapin nomme ça : bitume ;
Et le marchand de lyre : accord.

– Ajoutez une pipe en terre
Dont la spirale fait les cieux…
Allez : je plains votre misère,
Vous qui trouvez qu’on trouve mieux !

C’est le Persil des gueux sans poses,
Et des riches sans un radis…
– Mais ce n’est pas pour vous, ces choses,
Ô provinciaux de Paris !…

Ni pour vous, essayeurs de sauces,
Pour qui l’azur est un ragoût !
Grands empâteurs d’emplâtres fausses,
Ne fesant rien, fesant partout !

– Rembranesque ! Raphaélique !
– Manet et Courbet au milieu –
… Ils donnent des noms de fabrique
À la pochade du bon Dieu !

Ces Galimard cherchant la ligne,
Et ces Ducornet-né-sans-bras,
Dont la blague, de chic, vous signe
N’importe quoi… qu’on ne peint pas.

Dieu garde encor l’homme qui glane
Sur le soleil du promenoir,
De flairer jamais la soutane
De la vieille dame au bas noir !

… On dégèle, animal nocturne,
Et l’on se détache en vigueur ;
On veut, aveugle taciturne,
À soi tout seul être blagueur.

Savates et chapeau grotesque
Deviennent de l’antique pur ;
On se colle comme une fresque
Enrayonnée au pied d’un mur.

Il coule une divine flamme,
Sous la peau ; l’on se sent avoir
Je ne sais quoi qui fleure l’âme…
Je ne sais – mais ne veux savoir.

La Muse malade s’étire…
Il semble que l’huissier sursoit…
Soi-même on cherche à se sourire,
Soi-même on a pitié de soi.

Volez, mouches et demoiselles !…
Le gouapeur aussi vole un peu
D’idéal… Tout n’a pas des ailes…
Et chacun vole comme il peut.

– Un grand pendard, cocasse, triste,
Jouissait de tout ça, comme moi,
Point ne lui demandais pourquoi…
Du reste – une gueule d’artiste –

Il reluquait surtout la tête
Et moi je reluquais le pié.
– Jaloux… pourquoi ? c’eut été bête,
Ayant chacun notre moitié. –

Ma béatitude nagée
Jamais, jamais n’avait bravé
Sa silhouette ravagée
Plantée au milieu du pavé…

– Mais il fut un Dieu pour ce drille :
Au soleil loupant comme ça,
Dessinant des yeux une fille…
– Un omnibus vert l’écrasa.
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Tristan Corbière
Un riche en Bretagne

O fortunatos nimium, sua si…
Virgile.

C’est le bon riche, c’est un vieux pauvre en Bretagne,
Oui, pouilleux de pavé sans eau pure et sans ciel !
– Lui, c’est un philosophe-errant dans la campagne ;
Il aime son pain noir sec – pas beurré de fiel…
S’il n’en a pas : bonsoir. – Il connaît une crèche
Où la vache lui prête un peu de paille fraîche,
Il s’endort, rêvassant planche-à-pain au milieu,
Et s’éveille au matin en bayant au Bon-Dieu.
– Panem nostrum… – Sa faim a le goût d’espérance…
Un Benedicite s’exhale de sa panse ;
Il sait bien que pour lui l’œil d’en haut est ouvert
Dans ce coin d’où tomba la manne du désert
Et le pain de son sac…
Il va de ferme en ferme.
Et jamais à son pas la porte ne se ferme,
– Car sa venue est bien. – Il entre à la maison
Pour allumer sa pipe en soufflant un tison…

Et s’assied. – Quand on a quelque chose, on lui donne ;
Alors, il se secoue et rit, tousse et rognonne
Un Pater en hébreu. Puis, son bâton en main,
Il reprend sa tournée en disant : à demain.
Le gros chien de la cour en passant le caresse…
– Avec ça, peut-on pas se passer de maîtresse ?…
Et, – qui sait, – dans les champs, un beau jour, la beauté
Peut s’amuser à faire aussi la charité…

– Lui, n’est pas pauvre : il est Un Pauvre, – et s’en contente
C’est un petit rentier, moins l’ennui de la rente.
Seul, il se chante vêpre en berçant son ennui…
– Travailler – Pour que faire ? – … On travaille pour lui.
Point ne doit déroger, il perdrait la pratique ;
Il doit garder intact son vieux blason mystique.
– Noblesse oblige. – Il est saint : à chaque foyer
Sa niche est là, tout près du grillon familier.
Bon messager boiteux, il a plus d’une histoire
À faire froid au dos, quand la nuit est bien noire…
N’a-t-il pas vu, rôdeur, durant les clairs minuits
Dans la lande danser les cornandons maudits…

– Il est simple… peut-être. – Heureux ceux qui sont simples !…
À la lune, n’a-t-il jamais cueilli des simples ?…

– Il est sorcier peut-être… et, sur le mauvais seuil,
Pourrait, en s’en allant, jeter le mauvais œil…
– Mais non : mieux vaut porter bonheur ; dans les familles,
Proposer ou chercher des maris pour les filles.
Il est de noce alors, très humble desservant
De la part du bon-dieu. – Dieu doit être content :
Plein comme feu Noé, son Pauvre est ramassé
Le lendemain matin au revers d’un fossé.

Ah, s’il avait été senti du doux Virgile…
Il eût été traduit par monsieur Delille,
Comme un « trop fortuné s’il connût son bonheur… »

– Merci : ça le connaît, ce marmiteux seigneur !
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Petit mort pour rire.

Va vite, léger peigneur de comètes !
Les herbes au vent seront tes cheveux ;
De ton oeil béant jailliront les feux
Follets, prisonniers dans les pauvres têtes...
Les fleurs de tombeau qu'on nomme Amourettes
Foisonneront plein ton rire terreux...
Et les myosotis, ces fleurs d'oubliettes...
Ne fais pas le lourd ; cercueils de poètes
Pour les croque-morts sont de simples jeux,
Boîtes à violon qui sonnent le creux...
Ils te croiront mort-Les bourgeois sont bêtes-
Va vite, léger peigneur de comètes !
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