AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ugo Bellagamba (97)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Dragons

Avec cette anthologie « Dragons », les éditions Calmann-lévy proposent de nous faire découvrir pas moins de dix-huit textes nés de la fertile imagination aussi bien d'auteurs confirmés comme Thomas Day, U. Bellagamba ou encore Charlotte Bousquet, que d'auteurs moins connus... et qui le resteront malheureusement pour moi puisqu'on ne trouve aucune présentation, même succincte, des différents participants. De même, il est un peu dommage de démarrer l'ouvrage abruptement par la première nouvelle sans qu'il n'y ait de préface nous présentant en quelques mots le sujet et la ligne principale de cette anthologie (la présence de belles illustrations en noir et blanc au début de chaque nouvelle est cependant très appréciable). Tour à tour bêtes malfaisantes faisant la ruine d'une ville ou d'un peuple, monstres incompris et persécutés, divinités aériennes à la beauté majestueuse, légendes inlassablement recherchées mais toujours insaisissables et rarement comprises..., les auteurs explorent ici différentes facettes de cette créature mythique et désormais emblématique du genre de la fantasy. Le résultat est mitigé, la première partie de l'anthologie étant assez difficile à digérer et manquant trop souvent d'originalité, tandis que la seconde se relève de très grande qualité.



Impossible dès qu'il s'agit de critiquer un ouvrage de ce type de parler de tous les textes, surtout lorsque ceux-ci sont aussi nombreux qu'ici. Je me contenterais donc de citer ceux vers qui penche ma préférence, même si certains non mentionnés méritent également le coup d’œil. Commençons par la nouvelle de Philippe Guillaut qui signe avec « Quelques bêtes de feu et d'effroi » le plus beau texte de cette anthologie et nous entraîne au cœur de l'époque tourmentée des Diadoques où un soldat et un poète se lancent en quête des légendaires créatures du dieu de la guerre Arès. Le style y est extrêmement travaillé et d'une grande poésie, de même que l'intrigue par laquelle on se laisse aisément embarquer. Estelle Faye réussit également son coup avec « Suriedad », nouvelle mettant en scène un dragon des mers et un marin destiné à purger le monde. De même pour Johan Héliot qui nous fait vivre avec « L'huile et le feu » l'enquête d'un shérif d'une bourgade insignifiante des États-Unis du XIXe où se mêle trafic de femmes chinoises, complot organisé par une secte à la Ku Kux Klan, et évidemment saurien de taille gigantesque. Thomas Day, enfin, signe comme toujours un texte captivant comprenant son lot de personnages attachants et un univers intéressant et que l'on devine d'une grande richesse.



Au final, si l'ouvrage souffre de quelques défauts, notamment dans sa première partie, il serait toutefois dommage de passer à côté de certaines nouvelles qui valent franchement. le détour. « Dragons » est donc un bel hommage à ces créatures légendaires qui ne cessent de titiller notre imagination depuis des siècles et qui prennent ici vie le temps de quelques pages.
Commenter  J’apprécie          200
Utopiales 2012

Après une préface de Roland Lehoucq et Ugo Bellagamba, qui semble avoir été écrite sous l'influence d'un quelconque psychotrope, l'anthologie des Utopiales nous propose 10 textes à l'intérêt variable. Petit aperçu :



Origo, Pierre Bordage. Nouvelle un brin mystique qui manie des concepts de physique avec lesquels je ne suis pas du tout familière tel que le Mur de Planck. Le résultat est étonnant et pas du tout désagréable à lire.



Fae Space, Sara Doke. Nouvelle mêlant les êtres de faërie à la science-fiction. Je n'ai pas du tout accroché à cette nouvelle. Cette histoire de fées qui tout d'un coup se révèle aux humains pour les aider à explorer l'espace m'a paru complètement tirée par les cheveux.



L'observatrice, Robert Charles Wilson. Très beau texte poétique sur l'altérité, la peur de ce qui est différent. Sandra est une jeune fille qui voit des extraterrestres. Ses parents la croient dérangée et l'envoient chez un oncle en Californie chez qui elle fera la rencontre de Hubble...



La finale, Nancy Kress. Où un type très brillant mais complètement inadapté socialement met au point un médoc qui permet de focaliser une personne sur un sujet en particulier. Je vous laisse imaginer que l'expérience tourne mal ... Voilà une nouvelle qui me parle beaucoup étant du genre à penser toujours à trois ou quatre choses en même temps. De quoi se réconcilier avec ses pensées parasites.



La chose du lac, Laurence Suhner. Une histoire à suspens sympathique. A la fin du 19ème siècle, au lac Léman, des personnes disparaissent dans le lac. Des rumeurs courent qu'un monstre y a élu domicile...



"Et pleurer comme Alexandre", Neil Gaiman. Très chouette et très divertissante nouvelle. Obediah Polkinghorn est désinventeur : il supprime les inventions qui perturbe le bon fonctionnement de la société. Sauf que c'est dommage il ne peut désinventer des choses qui ont été inventées après sa venue au monde, il ne peut donc pas débarrasser l'humanité de l'énergie nucléaire. Les mots chantent dans cette nouvelle très rythmée, comme le nom du héros.



La fin de Léthé, Claude Ecken. Femme qui se fait raconter son futur par un type qui voyage dans le temps. Evidemment elle trouve ça assez insupportable : elle n'a pas envie de savoir ce qui est arrivé à ses enfants, comment elle va rencontrer son mari, etc. Sauf qu'à un moment donné, l'histoire bascule complètement. Le renversement de perspective est assez saisissant.



Petite excursion à l'endroit des atomes, Tommaso Pincio. Une nouvelle très émouvante, assurément la meilleur nouvelle de ce recueil. L'histoire est comptée du point de vue d'une petite fille qui raconte avec ses mots comment son quotidien tourne autour d'une catastrophe nucléaire survenue il y a une dizaine d'années.



En attendant demain, Laurent Queyssi & Xavier Mauméjean. Le petit frère de la narratrice se met à voir le futur. Il vit en prévoyant tout, jusqu'à la rencontre avec son épouse C'est joliment écrit, intéressant du point de vue de la psychologie du personnage, qui se retrouve complètement dépendant au fait de tout prévoir.



RCW, Ayerdhal. Hommage assumé à Roland C. Wagner. Bourré de références à la série de l'auteur "Les futurs mystères de Paris", que je n'ai pas lue et certainement pleine de private jokes liés à l'auteur, j'ai l'impression d'être passée complètement à côté de cette nouvelle. L'histoire est sympathique et assez prenante mais je reste avec la désagréable sensation de ne pas avoir saisi la moitié. Plutôt frustrant.



Mes nouvelles préférées de ce recueil sont clairement : Petite excursion à l'endroit des atomes, L'observatrice, "Et pleurer comme Alexandre", La finale et La fin de Léthé.


Lien : http://ledragongalactique.bl..
Commenter  J’apprécie          60
La cité du soleil et autres récits héliotropes

La Cité du Soleil et autres récits héliotropes est une série de récits particulièrement intéressante à lire à la lumière de la postface qui clos l’ouvrage : « Je veux dire un mot, enfin, sur la partie technique de l’écriture. Certains l’occultent, mais je la considère comme essentielle. […] en bon apprenti, j’irai remettre mon ouvrage sur le métier. Cent fois, mille fois, autant qu’il le faudra. »



La première nouvelle, « retravaillée en profondeur » était préalablement parue en 2002. Sans véritablement d’histoire ou de rebondissements, elle vaut à mon avis surtout pour les encarts sur le texte original de Campanella — le sujet de DEA de Bellagamba. Paradoxalement du coup, il faudrait que je retrouve le texte original qui, d’après la postface, « [voulait] trop en dire, trop en apprendre au lecteur ». Car s’il y a un reproche que l’on ne peut pas faire à Bellagamba, c’est de manquer de didactisme, sa conférence aux Utopiales de 2012 en est la preuve.



La seconde nouvelle, L’Apopis républicain, (a priori légèrement revue en 2002) était paru en 1999 sous le pseudonyme de Michael Rheyss. Le texte est agréable, même si je ne peux m’empêcher de penser à Stargate, film & série qui ne me déplaisent pas mais qui donnent un air de déjà vu. Autre influence (plus intéressante à mon avis) la course-poursuite sur Titan rivalise tout à fait, elle, avec certains passages de La lune seule le sait, que je classe parmi les tous meilleurs romans steampunk de ma bibliothèque. Le récit qui complète l’Apopis, La stratégie Alexandre reprend le thème de l’automate-presque-humain objet littéraire depuis l’Eve future d’Auguste de Villiers de L’Isle-Adam jusqu’au Dernier voyage de l’automate joueur d’échecs de Thomas Day. À mon goût on change là de niveau pour entrer dans la très bonne SF aux parfums steampunk assumés qui plus est.



Je ne développerai pas de commentaire particulier sur la troisième nouvelle, Dernier filament pour Andromède, strictement SF, sauf à dire qu’elle a été pour moi le meilleur moment de lecture, méritant à elle seule l’achat de l’ouvrage.



Au delà des récits eux-mêmes, le livre est donc intéressant parce qu’il donne à voir des strates d’écriture de qualité croissante. J’ai du coup bien l’intention de me plonger dans le roman suivant de l’auteur, Tancrède, une uchronie, prix Rosny aîné 2010, ce qui est par avance gage d’une certaine qualité.
Lien : http://www.charbon-et-ether...
Commenter  J’apprécie          30
Utopiales 2012

Comme chaque année, voici le recueil de nouvelles édité en parallèle au festival des Utopiales de Nantes, cuvée 2012.

Une fournée ayant pour thème fédérateur les origines.

On y retrouve de grands noms de la SF (Gaiman, Bordage, Wilson...) côtoyant des auteurs moins connus.

Origine comme :

- les origines de l'univers version Pierre Bordage, dans le plus pur style Bordage, pour une nouvelle somme toute assez convenue

- les origines de la coopération entre humains et entités étrangères, dans une nouvelle de Sara Doke, qui ne m'a pas parlé

- les origines des extra-terrestres, dans une nouvelles du généralissime Robert-Charles Wilson, datant de 2000, sans grande surprise, mais où l'on retrouve la sensibilité et l'humanisme de cet auteur majeur

- les origines de la pensée par Nancy Kress, intéressante thématique, bien menée

- les origines...de quoi ? (sur ce coup là je sèche), selon Laurence Suhner, une nouvelle qui n'a éveillé aucun intérêt chez moi

- les origines des inventions (ou pas) dans un court texte de 7 pages qu'éclabousse de son talent Neil Gaiman, prouvant en si peu de mots qu'il est une star du genre

- les origines du futur, par Claude Ecken, dans un texte dur et touchant avec une chute inattendue

- les origines des dégats nucléaires par Tommaso Pincio dans une nouvelle dystopique sur les enfants de l'atome, très bien tournée et totalement cynique

- les origines du futur, encore, mais cette fois à travers le prisme de quatre yeux (Laurent Queyssi et Xavier Mauméjean), dans une nouvelle assez touchante

- les origines d'un totalitarisme très particulier, par Ayerdhal, en hommage à son ami disparu Roland C. Wagner, récit assez délirant, plein de verve et de bons mots.

Au final, un recueil inégal (comme souvent dans ce genre de compilation hétéroclite), avec certains récits valant vraiment le détour. Une anthologie plutôt intéressante, comme un melting-pot de ce que peut proposer les lectures de l'imaginaire.
Commenter  J’apprécie          100
Tancrède : Une uchronie

Avec ce livre, Ugo Bellagamba nous invite à suivre le périple de Tancrède de Hauteville, un chevalier chrétien très enthousiaste à l’idée de partir en croisade et d’aller délivrer Jérusalem, en l’an de grâce 1096. Au fil de batailles souvent sanglantes, notre croisé en vient pourtant à reconsidérer sa position et à prendre un chemin quelque peu différent de celui qu’il s’imaginait au départ. L’auteur, universitaire spécialisé en Histoire du droit et des idées politiques, nous présente son ouvrage comme la reconstitution des notes prises par le chevalier durant son périple. Toutefois, le lecteur ne manquera pas de noter que le titre complet du roman est Tancrède : une uchronie et, au cas où il l’oublierait, Ugo Bellagamba brouille en tout cas suffisamment les cartes pour qu’il finisse par s’en rappeler. L’intrigue ne manque en tout cas pas d’intérêt, invite à la réflexion et vaut la peine d’être lue, quoique je n’aie finalement pas été tout à fait convaincu par le destin singulier de Tancrède de Hauteville.


Lien : http://nonivuniconnu.be/?p=1..
Commenter  J’apprécie          60
Utopiales 2012

Les éditions ActuSF présentent une nouvelle fois le recueil de nouvelles du festival des Utopiales pour 2012.

Cette année, la thématique retenue pour le festival est "Origines" et comme le disent les co-organisateurs du festival, Roland Lehoucq et Ugo Bellagamba, "comment rendre hommage aux origines de la science-fiction, à celles du festival des Utopiales, si ce n'est en laissant leurs rejetons libres de crier leur force, leur identité, leur envie de vivre et partager le monde, avec tous les autres enfants des étoiles ?".

Au programme donc, un florilège de nouvelles de Neil Gaiman, Robert Charles Wilson, Pierre Bordage, Nancy Kress, Tommaso Pincio, Claude Ecken, Laurence Suhner, Sara Doke, Laurent Queyssi, Xavier Mauméjean et un hommage d'Ayerdhal à Roland C. Wagner.

Comme tout recueil de nouvelles, on en distingue certaines d'un très fort niveau (RCW, Origo, Et pleure comme Alexandre, etc.) et d'autres un peu moins. Mais dans l'ensemble, ce sont des textes qui vous font voyager, réfléchir et peut-être même mieux comprendre le monde qui nous entoure !

Rendez-vous au festival pour rencontrer ces auteurs !
Commenter  J’apprécie          20
Le double corps du roi

Voilà un roman bien atypique que ce « Double corps du roi » qui prend le parti d'un mélange des genres (fantasy-science fiction)... et le résultat se révèle au final une très bonne surprise. Il faut dire que le roman est le fruit du talent de non pas un mais deux auteurs : Thomas Day, l'une des figures phares de la fantasy françaises actuelle, ayant déjà à son actif un nombre conséquent d'ouvrages (« Women in chains », « Du sel sous les paupières », « L'instinct de l'équarisseur »...) et Ugo Bellagamba, historien mais aussi écrivain dont la très bonne uchronie « Tancrède » a connu un important succès. C'est donc de la collaboration de ces deux auteurs qu'est né ce roman assez court mais néanmoins très dense. Le lecteur y découvre un monde fortement inspiré de la Grèce antique (tant au niveau de la géographie que des noms employés) dont l'équilibre se retrouve bouleversé par un coup d'état.



L'intrigue peut, certes, paraître basique mais n'en reste pas moins efficace, d'autant plus qu'elle est étoffée par de très bonnes idées, notamment celle de l'Hérakléion, cette fameuse armure à la fois symbole et mémoire de la monarchie. Le principal atout de ce roman reste toutefois l'univers élaboré par les deux auteurs et qui lui se distingue nettement par son originalité et sa richesse. Des palais aux bas quartiers de la ville de Déméter en passant par la forêt luxuriante et mortelle de la Canopée, on peut dire que les décors évoqués ont de quoi éveiller notre imagination et c'est un véritable plaisir de les arpenter et d'en découvrir les coins et recoins. Les personnages sont également très réussis, qu'il s'agisse des protagonistes ou même de ceux que l'on ne croise que très brièvement comme le jeune idéaliste Thésée ou le sage Mamayoun. Le style, enfin, est extrêmement soigné et donne lieu à de très beaux passages et à des dialogues qui sonnent toujours justes.



Une bonne découverte et une association qui fonctionne à merveille. Les deux auteurs ont d'ailleurs également collaboré pour l'écriture d'un autre roman (de science-fiction, cette fois), « L'école des assassins ».
Commenter  J’apprécie          150
Tancrède : Une uchronie

"Tancrède" est une uchronie se déroulant durant les croisades à la fin du XIe siècle et racontant l’histoire d’un jeune croisé normand, Tancrède de Hauteville. Ardent chrétien, celui-ci voit comme une bénédiction du Ciel la décision de son oncle Bauhémont de se joindre aux armées occidentales pour aller délivrer le tombeau du Christ.



Hélas, les choses ne se passent pas comme prévu… De famines en massacres, en passant par les épidémies de fièvre, les lynchages et autres joyeusetés, les illusions de Tancrède ne vont pas tarder à se briser sur les murailles poussiéreuses de Jérusalem. Déchiré entre sa foi et sa conscience, sa loyauté pour ses compagnons de guerre et son admiration grandissante pour l’adversaire musulman, le jeune normand va devoir choisir un camp. Sa décision influencera non seulement son avenir, mais ceux de l’Occident et de l’Orient... Très habile uchronie et fascinant roman historique, "Tancrède" est un plaisir à lire, un de ces romans qui parviennent à être très divertissants, tout en regorgeant de thématiques passionnantes autour des divergences culturelles et religieuses.



Ajoutant au passage que le roman donne une vision extrêmement bien renseignée et détaillée des croisades : pour peu que l’on s’intéresse un peu à cette période de l’Histoire, on termine sa lecture avec une envie dévorante de se procurer une demi-douzaine de bouquins sur le sujet pour démêler la réalité et de l’uchronie.
Commenter  J’apprécie          60
Tancrède : Une uchronie

Ugo Bellagamba nous entraîne avec « Tancrède » dans un Orient du XIe siècle en pleine mutation, bouleversé par l'arrivée des armées chrétiennes envoyées dans le cadre de la fameuse Première Croisade. Pour son premier roman solo (il en avait déjà co-écrit deux avec Thomas Day), l'auteur a donc opté pour un mélange de fantasy et d'histoire et nous propose une uchronie centrée sur la personne du prince normand Tancrède de Hauteville. Le principal attrait de l'ouvrage réside avant tout dans la reconstitution du contexte historique à propos duquel l'auteur s'est manifestement abondamment renseigné. Les alliances, les trahisons, les batailles, les sièges, les massacres... : Ugo Bellagamba revient sur les différentes étapes de cette première « guerre sainte » à mesure que les croisés progressent de ville en ville, de Nicée à Jérusalem en passant par Antioche ou encore Dorylée. Des noms emprunts d'un certain exotisme qui donne l'occasion à l'auteur de proposer une vision de cet Orient du XIe siècle particulièrement saisissante, pleine de beauté et de mystère et surtout jamais caricaturale.



L'intrigue est quant à elle relativement bien ficelée et c'est non sans une certaine avidité que le lecteur suit les pérégrinations du protagoniste qui va devoir surmonter bien des épreuves et va parcourir bien du chemin. D'un chevalier chrétien sûr de sa foi à un apostat rejeté par ses paires en passant par un espion-assassin : les rôles endossés ne manquent pas et leur diversité tient sans mal le lecteur en haleine tout au long du roman. Un bémol toutefois : le personnage de Tancrède qui ne m'a que peu touché. En dépit de l'intérêt que l'on porte au long cheminement intellectuel suivi par le héros, on peine en effet à s'attacher à ce chevalier trop froid, trop distant dont on ne parvient pas toujours à bien saisir la personnalité et les véritables motivations. Les personnages secondaires peuvent quant à eux paraître quelque peu effacés au début du roman mais, fort heureusement, l'auteur nous offre dans la seconde partie une galerie de portraits très réussis et, pour le coup, plus marquants que le personnage de Tancrède lui-même.



Ugo Bellagamba signe avec « Tancrède » un bon roman dans lequel il se plaît à modifier le parcours d'un chevalier chrétien parti entreprendre la Première Croisade. L'auteur mêle ainsi savamment fantasy et Histoire et, si le personnage principal peine à convaincre, on en reste pas moins saisi devant la vision proposée ici de cet Orient du XIe siècle revisité.
Commenter  J’apprécie          190
Tancrède : Une uchronie

Une uchronie magnifique, pleine de bruits et de fureur - et pour cause : les Croisades - ! En même temps que Tancrède, on traverse ces contrées étrangères, sous le soleil et dans la poussière... On vit cette Croisade à travers le regard de Tancrède, qui, parti convaincu du bien-fondé de cette entreprise, va acquérir un regard critique sur les actions (et exactions) de ses corélegionnaires ... L"évolution du personnage ne laisse pas indifférent.... car les religions ont été et sont causes de beaucoup de convulsions dans la société, quelle que soit l'époque....

A lire et à méditer...

Commenter  J’apprécie          10
Le double corps du roi

Dès le prologue, légende fondatrice particulièrement séduisante et bien tournée, on se retrouve dans un univers de fantasy inspiré de mythologie et de culture grecque, où les inventions sont aussi nombreuses que les échos familiers.

L'histoire, de facture au fond assez classique, s'articule autour des diverses conceptions de l'autorité politique. La monarchie éclairée, libérale et démocratique d'Yskander, le vieux roi de Démeter. La monarchie forte, hiératique et impitoyable que cherche à rétablir le général Absû Déléthérion. L'oligarchie intéressée des sorciers et des aristocrates qui soutiennent son coup d'Etat.

Avec l'aide de créatures insectoïdes impitoyables, Deléthérion assassine Yskander et se proclame régent. Mais pour devenir roi, pour assurer sa légitimité, l'usurpateur doit mettre la main sur l'Hérakléion, armure toute puissante forgée par un dieu et devenue symbole du pouvoir royal.



L'Hérakléion qu'a récupérée Egée Seisachtéron, fidèle ami et amant du roi défunt, poète et bretteur de premier ordre bien décidé à venger l'homme qu'il aimait et à sauver Démeter de la dictature militaire.

Aidé par Johan Solon, un sympathique contrebandier casse-cou, Egée gagne la Canopée, pays voisin dévoré d'une infinie forêt où il pourra mettre l'armure à l'abri, et tenter de convaincre la fille naturelle d'Yskander d'accepter un destin de reine... dont elle se contrefout, pour le coup, royalement.



Un bon roman, qui sait créer un univers captivant peuplé de beaux personnages, et sous-tendu de thèmes intéressants. Un roman qui, à mon goût, aurait toutefois mérité d'être plus longuement développé, travaillé, ciselé. Le rythme, soutenu, ne nuit nullement à l'ambiance (l'écriture est assez bien tournée pour ça) mais certaines périodes, certaines évolutions (celle d'Egée, tout particulièrement - celle qui mène d'une partie à l'autre de l'ouvrage) auraient mérité un plus long développement. Au final, j'en retire un peu l'impression que c'est très bien, mais ça aurait pu être bien mieux. Un peu dommage.

Mais très bien quand même : je recommande donc !
Commenter  J’apprécie          70
La cité du soleil et autres récits héliotropes

Au final, ce recueil est assez inégal mais m'a laissé quand même une bonne impression. Presque deux bonnes histoires. On pourra éventuellement reprocher des personnages un peu légers , et encore ca serait bouder son plaisir. Bref je recommande, d'autant que c'est bien documenté et bien écrit avec un vocabulaire recherché.



[...]
Lien : http://pitivier-blog.blogspo..
Commenter  J’apprécie          00
La cité du soleil et autres récits héliotropes

Ugo Bellagamba est un universitaire et ça se sent. Nul autre n'attacherait autant d'importance aux grades dans un récit. Son style est dépouillé. Est-ce même un style ? Mais lire "La cité du soleil" n'est pas déplaisant, au contraire.

Recueil de trois novellas historico-mystiques, cet ouvrage nous invite à des voyages passionnants
Lien : http://quoideneufsurmapile.b..
Commenter  J’apprécie          10
Le double corps du roi

"Le double corps du roi" est le second ouvrage d'Ugo Bellagamba que je lis et il est aussi intéressant que le premier d'un point de vue culturel. Mais celui-ci a été écrit à quatre mains avec Thomas Day, et ce dernier apporte le caractère épique et scénique qui manquait à "La cité du soleil". De plus un livre dans lequel on trouve "primogéniture" et "thuriféraire" ne peut pas être fondamentalement mauvais.
Lien : http://quoideneufsurmapile.b..
Commenter  J’apprécie          40
Dragons

Un recueil sans nom d'anthologiste sur la couverture, et publié chez Calmann-Lévy, ça aurait du me mettre la puce à l'oreille. Les textes s'étaient peut-être sélectionnés tout seuls. De plus, ils avaient oublié de s'écrire eux-mêmes une préface ou une postface.

Et, après lecture, l'idée d'une auto-sélection paraît moins absurde tant cet assemblage hétéroclite de textes de commande sent le loyer à payer.

Quelques nouvelles surnagent, et il est dommage pour elles et leurs auteurs de se trouver en si piètre compagnie.
Lien : http://quoideneufsurmapile.b..
Commenter  J’apprécie          10
Utopiales 2009 : Anthologie

Nouvel ouvrage ActuSF, le petit recueil de nouvelles publié à l'occasion des Utopiales. Toujours le même à priori favorable, et encore la même légère déception à l'arrivée.



Je crois que le meilleur texte, et de loin, est la préface écrite par l'érudit Ugo Bellagamba. Présentant l'univers fantastique dans un ballet de références, cette préface est un vrai plaisir de lecture.



Passé cet apogée, les six textes qui composent le recueil jalonnent, dans le désordre, la redescente. Aucun n'étant mauvais, je vais exceptionnellement les chroniquer tous. Aucun n'étant indispensable, je le ferai de manière succincte.
Lien : http://quoideneufsurmapile.b..
Commenter  J’apprécie          10
Dragons

Première anthologie de la collection Fantasy de Calmann-Lévy, Dragons réunit dix-huit textes francophones ayant pour thème commun la figure emblématique de la Fantasy. L’anthologiste est Sébastien GUILLOT, fondateur de la collection, mais curieusement non mentionné dans l’ouvrage. Autre bizarrerie, les nouvelles se succèdent sans aucune présentation, si ce n’est une illustration de Alain BRION, leur titre et leur auteur. On ne trouve pas non plus d’introduction générale qui aurait pu avoir le mérite de présenter aux lecteurs les auteurs réunis ici, certains étant de nouveaux venus dans le paysage des littératures de l’imaginaire.



Mais cessons de parler de ce que l’on ne trouve pas dans le recueil et venons-en maintenant plus précisément au contenu…



Chansons pour Ouroboros, DAYLON



Cette nouvelle est un récit mythologique contant la destruction d’une cité consécutivement à la trahison d’un amour. Les six voix qui s’enchaînent indifféremment rendent le texte haché, ce qui est intéressant d’un point de vue littéraire mais rend la lecture d’autant plus difficile qu’elle fait la part belle à l’allégorie.



Soldats de plomb, Frédéric JACCAUD



Un jeune garçon aime faire combattre ses petits soldats contre un dragon alors que son père participe à une guerre souterraine bien réelle dans laquelle les deux parties se disputent l’accès au gaz, principale source d’énergie. L’idée est originale et le traitement soigné ; malheureusement le final tombe quelque peu à plat du fait de sa prévisibilité précoce.



La contrée du dragon, Thomas DAY



Un couple de villageois recueille une jeune fille qui vient d’échapper aux griffes d’une bande de mercenaires. Mais comme sa religion n’est pas celle du village, le prêtre contraint le père adoptif de reconduire la jeune fille dans sa ville d’origine. Avec cette histoire l’auteur ne fait guère preuve d’originalité mais montre des qualités de conteur indéniables.



Cœur de pierre, Virginie BÉTRUGER



Un jeune garçon est le souffre-douleur de tous les autres enfants de son village. Fils de porcher, il est malingre et introverti, et rêve de surcroît de piloter une montgolfière, un statut bien au-dessus de ce à quoi il peut prétendre. De plus il est victime d’une étrange maladie qui le rend difforme : des écailles de plus en plus nombreuses surgissent sur son corps. Il s’agit là d’une très belle histoire, certes peu originale, mais dont la tragédie, la violence et l’émotion sont parfaitement rendues.



Le Dragonneau anorexique, Jean-Claude BOLOGNE



Ce texte conte l’histoire d’un jeune dragon qui refuse sa condition, à commencer par le fait qu’elle lui impose de se nourrir de princesses. Une idée originale et un traitement plein d’humour sont un peu gâchés par une chute sans relief.



Les Années d’orichalque, Ugo BELLAGAMBA



Un vieil ermite raconte sa jeunesse à un enfant, de sa formation en tant qu’yggdrakhsil, à la façon dont il sauva son Peuple d’une invasion de géants en l’exilant dans un autre monde. Il s’agit là d’un nouveau récit mythologique, d’inspiration scandinave et de très bonne tenue.



Au seuil de Loïkermaa, Francis BERTHELOT



Dans cet univers les hommes sont strictement séparés des dragons même si ni les uns ni les autres n’ignorent leur existence. Les hommes abandonnent d’ailleurs les enfants bâtards au dragons pour sauvegarder la morale. Mais l’un de ces enfants est un jour sauvé par un dragonneau orphelin, les deux êtres grandissant ensemble. Séparés à l’adolescence, ils passent le reste de leur vie à se rechercher. Il s’agit là d’un texte particulièrement émouvant sur l’acceptation de l’autre.



La Mort de Tlatecuhtli, Charlotte BOUSQUET



Courte nouvelle à la prose délibérément poétique, elle se veut un hommage à Tlatecuhtli, divinité aztèque sacrifiée à Quetzalcóatl, le serpent à plumes. Sa totale appréhension est à réserver à un lectorat averti de la mythologie aztèque.



Au plus haut des cieux, Robin TECON



Un chevalier est envoyé par son seigneur dans la grotte d’un dragon pour le convier aux festivités du mariage de sa fille. Le dragon est en effet devenu un véritable animal domestique, pratique un langage châtié et est un fervent chrétien. Tel est le point de départ d’un récit peu crédible dont le final frise le ridicule.



Draco Luna, David CAMUS



A la fin du XIIème siècle Baudouin IV règne sur Jérusalem. Mais il est malade de la lèpre et doit fuir son palais pour échapper à l’assassinat que ses rivaux complotent. Accompagné d’une poignée de fidèles, il s’enfonce dans le désert en quête d’un remède à son mal. Si ce type d’intrigues a été maintes fois exploité, l’Histoire y est ici habilement romancée et la nouvelle se lit avec beaucoup de plaisir.



La Suriedad, Estelle FAYE



Cette histoire d’expédition maritime du temps des corsaires est très prenante et agrémentée d’une prose efficace. C’est donc une excellente nouvelle.



Le Feu sous la cendre, Eudes HARTEMANN



Dans la Bavière du XIXème siècle, un étudiant vient demander à un éminent professeur de diriger ses recherches visant à prouver l’existence des dragons. Le professeur ne pense plus qu’à voler les travaux du jeune homme. Une idée originale agrémentée d’une prose rythmée et pleine d’humour font de cette nouvelle un très bon texte.



Quelques Bêtes de feu et d’effroi, Philippe GUILLAUT



Antigone, un successeur d’Alexandre le Grand, envoie une petite troupe à la recherche des dragons, seuls capables de surpasser les éléphants de son rival du moment. Une ambiance hellène moyennement rendue, mais une jolie allégorie sur un thème universel (les mythes sont ce que nous en faisons) rendent cette nouvelle agréable à lire.



D’un dragon l’autre, Jérôme NOIREZ



L’Allemagne nazie envoie un homme à Sigmaringen, sur le Danube, pour éveiller un dragon. C’est intelligent, bourré de références, en particulier à Louis Ferdinand Céline, et plein d’humour. C’est un très bon texte.



Archéologie d’un monstre, Fabrice COLIN



Un gardien de zoo mène une course contre la montre pour connaître les origines de son pensionnaire favori avant sa mort : un dragon. Si l’idée de départ est intéressante, le récit tombe finalement à plat.



L’Huile et le feu, Johan HELIOT



Du côté de la frontière entre le Texas et la Louisiane, dans les années 20, le Ku Klux Klan pratique des rites visant à éveiller un dragon capable de trouver le sang de la terre, c’est-à-dire le pétrole. Mais comme cela s’est avéré meurtrier, le shérif local compte bien mettre fin à cette activité. C’est une histoire improbable dans une Amérique pas très bien rendue qui rendent cette nouvelle peu intéressante.



Dragon caché, Mélanie FAZI



Abel est un garçon bien étrange. Très proche de la nature, il aime se fondre en elle, loin des hommes. Il n’a guère qu’une amie, Amalia, le fantôme d’une jeune femme brûlée en un autre temps pour sorcellerie parce qu’elle détenait un don du fait de la présence du dragon Providence dans son corps. Un sujet original, une jolie prose, ce texte fait passer un très bon moment de lecture.



Tératologie des confins, François FIEROBE



Cette dernière nouvelle prend la forme d’un véritable traité de zoologie sur les différentes espèces de dragons. C’est donc une indéniable curiosité qui aurait certainement gagnée à être placée au début de ce recueil afin de faire office d’introduction.



Au final cette anthologie s’avère inégale. Les très bons textes ne sont pas nombreux, de même que les plus décevants d’ailleurs. En revanche, la grande majorité des nouvelles présentées ici sont très agréables à lire mais pèchent soit par une intrigue peu originale, soit par un final peu percutant. Alors que cela n’arrête pas le lecteur potentiel : s’il est un tant soit peu intéressé par la figure du dragon, il y trouvera largement son compte.
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Ugo Bellagamba (345)Voir plus

Quiz Voir plus

Professions des personnages de roman ( avec indices)

Charles, le mari d'Emma Bovary dans Mme Bovary de Gustave Flaubert Indice : hippocrate

avovat
pharmacien
notaire
médecin

15 questions
402 lecteurs ont répondu
Thèmes : personnages , roman , littératureCréer un quiz sur cet auteur

{* *}