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Citations de Ursula K. Le Guin (1110)


Car rien n'est plus important que les gens. Une personne n'est définie que par l'étendue de son influence sur les autres, par la sphère de ses interrelations ; et la conduite morale n'a aucun sens si elle n'est pas définie par le bien que l'on fait aux autres, par l'exécution d'une fonction dans l'ensemble sociopolitique.
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Orr fut alors pris d'une telle joie que, parmi les quarante-deux personnes qui venaient de s'entasser dans le wagon au moment où il pensait à tout cela, les sept ou huit qui l'entouraient directement eurent une sensation faible mais nette de générosité et de soulagement.
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La Willamette était un élément utile de l'environnement, comme un énorme animal docile et retenu par des harnais, des chaînes, des selles, des mors, des sangles, des entraves. Si elle n'avait pas été utile, elle aurait bien sûr été recouverte de béton, comme les centaines de petites rivières et affluents qui descendaient des collines de la ville dans les ténèbres, sous les rues et les buildings.
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Roche Qui Raconte, c'est mon dernier nom. Il m'est venu de mon plein gré, car il me faut raconter où j'ai été dans ma jeunesse ; à présent je ne vais nulle part, assise tel un roc, ici, dans ce sol, dans cette vallée. Je suis arrivée là où j'allais. Ma maison est l'Argile bleue, ma maisonnée le Haut Porche de Sinshan. Ma mère se nommait Towhee, Saule, puis Cendres. Le nom de mon père, Abahao, dans la vallée signifie Tue. À Sinshan les noms des bébés s'inspirent souvent ce deux des oiseaux, car ce sont des messagers. Le mois qui précéda la grossesse de ma mère, une chouette se percha chaque nuit dans les chênes que l'on appelle Gairga, devant les fenêtres de la Maison du Haut Porche, du côté nord, et y chanta le chant de la chouette ; ainsi Chouette du Nord fur mon premier nom.
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Cet arbrisseau n'est pas beau, et même si le haschich me faisait planer très haut il n'en serait pas plus mystique, pas plus qu'il ne provoque la nausée. Si un philosophe lui trouvait ces qualités, ça serait son problèmes, mais rien à avoir avec ce chêne de garrigue. Il n'a rien à voir avec nous. C'est la nature sauvage. Sa relation avec l'esprit humain civilisé est imprécise, fortuite et pleine de risques. Il n'y a pas de raccourci. Toutes les analogies vont dans un seul sens, dans notre sens.
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Il ne perçoit pas le temps comme une direction, encore moins un progrès, mais un paysage dans lequel on peut aller dans n'importe quel sens, ou nulle part. Il spatialise le temps. Ce n'est pas une flèche, ni une rivière, mais une maison, la maison dans laquelle il vit. On peut y passer de pièce en pièce, et revenir. Pour en sortir, il suffit d'ouvrir la porte.
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Ils vivaient dans une contrée qui répond à l'avidité par la sécheresse et la mort. Une contrée difficile : distante et pourtant sensible. À la manière d'un cerf qui vit en ces lieux, vole votre nourriture et sera votre nourriture, le petit cerf fluet, voleur et proie, voisin, guetteur et guetté, curieux, ni peureux ni confiant, qui ne s'apprivoise pas. Sauvage, et jamais rien d'autre.
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Sauvages, les racines et les sources de la vallée l'ont toujours été. Le dessin des tuteurs du vignoble et des vignes aillées, les rangées d'oliviers gris et la splendeur formelle des champs d'amandiers en fleur, les moutons aux sabots pointues et le bétail aux yeux noirs, les caves vinicoles en pierre, les vieilles granges, les moulins en contrebas au bord de l'eau, les petits bourgs ombreux, tout cela est beau, humain, attachant, mais les racines de la vallée sont les racines du pin d'Australie, du chêne de garrigue, des graminées sauvages désordonnées et à l'abandon, et les sources de ces ruisseaux jaillissent parmi les crevasses ouvertes par les séismes, parmi les rochers venus du fond des mers plus anciens que l'humanité et des brasiers brûlant au cœur de la terre. Les racines de la vallée sont dans la sauvagerie, le rêve, la mort, l'éternité. Là-bas, les sentes des cerfs, les petits chemins, les pistes des chariots contournent les racines des choses. Ils ne vont pas en ligne droite. Cela peut prendre une vie entière de parcourir trente milles, aller et retour.
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...Il lança son esprit sur les traces de celui de l'enfant afin de le ramener chez lui. Il cria le nom de l'enfant :" Ioet!"
Pensant avoir perçu une très faible réponse à l’intérieur de sa tête, il poursuivit ses efforts et appela encore. Puis il vit, loin devant lui, le petit dévalant à toute vitesse une pente noire, comme le versant d'une gigantesque colline. Il n' y avait pas un bruit, et les étoiles au-dessus du mont étaient des étoiles que ses yeux n'avaient jamais vues. Pourtant, il connaissait par cœur les constellations : la Gerbe, la Porte, Celle qui tourne, l'Arbre. C’étaient les étoiles qui ne se couchent jamais, celles qui ne palissent jamais parce que le jour jamais ne les menace. Il avait suivi l'enfant mourant trop loin.
Sachant cela, il se retrouva seul sur le flanc de la colline ténébreuse. Il était difficile, de revenir en arriéré
Il se retourna lentement. Lentement , il fit un pas pour remonter la pente, puis un autre, et progressa ainsi, lentement. Un immense effort de volonté accompagnait chaque pas. Et chaque pas était plus pénible que le précédent.
Les étoiles ne bougeaient pas. Pas un souffle de vent ne balayait le versant escarpé et desséché. Dans le vaste royaume des ténèbres, il était le seul être en mouvement , grimpant lentement. Lorsqu'il parvint au sommet de la colline, il vit un muret de pierres. Mais derrière le muret une ombre lui faisait face .
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L'avenir est devenu inhabitable. Et à mon sens, cette disparition de l'espoir ne peut provenir que d'une incapacité à affronter le présent, à vivre dans le présent, à vivre en individu responsable parmi d'autres êtres dans le monde sacré de l'ici et maintenant, c'est-à-dire tout ce que nous possédons, tout ce qu'il nous faut, pour fonder notre espoir.
(In : Faire face)
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L'inceste est autorisé,avec différentes restrictions entre sujets nés des mêmes parents , même si ces derniers se sont juré fidélité.Mais les incestueux ne peuvent se jurer fidélité , ni avoir des rapports une fois que l'un d'entre eux a donné naissance à un enfant.
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Nous n'y arriverons qu'en empruntant notre propre voie, en l'habitant, en vivant jusqu'au bout de la nuit dans notre propre contrée. Aussi, ce que j'espère pour vous, c'est que vous y viviez, non pas en prisonnières, en captives consentantes d'un système sociétal psychotique, mais en indigènes. J'espère que vous vous y sentirez chez vous, que vous y ferez votre maison, que vous y serez votre propre maîtresse, que vous y aurez une chambre à vous. Que vous y ferez votre travail, quel que soit votre domaine de compétences, arts, sciences, technologie, diriger une entreprise ou balayer sous les lits, et quand ils vous diront que c'est un travail de seconde zone parce qu'il est accompli par une femme, j'espère que vous les enverrez paître (en veillant d'abord à ce qu'ils vous versent un salaire égal pour un travail égal). J'espère que vous vivrez sans le besoin de dominer, sans celui d'être dominées. J'espère que vous ne serez jamais des victimes, mais que vous n'aurez pas non plus de pouvoir sur autrui. Et quand vous échouerez, que vous serez vaincue, que vous souffrirez, que vous serez dans les ténèbres, alors, j'espère, vous vous rappellerez que les ténèbres sont votre pays, là où vous habitez, là où nulle guerre ne se livre et nulle guerre ne se gagne, mais là où se trouve l'avenir. Nos racines plongent dans le noir ; la terre est notre contrée. Pourquoi cherchons-nous la récompense dans les hauteurs au lieu de regarder vers le bas, au lieu de regarder autour de nous ? C'est là que gisent nos espoirs. Pas dans le ciel arsenal et ses yeux espions en orbite, mais dans la terre que nous avons regardée de haut. Ils ne viendront pas d'au-dessus mais d'en-dessous. Ils ne seront pas dans la lumière qui aveugle, mais dans l'obscurité qui nourrit, là où les humains acquièrent une âme humaine.
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Nul n'a encore réussi à me démontrer de manière convaincante – et pour ma part, je suis tout à fait incapable de l'imaginer – qu'une future avancée technologique, quelle qu'elle soit, nous conduirait à former une société soucieuse avant tout de préserver sa propre existence, une société observant un niveau de vie modeste et protégeant les ressources naturelles, une société qui connaisse un taux de natalité et une activité politique fondées sur le consentement, qui se soit bien adaptée à son environnement et qui ait appris à vivre sans s'anéantir ni anéantir ses voisins. Pourtant, c'est la société que je veux pouvoir imaginer – que je dois pouvoir imaginer, car on ne peut pas s'en sortir sans espoir.
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L'utopie a toujours été euclidienne, européenne et masculine. Je tente ici de suggérer de manière évasive, défiante et peu fiable, et aussi obscure que possible, qu'en cessant enfin d'avoir foi en ce radieux château de sable, nous rendons nos yeux capables d'accommoder lorsque la lumière est moins vive, et d'y percevoir une utopie d'un autre type. [...] Quelle utopie peut-on attendre de ces marges, de ces négations, de ces obscurités ? [...] Non-européenne, non euclidienne, non masculiniste : rien que des définitions par la négative, ce qui est peu gênant, mais lassant ; et la dernière des trois prête à confusion : on pourrait croire que l'utopie que je tente de cerner est imaginable seulement par des femmes – ce qui est possible – ou habitable seulement par des femmes – ce qui n'est pas tolérable. Le mot que je cherche est peut-être yin. L'utopie a toujours été yang. D'une manière ou d'une autre, l'utopie est, depuis Platon, LA grande équipée à moto de type yang. Brillante, sèche, claire et nette, robuste, compacte, active, pugnace, linéaire, créative, en expansion, en marche et très chaude. Notre civilisation est à présent intensément yang, au point que tout effort pour imaginer l'atténuation des injustices ou échapper à ses tendances autodestructrices implique, pour qui s'y risquerait, un retour en arrière.
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Je ne propose pas de retourner à l'Âge de pierre. Mon raisonnement n'est ni réactionnaire, ni même conservateur. Il est simplement subversif. Il semble que l'imagination utopique soit prise a piège, comme le capitalisme, l'industrialisme et la population elle-même, dans un avenir à sens unique, exclusivement fondé sur la croissance. Tout ce que j'essaie de faire, moi, c'est de trouver comment placer un obstacle sur la voie. Faire marche arrière. Se détourner, se retourner.
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Autrement dit : la narration est une fonction essentielle du langage. Il ne faut pas en considérer l'origine comme un produit de la civilisation, un art, mais comme une opération fondamentale de l'esprit normal fonctionnant en société. Apprendre à parler, c'est apprendre à raconter une histoire.
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L'écriture est, à part les travaux ménagers, le seul domaine où j'ai quelque compétence, donc le seul que je me sens le droit d'enseigner. Quand je dois faire preuve de pédagogie, j'essaie de m'en tenir, sans pour autant me poser en spécialiste omnisciente, à des sphères où il peut être salutaire de fournir un effort de réflexion honnête et sensible, des sujets sur lesquels je crois devoir lever la voix, pour éviter que le silence ne pactise avec l'injustice. Un certain nombre de ces prises de position figurent dans ce recueil ; elles vont déranger ceux qui, contrairement à moi, savent établir des distinctions tranchées entre l'art et la politique, les arts nobles et la camelote ; ceux qui connaissent la différence entre être une femme et être féministe, etc.
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Les écrivains sont invités à discourir sur toutes sortes de thèmes. Comme il m'arrive d'être faible, il m'arrive d'accepter. Et comme je suis écrivaine, et non conférencière, je suis obligée d'écrire ce que je vais dire dès que ça fait plus de huit mots. Je conserve donc le verbatim d'interventions qui, sans cela (faut-il le regretter ?), seraient aussitôt tombées dans l'oubli. Cette parole "publique" est le reflet de sujets qui ont une certaine importance pour moi, puisque j'ai accepté d'en parler.
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Il n'était plus nécessaire de pourchasser la chose et de la suivre à la trace ; elle ne pouvait rien espérer en le fuyant. Ils se retrouveraient quand se présenteraient l'heure et le lieu de leur ultime rencontre.
Mais avant que ce moment n'arrive, et tant qu'il ne serait pas en ce lieu précis, Ged ne connaîtrait ni calme ni repos, de jour comme de nuit, sur terre comme sur mer. Il comprenait à présent - et le poids de cette découverte était lourd - que sa tâche n'était pas de défaire ce qu'il avait fait, mais d'achever ce qu'il avait entrepris.
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_ Tais-toi donc ! Lui dit rudement le Chef Îlien.
Car, comme la plupart de ses compagnons, il savait qu'un mage peut avoir des façons subtiles de dire la vérité, qu'il peut même la garder pour lui, mais que s'il dit une chose, cette chose est telle qu'il l'a dite. Car c'est cela qui en fait un maître.
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