Après "La Ronde des innocents" paru l'an dernier, "Les cendres froides" est le second roman de l'écrivain français Valentin Musso, frère du célèbre Guillaume du même nom.
En triant les affaires d' "Abuelo", son grand-père tout juste décédé, Aurélien Cochet découvre au milieu de centaines de bobines un film réalisé dans les années 1940 montrant son aïeul en compagnie d'un lieutenant SS et de jeunes femmes de type aryen, visiblement toutes enceintes.
Sous le choc de ces images lourdes de sens, Aurélien compose le numéro de téléphone mentionné sur la bobine et rencontre Héloïse Tournier, une étudiante qui prépare une thèse sur les lebensborn.
Tous deux tenteront d'éclaircir le rôle joué par Abuelo au sein de ces anciennes maternités nazies ayant pratiqué la sélection raciale en vue d'offrir des enfants au Fuhrer.
Au même moment une octogénaire, Nicole Brachet, est retrouvée morte à son domicile. A la thèse initiale du homejacking succède celle du meurtre...
Lorsque ce roman m'a été proposé, je m'y suis montrée réticente en raison de la filiation de l'auteur avec Guillaume Musso, écrivain qu'on ne présente plus et dont je ne suis pas vraiment la plus grande fan...
Mais tout auteur ne mérite-t-il pas sa chance ?
A l'arrivée du livre dans ma boîte aux lettres, j'ai été surprise de constater qu'aucune mention de Guillaume Musso n'apparaissait en couverture et qu'en plus, le roman avait été publié par les Nouveaux Auteurs, une maison d'édition qui ne publie que les titres plébiscités par les lecteurs de leur site.
J'ai donc apprécié que l'auteur ne se serve pas du succès de son frère en vue d'une publication (même si bien sûr tous deux partagent le même nom de famille).
J'ai ensuite entamé ma lecture pour ne plus la quitter des yeux.
Le point fort de ce thriller est qu'il prend pour toile de fond un aspect un peu plus méconnu des pratiques nazies : les lebensborn.
Créées à l'initiative de Gregor Ebner, médecin personnel d'Himmler et spécialiste de la sélection raciale, ces maternités furent installées dans les pays occupés par l'Allemagne durant les années 40.
Elles abritaient bon nombre de femmes qui, ayant eu une aventure avec un SS et craignant de s'exposer au désaveu de leurs familles, étaient prises en charge et choyées tout au long de leur grossesse. En contrepartie, celles-ci acceptaient de confier ensuite leurs bébés en vue d'une adoption par des familles allemandes pure souche.
A partir de ce fait historique, Valentin Musso a construit une intrigue qui repose sur un lourd secret de famille que le héros principal, Aurélien Cochet, appuyé par une spécialiste des lebensborn, tente de percer malgré les nombreuses menaces et attaques qui pèsent sur lui et sa famille (mais aussi son chat, eh oui les animaux domestiques ont toujours la vie dure dans les thrillers !).
Au détour de chapitres courts, entre présent et flash-backs, l'auteur parvient à distiller savamment les nouveaux éléments découverts au fil de la quête d'Aurélien pour stimuler la curiosité du lecteur.
En revanche, du côté de l'enquête criminelle sur le meurtre de Nicole Brachet, ça n'avance pas beaucoup.
C'est bien là la seule chose que je reproche à ce roman, une différence de rythme flagrante entre les recherches d'Aurélien et la progression des policiers qui semblent se cantonner à une enquête de routine sur un véhicule suspect.
Il faut dire que la police ne dispose que peu d'éléments au départ, là où Aurélien détiendra le fin mot de l'histoire.
Bien que le récit soit centré autour d'Aurélien, j'ai trouvé les autres personnages bien brossés, chacun ayant son rôle à jouer, à l'exception d'Héloïse qui semble toujours en retrait malgré son aide précieuse.
Dans l'ensemble, "Les cendres froides" m'a énormément fait penser, jusque dans sa dernière ligne, au roman "Elle s'appelait Sarah" de Tatiana de Rosnay.
Au détour d'une double quête, historique et personnelle, l'auteur examine avec soin la difficulté de se construire en creux d'une histoire familiale sinueuse et l'impact psychologique que peut provoquer la découverte d'un secret dissimulé par plusieurs générations.
Bien documenté, ce roman nous en apprend davantage sur les dessous de la politique eugéniste nazie.
A tenter !
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