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Critiques de Valeria Luiselli (44)
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Des êtres sans gravité

Des êtres sans gravité est le premier roman de cette auteure mexicaine qui avait déjà publié un essai. C’est une lecture que j’ai peu apprécié, la trouvant cryptique, voire confuse. Je lui reconnais un bon niveau d’écriture et une originalité dans la teneur, mais le résultat final ne m’a pas intéressé du tout. Heureusement qu’il y a pas mal d’humour, ce qui a facilité la lecture jusqu’au bout.



LE SUJET : une auteure souhaite écrire un livre sur le poète mexicain Gilberto Owen ayant vécu à New York vers les années 1920. En même temps cette auteure écrit sur sa propre vie comme traductrice, autrefois, à N. York, une vie assez bohème et très libre. De plus elle écrit aussi sur sa vie actuelle de femme mariée et mère de famille à Mexico, sur ses difficultés pour écrire dans un contexte de vie familiale.



Peu à peu les entités de l’écrivaine et du poète vont s’estomper dans une espèce de sfumato que Luiselli appelle « une fantomisation », les personnages paraissent moins réels et l’auteure perçoit « le fantasme » du poète dans le métro new-yorkais à plusieurs reprises.



Le récit est totalement fragmenté, sans chapitres et avec une superposition de séquences narratives apparaissant comme un puzzle, lequel, peu à peu, reconstitue le texte. Au fil du temps ce texte devient complexe, plus éthéré, à tel point, que dans certains paragraphes je n’arrivais pas à deviner qui était le narrateur.



Il se peut que ce soit un style narratif novateur, mais pour moi ce livre s’approche du roman expérimental.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Des êtres sans gravité

Où s’arrête la fiction et où commence la vérité ? Ou bien l’inverse. Une problématique vieille comme la littérature dont les auteurs aiment s’approprier toutes les subtilités, mise en abyme comprise. Dans le genre, la jeune romancière mexicaine Valeria Luiselli est particulièrement douée. Dans Des êtres sans gravité, ses intrigues sont excessivement poreuses, de plus en plus à mesure que le livre avance. Une ménagère à Mexico qui écrit un roman sur son existence quelques années plus tôt à New York. Travaillant pour un éditeur, elle découvre le poète mexicain Owen qui a vécu la bohème d’une vie américaine au côté de Garcia Lorca, entre autres . Elle comble les vides et lui invente un quotidien et des pensées intimes. Et puis, c’est le poète lui-même qui prend le relais et raconte … Bref, ça a l’air compliqué mais la souplesse de l’écriture de Valeria Luiselli rend l’entreprise plus qu’agréable à condition de se laisser aller et de dériver sans se poser (trop) de questions. Un talent prometteur que cette jeune romancière
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Desierto sonoro

L’autrice nous emporte dans 2 histoires plutôt qu’une:



D’une part, celle d’une famille new-yorkaise qui part vers le sud, vers la frontière avec le Mexique. Les parents travaille à étudier « les disparus » des 1eres nations, et aussi « les enfants disparus » migrants qui proviennent de l’Amérique centrale et traverse la frontière

.

D’autre part, on suit un groupe d’enfants migrants qui traversent la frontière MEX-USA vers le nord.



Deux histoires qui, au fur et à mesure du roman, tout lentement, tout doucement, se rapprocheront.



La 1ere partie de l’oeuvre est relatée par la mère de la famille new-yorkaise. La 2e par le fils, de 10 ans, de cette même famille.



Un roman surprenant, attachant, qui joue avec les styles et, de plus, avec habileté.
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L'histoire de mes dents

Durant toute ma lecture j'ai été complètement perdue face au personnage atypique de Grandroute. Devais (pouvais-je ?) m'y attacher ou non ? Était-il un vieux fou ou un pauvre type ? Quelles mésaventures allaient-ils bien pouvoir encore lui arriver ?

Au départ, j'ai eu bien du mal à me sentir concernée par le récit de son enfance, de ses différents métiers mais comment comprendre quelqu'un sans connaître son histoire ? Alors je me suis accrochée, j'ai laissé défiler les pages jusqu'à ce qu'il devienne enfin commissaire-priseur. Un drôle de commissaire priseur à vrai dire mais qui semble t-il est le meilleur de tous. Puis vient l'achat de ses dents, de ses nouvelles dents, lui qui les avait toujours eu pourries. Puis vient la vente aux enchères de ses dents et l'énorme mensonge qui va avec. Puis viennent les étranges retrouvailles avec son fils. A chaque instant je me suis sentie comme sur un fil, attendant que l'histoire décolle, que je comprenne enfin où l'auteur voulait en venir et la délivrance a eu lieu au tout dernier chapitre, lorsque Grandroute cesse de raconter son histoire et qu'un nouveau personnage prend la parole. Alors tout se dénoue et l'on comprend à quel point nous avons été dupé. Si j'ai été très partagée sur les chapitres précédents, ce tout dernier m'a enchantée ! A lui seul il dit bien des choses sur le pouvoir des objets, sur la solitude aussi, sur la manière dont une histoire peut changer du tout au tout en fonction de la personne qui la raconte.

Voilà un style de littérature bien différente de ce que j'ai l'habitude de lire et rien que pour cela je suis heureuse d'avoir lu ce livre car c'est une totale découverte et c'est ce que j'aime par dessus tout ! C'est très bien écrit mais j'avoue tout de même que j'ai été un peu abasourdie par tant d'absurdité.

Un grand merci aux éditions de l'olivier pour cette découverte.
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L'histoire de mes dents

Comme j'aime les ouvrages atypiques, celui-ci m'a particulièrement plu. Et ce qui est encore mieux, c'est que c'est à la fois l'histoire ET le style de l'écrivain qui sont originaux! Dès les premières pages, je me suis sentie embarquée tambour battant, de manière pétillante et intelligente, marrante et subtile, en bref j'ai été séduite au premier regard! Le rythme est soutenu et ne laisse pas de répit! Du côté de l'histoire, on suit un personnage principal, "le meilleur commissaire-priseur du monde", lancé dans une fuite en avant vers le profit, guidé par la recherche du meilleur moyen d'extorquer encore plus d'argent à ses clients, avec le plus de panache possible. Une idée saugrenue concernant ses dents, alliée au pouvoir de l'hyperbole, va l'entraîner dans une situation imprévue. Très tôt dans le roman, l'absurde s'invite dans tous les interstices, il faut l'accepter, sous peine de passer à côté du livre! Le chapitre final donne le sens à l'ensemble, et éclaire les errances hyperboliques précédentes. Il est vrai que les longues diatribes farfelues du personnage principal me sont apparues lassantes à un moment du récit, mais il faut passer l'étape car l'auteure sait mener sa barque et la chute vaut le détour! J'ai beaucoup aimé le travail de l'écrivaine, qui sait dépasser l'histoire qu'elle raconte, et sait manipuler son récit comme une œuvre plastique et malléable. Une histoire qui fait également réfléchir sur les objets et le sens qu'on leur donne, sur la variabilité de nos perceptions, sur l'importance du contexte et sur les possibilités infinies des interprétations des uns et des autres... A découvrir!
Lien : https://lorenaisreadingabook..
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L'histoire de mes dents

Nous suivons Gustavo « Grandroute » Sanchez, vendeur de dents de célébrités aux enchères, pour ainsi dire sous forme de performance, liée à l’histoire de sa propre dentition, en arrière-plan une ville de seconde zone du Mexique.

J’ai aimé l’originalité de l’emplacement où l’action de déroule, du sujet, des personnages, du déroulement de l'action et ai beaucoup aimé les ‘annotations’ en fin de livre avec incursion d’art contemporain ainsi que l’humour omniprésent.

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L'histoire de mes dents

Gustavo Sanchez Sanchez, dit « Grandroute », autoproclamé meilleur commissaire-priseur du monde.raconte aux pauvres lecteurs que nous sommes comment il est venu à exercer ce métier et comment il a abouti à un morceau de bravoure totale à savoir la vente aux enchères de ses propres dents, qu'il fait passer pour des dents d'illustres grands hommes.Il se fait retirer r toutes ses dents pour les mettre aux enchères en faisant croire qu’elles appartiennent à différentes figures historiques, de Platon à Virginia Woolf.



Farce complètement farfelue et rocambolesque autour d'un personnage qu'il est tout autant, ce texte écrit par une jeune romancière mexicaine vivant à New York n'est jamais linéaire et facile à appréhender.



Un style et un projet aussi atypique que cynique et drôle, qui pourra dérouter un lecteur peu habitué à ce genre de littérature.



A l'origine, comme Valéria Luiselli l'explique dans une post face, cette histoire une commande pour une exposition et a fini par devenir une réflexion le sens et la valeur des objets, et plus profondément l’attachement sentimental aux objets quotidiens. De même on apprend que le livre a largement évolué entre la première parution ( édition en espagnol) et les suivantes ( édition en anglais), la romancière ayant utilisé des éléments qu'on lui a donné au gré de rencontres et ateliers pour faire évaluer certains de ses personnages et même construire des arbres généalogiques dans le roman, qui n'existaient pas à l'origine.



Cette réflexion, qu'on peut voir comme une critique de l'art contemporain, rend, une fois qu'on a pris connaissance de ses éléments, la fantaisie de départ plus profonde et moins gratuite que prévu et font de cette histoire de mes dents un objet aussi déroutant que prenant et certainement l'un des OLNI ( objets littéraires non identifiés) les plus marquants de cette rentrée littéraire 2017 .


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'histoire de mes dents

Ce court livre a été écrit environ 5 ans avant le fabuleuse ‘Archive des enfants perdus', et on peut dire qu'il s'agit d'un livre expérimental à bien des égards. Dans sa postface, Luiselli explique que c'est le fruit d'une interaction avec un club de lecture de travailleurs mexicains. Il peut être préférable de le savoir avant de commencer la littérature. Car le livre lui-même a ainsi pris la forme d'une installation, après les sculptures qui sont devenues à la mode au XXe siècle et qui tentent de combler le fossé entre les histoires et la matière. Luiselli semble essayer quelque chose de similaire avec un livre plein de références métafictionnelles, mais qui donne en même temps l'impression que tout cela n'est qu'un jeu.



Le roman est basé sur la curieuse vie de Gustave Sanchez Sanchez, surnommé Grandroute ; curieuse vie en effet, du moins dans les premiers chapitres, où l'on entend Gustave interpréter un monologue grandiose et raconter l'improbable histoire de sa vie. Ses dents tordues y jouent un rôle symbolique et matériel important. Comme je l'ai mentionné, Gustave est vantard, un peu intello (avec une accumulation de clins d'oeil aux grands de la littérature et de la philosophie) et dans l'ensemble plutôt espiègle, à la fois dans le sens charmant et répugnant (y compris un biopic de Luiselli elle-même).



À la fin, il y a un rebondissement un peu prévisible dans lequel on voit un autre narrateur éclairer la vie de Gustave d'un tout autre jour, qui s'avère beaucoup moins grandiose. Une dernière série de photos en noir et blanc (Sebald ?) et une chronologie tentent de donner à l'histoire de Sanchez une apparence pseudo-objective.

Comme mentionné, cela semble être une expérience d'écriture qui veut principalement raconter une histoire métafictionnelle, dans un sens postmoderne ; les nombreuses devises avant chaque chapitre portent presque toutes sur la relation problématique entre signe et signifié ; ça en dit assez. En même temps, Luiselli fait de son mieux pour percer le contenu intellectuel de son roman. Au moins pour moi, c'était amusant et intrigant au début, mais après un certain temps, la magie s'est dissipée.
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L'histoire de mes dents

Je ne suis peut-être pas le bon public pour ce genre de roman, oscillant entre absurde et allégorie. J'ai trouvé ça grotesque. Même pas drôle. Pourtant à la base, l'idée n'était pas mauvaise..
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L'histoire de mes dents

Je n’aime pas trop les dents.

J’ai la trouille des dentistes (mais violemment hein),

Et les nouvelles de Poe qui en parlent me terrifient.



Alors ce drôle d’ouvrage avec des gravures de dents en couverture : ce n’était pas pour moi.

Et puisque ce n’était pas pour moi, il fallait que je le lise !

Comment ça je ne suis pas logique ?



Alors un jour, dans le train, je m’y suis plongée.

Cet homme, commissaire-priseur naze, finit par vendre des dents en fabulant autour de leur histoire. Cet homme monstrueux qui se perd dans sa propre histoire m’a tout simplement fascinée.

Il est laid et fantoche, sincère et menteur, fuyard, trouillard, et attachant. Drôle de nabot !



Le retournement final m’a scotchée. Mais par politesse je n’en dirai rien !



En prime on a tout un pan de documentation à la fin du volume : notamment des chronologies ultra précises qui, bien que surprenantes, appuient merveilleusement le récit.



Ce texte est étrange, drôle et porté par une langue fluide et souriante, souvent moqueuse.

C’est vraiment une très belle découverte pour moi !
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L'histoire de mes dents

Ce livre est né de la commande véridique d'une entreprise de jus de fruits, le groupe Jumex qui finance parallèlement à son activité commerciale une galerie d'art du même nom installée dans une banlieue déshéritée de Mexico. L'auteur, Valeria Luiselli, a créé son personnage, Grandroute, avec la collaboration d'employés de l'usine réunis hebdomadairement dans un atelier de lecture improvisé. La progression de son histoire a tenu compte des réactions de ces ouvriers-lecteurs au fur et à mesure que des épisodes du roman leur étaient livrés. Grandroute, le héros, après avoir végété de nombreuses années dans un emploi de gardien de sécurité, est soudain devenu commissaire priseur après avoir effectué un stage aux Etats Unis. Mais un commissaire priseur d'un genre particulier. En effet il collectionne les objets les plus hétéroclites, dont certains proviennent même d'une décharge privée, et les revend aux enchères en attribuant leur possession à des auteurs célèbres de la littérature mondiale, tels que Unamuno, Virginia Woolf et bien d'autres. Il crée à leur propos des anecdotes qui stimulent l'imagination du public des salles de vente et parvient à amasser une fortune considérable. Cela va-t-il durer, et dans quelles aventures cocasses notre personnage va-t-il s'embarquer ?

Ce roman ressemble à une parabole : le post-capitalisme ne finit-il pas par vendre du vent, et ne devrait-il pas tout aussi bien se reconvertir dans les productions immatérielles que constituent les belles histoires ? L'histoire m'a d'abord déconcertée, mais elle ne manque ni d'intérêt, ni d'originalité. Elle est même furieusement inventive quant au fond et à la forme : elle s'apparente dans le domaine de la littérature à ce qu'est la performance dans celui de l'art.
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L'histoire de mes dents

C’est d’abord la couverture qui vous intriguera : « L’histoire de mes dents » de Valeria Luiselli, publié chez L’Olivier, est aisément reconnaissable aux dessins de molaires et canines surmontés du nom de leurs illustres ‘propriétaires’ (Platon, Borges…)…le contenu du livre est au diapason, décalé, hilarant, audacieux !

Gustavo ‘Granroute’ Sanchez est ‘le meilleur commissaire-priseur du monde’; par conséquent il peut vendre avec un bagou incroyable à peu près n’importe quoi, à commencer par ses dents, qu’il met aux enchères dans une église, en laissant croire qu’elles sont issues de bouches célèbres. Mais son fils, Siddhârta, présent lors de la vente, est déterminé à s’emparer des collections de son père.

Oublions l’Histoire, qui n’est finalement que l’objet du Livre I , et concentrons-nous sur les intitulés des livres II à VII : ‘Les Hyperboliques’, ‘Les Paraboliques’, ‘Les Allégoriques’, etc. On comprend alors qu’on est face à un brillant exercice de style, illustré dans chaque chapitre par d’innombrables petites histoires formant le tissu du roman. Certes savoureuses et souvent très drôles, ces digressions nuisent cependant un peu à la cohésion de l’ensemble. Par ailleurs, le témoignage de Gustavo, qui occupe la majeure partie du livre, laisse la place à celui de son ‘disciple’ Voragine, qui a sa propre version des faits, et finalement à l’auteur, qui dévoile encore un autre niveau de lecture. Personnellement, j’y ai vu surtout une ode fantaisiste à l’éternelle puissance des histoires.

Afin de poursuivre la déambulation, suivez le lien :
Lien : http://bit.ly/2vAc2Zt
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L'histoire de mes dents

Vous l'aimerez ou vous ne pourrez pas le finir, mais je gage que cet "essai-roman" ne vous laissera pas indifférent.

Gustavo "Grandroute" Sanchez devient par les hasards de la vie un commissaire-priseur. Ou plutôt un vendeur de tout et de rien, à condition qu'il s'enrichisse.

Un passé chaotique (un peu par sa faute, comme le montrent ses choix), une large propension à citer un certain Napoléon (pas Bonaparte, l'autre), et une péripétie très bizarre (coulrophobiques, s'abstenir), notre imitateur de Janis Joplin nous interroge sur notre rapport aux objets, à la valeur de l'art contemporain et à celle du poids des figures historiques.

En conclusion, parfait si vous aimez l'absurde !
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L'histoire de mes dents

Déjà traduit dans une vingtaine de langues, un roman complètement farfelu qui nous fera parfois sourire de toutes nos dents.
Lien : http://www.journaldequebec.c..
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L'histoire de mes dents

Voilà un livre atypique et farfelu, pas désagréable mais qui laisse un goût pour le moins étrange.



On suit les aventures de Grandroute. Celui-ci est atteint de collectionnite aigüe depuis l’enfance (ongles, pailles, tout y passe) et souffre d’un complexe concernant ses dents. Il se découvre sur le tard une passion pour la vente aux enchères et devient commissaire-priseur. Il invente des méthodes de vente originales et il décide un jour de vendre ses propres dents en les faisant passer pour celles de personnages célèbres.



Si j’ai trouvé ce début assez amusant bien que déroutant, j’ai nagé dans la perplexité par la suite. C’est une plongée dans l’absurde le plus total. J’ai hésité entre un rire franchement nerveux et une envie d’envoyer le livre en l’air en hurlant au foutage de gueule. Le récit tourne à l’exercice de style, sûrement brillant mais très agaçant. Cela devient une succession de digressions, un étalage de références littéraires, d’extraits de textes, de mots en chinois, latin ou russe et de phrases sans queue ni tête qui semblent tout droit sorties d’un cadavre exquis.



Je suis têtue, j’ai continué à lire pour voir jusqu’où tout ça pouvait bien aller. Et voilà que la dernière partie et la postface apportent un nouvel éclairage sur tout le récit ! L’ensemble prend alors un tour beaucoup plus ironique et devient une réflexion sur l’intérêt qu’on porte aux objets, à la valeur qu’on leur accorde en fonction des histoires qu’on nous raconte sur ces objets et qui influencent nos perceptions. On découvre alors une mise en abyme du récit puisque, de la même manière, on porte un regard différent sur le texte après avoir lu les histoires qui l’entourent. Que ce soit une œuvre d’art ou ce livre, le sens qu’on lui donne dépend de ce qu’on nous en raconte et c’est plus l’esprit de l’œuvre que l’œuvre elle-même qu’on achète ou qu’on lit. Car, en fait, le réel ne nous suffit pas, personne ne s’en contente et nous aimons tous qu’on nous raconte des histoires.



Ce texte a donc finalement une démarche assez intéressante. Il semble placer la littérature dans l’art contemporain et donne l’impression de mettre le lecteur au cœur d’une expérience. Je dois dire que je ne sais pas encore vraiment ce que j’en pense. En tout cas, il ne laisse pas indifférent.

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L'histoire de mes dents

Un écrit d'une rare fantaisie ! On pourrait dire que c'est un peu tiré par les cheveux, mais Valéria Luiselli ne manque pas, au passage, de mordre à belles dents dans l'existence de certaines grandes figures de notre patrimoine culturel.

Un moment de lecture peut-être pas sérieux-sérieux au regard de certains lecteurs, mais carrément jubilatoire.
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L'histoire de mes dents

Ce livre, commande pour une exposition dans la galerie d’art d’une usine de jus de fruit à Ecatepec, dans un quartier pauvre de Mexico, est le résultat d’une collaboration entre l’écrivain et un groupe d’ouvriers de l’usine. En cela, il constitue déjà une œuvre particulière et intéressante.



Le héros est un sympathique escroc à la petite semaine, ancien portier de l’usine de jus de fruit et actuellement commissaire-priseur de son état, possesseur des dents de Marylin … et inventeur de théories sur le discours des commissaires-priseurs. L’atmosphère est très bien rendue et rappelle les romans de Céline et le très beau « Amores Perros » d’Inarritu. Le tout est parsemé de clins d’œil à Sartre, Proust, Montaigne, Quintilien, …



Malheureusement après ce début déjanté très réussi, le roman s’essouffle et j’ai dû m’accrocher pour terminer cette histoire. Et donc impression mitigée …

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L'histoire de mes dents

Roman qui se veut résolument original dans sa structure, sa présentation et son histoire. Je m'y étais plongée sur conseil de ma libraire et vu la référence à Vila-Matas (encore lui !) au quatrième de couverture.



C'est largement trop déjanté pour moi, je n'ai pas ris ni même souri, mais j'ai apprécié cette recherche de style pour sortir des sentiers battus. J'aime tellement peu les romans construits avec algorithmes ou lorsque l'on sent les études à l'américaine de "creative writing" dans la trame convenue de beaucoup trop de romans aujourd'hui que je souligne grandement ce genre de tentatives.
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Raconte-moi la fin

Dans un essai coup-de-poing, Valeria Luiselli retrace le parcours de migrants mineurs venus d’Amérique centrale et du Mexique pour entrer aux Etats-Unis.
Lien : http://next.liberation.fr/li..
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Raconte-moi la fin

DITES-MOI COMMENT CELA SE TERMINE



L'ouvrage aurait pu s'intituler : comment vivent les gosses latinos et réfugiés aux États-Unis ? Une question pertinente et actuelle depuis l'arrivée du grand humaniste Trump à la Maison-Blanche avec son idée géniale d'un énorme mur entre son pays et le Mexique. C'est la question à laquelle Valeria Luiselli se propose de répondre. Et pour le faire est s'est portée volontaire comme interprète-traductrice au tribunal de l'immigration de New York City.



Le livre "Tell Me How It Ends", que l'on pourrait traduire par "Dites-moi comment cela se termine", vient de paraître en anglais et en espagnol. Qu'une version française suivra est sûre et bien pour 2 raisons : le sujet est à la fois trop important et original, d'où son succès non seulement outre-Atlantique, mais aussi déjà outre-Manche et la jeune Valeria Luiselli n'est point une inconnue en France. En effet, ses oeuvres précédentes "Des êtres sans gravité" et surtout "L'histoire de mes dents" ont été chaleureusement accueilli chez nous. L'histoire de ses dents a été couronné du Prix du meilleur livre de fiction par le Los Angeles Times, il y a 2 ans, ainsi que du Prix Azul au Canada. Par ailleurs, ses livres ont été traduits dans plus de 20 langues.



Valeria Luiselli est née à Mexico City en 1983 et a passé une bonne partie de sa jeunesse en Afrique du Sud. Après des études de philosophie dans sa ville natale, elle a étudié la littérature comparative à l'université de Columbia à New York. Dans le "Big Apple" - pour employer le surnom de New York - elle enseigne à présent la littérature et donne des cours d'écriture créative. Notre Valeria est l'épouse de l'écrivain mexicain Alvaro Enrigue (°1969), auteur de "Hypothermie", "Vies perpendiculaires" et plus récemment "Mort subite".



Le sous-titre de l'ouvrage "An Essay in Forty Questions", se rapporte aux 40 questions du formulaire standard du tribunal de l'immigration que ces enfants sont supposés remplir, s'ils veulent éviter un renvoi immédiat. Comme la grosse majorité ignore l'anglais, c'est là qu'interviennent des volontaires comme notre Valeria. Une tâche pas simple, car comme l'indique l'auteure pour les mômes leur histoire ne connaît ni début, ni fin.

Si, certaines questions sont évidentes et logiques, comme "Pourquoi es-tu venu aux États-Unis ?" et "Avec qui es-tu venu ?", d'autres le sont beaucoup moins, telle "À quel endroit exact as-tu passé la frontière?" Même des questions apparemment simples comme "Où sont tes parents ?", ne peuvent recevoir de réponses pour la simple raison qu'ils n'en ont aucune idée, puisqu'ils se sont enfuis de chez eux.



Beaucoup de gosses voyagent cachés à bord de trains à marchandises, comme celui qui relais Tapachula dans le Chiapas en passant par Ciudad Juárez à El Paso au Texas, surnommé "La Bestia", qui a causé la mort à des milliers d'entre eux, ou duquel ils sont sortis physiquement blessés à vie. D'autres enfants essaient de traverser le désert à pied et espèrent rencontrer "un migra" ou agent de la patrouille des frontières (Border Patrol), qui les mettra dans un centre de détention, surnommé "hielera" ou icebox, nom dérivé du sigle ICE (Immigration and Customs Enforcement).



Ceux qui sont moins chanceux deviennent des "bones in the desert" (des os dans le désert), sont violés, ce qui est le cas de 80% des filles, capturés et employés comme esclaves ou recrutés par des gangs pour le trafic de drogue. S'ils ne font pas l'objet de parties de chasse organisées par des rustres criminels locaux, soit comme sport, soit parce qu'ils ont horreur de ces petits basanés ! Bref, les risques et horreurs sont multiples et défient l'imagination.



J'arrête là ma petite description, tout en insistant sur le fait que Valeria Luiselli a signé une oeuvre qui combine une documentation solide avec une approche admirablement compatissante. Elle ne s'est pas pour rien portée volontaire pour un job qui doit être au point de vue humain foncièrement triste. Et frustrant, si un gosse pour qui elle a fait tant d'efforts est purement et simplement renvoyé par décision de l'un ou l'autre officier du tribunal des immigrés.



Ce qui depuis l'avènement du président-au-grand-coeur au pouvoir, arrive évidemment de plus en plus souvent. À ce point qu'un critique professionel a qualifié l'ouvrage comme : "Le premier livre à lire obligatoirement sur l'ère Trump". Et c'est aussi mon avis.





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