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Citations de Valérie Toranian (128)


L'entreprise d'extermination totale passe par là déshumanisation des victimes : faites-en des animaux ' hagards, prêts à tout pour survivre; ils oublieront qu'ils ont été des hommes et des femmes, ils perdront leur éducation, leurs valeurs, leur solidarité. Une fois qu'ils auront déserté l'espèce humaine, il n'y aura plus d'obstacle moral à les tuer. Vous ne vous attaquerez pas au genre humain. Vous ferez disparaître des êtres rampants.
Ma grand mère, drapée dans son admirable orgueil, son diplôme collé à la peau, refusait de devenir la bête qu'ils voulaient qq'elle devienne (page 214)
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Je suis arménienne, je suis issue de la même souche à malheurs que ma grand-mère et notre style, c'est de souffrir en silence. Chez nous, la joie est éphémère et le bonheur suspect.
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Un bébé, ça ne doit pas pleurer. Tu le berces jusqu'à ce qu'il dorme. Ou tu le prends dans tes bras. Il finira bien par s'endormir… C'est honteux de laisser pleurer un enfant comme ça. Je vais lui chanter une chanson. Tu devrais lui chanter des chansons.
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Les journaux, ça ne rapporte pas d'argent. Ton grand-père, ma fille, il faisait de la politique et il jouait aux cartes. Le jeu, c'est la main du diable.
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On peut revenir de l'enfer, de la mort, de la faim qu'on trompe en mangeant de l'herbe accroupie comme une bête, on peut revenir de la malaria, du typhus, on ne se remet pas d'être une mauvaise femme.
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Certains hommes sont sensibles aux larmes des femmes.
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Lorsqu'on n'a plus rien, on est seulement riche de sa respectabilité et de son honneur.
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Mon père avait en ligne de mire la bretelle de mon soutien-gorge qui dépassait légèrement de l'encolure de mon pull. Ces trois centimètres de tissu élastique l'indisposaient tellement qu'il était non seulement perturbé dans son dîner, mais incapable de s'adresser à moi directement pour me faire rectifier la position de la bretelle. Prononcer le mot soutien-gorge à table était déjà une obscénité. Le dire à sa propre fille était une abomination.
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Si mon père regardait la télévision avec nous, la sanction pour un baiser était l'extinction immédiate du poste. Une véritable commission de censure. Combien de fois me suis-je surprise à espérer qu'aucune scène d'amour ne vienne se glisser dans le film, afin que nous ayons une chance de suivre l'intrigue jusqu'au bout ?
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Nous sommes un troupeau résistant qui n'a jamais démérité malgré les épreuves, depuis que nous avons adopté le christianisme comme religion d'État au IVe siècle. Chez nous, les brebis ne s'égarent pas, elles se pressent les unes contre les autres parce que, quitte à affronter les loups, mieux vaut avoir chaud tous ensemble.
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Toute saga familiale possède ses scènes primitives qui soudent le clan autour d'une destinée commune. Mon père nous a cloué l'Arménie dans la tête. Tels les stigmates du Christ, les récits de l'horreur sont désormais gravés dans nos chairs tendres, prêts à refaire surface. Ils coulent dans nos veines, s'installent dans l'os, le mou et le gras, dans la moiteur de nos entrailles. Ils vont devenir nos compagnons de route.
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Dans le paradis du temps d'avant, les femmes ne travaillent pas. Elles font tourner les maisons, élèvent les enfants, se reçoivent entre elles, sont éduquées et charitables envers les plus souffrants.
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La France des Lumières et des Grands Hommes est la patrie des esprits brillants, du bordeaux millésimé et des blondes aux yeux bleus, c'est définitivement le plus bel endroit sur terre pour grandir, s'instruire et se reproduire.
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Non seulement ma mère est blonde aux yeux bleus, mais elle est tellement française que le français, elle l'enseigne, y compris dans ses racines les plus anciennes, et qu'elle pousse la vertu jusqu'à en faire son blason personnel, puisqu'elle s'appelle Françoise. J'ai toujours pensé que tous ces critères réunis ont fait de ma mère un objet de convoitise absolu pour mon père. L'épouser, pour lui, le métèque aux cheveux crépus, c'était plus qu'épouser une beauté froide hitchcockienne, un fantasme de cinéma : c'était épouser la France, sa culture, son rayonnement, sa gloire. Une femme idéale, une Française idéale, une Françoise.
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Mon amour de la lecture me vaut le respect des deux camps et l'approbation sans limite de ma mère qui ne s'immisce pas dans mes choix mais suggère de nouvelles pistes. Amoureuse du XVIIe siècle, elle a cependant la sagesse de m'initier d'abord au XIXe. Le siècle de la passion et du tragique. J'y suis comme un poisson dans l'eau. Il réconcilie l'excellence de la langue française (ma mère) et le souffle épique des destins malheureux (ma grand-mère).
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Un ridicule petit cours d'eau, même pas bon à faire boire les bêtes, juste de quoi transformer la terre en boue et attirer des légions de moustiques. Mais l'eau, pour une colonne de déportés, c'est la vie. La denrée la plus rare, la plus convoitée, la plus chère, aussi, puisque les Tcherkesses sur le chemin leur vendent le verre d'eau jusqu'à cinq kurush.
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Ma jupe est une grosse cloche marron rembourrée, avec des torsades tricotées en relief, la doublure dépasse d'un centimètre, j'ai l'air d'un tonneau de cidre. Intérieurement, je vis un martyre.
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L'abnégation a ses limites. Je reste intransigeante pendant plusieurs semaines. Mais, petit à petit, mes forces faiblissent. Cette jupe est une tache de caramel sur ma conscience. Chaque fois que j'ouvre la penderie, elle me saute aux yeux comme un reproche vivant. Je pense au nombre d'heures de travail de ma grand-mère, je sais qu'elle guette chacune de mes apparitions en espérant secrètement que cette fois-ci j'étrenne sa jupe. Je pourrais tricher, la porter uniquement le dimanche (ce que je fais parfois). Mais cela ne suffit pas. Elle attend de moi une preuve d'amour : que je mette la jupe pour aller au lycée, que mes amies et, qui sait, mes professeurs, la remarquent, que je sois fière de porter ses couleurs, ses pelotes de tendresse qui me grattent malgré la doublure.
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Le jean, qu'on appelle encore blue-jean, est ainsi considéré dans ma famille comme une fantaisie, voire un caprice ; je devrai batailler dur pour que ma mère consente à m'en acheter un à treize ans révolus, après que j'ai accepté, la mort dans l'âme, de garder le latin et le grec en classe de quatrième en plus de mes deux langues vivantes.
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Sur l'écran de télévision, Samantha fronce son ravissant petit nez de Sorcière bien-aimée, aux yeux bleus et au brushing impeccable. Je la vénère. Ma grand-mère s'ébahit de ses mimiques. Le merveilleux nous unit.
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