AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Valérie Toranian (128)


Elles flottent dans leur vie comme dans des vêtements trop grands, chaque jour est un cadeau empoisonné, un piège à souvenirs. Même la fièvre de Marseille ne réussit pas à les distraire de la maladie de leur âme trop pleine du vide de ceux qui manquent.
Commenter  J’apprécie          150
Dans chaque bouchée, il y a des tonnes d'amour que j'ai gardées au chaud...

Et je t'attache à moi par tes papilles, par ton petit ventre dodu d'enfant qui n'a jamais connu la faim, et tous ces gâteaux, c'est ma revanche sur la vie, ou plutôt sur la mort...

Et je t'attache à moi par le sucre et le sel, par ses épices douces-amères dont ta mère ignore même l'existence, et à chaque nouvelle bouchée je te fais mienne aussi sûrement que ta mère t'a fait sienne lorsqu'elle t'a sortie de ses entrailles en poussant un grand cri.
Commenter  J’apprécie          142
Observant Mariam, il cherchait dans ses traits le souvenir de ceux qui l'avaient précédée et n'étaient plus là.
Commenter  J’apprécie          144
Je voudrais être juive parce qu'on parle du génocide des Juifs dans les livres, dans les films et dans les débats des Dossiers de l'écran sur Antenne 2, et que c'est rassurant d'être une victime reconnue. Le fait que les Turcs refusent jusqu'à aujourd'hui de reconnaître le génocide des Arméniens rend fou. Ce serait comme dire aux descendants des Juifs dans une Europe où les nazis auraient gagné la guerre : il ne s'est rien passé, c'était la guerre et ses dommages collatéraux et vous avez émigré pour aller faire fortune ailleurs. Il y a presque autant de preuves du génocide arménien que de l'holocauste juif. Elles sont dans les archives turques (dont l'accès libre est refusé aux historiens), dans les archives allemandes (en accès libre), dans les archives américaines (en accès libre également). Mais la Turquie refuse, gouvernement après gouvernement, depuis Mustafa Kémal, de reconnaître ce crime de son passé et fait pression pour empêcher les Arméniens d'en faire état.
Commenter  J’apprécie          140
Les gens ne connaissent pas plus la Turquie que l'Arménie, ou plutôt autant la marche turque de Mozart que le papier d'Arménie dans les drogueries.
Commenter  J’apprécie          133
Il existe une compassion consensuelle face à l'innommable et à la souffrance.
Commenter  J’apprécie          134
La jolie femme fixe Astrig qui la fixe pareillement. On dirait que les deux jeunes femmes veulent se boire mutuellement les traits pour que le visage de l'une s'inscrive dans la mémoire de l'autre à tout jamais.
Commenter  J’apprécie          130
Dieu t'a fait un cadeau immense, Aravni, c'est de ne pas encore avoir d'enfant. Tu n'as pas eu à choisir entre le donner ou risquer de le voir crever dans tes bras. Alors, arrête de juger. Tu n'as pas plus de cœur que nos bourreaux si tu parles comme ça.
Commenter  J’apprécie          130
« Il ne faut pas penser à la vie d'avant, c'est du poison. Méliné disait toujours : « N'en parle pas, n'y pense pas et, à force, ta mémoire se fatiguera et tu ne t'en souviendras plus…  »
Commenter  J’apprécie          130
L'entreprise d'extermination totale passe par la déshumanisation des victimes : faites-en des animaux, hagards, prêts à tout pour survivre ; ils oublieront qu'ils ont été des hommes et des femmes, ils perdront leur éducation, leurs valeurs, leur solidarité. Une fois qu'ils auront déserté l'espèce humaine, il n'y aura plus d'obstacle moral à les tuer tous. Vous ne vous attaquerez pas au genre humain. Vous ferez disparaître des bêtes rampantes. Ma grand-mère, drapée dans son admirable orgueil, son diplôme collé à la peau, refusait de devenir la bête qu'ils voulaient qu'elle devienne.
Commenter  J’apprécie          130
Comme les enfants qui ne se lassent pas d'entendre la scène augurale de l'histoire d'amour entre leurs parents, je rêve d'un chapitre romanesque pour ma grand-mère, un épisode qui la détache du tragique. Je voudrais équilibrer les émotions de la spectatrice que je suis. Je voudrais qu'au cœur du malheur surgisse un coucher de soleil sur le Bosphore.
Commenter  J’apprécie          120
L'érudition de ma mère et la noblesse de son métier me gonflent d'importance auprès de mes camarades. Non seulement ma mère est blonde aux yeux bleus, mais elle est tellement française que le français, elle l'enseigne, y compris dans ses racines les plus anciennes, et qu'elle pousse la vertu jusqu'à en faire son blason personnel, puisqu'elle s'appelle Françoise.
Commenter  J’apprécie          120
Ma grand-mère guette ce mot, tire-bouchon, qui la met toujours en joie, dispose amoureusement les biscuits dans une assiette et m'installe dans son petit salon. Son corps lourd, calé dans son fauteuil rouge, elle me grignote du coin de l'œil en savourant sa victoire.
Mange, mon tout-petit, mange. Dans chaque bouchée que tu enfournes, il y a des tonnes d'amour que j'ai gardées au chaud entre mes deux gros seins, et je t'attache à moi par tes papilles, par ta salive, par ta langue, par ton petit ventre d'enfant qui n'a jamais connu la faim, Dieu t'en préserve, et tous ces gâteaux, c'est ma revanche sur la vie, ou plutôt sur la mort.
Commenter  J’apprécie          120
Lorsque nous regardions la télévision avec ma grand-mère, ses commentaires radicaux pimentaient la soirée.
- Alène Deulonne, zérrro... ( Alain Delon zéro...)
...
Mais sa grande affaire était le sexe...Un couple qui s'embrassait : "Amot" ( Quelle honte!)
Si le baiser durait plus de deux secondes, elle passait au français pour bien nous faire comprendre sa désapprobation : " Dégoutanne ! " ( Dégoûtant)
Commenter  J’apprécie          110
Il y a ceux qui relativisent. "Oui, mais les Juifs c'était six millions, c'est tout de même autre chose qu' un million et demi."
Commenter  J’apprécie          110
Plus je me débats dans les explications pour tenter de convaincre, plus je deviens confuse, et plus je sens la méfiance de mon interlocuteur grandir.
Cette incrédulité m'accable, me révolte. Pis, elle me déstabilise. J'ai honte. Je perds pied comme si j'étais surprise en flagrant délit de récit imaginaire. Plus je ressens leur doute, moins je me sens victime et plus je me sens coupable. Coupable d'oser prétendre au statut de victime alors que je n'ai aucune preuve convaincante. Mon dossier est vide.
Commenter  J’apprécie          100
Son fils accroché à ses bras l'accrochait à la vie. Désormais, elle respire à vide.
Commenter  J’apprécie          100
Valérie Toranian
Je passe le plus clair de mon temps à quelques mètres de ses fourneaux. L'obsession orientale du gavage d'enfant et l'intense satisfaction qu'il nous procure à toutes les deux sont à l'origine de nos échanges. C'est par gourmandise que j'apprendrai mes premiers mots d'arménien, récités à toute allure : "Bonjour, comment vas-tu, un tire-bouchon s'il te plaît."
Le "tire-bouchon" (en français dans la phrase) désigne un délicieux biscuit salé en forme de tresse, que mon frère et moi avons baptisé ainsi parce qu'il ressemble vaguement à la tige de l'ustensile du même nom. Ma grand-mère guette ce mot, tire-bouchon, qui la met toujours en joie, dispose amoureusement les biscuits dans une assiette et m'installe dans son petit salon. Son corps lourd calé dans son fauteuil rouge, elle me grignote du coin de l'oeil en savourant sa victoire.
Mange, mon tout-petit, mange. Dans chaque bouchée que tu enfournes, il y a des tonnes d'amour que je t'ai gardées au chaud entre mes deux gros seins, et je t'attache à moi par tes papilles, par ta salive, par ta langue, par ton petit ventre dodu d'enfant qui n'a jamais connu la faim, Dieu t'en préserve, et tous ces gâteaux, c'est ma revanche sur la vie, ou plutôt sur la mort. Et je t'attache à moi par le sucre et le sel, par ces épices douces-amères dont ta mère ignore même l'existence, et à chaque nouvelle bouchée je te fais mienne aussi sûrement que ta mère t'a faite sienne lorsqu'elle t'a sortie de ses entrailles en poussant un grand cri.
Commenter  J’apprécie          90
Je suis de la lignée des boucles drues, des yeux sombres et des paupières qui tombent
Commenter  J’apprécie          80
La lecture ne comble pas ma solitude, elle me bouleverse. J'accède à l'immense famille humaine. Je suis aux premières loges du théâtre de la vie, peuplé de figures grandioses, mesquines, drôles, haïssables. Je découvre, soulagée, que nous partageons tous les mêmes défauts inavouables et honteux. Je ne suis plus la seule à être envieuse, menteuse, jalouse, hypocrite, chapardeuse. Nous sommes une armée.
Commenter  J’apprécie          70



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Valérie Toranian (447)Voir plus

Quiz Voir plus

Quand les aliments portent des noms insolites ou pas...

Les cheveux d'ange se mangent-ils ?

Oui
Non

10 questions
166 lecteurs ont répondu
Thèmes : nourriture , fruits et légumes , fromages , manger , bizarreCréer un quiz sur cet auteur

{* *}