AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Valérie Zenatti (423)


J'étais sur le sable, je regardais la mer. J'enviais les poissons qui n'ont pas besoin de laissez-passer pour changer d'eaux.
Commenter  J’apprécie          10
Je me dis, naïvement peut-être, naïvement certainement à tes yeux, que, si des gens comme tout et moi essaient de se connaître, l'avenir aura des chances d'avoir d'autres couleurs que le rouge du sang et le noir de la haine.
Commenter  J’apprécie          10
Je voudrais mettre le silence à fond, mais comment fait-on ?
Commenter  J’apprécie          10
Je voudrais mettre le silence à fond, mais comment fait-on ?
Commenter  J’apprécie          70
Par la grâce des mots de Jacob,du ton distingué qui les sculpte,des gestes souples qui les accompagnent,l'appartement se transforme en château de Versailles et les deux femmes sont fascinées par la lumière qui inonde subitement la pièce,elles entrevoient une vie chimérique où les hommes parleraient aux femmes comme à des êtres précieux,dignes de respect et d'amour...
Commenter  J’apprécie          30
Il aime les mots lorsqu'ils sont chantés,on croirait qu'ils déploient un sens plus profond,plus juste,il aime les notes et les rythmes qui en disent plus encore,atteignent directement au coeur,au ventre,viennent le chercher pour l'entraîner dans la danse.
Commenter  J’apprécie          10
Valérie Zenatti
"Parce que toi, Ouri Sadé, petit habitant même pas majeur de Jérusalem, tu comprends ce qu'est un attentat? tu es déjà mort dans un attentat? Tu as déjà été blessé dans un attentat? Tu as déjà vu un attentat de près? Tu crois que tu sais tout parce que tu allumes ta télé chaque fois?! Mais la télé, Ouri, elle ne te fais pas sentir l'odeur, elle ne te fais pas entendre le silence, la seconde de silence qui suit l'explosion, la seconde où tout le monde est hébété, pétrifié! Et les cris, après, les plaintes, les pleurs, les gémissements, ils pleurent tous comme des gosses, les blessés, même ceux qui ont cinquante ans! Elle ne te les montre pas non plus, la télé, elle n'est pas encore sur les "lieux de l'attentat" avec ses reporters en vie, entiers, en bonne santé, ses caméras et ses gros micros. Personne encore ne sait que, dans l'après-midi, il y aura les enterrements de gens qui partaient au travail le matin, qui avaient payé leur ticket pour la mort, et l'avaient composté en plus. Tu crois qu'on rembourse aux familles des victimes le ticket? Merde, Ouri! Si toi tu ne comprends pas tout ça, comment veux-tu que le monde ait une petite idée de cet enfer? Et puis, qu'est-ce que ça peut nous faire, qu'il sache, qu'il voie, qu'il comprenne, le monde? ça ne change rien à ce qui s'est passé, à ce qui se passera demain, ici ou à Gaza.
Commenter  J’apprécie          30
Valérie Zenatti
Nos deux peuples n'ont jamais été d'accord sur les mots.
Vous dites "Israël", on dit "la Palestine". vous dites "Yéroushalaïm", on dti "AlQuds".
Vous dites que vous recherchez des terroristes dans la ville de Sichem et nous on dit que vous êtes aux trousses de nos combattants dans la ville de Naplouse. (Et c'est la même ville ! Et ce sont les mêmes hommes!)
Vous dites un "terroriste", on dit un "martyr" (quand il est mort, évidemment. Sinon, c'est un combattant, un courageux combattant).
Vous dites "On commence par la sécurité, ensuite il y aura la paix" et nous disons : "Commençons par la paix, la sécurité viendra d'elle-même ensuite."
Commenter  J’apprécie          00
Le jour où je travaillerai dans un hôpital uniquement pour des patients qui auront le cancer, une maladie du coeur, des jambes cassées, ça voudra dire que tout va bien, qu'on a un pays normal. Ca fait trois ans qu'on soigne les blessés par balles, par éclats de missile. Quand j'ai choisi de devenir infirmier, je pensais soulager les souffrances inévitables, celles qui proviennent du dérèglement mystérieux des corps, pas du dérèglement des hommes. Qui va arrêter ça? Et quand?
Commenter  J’apprécie          30
Ce doit être pour cela que j’ai décidé d’écrire : pour ne pas effrayer les autres avec ce que j’ai en tête, et qu’ils décrètent dans la foulée que je suis folle.

On porte tous notre peuple sur le dos, c’est lourd, lourd, lourd, ça écrase, ça donne envie de fermer les yeux.

Quand j’ai choisi de devenir infirmier, je pensais soulager les souffrances inévitables, celles qui proviennent du dérèglement mystérieux des corps, pas du dérèglement des hommes.
Commenter  J’apprécie          20
Je remonte par la rue Petrowicz, retrouve la rue Olga Kobylyanska, j’aime prononcer cette phrase, égrener les noms des rues et connaître les trajets qui mènent de l’une à l’autre, j’aime que ta ville me soit si familière, Aharon. Ici, la nuit de ta mort a rejoint celle de ta naissance, la nuit des paroles oubliées a rejoint celle du silence, son immensité immobile, j’aime que nos enfances soient ainsi mélangées, et pas seulement nos enfances mais les traces qu’elles ont laissées en nous, vivantes, ne demandant qu’à prendre des formes nouvelles au contact des mots, des images qui nous traversaient, des découvertes que nous faisions, en retournant vers ta ville, en la quittant, en y revenant encore, tu m’as enseigné la fidélité à soi-même et la liberté, tissées dans un même geste, un même corps, l’adulte pouvait rejoindre l’enfant et l’enfant rejoindre l’adulte, la vie était tout sauf figée, elle était plus que jamais mouvement, voilà, c’est peut-être l’image que je cherche depuis ta disparition, elle est un peu floue puisqu’il s’agit d’un mouvement, celui que je te dois, celui qui donne du courage, qui fait que l’on ne reste pas pétrifiés dans le passé mais au contraire vivants, portant en nous tout ce que la vie a déposé, et innocents encore, capables d’aimer, de croire à l’amour et de lancer un regard circulaire sur chaque jour, effleurant à la fois l’instant et la parcelle d’éternité contenue dans cet instant, je te dois cela, oui, la conscience aiguë du dérisoire et du sacré de nos vies.
Commenter  J’apprécie          20
Je pense aux mots fétiches d’Aharon, contemplation, prodige, perplexité, fraîcheur, silence, דממה, un seul mot en hébreu pour signifier un silence immobile.
Commenter  J’apprécie          10
Je dévisage une vieille femme au fichu gris qui jette du gros sel devant sa porte, la première Ruthène que je vois, je n’ai pas de doute, et si elle n’est pas ruthène, c’est tout de même une réplique de Maria qui sert des brioches chaudes et réconfortantes dans la pension Zaltzer des Eaux tumultueuses, je voudrais entrer dans sa maison, l’observer verser de l’eau dans la bouilloire, se préparer un thé, je voudrais vérifier que son four correspond à l’image que j’en ai, qu’il est bien en fonte, et caresser du bout des doigts la dentelle d’un napperon soigneusement repassé et sur lequel est posé un vase en verre de Bohême de couleur bleue, si je pouvais me faire comprendre d’elle je lui dirais, Madame, vous avez le visage d’une femme qui existe dans un livre et qui est donc dotée d’une existence éternelle, n’ayez pas peur de mourir, on vous a déjà sauvée de l’oubli. Je voudrais entrer chez elle, m’asseoir quelques instants, lui demander si elle se souvient des Juifs qui vivaient ici avant la guerre, peut-être a-t-elle croisé à la cathédrale un petit garçon blond aux grands yeux curieux nommé Erwin, il tenait la main de sa bonne et contemplait les femmes qui se signaient en murmurant des prières, il a levé les yeux vers Jésus supplicié sur sa croix et s’est serré contre Victoria, effrayé. Fouillez dans votre mémoire, pajalousta, et dites-moi si vous retrouvez cet enfant, son sourire timide.
Commenter  J’apprécie          10
Nous avons existé l’un pour l’autre, et nous avons existé aussi pour les autres, comme ce soir de septembre 2004 à Strasbourg où j’ai été pour la première fois son interprète en public. À la première question portant sur le titre de son livre, il a répondu comme il le ferait toujours par la suite, quelle que fût la question.
.אני נולדתי בצ׳רנוביץ באלף תשע מאות שלושים ושתיים
Et ma voix s’est élevée pour traduire :
Je suis né à Czernowitz en 1932.
Et quelque chose en moi murmurait, je suis née à Czernowitz en 1932.
Commenter  J’apprécie          10
J’ai pris sur moi dans un effort épuisant pour ne pas exiger que tous autour de moi se taisent, je voulais que l’on me laisse tendre l’oreille pour recueillir en moi chaque écho de la disparition, retrouver des bribes du dialogue murmuré, c’est sans doute pour cela que j’ai encore à peine dormi dans la nuit de vendredi à samedi, puis dans celle de samedi à dimanche, le silence des heures nocturnes ne me délivrait pas les phrases dérobées mais sa qualité était telle que je voulais demeurer éveillée pour l’entendre, et dans la journée je marchais dans le désert trempé par la tempête.
Commenter  J’apprécie          20
Il était végétarien, comme ses parents l’avaient été avant lui, comme ceux de Kafka l’avaient été, On ne consomme pas une créature vivante, disait-il, et puis la guerre avait intensifié son amour pour les animaux, car la vache contre laquelle je me suis blotti dans une étable et qui m’a donné son lait, le chien contre lequel j’ai dormi et qui m’a prodigué sa chaleur ne cherchaient pas à savoir si j’étais juif et ne voulaient pas me tuer.
Commenter  J’apprécie          20
Il ne s’écoutait pas parler, mais il s’écoutait pour parler, il tendait l’oreille à ce que la vie avait déposé en lui, jour après jour, je connais des gens qui ont appris l’hébreu parce qu’ils avaient entendu son hébreux à lui dont la densité révélait la valeur de chaque mot.
Commenter  J’apprécie          20
Idit [une lycéenne qui interroge Appelfeld] revient à la charge : Il faut qu’il y ait un rapport au public, et chez vous j’ai senti que vous n’avez pas du tout pensé – sa voix est étranglée par le reproche – comment moi, un être simple, je recevrais ce que vous écrivez, j’arriverais à le comprendre, vous n’avez pas essayé d’écrire cela de manière claire, mais plutôt avec beaucoup d’associations, avec tous vos souvenirs. On dirait que le public n’existe pas du tout pour vous.
Menton niché dans sa main droite, il a un sourire résigné et émerveillé, Un écrivain doit être avec lui-même avant tout, on ne peut rien y faire, il n’a pas d’autres possibilités, il doit être fidèle à lui-même, à sa voix, à sa musique, à ses expériences, s’il commence à loucher, ce n’est pas bien, c’est même très grave. Il doit être comme le musicien relié à son instrument. Lui doit être relié à ses lettres, à sa vie intérieure, et s’il commence à tricher, à user de ruses, c’est très grave. C’est pourquoi il est interdit que le public joue un rôle.
Commenter  J’apprécie          20
ותהא נשמתו צרורה בצרור החיים
Et que son âme soit liée au faisceau des vivants.

Prière pour les morts (citant I Samuel 25:29)
Commenter  J’apprécie          142
Je suis une montre qui s'est arrêtée à l’heure du crime , un cœur qui continue de battre alors que le cerveau ne répond plus.
Commenter  J’apprécie          70



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Valérie Zenatti (3014)Voir plus

Quiz Voir plus

Une bouteille dans la mer de Gaza de Valérie Zenatti

Par quel événement débute le récit?

un attentat en Israël
un attentat en Palestine
un meurtre en Israël
un meurtre en Palestine

30 questions
1601 lecteurs ont répondu
Thème : Une bouteille dans la mer de Gaza de Valérie ZenattiCréer un quiz sur cet auteur

{* *}