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Citations de Valérie Zenatti (419)


Reprenons tout depuis le début s'il te plaît : je suis une fille, tu es un garçon, nous habitons à cent kilomètres l'un de l'autre. Je peux imaginer sans problème la vie d'un jeune Américain qui vit à dix mille kilomètres d'ici. C'est normal : j'ai la télé, le satellite et, au moment où je t'écris, il doit y avoir au moins cinq séries où on met en scène des jeunes dans des collèges américains. (Ma mère appelle ça une transfusion culturelle.) Mais "ta vie à toi", Gazaman, je ne peux pas l'imaginer. Et ce n'est pas normal. Nous sommes séparés par des années de guerres, d'attentats que des Palestiniens font chez nous, d'opérations militaires que notre armée fait chez vous. (...)
Mais tout ça ne me dit pas à quoi ressemble ta vie. (p.30-31)
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Une explosion, c'est forcément un attentat. (p.7)
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- Mais les Palestiniens commettent des attentats tous les jours , on ne peut pas discuter avec eux ! proteste Ilana.
- La question n'est pas de savoir si on peu ou non. On doit le faire ! Pour eux, autant que pour nous.
- C'est-à-dire? intervient Rachel ?
- Si nous restons dans les territoires, si Tsahal continue à tenir en joue toute une population civile, le pire arrivera. Nous ne serons plus de beaux pionniers aux yeux du monde - nous ne le sommes déjà plus d'ailleurs. Mais le pire, c'est que nous n'oserons même plus nous regarder dans une glace. Et il y aura de plus en plus de morts...pour rien. Sil les actions que vous menez étaient vraiment glorieuses, tu nous en aurais touché deux mots, non ? dis-je en plantant mon regard dans celui de notre camarade.
( p 213)
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- Mesdames, messieurs, soldates ! (...) Je vous demande de ne pas prolonger les adieux, c'est très mauvais pour la santé et...ça ne vous fera pas maigrir pour autant.
- Ha, ha, ha, ricane Yula, méprisante.
- Je voudrais réagir comme elle, et le traiter tout haut de pauvre con. Mais je suis pétrifiée à l'idée qu'il est le premier idiot en uniforme que je croise sur ma longue route, et sûrement pas le dernier.
( p 67)
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J’ai besoin de lire, pour ne pas oublier que le monde existe.
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Alors, quand les secondes d'insomnie résonnent dans son crâne comme la scansion d'une défaite, que l'angoisse du jour qui se lèvera sur une nuit blanche étouffe sa poitrine, pour se bercer et réussir à s'endormir enfin, Jacob répète doucement son prénom, Jacob, Jacob, Jacob.
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J'ai aimé te lire et t'écrire, Tal. Tu comprends peut-être aujourd'hui que, parfois, ça n'a pas été facile pour moi de le faire, et pas pour des raisons politiques.
Tu es une fille bien. Généreuse. Et fragile.
Bien sûr, on pourrait continuer à s'écrire, la Toile le permet, mais je veux effacer, pour un temps, ces dernières années de ma mémoire, et tu en fais partie. Je veux être neuf, là-bas, au Canada. Ne pas être rattaché à cette terre qui tremble jour et nuit, cette terre qui t'empêche de dormir, d'être égoïste. Un jour vous, nous, nous nous apercevrons qu'il n'y a pas de gagnant possible dans la violence, que c'est une guerre de perdants. Un gâchis.
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- Paolo et moi, on s'est rencontrés à Rome, dans un congrès d'associations du monde entier. On a vu les gens de cette association, "Paroles libres". Ils nous ont dit que leur but était que, dans chaque région du monde où des gens souffraient, il y ait des équipes de psychologues pour les écouter.
- Tu vois, a poursuivi Paolo, on ne peut pas empêcher les conflits, on ne peut pas distribuer de l'argent à tout le monde. Mais, quand on écoute les gens, quand on peut les aider à trouver les déchirures qu'ils ont en eux, on arrive à raccommoder un peu les blessures, à faire en sorte que ces personnes se sentent plus fortes, même dans une situation très difficile.
- Et surtout, ce qui est important, a repris Willy, c'est que ces gens prennent conscience qu'ils existent dans leur individualité, qu'ils ne sont pas que des anonymes pris au hasard dans une foule où tout le monde se ressemblerait, parce qu'ils ont un destin commun. Ils sont uniques.
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Je suis piégé.
Elle m'a eu.
Et maintenant, j'ai peur.
J'ai même peur d'écrire la vérité. Et si un obus me tombait dessus avant que je déchire les feuilles? Et si on était en train de m'espionner, de me suivre, parce que, dans cette foutue bande de terre où nous sommes toujours les uns sur les autres, quelqu'un qui est seul, qui a envie d'être seul, c'est suspect.
Nous sommes en Orient. Ou dans le monde arabe. Ou en Méditerranée. Dans les trois cas, ça veut dire que les gens te prennent pour un malade si tu n'aimes pas être vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec ta famille, avec tes amis, avec les autres à la mosquée. Ensemble. Toujours ensemble.
Moi, je pense plutôt que je deviendrais fou si je n'étais jamais seul.
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Chère toi,

Si un jour tu lis cette lettre, tu sauras déjà certaines choses sur moi. Tu connaîtras mon nom, mon âge, la profession de mon père, le nom de ma meilleure amie, et même le surnom de mon professeur d'histoire.
Moi, j'ignore tout de toi.
J'imagine que tu as de longs cheveux bruns, des yeux noisette et - j'ignore pourquoi - un air rêveur.
J'imagine que tu es souvent triste.
J'imagine que tu as le même âge que moi, mais j'ignore si, à dix-sept ans, tu te sens très vieille ou très jeune.
J'imagine que les battements de ton coeur s'accélèrent parfois, mais quand, pour qui?
J'imagine que tu te demandes comme moi qui tu seras dans dix ans et que tu ne peux rien voir de précis.
J'imagine que tu as des petits frères qui t'embêtent, mais que tu aimes bien quand même.
Et tu as peut-être un grand frère que tu adores, comme moi.
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Jérusalem, 9 septembre 2003

Maman venait de me répéter pour la troisième fois d'aller me coucher, parce que je commence tôt demain. Et puis les vitres ont tremblé, le coeur a fait un bond dans la poitrine, j'ai cru qu'il était monté dans ma gorge. Ce n'est qu'une seconde après que j'ai réalisé : une explosion venait de se produire tout près de chez nous.
Une explosion, c'est forcément un attentat.
Mon grand frère Eytan, qui est infirmier militaire, est aussitôt sorti avec sa trousse de secours. Papa a hésité un instant, puis il l'a suivi.
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Je veux être à la hauteur de son amour, de ses attentes, de son exigence. Toujours. Lui donner ce qu'il attend de moi. Être le contrepoids de tout ce qui le rend si malheureux. Devenir celle, parfaite, qui saura le consoler et l'aimer. Même si cela me maintient dans une anxiété de plus en plus douloureuse, même si ces derniers temps il m'est arrivé de penser que je confondais bonheur et soulagement. Même si vivre avec lui me fait de plus en plus mal.
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Je me demande qui était le premier homme, ou la première femme, à avoir employé le futur, quelle étrange idée de parler de ce qui n'est pas, de ce qui n'adviendra peut-être jamais, et pourtant, un jour, quelqu'un a dit demain, dans un an, dans un siècle.
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C'est si difficile les blancs, les face-à-face, les yeux dans les yeux, le silence qu'on ne sait comment partager.
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Aharon disait "l'écriture est une prière ou l'écriture est la musique de l'âme", cela venait de ce maître (Rabbi Nachman). Il s'est arrêté de lire, a attendu quelques longues secondes avant de me dire "Tu vois, je suis persuadé que Kafka avait lu cette histoire, il venait d'une famille juive assimilée, comme moi, mais je sens qu'il avait lu Rabbi Nachman, il avait intégré la culpabilité effroyable des innocents.

page 71
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Un petit bureau, une dernière page écrite, un stylo encore ouvert, des mots tracés à la main d'une écriture que je connais si bien, des lignes penchant de la droite vers la gauche, les derniers mots d'un écrivain sont déjà une relique, une adresse à ceux qui restent, ils ont sans doute la même importance que les millions de mots qu'il a écrits tout au long d'une vie mais ils prennent la valeur bouleversante de ce qui demeure interrompu et à jamais inachevé.

Page 20
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Je me sens si lasse et si vieille, au contraire. Nul tapis lumineux et vert piqué de coquelicots que j'appellerais "la vie" devant moi, mais plutôt une grotte sombre et humide dans laquelle moisirait ma survie. Je suis agacée par ce que je suis, envieuse de cette que je ne suis pas. Vingt-cinq ans et je patauge. Vingt-cinq ans et mes études sont ma seule fierté, ma seule certitude. Vingt-cinq ans et la vie comme une succession de répits entre les grincements, les crispations, les bruits de portes aux gonds rouillés qui accompagnent presque chaque instant, même si le ciel est bonheur des yeux, et la musique enchantement et les livres fuite, passion, consolation.
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Je vois le sable du désert d'Arabie s'écouler dans un sablier géant. On ne peut pas se contenter de continuer au même rythme, comme si de rien n'était. On ne peut pas simplement sentir une boule d'angoisse et d'incertitude, continuer à se disputer à intervalles de plus en plus réguliers, osciller entre l'amour, la violence et les dettes à payer. il faudrait prendre la vie à bras-le-corps. Voilà des mots solides et déterminés. Si je parviens à les suivre, ils devraient me guider. Mais cette expression recouvre des gestes qui m'échappent, elle appartient à d'autres, jamais à court d'énergie, à ceux qui se sont débrouillés pour que la solitude ne soit rien que de purs moments de bonheur choisi, ceux qui savent organiser des fêtes de fin du monde. J'ai le sentiment de perdre pied, de ne trouver en moi aucun mot, aucun désir, incapable de donner des contours et une couleur aux jours prochains.
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Valérie Zenatti
Je ressens littéralement ce qu'on appelle "la joie de vivre". Sans doute parce que j'ai grandi à Nice, avec la mer au bout de la rue. Ce sentiment m'habite depuis toujours. Il me vient de mes parents. Mon père était cheminot, ma mère nous élevait. Ce sont des gens très simples (...)
Au fil des ans, ma joie de vivre suit des variations qui la rendent toujours neuve et toujours différente. Rien ne met plus en joie qu'une vraie rencontre. Quand tout à coup, dans le chaos de la vie, surgit le miracle des affinités, du langage commun, du partage possible. La joie de la rencontre, c'est la joie de la confiance dans l'humanité
.
("L'invitée", Télérama no 3770, 13 avril 2022)
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Il n'y a plus de singulier, moi, toi, il, elle, il y a juste un pluriel : les Palestiniens. Les pauvres Palestiniens. Ou les méchants Palestiniens, c'est selon. Mais le pluriel est toujours là. Pour ceux qui nous aiment sans nous connaître, ceux qui nous détestent sans nous connaître, nous ne sommes jamais un + un + un, mais quatre millions. On porte notre peuple sur le peuple sur le dos, c'est lourd, lourd, lourd, ça écrase, ça donne envie de fermer les yeux.
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