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Citations de Varlam Chalamov (142)


L'espoir, c'est toujours l'absence de liberté.
Un homme qui espère en quelque chose change de comportement, transige plus souvent avec sa conscience qu' un homme qui n'a aucun espoir.
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L'homme ne vit que grâce à sa faculté d'oubli. La mémoire est toujours prête à oublier le mauvais pour se rappeler uniquement du bon.
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La remarquable bibliothèque de Karaïev- Il n'y avait pas un seul livre qui ne valût la peine d'être lu-m'a ressuscité, m'a réarmé pour la vie autant que c'était possible. (p.50)
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Je suis un crevard, un invalide patenté voué à l'hôpital, sauvé, arraché aux griffes de la mort par les médecins. Mais je ne vois aucun bien dans cette survie, ni pour moi, ni pour l’État. Notre échelle de valeurs a changé, nous avons franchi les frontières du Bien et du Mal. Être resté en vie est peut-être un bien, peut-être pas, c'est une question que je n'ai pas tranché à ce jour.

(Le gant P122)
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En potassant soigneusement une leçon, je me rappelai le foyer des étudiants de la première université de Moscou, en 1926, la Tcherkaska, dont les étudiants en médecine, ivres de travail, arpentaient les couloirs sombres la nuit : ils ne faisaient qu'apprendre par cœur et répéter, en se bouchant les oreilles. La cité universitaire grondait, riait, vivait. Tout pétillant de vie, philosophes, littéraires et historiens se moquaient des malheureux tâcherons de la médecine. Nous méprisions cette science où il ne fallait pas comprendre, mais apprendre par cœur.
Vingt ans plus tard, je potassais l'anatomie. Pendant ces vingt ans, j'avais fort bien compris ce qu'était qu'une qualification — les sciences exactes, la médecine, le métier d'ingénieur. Et voilà que Dieu me donnait l'occasion de m'y mettre également.
Mon cerveau était encore capable d'assimiler et de restituer des connaissances.
(Les cours, p. 662.)
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Je ne me rappelle pas avoir appris à lire, et j'ai l'audace de croire que j'ai toujours su. À trois ans, âge auquel remontent mes souvenirs, je possédais la première et la dernière bibliothèque que j'ai jamais eue. Elle consistait en deux livres : Aïe, dou, dou ! et l'Alphabet de Tolstoi.
p. 9.
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Je veux qu’au milieu de la tempête



Je veux qu’au milieu de la tempête,
Dans la noire bourrasque neigeuse,
Comme du charbon brasillent les fenêtres,
Qu’au loin les fenêtres brillent
Et forment sur la route des jalons clairs.

Qu’au foyer, avec l’ordinaire,
Vivent les couleurs d’une flamme,
Que l’animal domestique respire
Tranquillement la chaleur et la paix
Au sein d’une nuit familiale.


/ Traduction du russe par Christian Mouze
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Cent fois que je vais à la poste



Cent fois que je vais à la poste
Pour aller chercher ta lettre.
À présent la nuit je ne dors plus,
je ne vis plus le jour.

Je crois, je crois à tous les signes,
Aux songes comme aux araignées,
Je crois aux skis, je crois en été
Aux barques étroites qui filent.

Je crois au vrombissement des automobiles,
À leurs orageux diesels,
Aux colombes messagères,
Aux mâts des navires.

Je crois aux sifflets des vapeurs,
Je crois aux trains,
Même à l’été
Je crois parfois.

Je crois dans les traîneaux à rennes,
Dans la boussole du voyageur
Près de ses cartes engivrées
Et dans la désolation de l’heure.

Dans les vaillantes kibitkas *
Et dans les chiens d’attelage,
Aux escargots et leur sang-froid,
À l’indolence des tortues.

Je crois comme par enchantement,
Au sang qui se glace,
Je crois aussi à la patience
Et à ton amour.


/ Traduction du russe par Christian Mouze

* Kibitka : traîneau couvert
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Les livres sont des êtres vivants. Ils peuvent nous décevoir, nous distraire. Il y a dans la vie de tout homme cultivé un livre qui a joué un grand rôle dans son destin. Bien souvent, ce n'est pas du tout l'œuvre d'un génie, ce n'est qu'un livre ordinaire d'un auteur moyen.
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Varlam Chalamov
Les aides-soignants me firent descendre du plateau de la bascule. Leurs mains froides et puissantes m’empêchaient de m’effondrer.
- Combien ? cria le médecin en trempant sa plume d’un coup sec dans l’encrier à support stable.
- Quarante-huit.
On me mit sur un brancard. Je mesure un mètre quatre-vingt et mon poids normal est de quatre-vingt kilos. Les os – quarante-deux pour cent du poids général – pèsent trente-deux kilos. En ce soir glacial, il ne me restait plus que seize kilos, un poud en tout et pour tout : de peau, de chair, de viscères et de cerveau. Il m’eut été impossible de calculer tout cela à cet instant, mais je comprenais vaguement que le médecin, qui me regardait par en dessous, était occupé à ce calcul.

(Les Dominos, page 186).
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Pendant bien des années, j’ai essayé d’apprendre à travailler en bibliothèque, et je n’ai jamais réussi. Se plonger profondément dans un livre au point de tout oublier, ce n’est pas difficile. Mais ce n’est possible qu’avec des romans ou des nouvelles, pas lorsque l’ouvrage consulté doit faire l’objet d’une étude, d’une analyse, d’une réflexion. L’atmosphère des bibliothèques publiques nuit à la concentration très particulière qui est alors nécessaire.
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Et même s’il est impossible de publier, tout devient plus supportable quand on écrit. On écrit et on peut oublier. 
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J’avais très envie d’être porteur d’outils, ne fût-ce qu’une journée, mais je comprenais que ce garçon, cet écolier avec ses doigts gelés emmaillotés dans des moufles sales et la lueur affamée de ses yeux, était un candidat plus approprié que moi.
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Dans cette insignifiante couche de muscles qui restait encore sur nos os et qui nous donnait la force de manger, de nous mouvoir, de respirer et même de scier du bois, de pelleter pierre et sable dans les brouettes et de pousser ces mêmes brouettes sur l'interminable chemin de roulage des mines d'or, sur l'étroit chemin de bois qui mène à la battée de lavage, dans cette couche de muscles il n'y avait plus de place que pour la rage, le plus vivace des sentiments humains.
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Les "malheureux", ce sont les travailleurs, que les truands dépouillent de leur dernier chiffon, auxquels ils volent leur dernier sou, et le travailleur a peur de se plaindre, car il voit bien que le truand est plus puissant que les autorités.
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On organisait même, dans les sections culturelles, des cours d'instruction politique pour les truands, où les éducateurs leur exposaient les sympathies et les espoirs du pouvoir, et leur demandaient leur aide pour exterminer les "trotskistes".
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Placé devant un choix difficile, abusé par la littérature et par des milliers de légendes bon marché sur le mystérieux monde du crime, l'adolescent franchit un pas terrible, après lequel il n'est parfois plus de retour en arrière possible.
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Dans le royaume souterrain du crime, le but de la vie est la satisfaction effrénée des plus bas instincts, et les passions sont bestiales, pire, même, car n'importe quel animal reculerait devant les actes que les truands commettent d'un cœur léger.
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La fourberie des truands ne connait pas de bornes, car à l'égard des caves (c'est-à-dire du monde entier, hormis eux-mêmes) , il n'y a d'autre loi que celle de l'arnaque, et tous les moyens sont bons: flagornerie, calomnie, promesses...
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[J]e savais pertinemment que, tant qu'on n'a pas fait quelque chose de ses propres mains, on ne peut pas prétendre en être capable. Ce qui ne paraît pas trop difficile se révèle insurmontable, alors que ce qui semble complexe devient incroyablement simple.
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QUEL ROMANCIER A ECRIT CES PHRASES: « Nous disons bien que l’heure de la mort est incertaine, mais quand nous disons cela, nous nous représentons cette heure comme située dans un espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu’elle ait un rapport quelconque avec la journée déjà commencée et puisse signifier que la mort — ou sa première prise de possession partielle de nous, après laquelle elle ne nous lâchera plus — pourra se produire dans cet après-midi même, si peu incertain, cet après-midi où l’emploi de toutes les heures est réglé d’avance » ?

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