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Gérard Gengembre (Éditeur scientifique)
EAN : 9782266138208
315 pages
Pocket (08/01/2004)
3.67/5   108 notes
Résumé :
1791 : en France, la Révolution fait rage, et ses remous s'en viennent jusqu'à secouer les plus lointaines possessions françaises.
À des milliers de kilomètres de la Métropole, Saint-Domingue, île fortunée à la beauté enchanteresse, est déchirée par les luttes que se livrent colons blancs, qui possèdent le pouvoir, et mulâtres qui réclament l'égalité des droits avec les Français. Étrangers, en apparence, au conflit, des milliers d'esclaves noirs subissent cou... >Voir plus
Que lire après Histoire d'esclaves révoltés : Bug-Jargal - TamangoVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Avec les relectures, parfois l'on gagne, parfois l'on perd… J'avais lu Bug-Jargal il y a bien longtemps, au tout début du lycée, et j'en avais gardé un très bon souvenir d'ensemble. Me sentant incapable pourtant de me le restituer de façon convaincante, j'ai entrepris de le relire avec mon regard actuel…

… ouais ! y a eu du chemin de fait ! Effectivement je ne positionnerais plus ce livre parmi les trésors littéraires qu'a su nous léguer notre vaillant Victor. Il s'agit d'un roman de toute prime jeunesse, écrit vite fait à l'âge de seize ans et remanié quelques années plus tard, à l'âge de vingt-quatre ans. Il s'agit d'un roman mi-aventure mi-historique ayant pour cadre géographique Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti et la République Dominicaine) et pour contexte socio-politique la révolte des esclaves de 1791.

Léopold d'Auverney, un militaire, neveu d'un planteur colonial de l'île en est le narrateur, plusieurs années après les faits, lors d'une bataille sur le continent européen. On ne peut pas dire que les ficelles de la narration soient inapparentes, bien au contraire, ce sont des câbles épais, qui cisaillent un peu le décor. On ne peut pas dire non plus que cette lecture soit désagréable, mais ce n'est pas encore du Hugo premier cru.

Déjà beaucoup de ses traits romanesques futurs sont présents. On y trouve, par exemple : le monstre difforme de type Quasimodo, ici incarné par le nain Habibrah ; le roman à message social humaniste : ici l'égalité noir-blanc ou le regard que l'on porte sur l'autre ; le renversement d'identité de certains personnages comme dans les Misérables (je ne vous dis rien ici sans quoi je risque de déflorer l'histoire) ; les valeurs ultra romantiques avec des accents de tragédie, qui pour le coup ne sont pas trop maîtrisées dans Bug-Jargal, alors qu'Hugo sait d'ordinaire se maintenir sur la difficile ligne de crête alliant pathos, grandiloquence et point trop n'en faut. Ici, dégainez vos violons, ça grince à qui mieux mieux.

Le roman, de taille assez modeste pour du Hugo, est composé de très brefs chapitres, ce qui en rend la lecture très aisée, notamment pour les plus jeunes lecteurs pas trop rompu à l'art de dévorer un gros roman et qui pourront donc y prendre, éventuellement, un certain plaisir.

L'histoire commence à décoller véritablement au chapitre 15 (sur 59). La petite amourette à deux balles de Léopold me semble franchement mauvaise, par contre, le roman fait une large place à un personnage secondaire intéressant, en la personne du chef noir rebelle Biassou. le personnage a réellement existé lors de la révolution haïtienne et Hugo prend également beaucoup d'inspiration pour son roman du personnage réel de Toussaint Louverture. Même si l'auteur romance largement la véritable histoire de l'insurrection haïtienne, il a eu le mérite de m'y intéresser, ce qui n'est déjà pas si mal.

J'ai trouvé particulièrement intéressantes les tractations politiques, les manipulations des foules et les incursions de la religion et du surnaturel que pratique Biassou pour asseoir son autorité de chef rebelle. En lisant les passages incriminés, je repensais fréquemment à l'aphorisme attribué à Napoléon (citation de mémoire donc probablement impropre) « Pour gouverner je n'ai pas besoin d'un dieu, mais de religion, si. »

Quant au personnage de Bug-Jargal à proprement parler, il est bien trop bon, trop fort, trop grand dans ses faits et son âme pour être un tant soit peu crédible. Mais les jeunes lectrices (j'en sais quelque chose) ne peuvent que tomber amoureuses de cet intrigant Apollon noir, preux chevalier du temps des colonies.

Si cette thématique de l'esclavage dans la littérature française vous intéresse, je vous conseille vivement, et une fois n'est pas coutume puisque cet auteur n'est ordinairement pas ma tasse de thé, la nouvelle de Prosper Mérimée intitulée Tamango. de ce que j'ai lu de Mérimée c'est ce qui m'a le mieux plu et le plus impressionné.

En somme, probablement beaucoup de maladresse dans ce petit roman, pas un grand Hugo, mais une lecture plaisante tout de même, finalement très appropriée pour le lycée, en tout cas, c'est mon avis actuel, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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DEVENIR UN MONUMENT, ÇA PREND DU TEMPS.

Tout ceux qui auront un jour tenu le roman que voici entre ses mains, Bug-Jargal, savent que celui-ci fut rédigé en une quinzaine de jours, suite à un pari et tandis qu'il n'avait encore que seize ans, par le futur monument vivant des lettres françaises de son temps, l'immense et incontournable Victor Hugo. Ce siècle avait dix-huit ans, déjà Hugo perçait sous Totor (sic!), mais il lui faudrait encore quelques années pour que le génie que nous connaissons aujourd'hui prenne tout son plein envol.

Qu'ajouter de Burg-Jargal qui n'ait déjà été résumé ici - les critiques de Nastasia-B et de Miriam donnent parfaitement le ton et je ne saurais trop vous conseiller de les lire-, sans faire trop de redites ? Entre roman épique et roman d'amour, critique de l'esclavagisme et récit d'aventure, ce roman conte l'histoire (une histoire imbriquée dans une autre, pour être exact), puisque le narrateur, le Capitaine Léopold d'Auvernay se confie à une assemblée de soldats à la veille d'une bataille révolutionnaire contre les anglais- nous sommes sous la terreur -, expliquant ainsi son goût pour le danger et la folie des armes. Ainsi, il va projeter son public quelques années en arrière, au mois d'août 1791, à la veille d'une importante révoltes d'esclaves dans une colonie encore française à l'époque : Saint-Domingue (l'actuelle Haïti).

A cet époque-là, le jeune d'Auvernay n'a encore que vingt ans. Neveu d'un très riche et brutal planteur de l'île, possédant pas moins de "huit cent nègres", le jeune homme est terriblement amoureux de sa cousine, Marie, à laquelle il est d'ailleurs promis. D'ailleurs, c'est ainsi qu'il justifie son peu d'activité à défendre ces malheureux, bien qu'il réprouve les méthodes souvent cruelles et parfaitement injustes de ce parent : par son obnubilation totale pour cette charmante jeune femme. Il apparaît cependant que la belle a un autre prétendant qui l'aime d'un amour impossible et caché, mais nous n'en saurons pas plus avant longtemps. du moins ,le conteur fait-il son possible pour ne rien en dire trop rapidement.

Hélas, malgré les mises en garde d'un magnifique esclave "congo" - c'est à dire né en Afrique - ayant sauvé Marie de la bouche acérée d'un crocodile, devenu l'ami du Capitaine et répondant au prénom de Pierrot, la belle sera emportée par la vague de révolte qui s'empare de l'île le jour même de son mariage. Ayant rejoint son casernement, d'Auvernay assistera même, totalement impuissant, à la destruction de la propriété de son oncle, au massacre de celui-ci et de sa nombreuse descendance ainsi qu'à l'enlèvement, par celui qui se proclamait son "frère", le fameux Pierrot, de sa jeune épouse et du plus jeune cadet de cette dernière. Bien entendu, Léopold se sent trahi, pourchasse le bel esclave, le voit disparaître corps et bien dans un fleuve, et fini par se faire lui-même attraper par l'un des chefs de cette rébellion, le terrible et sans pitié Biassou ; Victor Hugo n'aura d'ailleurs pas eu à chercher loin afin de dresser le portrait de ce chef de guerre, un "mulâtre" comme on disait alors - un "sang-mêlé" ainsi qu'ils se dénommaient eux-mêmes -, réputé pour sa cruauté à l'égard de ses prisonniers ou des colons que ses troupes attaquèrent. Hugo nous dresse le portrait impitoyable d'un homme sans aucun doute intelligent, rusé, madré lorsqu'il le faut, mais insidieux, malfaisant, tyrannique avec ses hommes, barbare avec ses ennemis. Celui-ci fait écho, dans une inversion presque parfaite, au fameux Bug-Jargal, dont on se doute très vite mais que l'on ne découvre réellement que très tardivement qu'il n'est autre que cet esclave rencontré dès premières pages, le bel et fort et digne Pierrot ; on apprend ainsi que tout révolté qu'il est, il ne tue jamais pour le plaisir, hésite à saccager les plantations, n'assassine jamais les civils innocents ou désarmés, etc.

Un autre personnage prendra de l'ampleur et de l'importance tout au long de l'ouvrage. C'est un homme contrefait, atteint de nanisme, laid qui, de bouffon de l'oncle, deviendra son bourreau de m^'m' qu'il sera une espèce de prêtre malfaisant proche de Biassou et fort utile à ce dernier pour circonvenir ses hommes dans la crainte des maléfices et autres bondieuseries délirantes de rites catholiques dévoyés qu'Hugo assimile au vaudou.

Tout aurait pu s'arranger, mais pour que le drame puisse prendre forme, il faut pourtant que Pierrot/Bug-Jargal meure, non sans avoir sauvé, à plusieurs reprises, la femme qu'il aime sans espoir de retour -Marie, donc - et l'homme qui en est l'époux mais aussi son frère juré, le Capitaine. D'ailleurs, et sans en dire plus ici, nul ni personne n'échappe à cette destinée tragique et c'est dans une sombre extase éminemment romantique à l'excès que s'achève le roman.

Il est bien évident que, selon nos connaissance historiques actuelles, selon nos goûts et modes en matière littéraire présentes, ce premier roman du grand génie peut passer pour assez faible. Et, objectivement, il l'est : des personnages très caricaturaux, bon jusqu'à la bêtise ou mauvais plus encore que le diable en personne. il y a aussi cette trame, cousue de fil blanc du début à la fin des histoires particulières (il va sans dire que le respect de la trame historique réelle, même avec ses imperfections liées aux méconnaissances de son temps, ne fait pas l'objet de cette remarque), où l'on devine avant même de l'avoir réellement croisé que Pierrot est l'amoureux mystérieux de Marie et est, par ailleurs, le fameux Bug-Jargal. Les soubresauts et revirements permanents du capitaine - un bien grand naïf et même parfois tellement candide qu'il en devient niais - sont aussi peu crédibles et deviennent, à force, un rien exaspérants. Ces aberrations, ces maladresses sont relativement sauvées par le portrait de Biassou ainsi que celui, terrible dans tous les sens du mot, du nain noir - une sorte d'anti-Quasimodo, du moins, pour le caractère -. Mais demeurent aussi les à priori raciste, que l'on sait de son temps, mais qui peuvent aujourd'hui choquer. Il y a les ambiguïté, liées tout autant à la personnalité du jeune Victor Hugo, qui fut du camp des "ultras" (NB : royalistes) et donc outrancièrement anti-révolutionnaire en ses vertes années ce qui nous donne des critiques féroces, parfois justifiées, de la politique menée par la France à l'égard de ses colonies, ayant bien du mal à se décider pour ou contre l'esclavage, tandis qu'étaient décrétés les droits de l'homme supposément universels, mais en réalité applicable aux seuls blancs. Dans le même temps, on sent que la seule idée de mettre un homme en esclavage, d'en avoir propriété comme d'une chose, hérisse tous les poils du jeune Hugo. Il n'en démordra d'ailleurs pas de sa longue vie.

Comme souvent, même le génie est victime des absurdités, des clichés, des stéréotypes et des lieux communs de son époque. Ne verra-t-on pas un Jules Ferry, bien des années plus tard, justifier la colonisation de la même manière, à savoir que nous, blancs d'occident, nous devons d'apporter nos lumières auprès des populations qui en sont le plus dépourvues, et bien souvent, les noirs d'Afrique ? Il est trop aisé de juger à l'aune des connaissances d'aujourd'hui... Surtout en des périodes où la reconnaissance décomplexée d'une certaine forme de racisme par un nombre toujours trop important de gens semble pouvoir porter le pire à la tête de l'état... Donner des leçons au passé est aussi ridicule que malséant lorsque le présent ne vaut guère mieux.

C'est tout de même un peu déçu - parce qu'on attend forcément beaucoup de la lecture d'un texte de Hugo - que l'on referme cette épopée historico-amicalo-amoureuse (ouf !), tout en ne cessant de se souvenir que le futur immense Génie National, tel qu'il fut parfois surnommé, avait alors l'âge où la plupart d'entre nous ne parvenons à bafouiller que quelques lignes maladroites sur des copies quadrillées, chez soi ou dans une salle d'étude. On aimerait pouvoir faire au moins aussi bien... Même après quelques années !
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Victor Hugo a écrit ce premier roman à 16 ans !
Haïti, 1791. Capitaine de la milice, je vais épouser Marie que j'aime, fille de mon oncle, riche planteur, près de Cap-Haïti. L'Assemblée Nationale là-bas en Métropole, a institué le droit de vote des esclaves. Ceux-ci sont de plus en plus nombreux à fuir les propriétés, et s'organisent. Il y a la troupe de Boukmann le Jamaïcain ; celle, de 4000 hommes, du "généralissime" Biassou, qui vient de la Dominique voisine ; celle de "l'amiral" jean-François. Et puis, on entend parler de Bug-Jargal, comme chef des noirs du Morne Rouge. Juste après la cérémonie du mariage, je vais prendre les ordres au Cap, auprès du gouverneur. En revenant, je vois avec stupeur que beaucoup de propriétés flambent, dont, horreur ! celle de mon oncle. Je pique des deux avec ma troupe, ne pensant qu'à Marie. Stupéfaction ! je la vois entraînée par un grand noir, en qui je reconnais Pierrot, un ancien esclave de mon oncle....
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Superbe roman d'action ! Si je le compare à "Les Misérables", écrit 40 ans plus tard, il y a la fougue de la jeunesse : le style est plus alerte, moins lourd de logorrhées, mais je pense que les sentiments sont moins bien exprimés, et je constate aussi quelques passages flous.
Dans la plupart des îles colonisées, des esclaves noirs se sont échappés, devenant des "marrons". A La Réunion, Daniel Vaxélaire, dans son roman "Chasseur de Noirs", expose très bien le problème. En tous cas, la révolte d'esclaves d'Haïti ( 1791-1804 ) a été la première et la seule, je pense, qui ait réussi. Toussaint Louverture, qui commence à émerger ici, adressait ainsi ses lettres à Napoléon :
"L'empereur des Noir à l'Empereur des Blancs".
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Enfin, ce roman, quand on pénètre l'état d'esprit de Pierrot, alias Bug Jargal, alias Victor Hugo, est un beau plaidoyer pour le pardon, la tolérance, et l'anti-racisme : )
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Difficile de garder à l'esprit le fait que Victor Hugo n'avait que seize ans lorsqu'il rédigea "Bug-Jargal", un peu comme un défi, en seulement deux semaines. D'abord publié sous forme de feuilleton, les publications suivantes, corrigées et augmentées, prendront le format du roman.

Seize ans et déjà quel talent ! J'ai beaucoup lu Hugo mais il m'épate à chaque fois. Déjà, avec "Han d'Islande", autre oeuvre de jeunesse, il m'en avait mis plein la vue et l'imagination. Rebelote ici avec ce récit de la révolte des esclaves pendant la Révolution Française. Ne croyez pas pour autant que l'auteur livre un essai, non, il s'agit bien de romanesque et d'aventures, de fidélité en amour comme en amitié, tous ces thèmes qui, bien développés autour de personnages fouillés, garantissent presque à coup sûr le succès d'une narration.

La forme narrative elle-même est très originale avec un narrateur qui raconte son histoire à ses camarades officiers, l'idée première de Hugo ayant été que chacun au mess raconte à son tour un récit propre à en faire un roman ; projet auquel il renoncera pourtant assez vite et "Bug-Jargal" sera finalement le premier et le dernier maillon d'une série qui aurait pu être passionnante.

Pamphlétaire dans l'âme, Hugo livre ici une réflexion aiguisée et précoce sur la condition des Noirs, sur l'esclavage, sur la ségrégation raciale et sur la discrimination sociale. Un avant-goût pimenté de ce que seront entre autres "Claude Gueux", "Le dernier jour d'un condamné", "L'homme qui rit" et bien sûr, son chef-d'oeuvre, "Les Misérables".


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Pour une oeuvre écrite à seize ans, il faut bien plus d'audace pour s'aventurer sur un terrain des grands,. Je veux dire par là, le terrain de la révolution ou de la liberté alors qu'à cet âge là, le goût serait plus porté sur une romance ou encore sur un quelconque monde fantastique de l'enfance, que sais-je encore, bien que le thème de l'amour impossible y est développé, de cet amour ravageur et destructeur mais qui pose ses limites. Malgré quelques incohérences dans le traitement des situations et des personnages, je tiens à saluer vivement le génie de Tonton Hugo qui se démarque déjà dans ce premier roman où se conjuguent à la fois l'histoire, l'esclavagisme, la liberté, la justice, la révolte, la prison...des thèmes qu'on retrouvera à la suite de ses œuvres!!!
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Le citoyen C*** hasarda une observation timide.
- Héros de l’humanité, ce ne sont point des négociants, ce sont des philosophes, des philanthropes, des négrophiles.
- Allons, dit Biassou en hochant la tête, le voilà revenu à ses diables de mots inintelligibles. Eh bien, si tu n’as ni dépôts ni magasins à piller, à quoi donc es-tu bon ?
Cette question présentait une lueur d’espoir que C*** saisit avidement.
- Illustre guerrier, répondit-il, avez-vous un économiste dans votre armée ?
- Qu’est-ce encore que cela ? demanda le chef,
- C’est, dit le prisonnier avec autant d’emphase que sa crainte le lui permettait, c’est un homme nécessaire par excellence. C’est celui qui seul apprécie, suivant leurs valeurs respectives, les ressources matérielles d’un empire, qui les échelonne dans l’ordre de leur importance, les classe suivant leur valeur, les bonifie et les améliore en combinant leurs sources et leurs résultats, et les distribue à propos, comme autant de ruisseaux fécondateurs, dans le grand fleuve de l’utilité générale, qui vient grossir à son tour la mer de la prospérité publique.
- Caramba ! dit Biassou en se penchant vers l’obi. Que diantre veut-il dire avec ses mots, enfilés les uns dans les autres comme les grains de votre chapelet ?
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» Mais ne le sais-tu pas ? il y a quelquefois au fond du désert un ouragan jaloux du bonheur de fontaine aimée ; il accourt, et l'air et le sable se mêlent sous le vol de ses lourdes ailes ; il enveloppe l'arbre et la source d'un tourbillon de feu ; et la fontaine se dessèche, et le palmier sent se crisper sous l'haleine de mort le cercle vert de ses feuilles, qui avaient la majesté et la grâce d'une chevelure.
» Tremble, ô blanche fille d'Hispaniola ! tremble que tout ne soit bientôt plus autour de toi qu'un ouragan et qu'un désert ! Alors tu regretteras l'amour qui eût pu te conduire vers moi, comme le joyeux katha, l'oiseau du salut, guide à travers les sables d'Afrique le voyageur à la citerne.
» Et pourquoi repousserais-tu mon amour, Maria ? je suis roi, et mon front s'élève au-dessus de tous les fronts humains. Tu es blanche et je suis noir ; mais le jour a besoin de s'unir à la nuit pour enfanter l'aurore et le couchant, qui sont plus beaux que lui !»
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{Voici une petite citation qui pourrait plaire à Manuel Valls et aller dans le sens de ses convictions, lui qui trouve qu'il n'y a pas assez de « white » (sic.) ni de « blancos » (sic.) à Évry — N. B. on trouve facilement cette petite réflexion hautement reluisante de notre premier ministre sur l'internet.}

Sang-mêlés, ne vous laissez pas attiédir par les séductions de los diablos blancos. Vos pères sont dans leurs rangs, mais vos mères sont dans les nôtres. Au reste, o hermanos de mi alma, ils ne vous ont jamais traités en pères, mais bien en maîtres ; vous étiez esclaves comme les noirs.
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Écoute. Crois-tu donc que pour être mulâtre, nain et difforme, je ne sois pas homme ? Ah ! j'ai une âme, et une âme plus profonde et plus forte que celle dont je vais délivrer ton corps de jeune fille ! J'ai été donné à ton oncle comme un sapajou. Je servais à ses plaisirs, j'amusais ses mépris. Il m'aimait, dis-tu : j'avais une place dans son cœur ; oui, entre sa guenon et son perroquet. Je m'en suis choisi une autre avec mon poignard !
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Si j'entrais dans vos salons, mille rires dédaigneux m'accueillaient ; ma taille, mes difformités, mes traits, mon costume dérisoire, jusqu'aux infirmités déplorables de ma nature, tout en moi prêtait aux railleries de ton exécrable oncle et de ses exécrables amis.
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