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Critiques de Virginie Linhart (72)
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Une sale affaire

Selon Philip Roth “quand un écrivain naît dans la famille, c’en est finit de cette famille”, pour Virginie Linhart, au contraire, “c’est l’absence de récit qui tue la famille - celle dont on vient et celle que l’on fabriquera, quelle qu’elle soit”. Mais son récit à elle, les siens ne veulent pas l’entendre, au point de lui intenter un procès afin d’empêcher la publication de son ouvrage: “L’effet maternel”, dont la sortie est alors prévue début 2020.



Dans “Une sale affaire”, Virginie Linhart revient sur ce procès, s’interroge sur ce qui l’a motivé ainsi que sur la coalition improbable de sa mère et de son ex-conjoint, père de son premier enfant, qui l’a abandonnée lorsqu’elle était enceinte et voit d’un mauvais œil la révélation de sa lâcheté au plus grand nombre... Au motif “d’atteinte à la vie privée”, l’autrice va voir son texte menacé de censure et va devoir préparer sa défense au pied levé. Une mésaventure pour le moins traumatisante, mais qui aura eu le mérite d’apporter la matière nécessaire à ce récit/essai passionnant!



“Une sale affaire” est donc étroitement liée au précédent ouvrage de l’autrice: “L’effet maternel”, que je n’avais pas lu et dont malheureusement, COVID aidant, je n’avais pas du tout entendu parler… Peu importe cela dit, il n’est pas nécessaire de l’avoir lu au préalable pour comprendre les enjeux d”Une sale affaire”. Virginie Linhart se charge de résumer et de recontextualiser son récit de façon concise et pertinente.



Descendante de cette génération de soixante-huitards, elle témoigne de ce qu’a été son enfance et celle de tant d’autres, entre ultra-politisation et ultra-sexualisation, libérant la parole d’une génération abîmée par trop de laxisme. Mais, loin de choisir le récit pour laver son linge sale en public, Virginie Linhart offre une réflexion fort intéressante sur l’écriture autobiographique, ce qu’elle implique, ses limites comme ses possibilités avec, en toile de fond, cette question épineuse: “à qui appartient l’histoire”?



Nous plongeant dans les coulisses de la justice française, on découvre par la même occasion quels sont les droits qui protègent les écrivains, comment ceux-ci ont évolué et se sont précisés au fil des cas, où se situe la frontière entre “liberté d’expression” et “atteinte à la vie privée”... Par ailleurs, j’ai beaucoup aimé le ton distancié employé par l’autrice alors que j’imagine sans peine la difficulté à se relever d’une trahison maternelle aussi infâme. Un ton, qui apporte une certaine limpidité au récit et permet d’ouvrir sa portée en le sortant du cadre de l’intime. Bref, un ouvrage que j’ai trouvé à la fois intelligent et passionnant et qui, à coup sûr, donnera un second souffle à “L’effet maternel”.
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L'effet maternel

Au travers de ce récit de vie, Virginie Linhart dénoue les fils maternels, les transmissions inconscientes qui se sont répercutées sur son histoire. Sa mère, vampirique et immature est éprise de liberté au point d'usurper la place de sa fille, de la plonger dans une confusion qui ne lui laisse aucun repère. Une mère instable à l'amour bancal et conditionnel.



Virginie Linhart nous parle aussi de son propre rôle de mère qui s'est fait dans le chaos et la douleur. Elle évoque la place du père, du sien enfermé dans le silence et la maladie qui la laisse terrifiée et mélancolique, mais aussi de celle inoccupée d'un père absent pour sa fille.



Son histoire s'écrit dans le fracas de la solitude, de la peur de l'abandon. Elle analyse, décortique au fil de son récit les liens inconscients qui la relient à sa famille, à ses parents, aux leurs, mais aussi à la famille qu'elle s'est construite.

Petit à petit, ce qui n'était que fissures et éclats se recollent, se régénère et donne à voir une femme résiliente.



J'ai beaucoup aimé ce récit tout en pudeur mais sans froideur. La façon dont à l'auteure de nous partager ses blessures et ses réflexions dans lesquelles peut être certains d'entre nous pourront se reconnaitre un peu car elles touchent à l'universel.



Un beau portrait de vie qui suggère à quel point être parent c'est parfois prendre le risque d'abimer son enfant.
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L'effet maternel



Ce livre a très certainement été nécessaire à son auteur. Il est à la fois très personnel, puisqu’il déroule une histoire singulière, mais tend aussi à l’universel en s’efforçant de démêler le lien mère-fille, ce qui peut intéresser beaucoup de lectrices qui connaissent l’impact de cet « effet maternel » soit en tant que fille ou en tant que mère, ou alors les deux, comme l’auteure elle-même qui écrit pour comprendre mais aussi pour émanciper sa fille de cet effet-là.

Virginie Linhart est documentariste. Elle a l’habitude d’enquêter et d’assembler des matériaux recueillis dans l’objectif de « faire sens » d’offrir une lecture et d’aider à la compréhension de son sujet. Avec ce récit qui n’est pas toujours chronologique et qui est entrecoupé des explications qu’ elle s’est donnée pour comprendre, on découvre certaines conséquences éducatives d’une époque dite de libération. Libération de la femme qui ne veut plus de l’asservissement maternel, libération des stéréotypes familiaux où le divorce est banalisé, libération sexuelle des adultes qui méconnaissent certaines frontières.

Si je devais retenir et qualifier d’un mot ce qui a été vécu, je dirai « confusion ». Une confusion générationnelle qui a été violemment perturbatrice pour Virginie Linhart qui a dû s’extirper d’un magma que je vous laisse découvrir.

La jeune Virginie se réfugie dans la réussite scolaire et intellectuelle. C’est sa colonne vertébrale, c’est aussi ce qui dissimule un grand désordre intérieur qu’elle nous livre avec sincérité.

Beaucoup d’opiniâtreté et de courage pour sortir de cet état, beaucoup de temps aussi, et des mains tendues, des soins, des rencontres dont une en particulier qui ouvrira sur la reconstruction.

J’ai lu le livre d’une traite, trop vite, prise par la biographie ( il y a des évènements qu’on n’ oserait pas mettre dans un roman !) passionnée par l’élucidation proposée par l’auteure et puis je l’ai relu tranquillement, posément, avec une certaine gourmandise et un esprit plus critique.

Quant à l’écriture, elle est accessible, directe, vivante et soignée.

Ce n’est pas si fréquent, mais là, j’aimerai bien prolonger le livre, discuter avec l’auteure, l’interpeller, aller plus loin dans les réflexions qu’elle nous propose.



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L'effet maternel

À propos de la mère, Marguerite Duras disait : "Jusqu'au bout, la mère restera la plus folle, la plus imprévisible des personnes rencontrées dans toute une vie".

La mère, centre névralgique de combien de récits, romans, films, la mère origine du monde, la mère sangsue, la mère manquante… Qu'elle soit modèle ou défaillante, elle sera, on l’a compris, toujours jugée comme la pire ou la meilleure.

C'est dans la démarche de comprendre la sienne que Virginie Linhart entreprend ce récit. Pourquoi cette dernière lui assène cette phrase terrible, 17 ans après la naissance de sa petite-fille, « Tu n’avais qu’à avorter, il n’en voulait pas ». C’était une mère vampire, obsédée par l'été et les hommes, une mère qui sortait les soirs sans prendre de baby-sitter. Elle confondait les rôles, les âges et ne laissait aucune place à la féminité de sa fille. Elle lui prenait ses amants, ou l’inverse.

On n'a pas le choix que d'aimer sa mère, c’est notre premier amour et chaque relation sera jugée à l’aune de celui-ci. Ce n’est plus tard que l’analyse a lieu, la remise en question, et parfois la dépression. Ici, vous ajoutez un père borderline, le spectre de la Shoah et vous avez tous les ingrédients pour vous interroger sur le sens de la réalité.

Comme c’est en devenant maman que l’on comprend mieux la sienne, l’auteure revient sur ses maternités traumatisantes, la solitude des hommes et les abandons successifs.

Le choix stylistique est celui d’une écriture claire, journalistique, sans suggestion, pour frapper fort et refléter le souhait d’être enfin comprise. Il n'y a pas de lamentation, seulement la succession des événements qui ont jalonné sa vie d'enfant, de jeune fille et de femme. J'ai été très touchée par l'histoire et les combats intérieurs de l'auteure, émue aux larmes par son Bébé Lune.



À lire si vous aimez les récits de femmes fortes aux parcours tourmentés.

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Le jour où mon père s'est tu

Virginie Linhart est la fille de Robert Linhart, un des fondateurs du mouvement maoïste en France. Après une tentative de suicide en 1981, son père s'est muré dans un silence. On comprend que son père était bipolaire. En plein mai 68, il part en vrille et doit être interné en HP pour subir une cure de sommeil. L'auteur cherche à comprendre et entreprend de retrouver les enfants de quelques uns des leaders de mai 68, maoïste comme son père, ou trotskystes, ou anars. Ont-ils vecu la même enfance, comment s'en sont-ils "sortis", quel est aujourd'hui leur rapport à la politique, etc. Cette quête est un peu désordonnée, un peu "idéaliste", mais il n'empêche, c'est une démarche sincère et toujours à la fois modeste et obstinée. Elle rencontre parfois des refus, on lui dit que sa démarche n'a pas de sens ... mais elle persévère et trace ainsi peu à peu une génération de jeunes, enfants de la fameuse "generation 68" (cf les livres de Hamon et Rottman, où d'ailleurs la naissance de Virginie est évoquée !), dont les parents ont bien souvent laissé grandir leurs enfants sans leur accorder beaucoup d'attention. Virginie revient alors vers son père à la fin du livre et c'est sans soute le passage le plus poignant du livre.
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Une sale affaire

À quelques jours de la parution de son roman, Virginie Linhart est sur le point de publier « L’effet maternel » quand son éditrice lui annonce que sa mère et son ex veulent empêcher la parution pour atteinte à la vie privée. Ils exigent un retrait d’un tiers du roman.

Ce récit est un combat sur l’écriture et l’autrice nous offre récit intime passionnant, intelligent et fort.

D’une plume incisive, fine et d’une telle fluidité, Virginie relate ce combat, les dessous de ce procès et revient sur son histoire personnelle. Mais à qui appartient l’histoire ?

Avec une multitude d’émotion, elle nous confie ses profondes blessures et son incompréhension d’affronter sa mère en justice.

Une sale affaire est un combat sur l’écriture autobiographique et un récit édifiant sur la trahison d’une mère.




Lien : http://juliechronique.fr/202..
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L'effet maternel

Un roman qui m'a beaucoup plu !



Le titre du roman est déjà une belle promesse de lecture, bravo pour ce choix judicieux.



L' effet maternel : C'est une définition scientifique. Pour faire simple, c'est la transmission entre une mère et son enfant de certaines données.



Et lorsque la maman est une mère toxique ou déviante, l'enfant aura une vision du monde altérée par ces comportements inadaptés et maltraitants.



Dans ce roman autobiographique,Virginie Linhart nous raconte son enfance jusqu'à l'age adulte élevée par une mère toxique.

L'auteure revient sur ses relations difficiles avec sa mère et ses dérives qu'elle a subi pendant toutes ses années.



Elle nous parle de la transmission, de relations mère-fille, de maternité, du poids des origines, à une époque marquante de l'Histoire : Mai 68 et les années qui suivirent.

Elle nous donne une vision édifiante de cette période des années 70 avec ses changements, ses mérites mais aussi les abus que cela a pu aussi amener par la suite.



« Des mères très belles et très folles qui font beaucoup souffrir leur fille. Des mères qui veulent tout. Parce que c'est leur moment et qu'elles n'en peuvent plus d'attendre. Parce qu'elles ont vu leur propre mère se soumettre au patriarcat et que reproduire ce schéma est insupportable. Parce que le temps de la révolution sexuelle et de la libération de la femme est arrivé, mais aussi celui de l'ambition et de la réussite professionnelle. Petites, elles ont été élevées dans un carcan insupportable ; on leur demandait d'être gentilles, mignonnes, polies ; on leur répétait de se taire aussi. »



« Quand arrivent les années 1970 et leurs promesses de liberté, elles s'y engouffrent avec l'énergie du désespoir. Elles ne supportent plus d'être enfermées dans une structure oppressive, qu'il s'agisse du mariage, de la famille ou de la maternité. Et quand on mesure ce qu'est la place de la femme dans la société française avant le séisme de 68, il est impossible de ne pas adhérer à cette impérieuse nécessité de renverser l'ordre établi, de jeter à bas réflexes et mécanismes qui permettaient, jusqu'alors et dans la satisfaction générale, leur asservissement. » p 200.201



L'auteure nous confie aussi le parcours de son père, un homme politique et écrivain qui basculera dans la maladie.



J'ai beaucoup apprécié sa manière de se dévoiler avec honnêteté, réalisme et justesse.



C'est écrit sans détour et avec beaucoup de sincérité. Il y a une pudeur qui m'a beaucoup touchée dans ses mots.

L'auteure ne fait pas le procès de sa famille, elle explique avec authenticité, les faits et son ressenti sur ce qu'elle a vécu.



C'est toute la question de la transmission qui est mise en avant dans ce texte.

L'incidence que cela peut avoir sur la construction d'une personne et sur l'adulte qu'il deviendra.



Ce récit que nous confie Virginie Linhart m'a passionnée du début jusqu'à la fin.



Je recommande vivement cette lecture.



Un roman à découvrir de la rentrée littéraire.
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Une sale affaire

Dans ce livre, l'autrice Virginie Linhart revient sur le procès littéraire que lui a intenté sa mère et son ex-compagnon pour empêcher la parution de son ouvrage L'effet maternel.

Quatre ans après la parution de ce livre, l'auteure s'interroge sur un tel procès, les motivations et à qui appartient l'histoire.

Virginie Linhart retrace les jours avant le procès et pendant l'audience, comment elle a vécu cela.



Avec Une sale affaire, Virginie Linhart a bouclé la boucle. C'est un témoignage sincère où l'autrice revient sur l'impact de l'écriture sur l'ouvrage incriminé, ce qu'il a permis d'extérioriser pour coucher cela sur une page blanche, la relation entre sa mère et son ex-compagnon qui perdure.



Tout comme L'effet maternel, j'ai lu cet ouvrage en quelques heures, de nouveau happé par cette relation entre une fille et sa mère et la mère avec l'ex-compagnon.



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Le jour où mon père s'est tu

Comment vivre avec l'ombre d'un père qui s'est tu depuis des années ? Et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit de Robert Linhart, le fondateur de l'Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes (UJC), mouvement maoïste créé en 1966, puis de la Gauche prolétarienne avec Benny Lévy, et auteur du très célèbre livre L'Établi qui raconte son expérience de militantisme révolutionnaire au sein des usines Citroën.

Robert Linhart est donc l'une des figures du mouvement révolutionnaire en France dans les années 68. Une tentative de suicide en 1981 l'a plongé dans le coma pendant plusieurs mois, avant de le rendre à la vie quasiment mutique. Sa fille Virginie essaye d'échapper au silence, familial mais aussi médiatique, qui entoure le destin tragique de son père. Faire un livre sur lui, sur son expérience politique, le projet tourne court car elle sent que ses interrogations, si elles concernent son père, portent peut-être davantage sur son enfance et sur la manière dont les choix politiques de ses parents ont façonné les premières années de sa vie.

Les circonstances, puis le début d'une quête, l'amènent à rencontrer les enfants de cette génération 68 dont les parents ont vécu intensément l'utopie politique et révolutionnaire.

Le récit de Virginie Linhart se structure autour de ses interrogations : qu'a-t-il manqué à ces enfants qui passaient après le combat politique de leurs parents ? Quelle vie de famille ont-ils connue ? Comment leur enfance a-t-elle façonné leur rapport à la politique, à l'éducation, au travail ? Quel héritage ont-ils reçu de ces années mouvementées ?

Ce livre est avant tout un recueil de témoignages, ce qui en fait sa force et sa faiblesse. Le style de Virginie Linhart est clair, direct et les réponses qu'elle recueille auprès des gens de son âge sont elles aussi directes, voire grinçantes, et non dénuées d'humour, ce qui atténue la charge de certains propos. L'expérience politique enivrante des parents, leur engagement militant et leur rejet de la société bourgeoise a laissé des traces sur des enfants tiraillés entre les idéaux des adultes et la réalité d'un quotidien qui n'avait rien d'enchanteur et de sécurisant pour les plus fragiles.

Mais, même si le nombre de témoins et leur qualité (presque tous les enfants des grands leaders de ce moment de rupture politique et culturelle ont relevé le défi à l'exception des deux frères François et Pierre Geismar), ces témoignages ne sont passés qu'au crible de l'expérience personnelle de Virginie Linhart.

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Le jour où mon père s'est tu

Le récit de Virginie Linhart s'attache à interroger les fils et les filles dont les parents engagés politiquement avec son père dans la fin des années 60, avaient vécu cette période. Son père Roger Linhart pionnier du mouvement Maoiste en France c'est muré dans le silence après une tentative de suicide avortée. Sa fille donne la parole aux enfants des compagnons de son père et dresse un portrait original de cette période effervescente. Ces témoignages montre que malgré des enfances loin des sentiers battus chacun s'est finalement construit. Ces rencontres vont permettre aussi à Virginie Linhart de comprendre son père et de trouver la sérénité. Touchant, instructif, émouvant un récit de grande qualité.
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Le jour où mon père s'est tu

Robert Linhardt est surtout connu grâce au livre L'établi qui raconte son expérience d'intello allant à l'usine dans les années 1970. C'était la grande mode à l'époque de partager les souffrances des travailleurs pour mieux les sensibiliser au combat politique. Il reste que le témoignage de son expérience dans les usines Citroën est formidablement intéressant (disponible au éditions de Minuit).



Sa fille nous offre dans ce livre un retour très personnel sur 68, les mouvements gauchistes de l'époque, l'évolution des participants et de leurs enfants. C'est un récit très attachant car c'est aussi une recherche sur son père.



Cet homme, brillant normalien, a été un des dirigeants de la gauche prolétarienne (maoïste), très proche de Louis Althusser. Il est devenu mutique et dépressif et sa fille le redécouvre grâce à cette enquête et aux témoignages de ses compagnons de lutte.



Virginie Linhardt nous raconte la période 68 en creux, au travers des témoignages des enfants des militants. Elle confronte sa propre histoire à celles des fils et filles des dirigeants gauchistes de l'époque (Krivine, Geismar, Castro...).



On retrouve pas mal de points communs : les enfants ont été sacrifiés à la Cause, n'ont pas connu de vie familiale structurée, certains ont vécu dans les communautés, mais à tous, les parent ont demandé l'excellence scolaire. Adultes, ils rejettent presque tous le militantisme, sont plutôt progressistes mais donnent une éducation stricte à leurs enfants.



La génération des leaders de 68 a pas mal évolué et s'est aussi embourgeoisée, mais certains sont restés sur le coté de la route, incapables d'évoluer et de s'intégrer à la société. Leurs enfants ont quasiment tous choisi un mode de vie en opposition avec eux, la seule idée qui soit intégrée est le féminisme et l'égalité hommes-femmes.



Tout au long de ce livre, l'auteur découvre les raisons profondes de certains de ses choix personnels et professionnels. Elle se livre avec beaucoup de pudeur et nous dévoile aussi l'évolution de son père brillantissime intellectuel qui a explosé en plein vol.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Une sale affaire

Virginie Linhart est sur le point de voir son ouvrage "L'effet maternel" sortir en librairie lorsque son éditrice lui annonce que sa mère et son ex-compagnon veulent en empêcher la parution...

Voilà un thème et une réflexion extrêmement passionnants. Il existe quantité de romans inspirés d'affaires familiales ou personnelles, impossible alors de ne pas penser aux personnes concernées, touchées de près. Si elles ne peuvent empêcher l'écriture, peuvent-elles, juridiquement, faire interdire la publication d'un ouvrage, du moment qu'il n'y a pas diffamation ? Il a fallu ici que l'auteure se justifie et se défende, trouve un avocat, court dans tout Paris pour obtenir des attestations certifiant que tout ce que contient le livre est de notoriété publique. Sommet d'absurdité : devoir expliquer devant un tribunal sa démarche d'écrivain.

Auteure moi-même, j'ai dans un coin de ma tête le roman de ma propre histoire familiale complexe ; mes parents ne sont plus là pour me le reprocher, cependant il reste des proches que je ne voudrais ni blesser ni heurter. Mais alors, à qui appartient l'histoire ?

Une fine réflexion sur la liberté de création littéraire du genre autobiographique et la subjectivité de la littérature.
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L'effet maternel

La première page et les mots sont dures et sans concession "Tu n'avais qu'à avorter : il n'en voulait pas, de cette gosse !". Comment une mère peut dire ça à sa fille au sujet de sa petite-fille ? C'est à cause de cette phrase que Virginie va s'interroger sur sa mère, sur son comportement et l'impact de cette dernière sur sa vie.

C'est un roman sans concession sur cette relation mère-fille souvent à sens unique. Cette mère qui a vécu à fond l'époque de mai 68 et de la libération de la femme. Cette même femme qui décide de faire passer avant tout ces besoins et ses envies avant ceux de ses deux enfants. Elle les laisse seule la nuit chez elle pendant qu'elle sort. Elle va avoir une emprise sur sa fille que cette dernière identifiera que bien plus tard. Cette mère la fera culpabiliser sur ces choix, sur ces désirs ou dictera sans qu'elle s'en rende compte sur le moment sur ses relations/visions avec les hommes.



J'ai commencé ce livre en fin de soirée pour le finir en milieu de nuit car je ne pouvais le lâcher tellement cette relation, cette effet maternel avait un impact sur cette enfant/jeune fille et femme. On a parfois envie de dire à cette fille de se rebeller, de ne pas accepter ce que demande ou sous entend cette mère. On voit les chocs arriver, les déceptions. Et on a du mal à comprendre comment cette fille peut culpabiliser alors qu'elle est dans son bon droit quand elle veut prendre sa vie en main ainsi que ses envies d'écriture.

Un roman coup de poing dont l'écriture fluide nous entraîne au fil des pages sans que l'on puisse s'arrêter. J'ai mis plusieurs jours avant d'écrire cette chronique car j'avais besoin de digérer cette lecture.
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Le jour où mon père s'est tu

Tout ce qu'on nous dit sur 68, une révolution d'enfants gâtés, le triomphe de l'individu, est un mensonge. Selon la collection de témoignages receuilli dans ce livre, 68 c'est le collectif contre l'individu, les idées contre les plaisir, la discipline et le travail contre la décadence bourgeoise.

Pour le reste, ce livre est une mine d'information avec une problématique intéressante, mais il n'est pas littérairement aussi fort que celui de sont ainé : L'établi de Robert Linhart.
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Une sale affaire

A lire de préférence après L'effet maternel, superbe récit qui valut à l'autrice d'être assignée en justice par sa propre mère et l'homme qui l'avait abandonnée enceinte de jumeaux... les 2 plaignants ont bien sûr été déboutés.



Double effet kiss cool. Ce livre ci, différent mais tout aussi passionnant, raconte le procès, et "les interrogations qu'il a fait naître".



Il est d'autant plus choquant, ce procès, que l'autrice n'est jamais dans l'accusation, ni dans la vengeance. C'est factuel. C'est sa vie, son expérience, situées dans un contexte plus large, pouvant parler à tout le monde.

Elle veut juste analyser, pour comprendre,

intégrer, digérer, s'en remettre.



Ce texte m'a beaucoup parlé.



"C'est l'absence de récit qui tue la famille. "



"Une seule version de l'histoire, ça s'appelle le totalitarisme. "



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Une sale affaire

En 2020, Virginie Linhart publiait L’effet maternel. Un livre aux accents féministes, dans lequel, elle racontait quelques moments de sa vie, lorsqu’elle était enfant, mais aussi jeune adulte, elle, la fille d’un père et d’une mère Soixante-huitards, ayant connu l’engagement politique, mais aussi la liberté sexuelle des années 70. Un livre qui connut un certain succès pour cette documentariste de métier, qui s’est fait connaître comme écrivaine en 2008, avec son récit Le jour où mon père s’est tu, consacré à Robert Linhart. Un père mais aussi une figure de l’engagement politique des années 70, sociologue, philosophe et auteur du livre L’établi, dans lequel il racontait les quelques mois qu’il a passés comme ouvrier à la chaîne chez Citroën.





Mais, ce que l’on ne savait pas, au moment de la parution de L’Effet maternel, c’est que, quelques mois avant la publication du livre, la mère de Virginie Linhart, ainsi que l’ex-compagnon de l’autrice – père d’un enfant qu’ils ont eu en commun – , simplement appelé E. dans le livre, avaient demandé à ce que des parties du livre soient enlevées, car, selon eux, touchant à leur vie privée. De cette requête, allait découler un procès pour savoir si ce livre allait pouvoir être publié en l’état ou pas. Un procès qui se retrouve être au centre de cette « sale affaire », une étonnante et singulière histoire d’une procédure judiciaire intentée par une mère contre sa fille.





Virginie Linhart a dont décidé de raconter cette « affaire » dans un livre où il sera question, pêle-mêle, de la loi, de la morale, de l’héritage et des relations familiales, et bien sûr la liberté de raconter son histoire personnelle et celles des autres.



Durant près de 200 pages, l’autrice évoque les dessous de ce procès, mais parle aussi d’elle, de sa vie d’aujourd’hui, celle d’une femme, enfant de 68, posant un regard lucide sur sa jeunesse, sur la génération qui l’a précédée, éprise de liberté, d’insouciance, et dont les actes ont impacté à jamais sa vie. Comme dans son précédent livre, elle évoque avec beaucoup de recul les traumatismes vécus, les choses qu’elle a vues et subies, et qui, aujourd’hui continuent d’avoir une résonance sur certains aspects dans sa vie quotidienne.





Malgré la violence que peut représenter le procès opposant une mère et sa fille, Virginie Linhart aborde son récit sans affect particulier, sans rancœur. Avec la sensibilité qui la caractérise habituellement, elle questionne sur la valeur des récits autobiographiques au regard de la loi, et plus généralement sur la question : « à qui appartient l’histoire ?« . Elle tente avant tout de comprendre plutôt que de juger, citant, à un moment du livre, cette célèbre phrase de Philippe Roth : « Quand un écrivain naît dans une famille, c’en est fini de cette famille ». Pas de bol pour Virginie, dans la sienne, il y en avait au moins deux.
Lien : https://www.benzinemag.net/2..
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L'effet maternel

J'avais été plutôt intéressée par l'essai consacré par l'autrice à son père, qui m'avait permis de découvrir L'établi, ce livre formidable écrit par Robert Linhart.

J'ai eu envie de lire cet essai analysant cette fois ses relations avec sa mère, grâce à une série d'articles sur Une sale affaire, qui raconte comment cette mère et l'ex-amant de l'autrice ont saisi la justice pour empêcher la parution de L'effet maternel qui les mettait en cause. Lesdits articles étant très favorables à V. Linhart, je m'étais dit que leur comportement était vraiment dégueulasse, pas du tout fair-play.

En lisant le livre, je les comprends un peu mieux. Les accusations portées contre eux sont d'une virulence inouie et l'autrice se livre à une psychanalyse sauvage pour tout expliquer à sa sauce. A un moment, elle pense que le comportement individualiste, mal aimant, manipulateur de sa mère, pourrait découler d'un inceste qu'elle aurait pu subir quand elle était enfant. Quand sa mère la détrompe, elle est déçue parce que ça ne rentre pas dans ses schémas !

J'ai vraiment trouvé ce livre antipathique.
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Une sale affaire

Très bon récit sur ce qu’est la littérature et les tentatives de censure de l’entourage de l’autrice.

La génération 68 ne sort pas grandie de ce livre qui raconte le procès ayant opposé une fille à sa mère et au père de sa fille (alliance a priori inattendue).

Il est préférable de lire «L’effet maternel » de la même autrice auparavant.
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Une sale affaire

Quelle douleur que ce livre! Virginie Linhart se débat comme elle peut dans l'incompréhension du procès en référé que lui intente sa mère, conjointement avec l'homme qu'elle a aimé et qui l'a abandonnée 20 ans auparavant, enceinte de jumeaux dont un qu'elle perdra in utero.

Liberté d'expression ou droit à la vie privée: à la justice de distinguer l'abus. Elle ne faillira pas.

L'auteure tente de saisir l'insaisissable avec beaucoup d'intelligence et de distance, malgré l'horreur de l'attaque matriarcale.

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L'effet maternel

L’effet maternel est un récit en forme d’introspection. L’autrice tisse ou défait au fil des pages les liens avec sa mère pour chercher à les comprendre, pour chercher à mettre des mots dessus. Et cela, depuis son enfance dans les 70’s jusqu’au jour où elle deviendra mère. Cette relation singulière avec sa mère et l’environnement dans lequel elle grandit vont directement impacter sa conception de la maternité, de la vie conjugale ou de la vie familiale.



Virginie Linhart, d’une plume concise et tout en retenue, brosse un très beau récit sur sa vie et sur ses proches, avec tout ce que cette démarche peut charrier. Les jolies moments comme les moins reluisants. L’autrice écrit un livre qui peut parler à de nombreuses femmes au-delà de son histoire personnelle. Elle y aborde la maternité et ses injonctions, le statut des mères célibataires, les relations mère fille ou encore le rôle de la parole dans une famille. Autant de sujets sondés avec beaucoup de nuances et de justesse.



« Avec l’écriture je me libère de la toute-puissance maternelle, je prends ma part de responsabilité dans le parcours qui a été le mien et je comprends aussi la place centrale qu’y a jouée ma mère. L’écriture n’est en rien un remède, c’est un instrument d’émancipation. »
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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