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Critiques de Vladimir Nabokov (672)
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La Vraie Vie de Sebastian Knight

Je viens de terminer la lecture de ce roman et je dois avouer ma grande perplexité.

J'en ai d'abord commencé la lecture en anglais, il y a deux ans, et je l'ai interrompue, sans doute un peu perdue dans les méandres de ce roman complexe que, comme à mon habitude, j'ai lu de front avec plusieurs autres romans, journaux d'écrivains et autobiographies.

J'ai recommencé la lecture cet automne et de nouveau je me suis sentie un peu perdue. J'ai donc poursuivi la lecture dans la Pléiade, avec le secours de notes et de la notice.

L'impression que j'en retire est encore la même. Un sentiment d'égarement, au sens du lecteur qui a perdu son chemin parmi tous les sentiers esquissés par l'auteur.

C'est une histoire racontée par un narrateur qui veut écrire la biographie de son demi-frère qui était écrivain.

A l'issue de ma lecture, après le mot« fin », j'ai une nouvelle fois recours à la notice de l'édition de la Pléiade pour m'aider à y voir clair.

Page 1540 : « Ce ne sont donc pas seulement les trames chronologiques qui s'enchevêtrent mais des couches de textes qui se superposent »

(NDLR : Je comprends mieux pourquoi je suis perdue ...)

« Ce roman préfigure donc, sur un mode mineur certes, Feu Pâle : V., comme Kinbotte, s'empare non pas d'un texte littéraire mais d'une vie, celle de son demi-frère écrivain. Il se comporte un peu comme Fiodor, dans le Don, qui prétend faire son apprentissage d'écrivain en écrivant sur son père, entreprise à laquelle il finit par renoncer, puis en composant la biographie caricaturale de Tchernychevski, avant d'entreprendre sa première grande oeuvre que l'on peut supposer être le livre que nous lisons. I l s'agirait donc là, entre autres, d'une sorte de Küntlerroman comme les Années d'apprentissage de Wilhem Meister de Goethe ou Portrait de l'artiste en jeune homme de Joyce. Mais c'est aussi plus que cela, car ce faisant, V. s'efforce sincèrement de raconter la vraie vie de son demi-frère, tout en sachant parfaitement que l'entreprise est plus ou moins vouée à l'échec. Dans un article écrit en français, « Pouchkine ou le Vrai et le Vraisemblable », Nabokov se demandait : « Est-il possible d'imaginer en toute réalité la vie d'un autre, de la revivre en soi et de la mettre intacte sur le papier ? J'en doute : et l'on serait tenté de croire que la pensée même, en dirigeant son rayon sur l'histoire d'un homme, la déforme inévitablement. Ainsi, ce ne serait que le vraisemblable, et non le vrai, que perçoit notre esprit » Dans son dernier roman Regarde, regarde les arlequins ! Nabokov est allé jusqu'à composer une sorte de caricature de lui-même alors qu'on attendait la suite de l'autobiographie annoncée depuis longtemps, Speak on, Memory, qui, elle, ne verra jamais le jour.

Voilà sans doute, ce qui fait la richesse de la Vrai Vie de Sebastian Knight et de quelques autres romans de Nabokov. Ces jeux spéculaires entre plusieurs textes, plusieurs personnages, cette incapacité à dire le vrai et à décrire la réalité autrement qu'en engendrant une multitude d'images métaphoriques et en mobilisant une infinité d'intertextes parviennent à créer des objets artistiques éblouissants et surdéterminés. La métaphysique, pour Nabokov, n'est pas un quelconque trésor de vérités cachées que le poète aurait pour mission de dévoiler mais le puits sans fond dans lequel il puise pour inventer des récits inédits, des destinées inouïes et des images fascinantes ; c'est, en d'autres termes, une allégorie de ce manque-à-être dont Lacan nous dit qu'il est à l'origine du désir. »

J'ai donc entrepris plusieurs fois de lire ce roman, en français, puis en anglais, puis dans les deux version en raison de la difficulté du fond du roman que j'espérais sans doute alléger en le lisant en traduction.

Ce roman fut donc le premier que Nabokov composa en anglais, sa langue d'adoption, une prouesse lorsqu'on voit la richesse du récit et du style !

Dans la notice Nabokov déplore de ne pas parfaitement maîtriser la langue anglaise et regrette des maladresses de style, précisément. Il correspond alors avec des écrivains américains de renom, sollicite leurs critiques et se soumet à leur jugement (Edmund Wilson, Earskine Caldwell, notamment.) Perfectionniste, alors que ce qu'il a réalisé relève déjà de la prouesse littéraire et linguistique.

Certains critiques de l'époque (1941) décrivirent le roman comme la « volonté non seulement de définir l'impossibilité totale de connaître quiconque mais, davantage encore comme, de suggérer la solitude maudite de tout être humain (…) un petit chef d'oeuvre de conception et d'exécution ».

Je m'interroge.

D'autres critiques ont écrit que ce roman était un « faux départ ».

Ce roman tourne beaucoup autour de la mort, il est vrai. le père est mort, le demi-frère du narrateur Sebastian Knight est mort, tout comme la mère de Sebastian.

And so what ! Si on n'écrivait pas sur les morts, si la mort était tabou dans les romans comme elle l'est si souvent dans la vie, la littérature comporterait bien peu de personnages. Et si la vie inspire la fiction, la mort le fait tout autant et avec même beaucoup plus d'intensité puisque tout être vivant, lecteur ou non, sait qu'il n'attend en fin de compte qu'une chose, la mort inéluctable. Et dans la mesure où la vie se mesure précisément à l'aune de la mort, il est normal, naturel et même nécessaire que la mort ait une telle place dans la vie, et donc dans les fictions qui sont le reflet même de la vie. L'ombre se définit bien par rapport à la lumière, et réciproquement !

A mon sens, si les critiques de l'époque n'ont pas aimé, pas su apprécier, c'est par défaut de sensibilité. Ce n'est donc pas l'auteur qui est en cause, mais leur propre vacuité, leur aveuglement, leur manque de profondeur.

A lire (et relire) donc, pour le plaisir du texte, pour la sensation de promenade labyrinthique, et pour toutes autres nouvelles raisons à découvrir à chaque nouvelle lecture !
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Lolita

Vladimir Nabokov à une belle plume, j'ai découvert de

nouveaux mots, comme : moirure, fuligule, cupule,

érubescent, spumescent, acrosonique, spécieux, discrépance,

"Toute impatiente qu'elle fût de m'éblouir en me dévoilant l'univers des vilains garnements, elle ne s'attendait manifestement pas à certaines discrépances entre la vie d'un garnement et la mienne."

J'avais aussi répertorié tous les mots que je ne connaissais pas pour le livre "Le Tour du monde en 80 jours" de Jules Verne.

Cet homme solitaire est bien perdu dans sa vie, ne vivant que pour sa "passion", parcourant les USA, afin d'être avec "sa" Lo Lola Lolita...

En fin de compte, il se perdra lui-même dans son piège, dans les méandres abyssale de la débauche. Il n'en sera jamais rassasié, tel est le péché...

Je conseille la lecture de ce livre rien que pour la beauté de l'écrit et sa psychologie.

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Lolita

UN livre troublant, même dérangeant par moment.



Car en effet entre la révulsion de cet amour anormal, on ne peut s'empêcher de ressentir des pointes de sympathie pour le narrateur qui est la victime impuissante de sa passion pour une Lolita dont n'ayant pas le point de vue, on ignore le dégrée d'innocence.



Est-elle le chat jouant avec la souris qu'il décrit par moment, ou cela est il juste un prétexte pour justifier sa conduite inqualifiable?



Le livre est aussi troublant par un style (du moins en anglais c'est très facile à percevoir) résolument moderne, avec des passages presque décousus sous forme d’instantanés, d'image subliminale de morceaux de phrases qui passent sous nos yeux avant de disparaitre.



Mais que se soit par sa thématique ou son style, Lolita est un livre qui ne peut laisser indifférent et qui est un classique à découvrir absolument en terme de culture générale. Et aussi une lecture qui m'a plus plu que ce `å quoi je m'attendais.



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Lolita

Après une telle lecture on se sent obligé de juger, non pas l’œuvre, mais le personnage. Comme si le sujet dérangeant de la pédophilie demandait une prise de position ferme afin de montrer qu'on est du bon côté de l'humanité.



Mais c'est oublier que c'est un roman, pas un reportage d'information ni une étude scientifique. Sommes nous réellement face à l'étude clinique de ce qu'est un pédophile type? Doit-on se choquer de cette obsession qui le pousse à manipuler, à mentir, à tuer, à voler la jeunesse de Dolly pour satisfaire ses pulsions?

Ne peut-on simplement apprécier ce thriller psychologique comme on apprécie ceux des tueurs en série? Ce voyage au bout de la folie?

Moi j'ai apprécié, sans doute avec détachement, cette mécanique implacable qui se met en place, l'égoïsme et la prétention du pédophile, la négation de l'objet de son désir.

Le roman démarre par des jeux innocents et bascule rapidement dans la manipulation, il y a ensuite cette fuite à deux dans un road-movie désespéré de plus en plus noir.



Je regrette simplement que, par moments, l'aspect trop soutenu du langage m'ait perdu... par chance, la liseuse permet d'avoir les définitions des termes un peu compliqués dont l'auteur abuse... Et à dessein je le suppose : cette préciosité du personnage principal met une distance entre lui et ses actes qu'il relate à la première personne.



Livre à part... sans doute à déconseiller aux plus jeunes.
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Le Don

Considéré comme le plus grand des romans russes de son auteur - il en est également le dernier : Nabokov écrira désormais dans sa langue d'adoption, l'anglais - Le Don n'en est pas moins un livre singulier et plutôt déroutant. Sa structure s'organise autour de cinq chapitres qui forment presque des romans autonomes - rarement les chapitres d'un livre auront eu une allure aussi différente qu'ici - et pourtant profondément mais subtilement reliés les uns aux autres, avec une admirable maîtrise narrative.



L'ensemble donne plutôt l'impression d'avoir à faire à une pièce en cinq actes. Cinq actes qui scandent l'évolution littéraire du personnage principal, Fiodor, un jeune écrivain russe émigré à Berlin : dans le premier chapitre, il vient de faire paraître son premier recueil de vers, tandis que dans le deuxième il s'attelle à la description de la vie de son père, explorateur et naturaliste qui sillonna l'Asie centrale, à laquelle l'acte IV fait pendant en offrant au lecteur, in extenso, le deuxième ouvrage publié de Fiodor : une Vie de Tchernychevski, écrivain et philosophe russe du XIX° siècle, inspirateur de la jeunesse révolutionnaire. Dans l'acte III, au centre de la composition, fait irruption Zina, la figure féminine du livre qui vivra avec Fiodor un amour réciproque ; le chapitre V, splendide, stylisé et rutilant, clôt le livre le temps d'une journée d'été, où Fiodor caresse le projet d'un nouveau roman, « classique, avec des personnages "typiques", l'amour, le destin, des conversations et des descriptions de la nature ».



Ce roman, qui n'existe encore que dans l'imagination de Fiodor, c'est en fait, naturellement, Le Don lui-même, qui regorge de personnages "typiques" parfaitement croqués, qui est aussi une histoire d'amour (avec Zina, avec les mots et avec la littérature), dont le destin est un motif récurrent, riche en conversations (réelles ou imaginaires), et encore plus riche en "descriptions de la nature" d'une rare beauté. *Le Don* est donc une sorte d'"art poétique", de mise en abyme de la création littéraire : les opinions développées par Fiodor dans sa Vie de Tchernychevski, chef d'œuvre d'ironie et d'érudition parodique, sont celles que Nabokov met lui-même en pratique dans son roman. Ainsi Tchernychevski, qui fait fi du style et assigne à l'art et à la littérature un but utilitariste, est tourné en ridicule, présenté comme une figure pathétique, un piètre écrivain dont le destin s'est joué. Bref, un contre-modèle : Fiodor et Nabokov ne s'engagent que par la pureté de leur art.



Alors, bien sûr, l'un des personnages centraux du livre étant la littérature russe, le récit (particulièrement le chapitre IV) est truffé de références à Pouchkine et Gogol, aux poètes modernistes russes, aux farouches opposants de Nabokov au sein du milieu littéraire des émigrés russes. Autant de références que je ne maîtrisais pas. Cela ne m'a pas particulièrement gêné dans la lecture, bien qu'un certain nombre d'allusions soient restées opaques - et toute une facette du livre m'est ainsi demeurée inaccessible. Ayant lu Le Don dans la collection de la Pléiade, l'appareil critique est très fourni et vient combler ces lacunes ; je ne sais pas ce qu'il en est de l'édition poche.



A mesure que défilaient les chapitres, j'ai parfois eu le sentiment d'être mené par l'auteur dans une direction floue, de ne pas bien comprendre où il voulait en venir. Mais parallèlement, la structure du livre se laissait peu à peu deviner, et la métaphore employée par un des critique fictifs à propos de la Vie de Tchernychevski, qu'il compare à un tableau impressionniste, convient en fait parfaitement au Don : avec un peu de recul le tableau prend forme. Mais Nabokov ne sacrifie rien à la structure : son art est un art du détail, de la note colorée, du jeu fugace de la lumière, tandis que les jeux de miroirs, les échos d'un chapitre à un autre et l'ironie, constamment présente, confèrent à l'oeuvre sa profondeur enchanteresse.



Et ce "don", quel est-il, alors ? Celui de la création littéraire, sans doute, mais aussi le don de la vie : "Où mettrai-je tous ces dons que le matin d'été m'offre en récompense - à moi seul ?" s'interroge soudain Fiodor dans le chapitre V. Car l'art de Nabokov est, assurément, tout entier du côté de la beauté, de la vie et des sens, loin des prisons sibériennes où ratiocinent Tchernychevski et les siens.
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Lolita

Alors, le fameux, et très controversé, Lolita de Nabokov.

Comme beaucoup je vais scinder ma critique sur les 2 points qui ressortent le plus, à savoir le fond et la forme.



La forme d'abord. Pour les amoureux du mot, les fadas de la littérature, ce roman est un monument. Le style brillant de l'auteur, ses jeux de mots subtiles, ses "switch" divins entre les langues vivantes ou mortes, ses références maîtrisées à la littérature... Un pur délice. On aime ou on n'aime pas la profusion de paraboles, de lexique "pédant", les phrases interminables et l'aversion irrepressible de l'auteur pour le point à la ligne... Moi j'adore. Je me suis littéralement régalée.

Un bémol, et c'est le comble puisque c'est ce qui a coûté la cinquième étoile, je me suis parfois ennuyée lors de descriptions redondantes et futiles, par exemple pour le premier voyage à travers l'Amérique, chaque détail non nécessaire passé au scanner...qui faisaient stagner l'histoire.



Voilà pour la forme, passons au fond.

Le roman a pour thème la pédophilie. Il est donc essentiel (et logique) d'ouvrir le livre en connaissance de cause, en gardant un certain recul, un esprit "ouvert" et en comprenant le récit pour ce qu'il est. En aucun cas il ne fait l'apologie du crime. Le narrateur est certes un pédophile névrosé, et le lecteur se retrouve dans sa tête, dans ses pensées, ses fantasmes déviants, immoraux, et je peux comprendre que les âmes sensibles puissent ressentir un certain malaise, car notre "héros" ce très "cher" Humbert, aussi perverti, infâme, déviant, et tout ce que l'on veut, est également un être profondément humain, cultivé, poète, sensible, intelligent et "romantique" à sa manière. Il faut donc je pense garder à l'esprit, que Nabokov ne fait que mettre des mots, sur un vice, une divergence, une "maladie de l'âme" qui existe parce que faisant partie de la foultitude de la nature humaine, aussi diversifiée, aussi lumineuse, aussi sombre puisse-elle être dans toutes ses déclinaisons. Et honnêtement la psychanalyse et toute la ribambelle de sciences et de ses experts n'existeraient pas si le monde était parfait. Humbert le dit lui même, il a conscience de sa "putréfaction", sa monstruosité, il est un "artiste doublé d'un fou" et pourtant il ira jusqu'au bout de sa folie.

J'ai vu passer ici et là l'evocation du viol. Je me permets de rappeler que Humbert a été interrompu dans son abject machination de drogue et que au final, Dolores Haze a pris l'initiative. On fait le procès du pervers, et à juste titre, mais on oublie le côté dévergondé de la victime qui a encouragé le vice au début. La suite de leur aventure est une autre histoire, mais jamais Humbert ne s'est comporté en bête sauvage (je ne le défends pas mais il faut remettre le contexte litigieux). Quelle direction aurait pris l'histoire si Lo n'avait gratté une allumette, embraser l'homme malade maîtrisant diffilement ses pulsions ? Le fantasme serait-il resté à l'état de representation mentale? Aurait-il craqué ?

Également pour moi ce n'est pas une histoire d'amour, mais l'histoire d'un malade amoureux (nuance). Car oui l'amour se décline aussi sous ses formes les plus viles, la vie n'est pas un conte Disney. Le crime passionnel existe, c'est un fait malheureusement "banal" (je sens que je vais me faire conspuée par les gens qui ne lisent pas entre les lignes). Pervers égocentrique, déviant, malade, manipulateur, égoïste, mais amoureux je le maintiens. Le plus horrible a été pour moi ce dernier chapitre ou Humbert "découvre" que "inconsciemment", il avait toujours eu conscience de détruire la vie d'une Lolita victime, perdue, abandonnée, prise dans ses filets, et finalement pas si consentante que cela.



Pour conclure j'ai beaucoup aimé ce roman, son côté, psychologique, philosophique si j'ose dire, son côté dramatique, romantique malgré sa dimension dégueulasse, sale, la plume incisive, brute, pertinente et aussi retenue pour ne pas tomber dans le vulgaire ou le pornographique, de Nabokov.
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Lolita

J'ai enfin lu le fameux Lolita de Nabokov récupéré dans la bibliothèque de ma mère à son décès il y a 20 ans. Je savais, bien sûr, comme chacun, que le livre à sa sortie avait fait scandale, mais qu'il s'était imposé ensuite comme un classique de la littérature.



La question : est-il un classique parce qu'il a fait scandale ou est-ce vraiment un chef d'oeuvre de la littérature ?



Si on considère seulement son aspect formel, le roman n'est pas exempt de défaut. Loin de là. L'action et le rythme sont d'une lenteur que rien ne justifie. Pour le dire franchement, je me suis ennuyé le plus souvent, en particulier durant le long périple de Humbert et Lolita à travers les USA. Ce n'est que vers la fin qu'une véritable tension narrative apparaît. De plus, le discours est certes extrêmement brillant, mais il est cependant exprimé (traduit ?) assez souvent dans un style lourd, avec des phrases très (trop) longues munies d'une richesse de vocabulaire à friser l'indigestion. Je ne crois pas être un analphabète, pourtant, que d'adjectifs (voire de noms) éparpillés un peu partout et dont j'ignore le sens. On dirait parfois un concours de vocabulaire (voyez, cher lecteur, comme j'en connais des mots que personne n'utilise…). Très étrange, car je n'ai jamais eu cette impression en lisant d'autres Nabokov (comme La Défense Loujine, par exemple, roman que j'admire).



Donc, en ce qui me concerne, selon mon humble avis, d'un point de vue strictement formel, nous n'avons pas affaire à un chef-d'oeuvre.



Le fond alors ?



Mon Dieu, le fond, que dire…



Les choses sont astucieusement emballées de sorte à ce qu'aucune pornographie n'affleure. Et peut-être, d'ailleurs, est-ce pour cette raison que certains considèrent ce roman comme un chef-d'oeuvre. Or, si l'on tente de bien prendre conscience de ce qui est écrit, voire de s'en forger des images, on en a la nausée. Heureux alors ceux qui manquent d'imagination… Car il s'agit de pédophilie. le « héros », Humbert, en prédateur sexuel, s'est emparé d'une fillette et, tout simplement, disons les choses comme elles sont, la baise chaque nuit pour son plaisir exclusif. Lolita n'est même pas une pré-adolescente (nous précise-t-on à plusieurs reprises avec insistance).



Notons aussi, Humbert étant légalement le beau-père de Lolita, que cette relation sexuelle est aussi un succédanée d'inceste sur lequel Nabokov insiste beaucoup, comme si cette situation ajoutait une plaisant petit supplément de perversion.



La petite souffre physiquement de cette baise monstrueuse (on nous le dit aussi) et est violée avec une régularité synonyme de l'appétit sexuel du pédophile. Violée et re-violée parfois dans la même nuit. Notre pédophile, par ailleurs, connaît parfaitement le calvaire qu'il inflige, la destruction psychologique dont il est l'auteur, il en parle même assez longuement à plusieurs reprises, avec une complaisance étonnante, mais semblant se trouver une excuse. Laquelle, me demandez-vous ? Celle de l'aimer. Ce monstre prétend aimer cette pauvre petite. Et je réentends alors certains crétins, alors que je n'avais encore jamais lu ce roman, me dire « c'est une grande histoire d'amour ». Non, cela n'est pas une grande histoire d'amour (totalement asymétrique du reste, car dès qu'elle a été en mesure de le faire, Lolita s'échappe et fuit Humbert). Que ce pédophile soit devenu sexuellement fou de cette pauvre gosse est un fait, mais ne fait pas de cette irrépressible et monstrueuse attirance sexuelle une histoire d'amour.



Reste un dernier point. le dernier qui me semble vraiment à discuter. Ecrit à la première personne, ce roman serait le témoignage première main d'un pervers (Humbert), capable de raconter sa folie et de nous permettre ainsi de pénétrer dans ses pensées (à fin d'édification sur la psyché d'un pédophile). Cela serait certes alors de la Littérature aussi (avec un grand L). Pourquoi pas ?



Pourtant, j'y vois une faille. Prenons par exemple La Mort est mon Métier de Robert Merle, roman mettant en scène le chef du camp d'Auschwitz. L'homme est monstrueux et on s'en rend compte. Ici, l'homme est monstrueux aussi mais, si on n'y prend pas garde, on ne s'en rend pas compte. On entre dans le système de pensée de Humbert et nous l'admettons comme une pensée normale. Inquiétant…



Quelle note ? J'ai presque envie de dire, mettez celle que vous voulez, je ne veux pas noter un tel ouvrage. Trop facile, me direz-vous, mouille-toi donc mon vieux Yakou ! Et vous auriez raison. Alors, je prends mes responsabilités et, pour être en accord avec ce que j'ai ressenti et vécu pendant cette lecture, je vais mettre une seule petite étoile puante.



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Lolita

Une écriture solaire pour dépeindre les tréfonds les plus obscurs de l’âme humaine, tel est le génie, le risque, le pari et le succès de Vladimir Nakobov avec son roman Lolita.



Roman ? C’est peut être un maigre terme pour définir tout ce que contient cet ouvrage, et qui montre une nouvelle fois à quel point cette littérature, enflammée de vices brillants et de beautés malsaines, peut infiniment plus toucher notre âme qu’une analyse froide et neutre.



Si Lolita est le roman de l’interdit et de tous les vices, c’est qu’un des plus grands tabous de nos sociétés, la pédophilie, l’inceste, sont abordés avec une proximité désarmante. L’image du monstre pédophile que nous avions s’effondre : on se rend compte que le narrateur, personnage si bien dépeint et crée, est humain. L’humanité la pus sombre, la plus obscène, la plus manipulatrice, mais l’humanité tout de même. Cette proximité inhabituelle, ces pensées si cyniques, si contradictoires, si lunatiques, qui s’adressent directement à nous avec une aisance mystique, ne peuvent nous laisser indifférent. Et c’est pour cela que Lolita choque. Un roman qui dénonce la pédophilie ? Pas vraiment. Un roman qui romantise l’inceste et des vices ? Non plus. Le génie de Nabokov, c’est qu’il n’est pas là pour prendre parti, pour moraliser, mais simplement pour analyser.



Analyser, c’est le mot qu’il faut retenir de Lolita. L’analyse de l’inceste, des traumatismes, de l’enfance, des relations incestueuses, du viol, des pires obscénités. Une analyse qui dérange, une analyse difficilement compréhensible si nous vivions avec cette vision manichéenne de la vie inculquée depuis notre tendre enfance. Mais qui est le méchant et le gentil dans Lolita, qui subit et qui inflige ? La réponse pourrait paraître simple, mais tout l’art de Nabokov a été de maintenir une ambiguïté : le pédophile subit son trouble, et il le fait subir à Lolita. Son amour ne peut pas être nié, au même titre que sa monstruosité.



Lolita, c’est la description brillante d’un trouble ténébreux, qui hante une âme malheureusement humaine dans laquelle nous sommes plongé. Lolita, c’est une plongée dans le désir brûlant d’un homme malade, un désir si brûlant qui finit par le consumer.



Lolita c’est le roman de toutes les dichotomies, de tous les interdits. Lolita, c’est les sueurs du travail fin, les larmes de l’obscénité et le sang de la cruauté, mis au services de la plus sublime analyse de la laideur pure, par la plus belle plume.

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Lolita

Sans surprise, c’est un roman incroyablement inconfortable, dérangeant et révulsant.

Nous voilà partageant l’intimité des pensées d’Humbert Humbert, plongeant dans sa confession, l’écoutant disserter sur les « nymphettes », ces fillettes (de neuf à quatorze ans précisément) au magnétisme sensuel, sexuel, apparemment irrésistible. L’écoutant se raconter, à la troisième personne parfois, ici imbu de sa personne, ici quelque peu misérabiliste quant à son incapacité à résister au pouvoir d’attraction de ces fillettes. Voilà un personnage parfois ridicule, souvent infâme, parfois troublant, souvent haïssable.

C’est terriblement perturbant de se laisser absorber par ses réflexions, ses explications, ses justifications vaines et absurdes. Humbert étant le narrateur, il n’y a pas de jugement directement porté sur ses actions durant la majorité du récit, c’est donc une plongée dans une âme trouble, éblouie par une obsession sans limite, par un amour dont il nie – la plupart du temps – la perversité. J’ai été écœurée et parfois abasourdie, notamment quand Humbert se plaint de la « frigidité » de Lolita.



C’était particulièrement troublant d’être happée par cette histoire, de constater la facilité avec laquelle les pages se tournaient. J’escomptais une lecture calvaire, je suis finalement partie sans réticence – quoique avec une nausée persistante – sur les routes étasuniennes avec Humbert et Lolita, j’ai parcouru avec curiosité la vie de cet abject personnage. Nabokov m’a plongée dans la psychologie d’un monstre, une psychologie décryptée avec tant de beauté, de finesse, d’intelligence, que je ne me suis jamais ennuyée.



Lolita, bien que personnage éponyme, est un personnage un peu flou. Non seulement on ne peut guère se fier à Humbert pour nous offrir un portrait fiable – à l’en croire, Lolita est instigatrice de leurs premières relations –, mais en plus, on quitte le roman sans réellement connaître la fillette qui l’a accompagné pendant des mois. En touchant à peine du doigt sa quête de liberté. Est-ce dû à la passivité de Lolita ou à l’égocentrisme du narrateur ? J’ai eu de la compassion pour elle (certains passages sont à briser le cœur), mais pas de la sympathie car la distance était infranchissable.



Lolita est un roman magnifiquement écrit. Le vocabulaire de Nabokov est incroyablement soigné et littéraire. Ou celui de son traducteur du moins. Sans forcément toujours connaître la définition exacte des mots, il est assez rare que je tombe – même dans les classiques – sur des termes dont le sens resterait obscur malgré le reste de la phrase, à moins d’être dans un champ lexical très technique et pointu. Or, dans Lolita, il y a eu une quantité étonnante d’adjectifs et d’adverbes qui m’étaient inconnus : hyaline, pubescente, télestiquement, flavescent, voire des bouts de phrases plutôt absconses du style « l’artiste en mnémonique ne saurait dédaigner de telles suffusions de couleurs fluentes » (à tes souhaits). Malgré tout, je vous rassure, le tout reste parfaitement fluide et lisible.

Moi qui craignais certaines scènes, certaines descriptions, j’ai pu me rassurer assez vite : Lolita n’est pas un texte cru et vulgaire. Tout est suggéré, évoqué d’un mot, et laissé à l’imagination du lecteur ou de la lectrice. Pas de relations intimes détaillées par le menu, le roman fait la part belle aux émotions, aux couleurs, aux odeurs, aux frôlements, à l’imagination et à l’anticipation perpétuelle dans laquelle vit le narrateur.



Lolita est une lecture, captivante, puissamment déroutante, littérairement sublime, mais face à laquelle notre moralité ne peut s’empêcher de freiner des quatre fers. Un bijou de la littérature certes, mais il m’a été extrêmement difficile de goûter sans réserve à cette intrigue. Ainsi, dualité rarement rencontrée dans mes lectures, j’ai aimé en m’en voulant d’aimer. Sentiment hautement inédit. Un roman qui ne s’oubliera pas de sitôt.
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Lolita

Sachez-le, vous lancer dans la lecture de ce livre c'est vous lancer dans un travail de recherches de longue haleine !!! L'auteur a tellement de références qu'il m'est impossible de tout "tout" comprendre ... Pour cela, en plus de mes recherches personnelles, j'ai eu recours aux vidéos live d'une booktubeuse que je vous invite à découvrir ! Le travail qu'elle a effectué pour faire ses vidéos est phénoménal et je n'ose imaginer le temps qu'elle y a consacré ! Certainement SON livre préféré, on la sent passionnée jusque dans son pseudonyme qui n'est autre que Nabolita. Je profite de ma critique pour la remercier grandement ! Car sans elle, je peux affirmer que le plaisir que j'ai eu à la lecture de ce livre n'aurait pas été le même !

J'aurais très bien pu mettre 5 étoiles mais le final (tant attendu) m'a beaucoup déçue ... Non pas la révélation en elle-même mais la façon dont l'auteur la raconte. D'une histoire terrible, malsaine, grave, etc il nous la décrit presque comme une comédie ...

Lolita est un grand classique de la littérature mondiale qui vaut vraiment la peine qu'on s'y attarde en savourant la plume délicieuse de Nabokov. Le moins que l'on puisse dire c'est que tout ce qu'il écrit n'est pas dû au hasard ... Tout est "calculé", millimetré au moindre mot !
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Lolita

Écrire à propos d’un sujet ne veut pas forcément dire qu’on le défend.



Je pense que c’est avec cette idée à l’esprit, qu’il faut aborder la lecture de Lolita. Raconté à la façon d’un témoignage, d’une confidence d’un homme, pédophile, amoureux et attiré d’une jeune fille de 12 ans : Dolorès, dit Lolita. Cette structure du roman nous place alors, nous lecteurs, comme témoins privilégiés des pensées de cet homme, à l’image d’un spectateur, d’un confident même ?



Sur le plan psychologique, le fait d’être placé en tant que destinataire privilégié du témoignage d’une telle relation m’a rendu la lecture difficile dans un premier temps, tant la construction du livre nous pousse petit à petit à nous rapprocher de H. H, étant constamment confronté à ses désirs, à ses pensées, ses enjeux propres, ses doutes et même en étant interpellé directement dans le récit.

A l’image de tout roman, nous nous identifions par réflexe à la personnalité du personnage principal, d’autant plus que toute l’histoire est ici racontée à la première personne et rapproche d’autant plus la frontière entre le lecteur et le personnage fictif.



Ce qui rend le livre d’autant plus déroutant et même choquant ; et explique en partie les efforts de censure dont il a fait l’objet lors de sa parution, c’est que Nabokov n’évoque pas ces sujets d’inceste et de pédophilie à travers les émotions et la perception de la victime mais à travers le pédophile lui-même. Ce sont ses émotions et ses états d’âme qui sont au premier plan, rendant ce livre d’autant plus provoquant du fait qu’il n’aborde pas ce sujet (alors tabou à la date de sa parution) de façon classique. Il chamboule l’ordre préétabli de la société en bousculant les mœurs choquant et interpellant ainsi son auditoire.



Cependant, la force de ce livre, c’est parvenir à dénoncer ce mal d’une façon unique et à décrire les pulsions ainsi que les procédés de pression dont usent de tels prédateurs permettant ainsi de clarifier ce que peut représenter de telles relations et à travers lesquelles se côtoient la folie et la dangerosité du prédateur mais aussi le fantasme sexuel tournant à l’obsession.



Le style de Nabokov est magnifiquement bien mené avec une écriture superbement bien aboutie agrémentée de nombreuses références littéraires, intégrées dans un vocabulaire et un discours richement ficelé.



Un livre horriblement bien écrit.

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Ada ou l'ardeur : Chronique familiale

Premières impressions à la page 100 : mon Dieu, que ce qui est simple peut être dit de façon tortueuse et compliquée ! Nabokov met en scène dans ce roman son amour-propre boursouflé, il éclate d'auto-satisfaction : voyez comme je suis le virtuose du style, semble-t-il dire... admirez mon intelligence... Il s'enivre de ses propres trouvailles qui le rendent euphorique par libération d'endorphines et de dopamine, à moins qu'il se soit fait aider par des substances exogènes. Ce réalisme hystérique après avoir distrait, rassasie vite. Toutes ces distorsions cérébrales pour créer un amour incestueux font sourire. Ô vous si simples, si belles, Atala, Anna Soror, où êtes-vous ?



Je continuerai ce livre par curiosité, en lisant quelques pages de temps à autre, et espérant que les personnages prendront de la consistance, que l'auteur cessera de papillonner pour s'effacer enfin derrière sa création.



Je voudrais que ce soit le cas. Il me semble que Jim Harrison dans "Nord Michigan" évoque son admiration pour "Ada ou l'Ardeur" à l'occasion de son propre personnage Dalva. Je vérifierai cela à l'occasion.
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La Vénitienne et autres nouvelles

Évoquer un recueil de nouvelles tellement diverses dont on voudrait tirer quelques grandes lignes revient à présenter un écrivain dont on a tout dit ou presque. Ces histoires courtes écrites en russe au tout début de sa carrière (traduites plus tard en anglais par l'auteur), lors de l'exil à Berlin en fuite du bolchevisme, sont significatives et symboliques de la démarche future de Vladimir Nabokov qui s'inscrivait à contre-courant des modes et voyait dans la littérature une manière de sorcellerie plutôt qu'un langage de raison.



Gilles Barbedette l'indique en préface : "Dans ces nouvelles, Nabokov tente de saisir en plein vol des images, des sons et des voix cristallisés pour le seul plaisir des mots et qui représentent pour lui le seul moyen d'ignorer avec superbe la puissance temporelle du monde. D'où ce penchant pour l'invraisemblance délibérée d'un détail qui vient traverser ou clore un récit, et la méfiance instinctive à l'égard de l'Histoire dite «objective»." Si Nabokov dit un jour que les romans sont des contes de fées, on peut penser qu'il avait au moins raison pour les siens.



Lors de leur parution (décembre 1990), la plupart de ces textes étaient inédits ou n'avaient été publiés que dans des revues berlinoises sans refaire surface depuis. On y retrouve la nostalgie du pays russe, l'aversion pour les partisans de la révolution et quelques apparitions fabuleuses. Tout cela est savoureux, on ne s'y ennuie jamais.



Dans "La Vénitienne", Nabokov réussit à déstabiliser le fantastique même, de sorte que l'on est autant confondu d'y avoir cru que ravi du tour de passe-passe des dernières lignes. Nabokov y trempe librement une toile connue du peintre del Piombo de la Renaissance italienne.

"Bruits", tous les sens en éveil, en vibration avec le monde, évocation d'une relation adultérine, est ma lecture préférée.

Les treize nouvelles colorées sont précédées de deux courts essais sur l'art, rédigés en anglais, annonciateurs de l'esthétique à venir : refus du réalisme, amour de Pouchkine et Gogol, goût du grotesque et de l'étrange.



Passant un jour en revue mes nombreuses lectures si lointaines et oubliées de l'auteur – j'ose espérer que l'absence de comptes-rendus sur un blog hypothéquait la stabilité de mes souvenirs nabokoviens – je me demandai ingénument pourquoi je le prisais tant, d'où une des raisons de relire "La Vénitienne et autres nouvelles". Il ne faut pas chercher loin : dès les débuts russes dans les années 20, c'est sensible, varié et talentueux, ainsi que le confirmait "Le guetteur".


Lien : https://christianwery.blogsp..
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La Vraie Vie de Sebastian Knight

Ennuyeux récit de son improbable quête en vue d'écrire la biographie, 2 mois après sa mort, du demi frère de 6 ans son aîné, avec qui il n'a jamais été particulièrement lié et qui a quitté la Russie pour embrasser une carrière d'écrivain à Londres et Paris.



Il essaye de pimenter la rencontre de la deuxième compagne Nina, ainsi que l'arrivée trop tardive au chevet du mourant mais on a difficile de croire que le narrateur aie fait, comme il l'écrit, un plan de son livre et aie suivi des cours d'écriture littéraire...

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Lolita

Un roman emprunt d'une grande originalité en abordant la pédophilie sous le point de vue du bourreau lui-même. Un livre étonnant, d'une beauté sans pareil malgré le sujet abordé difficile. Des personnages loin des stéréotypes attendus, une écriture poétique et une intrigue qui oscille entre beauté et perversion. Un classique qui a su choquer lors de sa sortie, mais qui aujourd'hui, mérite sans aucune hésitation d'être découvert !
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Lolita

Petite déception pour moi...Quand on lit un classique, souvent cité dans d'autres livres, il y a toujours un risque et là, l'étincelle n'était pas là. Outre le sujet assez dérangeant, le héros tombe quand même amoureux d'une fillette de 12 ans, séduit sa mère pour rester proche d'elle et profite de la disparition de sa mère pour laisser libre cours à ses fantasmes, c'est surtout les descriptions inutiles du livre qui m'ont lassées...
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Autres rivages

Les après-midi où le ciel était couvert, toute seule dans la bruine, ma mère, portant un panier (que quelqu'un avait taché de bleu violacé à l'intérieur avec des myrtilles), partait faire un grand tour à la recherche de champignons. Vers l'heure du dîner, on la voyait déboucher des profondeurs brumeuses d'une allée du parc, petite silhouette enveloppée d'un manteau et encapuchonnée de laine brun verdâtre, toute constellée d'innombrables gouttelettes de bruine qui lui faisaient un nimbe de buée. Au moment où, sortant de dessous les arbres qui pleuraient, elle s'approchait et m'apercevait, son visage offrait une expression étrange, triste ; à croire qu'elle avait eu bien peu de chance ; mais je savais que c'était la béatitude tendue, jalousement contenue, du collectionneur heureux.
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Lolita

Étant quelqu'un d'honnête , je ne peux que reprendre cette critique , vu que j'ai relu ce livre.

Pourquoi l'ai je relu ?

Simplement parce que pour des gens que je respecte c'est un chef d'oeuvre .

Nul n'a la science infuse et toute critique est très subjective.

J'ai donc relu ce livre .

J'en tire une opinion autre .

Je ne dis pas qu'il s'agit d'un chef d'œuvre attention .

Je ne peux qu'être d'accord quand l'on dis que le style est brillant , et que Nabokov à une belle écriture .

J'ai appris nombre de mots nouveaux pour moi dans ces pages.

Sur le plan de l'étude de caractère , il convient aussi de dire que Nabokov effectue un grand travail .

Auscultant les âmes , à la manière d'un psychiatre , il fait ressortir avec brio les mentalités des personnages présents ici .

A ceux qui estiment qu'il s'agit d'une histoire d'amour , je dis non.

A mon humble avis , Humbert est un détraqué , un pervers, qui n'a jamais fait le deuil de son amour de jeunesse contrarié , si tant est que l'on puisse parler d'amour même dans ce cas.

Humbert apparait comme un pervers qui en réalité , recherche chez les nymphettes ce qu'il n'a pu avoir avec son "amour " de jeunesse.

Il cherche à accomplir un acte sexuel dont il à était privé étant adolescent.

Ainsi il se tourne vers les nymphettes , non pas par amour , mais par projection de l'accomplissement de cet acte dont il à était privé.

L'on comprend cela quand l'on lis les attirances que nombre de jeunes filles suscitent chez lui .

Il se trouve que Dolorès lui permet d'accomplir enfin cet acte , donc il se focalise sur elle .

Mais pour autant , aurait il refusé de passer à l'acte avec une autre jeune fille ?

Certainement pas .

Humbert est un attardé sur le plan de la sexualité , il n'a aucune maturité sur ce point .

La preuve étant ces rapports avec sa 1 ére épouse , qu'il méprise et envers laquelle il aurait pu être violent .

De même son dégout envers Charlotte Haze , la mére de Dolorés , envers qui il joue une comédie qui finira tragiquement .

Humbert est un adolescent de 13 ans dans le corps d'un adulte quarantenaire .

Il n'a en lui aucun sentiment pour Dolorés , se comportant avec elle comme avec une catin , d'après ces propres dires.

Dolorès c'est son "défouloir " sexuel en quelque sorte .

Il va quand même jusqu'à la droguer pour abuser d'elle , ce qui est la preuve absolue qu'il n'y a aucun amour en lui pour Dolorès.

Quelle extrémité aurait il atteint si elle n'avait pas répondue à ces avances ?

Humbert n'est pas un romantique ou un amoureux , c'est un monstre calculateur , un être d'une très grande dangerosité .

Pour autant , aurait il pu faire tout cela sans qu'une jeune fille sotte et niaise ne le lui permette ?

Il est lui même parfaitement conscient que Dolorès est une jeune fille très limitée , qui ne réalise pas ce qu'est réellement la vie.

Dolorès c'est la "proie " parfaite pour lui , une jeune fille dont la mère est trés jalouse , qui offre son corps au premier venu ...

Autant par rapport à Humbert , Nabokov fait oeuvre de réalisme dans la description du monstre , autant par rapport à Dolorès il est dans une sorte de caricature , peu respectueuse de l'ame féminine .

Pour lui les femmes sont ou bien des cruches , ou des idiotes , ou des allumeuses sans cervelles .

Il est assez consternant de voir la misogynie présente dans ce livre .

Au fond , à certains moments il va jusqu'à donner l'impression de plaindre Humbert , de le comprendre , en traitant Dolorés comme une jeune écervelée..

Autant l'on peut voir l'ètude d'Humbert comme trés fine , autant au sujet de Lolita il est d'un manque d'empathie assez choquant ...

D'autre part quand certains disent que le livre n'a rien de pornographique , l'on est surpris parce que Nabokov est très insistant et cru sur ce point .

On ne peut lire ce livre sans ressentir un malaise , car quand méme l'on parle ici de pédophilie , et ce sujet est d'une gravité que l'on ne peut relativiser .

Dans un genre un peu semblable sur le plan du sujet , l'on peut découvrir le livre de Alicia Éran , La petite arabe , bien plus respectueux de la condition féminine .

Toujours est il que ce livre de Nabokov est â réserver â un public adulte , et que l'on ne peut le lire sans ressentir une nausée et avoir les mains sales .

L'on ne doit ressentir aucune honte si l'on abandonne la lecture de cet opus , qui de par son sujet et le traitement qui en est fait , s'avère très éprouvant , si ce n'est insupportable.

Mais cela n'est qu'un humble avis .

Cap Breton le 20 Avril 2015
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Lolita

Chef d'oeuvre ! Oui.

A la toute fin de la version poche folio, Nabokov écrit : "Ma tragédie personnelle, qui ne peut ni ne devrait intéresser quiconque, c'est que j'ai dû abandonner mon idiome naturel, ma langue russe déliée, riche, infiniment docile, et adopter un anglais de seconde catégorie, dénué de tous ces accessoires - le miroir déconcertant, la toile de fond en velours noir, les associations et les traditions implicites - que l'illusionniste du cru, queue-de pie au vent, peut lanipuler avec une aisance magique pour transcender l'héritage à sa façon.

Et bien, qu'est-ce que ses livres en russe doivent donner alors.

Style original, fin, précis, avec des termes rares, qui sert à comprendre l'originalité, la finesse, la précision du personnage principal. En même temps parfois, je m'y suis tout à fait perdu, devant relire les passages, pour comprendre, enfin croire que j'ai compris.

Je crois avoir compris ce livre, ce personnage, cette perversion mais qu'en sais-je. Pour travailler avec de réels pédophiles, j'ai encore bien du mal à croire qu'un personnage comme celui-là existe. Si il est répugnant par l'inqualifiabilité de ses actes, on le comprend, je le comprends. Je comprends ce qui peut l'attirer, et pourquoi. Sans accepter, je comprends.

J'étais triste, très triste lorsque Lolita disparait. Et qu'il cherche comme un désespéré... La scène de lutte avec le "kidnappeur" est exceptionnelle. On le vit, on la sent, on ressent. C'est exceptionnel, oui.



Nabokov nous ouvre une portes ou plutôt des portes, il nous laisse juge ou observateur, il ne prétend pas définir quelque chose. L'auteur n'est évidemment pas le personnage, nous non plus. Personne ? Et pourtant.

Ce livre est une profonde ouverture. Je remercie Nabokov, et serai l'un des derniers des derniers à vouloir le clouer à un pilori de bêtise et de malscénité. Tiens, moi aussi j'ai inventé des mots...

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Lolita

Voila un livre que je voulais lire depuis longtemps, et qui avait réussi à alimenter ma curiosité durant tout ce temps. Il faut dire que le livre à fait grand bruit en 1955 et a été censuré dans beaucoup de pays. Pourtant mis à part le sujet, l'amour d'un adulte pour une nymphette pré-adolescente, il n'y a rien de très choquant, pas de scènes sexuelles détaillées, comme on en trouve à foison dans Sade. Au contraire toute l’œuvre tourne autour de la personnalité compliqué de Humbert Humbert à la foi passionné et jaloux. Une jalousie qui va l'emmener jusqu'au confins de la folie et va le pousser au meurtre. Ce livre mérite amplement de figurer parmi les plus grands chef d’œuvre de la littérature.
Lien : http://bibliohasard.blogspot..
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