Humbert Humbert, c’est le nom du narrateur. Il est ce qu’on appelle un pédophile. Il serait facile de classer ce récit comme faisant l’éloge de la perversion, mais ce n’est pas le cas. En fait, le bouquin ne fait pas dans la morale. Il donne la parole, tout simplement, au personnage principal. Il pourra être difficile pour le lectorat de se retrouver ou d’apprécier le protagoniste, mais il est évident qu’il permet d’éclaircir certains points sur cette maladie sexuelle très délicate.
L’importance de ce roman est surtout dans les questions qu’il soulève. Humbert décrit les situations d’une façon émotive. Il aime Lolita, il le prouvera, allant jusqu’à tout sacrifier pour elle, mais elle n’a que douze ans. Certains diront que Nabokov brosse la fillette comme étant celle qui tire les ficelles, qui abuse du contexte à son avantage pour ensuite démolir le gentil Humbert. C’est un avis qui se vaut, mais ce n’est pas le mien. En fait, je reste très mitigé quant à la victime dans ce roman. C’est là, le coup de maître. Le doute qui s’immisce est sensible, innommable et tabou. C’est ce qui répugnera le plus le lecteur, être mis devant une situation délicate en tant que témoin, à l’encontre de sa propre morale. S’attacher au protagoniste est impensable et choquant.
Écrit il y a des années, le livre a été à mainte fois bannie, critiquée et vilipendée. Pour ma part, je crois qu’il s’agit d’une oeuvre incontournable. Malgré certaines longueurs, il est pratiquement parfait. Le sujet abordé émeut, choque et fait réfléchir. La plume, quant à elle, est simple, mais efficace. Le narrateur a toute la place. De plus, nous n’y voyons pas de description sexuelle, mais ce jeu de mystère est puissant et sournois. Certaines choses n’ont pas besoin d’être divulguées, il suffit de souffler un indice pour que l’imagination s’envole.
Je dirais que cette oeuvre doit être lue. Comme société, nous avons un devoir à l’égard des victimes des pédophiles, mais également envers ces êtres malades qui doivent être déchiffrés pour alors être pris en charge, ou du moins, éloignés. Se terrer derrière des jugements faciles ne règle pas le problème, mais l’analyse et le fait de se sortir la tête du sable est la voie à suivre. Ce livre démontre un côté de ces drames qui reste caché, parce que nous avons peur d’y réfléchir, nous avons la frousse d’accepter que ces monstres puissent avoir des émotions, véritablement aimer malgré notre forte incompréhension et notre dégoût. Humbert Humbert aimait véritablement Lolita, qu’on le veuille ou non.
Finalement,
Malgré les longueurs, c’est une oeuvre à lire. Ce sera choquant pour la plupart des gens, mais il ouvre les portes sur un sujet extrêmement tabou que l’on fuit encore, même aujourd’hui. 9 sur 10.
On aime : la plume, le récit, les personnages, l’absence de moral sur un sujet délicat
On n’aime pas : quelques longueurs
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