Citations de Yann Queffélec (604)
On est un peu seul, quelquefois, dans l'intervalle, on s'affole, on envie désespérément ces gens qui prennent le métro chaque matin, ou le périphérique en s'injuriant, se faisant des queues de poisson, pour se rendre au boulot. Ils sont vivants, ces gens-là, ils savent pourquoi ils ouvrent un journal et se mettent à ronchonner au volant, où ils vont, pourquoi la politique va mal.
Il y a des anciens moi, comme ça, on n'est pas fâché d'avoir scellé sur leur histoire une pierre sans épitaphe.
Manger pour vivre, jeûner pour finir de vivre.
Si par malheur l'un de nous trompait l'autre, malheur qui n'arriverait évidemment jamais, on aurait au moins la délicatesse de venir lui chuchoter à l'oreille : je t'ai trompé... L'autre se tairait, conscient qu'il s'agissait là du plus noble aveu d'amour, le plus difficile à formuler, et non moins conscient du désespoir enduré par celui qui rentre à la maison poignarder son bonheur en disant : je t'ai manqué... A présent dormons sur nos deux oreilles, aimons-nous à jamais, promenons-nous dans les bois...
Elle faisait en amour la guerre aux mensonges, et sur le terrain la guerre à la vérité.
Il faut être cynique pour cesser d'aimer une femme, se détacher aussi vite après la séparation.
Le bonheur à Montouge aurait pu durer, bien sûr, aussi longtemps que le toujours passionné des serments. Et bien sûr il prit fin.
Merde merde merde merde. Pourquoi trouve-t-on ce mot grossier ? Et pourquoi réfréner l'envie de le prononcer, alors qu'ils sont si rares, les mots qui procurent pareille jubilation ? Est-ce parce que le mot ressemble trop à la chose : l'invoquer, c'est déjà se soulager ?
Il ne devrait pas y avoir de douleur, juste un engourdissement paisible, une légère ivresse, avant de me détacher comme une feuille d'automne. Pas de peur. Mais que de regrets.
La nuit, tous les hommes sont des enfants.
A quoi bon la liberté si l'on ne peut y trouver la paix ?
Il y a des livres que leur seul titre suffit à rendre nécessaire.
Nous sommes dans un Etat où pour un rien, on tue son voisin. Nous avons plus d'armes que d'habitants.
Je regarde les lumières de la ville par la fenêtre. Derrière ces lumières des milliers de gens ont la chance d'être en vie, des milliers de gens vont dormir en sachant qu'il y aura d'autres nuits après celle-ci, beaucoup d'autres.
J'attends. C'est devenu une habitude. Je crois que je ne sais plus rien faire d'autre.
"Si les crayons ont une gomme au bout c'est pour effacer les erreurs." Depuis que j'ai entendu à la télé Bart Simpson dire cette phrase, elle ne me quitte jamais.
Quand on est perdu, on est prêt à se raccrocher à n'importe quoi.
A quoi pense-t-il l'astronaute, avant d'être envoyé là-haut ?...
L'homme a besoin d'être semblable aux autres devant la faute et la peine, et tout crime est l'affaire de tous.
Pinocchio redevient pantin quand la vie lui ment.