AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Yannick Haenel (365)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Jan Karski

A travers le récit de la vie de Jan Karski, ce livre pose la question : Mais pourquoi les Alliés ont-ils laissé faire l’extermination des juifs en Europe ?

A Varsovie, en 1942, Jan Karski est un messager de la résistance polonaise auprès du gouvernement en exil à Londres. Il rencontre deux hommes, des résistants juifs, qui le font entrer clandestinement dans le ghetto afin qu’il dise ce qu’il a vu aux alliés et qu’il les préviennent que les juifs d’Europe sont en train d’être exterminés.

Ce qu’il voit dans le ghetto est au-delà de l’insupportable, du concevable : Une deshumanisation extrême qui le marquera, le révoltera, le culpabilisera, lui le Juste, pour toujours.

Jan Karski traverse l’Europe en guerre, alerte les anglais, rencontre le président Roosevelt. On l’écoute, il écrit un livre sur la question en 1944 mais il dérange, personne ne souhaite sauver les juifs d’Europe. Les Anglais craignent que l’envoi des réfugiés en Palestine gêne leurs desseins dans cette région, les Américains ne considèrent pas cette question comme prioritaire, les Soviétiques n’y pensent même pas.

Trente-cinq ans plus tard, surmontant son malaise, en pleurs, Karsky raconte sa mission de l’époque dans Shoah, le film de Claude Lanzmann.

Ce livre qui mêle les moyens du documentaire et ceux de la fiction, est remarquablement construit. Dans un style sobre, il nous sidère. Yannick Haenel qui brille habituellement dans des romans alliant volupté, déprime, érotisme et un certain lyrisme politique se met ici au service de son sujet : il nous transmet avec force et nous fait partager son questionnement.



Commenter  J’apprécie          54
Bleu Bacon

Laissez un auteur seul au musée Pompidou pendant une nuit entière, et vous obtiendrez un livre très personnel, quasi mystique !



Dans cet essai, au fil de la nuit de plus en plus sombre, Yannick Haenel nous fait déambuler au cœur des peintures tourmentées de Francis Bacon. Les peintures se répondent entre elles, faisant émerger les pensées et douleurs de ce peintre écorché, à travers la voix de l’auteur qui est ici le traducteur des états d’âme de Bacon.



Yannick Haenel réussit l’exploit de nous faire voir les peintures avec les mots. Sous sa plume les toiles prennent vie, comme s’il écrivait avec un pinceau.

« Bleu du ciel, bleu glacier, bleu cobalt, bleu de Prusse, bleu maya, bleu de minuit, bleu outre-mer, bleu chardon, céruléen, turquin, lapis-lazuli, canard, persan, minéral, égyptien, et mon préféré le bleu roi : j'aperçois toutes ces nuances dans la palette en feu de Bacon. La lumière intérieure de la peinture est bleue. »
Commenter  J’apprécie          50
Bleu Bacon

La collection "Une nuit au musée", chez Stock, invite des écrivains à passer une nuit dans le musée de leur choix et de relater cette expérience. 



Je me suis déjà régalée de la nuit au Louvre de Jakuta Alikavazovic, de celle de Leila Slimani au Musée della Dogana à Venise, de celle d'Enki Bilal au Musée Picasso. 



Je me suis donc réjouie de voir que NetGalley proposait cette expérience de Yannick Haenel, et je l'ai sollicité aussitôt ! 



Qu'en dire ... 



On parcourt avec l'auteur la rétrospective de l'œuvre de Francis Bacon organisée par le Musée Georges Pompidou ... mais je n'ai pas vu cette expo et je ne suis pas très fan de l'œuvre de Bacon ! 



Nuit fantasmagorique, où l'auteur recroise des peurs d'enfance, se plonge dans les tableaux qui résonnent en lui et nous livre des bribes tant de sa vie que de celle du peintre, insistant notamment sur le triptyque hommage à l'amant de Francis Bacon décédé à Paris au moment où l'artiste y était célébré. 



A la fin de la nuit quand toutes les lumières du musée sont éteintes (à la demande de l'auteur qui ne s'y attendait plus) et qu'il poursuit sa visite avec une lampe torche sont totalement magiques : choisir quelle œuvre éclairer, quel morceaux, y plonger par petits bouts, petites touches pour mieux se pénétrer de la démarche de l'auteur ! 



J'en rêve ! 



Je remercie NetGalley et les Editions Stock de m'avoir offert cet ouvrage



#BleuBacon #NetGalleyFrance 



D'autres livres de cette collection m'attendent dans ma liseuse ... A suivre, donc ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
Commenter  J’apprécie          50
Le Trésorier-payeur

Le trésorier-payeur est un objet littéraire très particulier, rempli de références philosophiques, au style ondoyant et dont la petite musique finit de capter le lecteur et lui faire oublier le côté déroutant et peu crédible de l'histoire. C'est un roman mettant en scène toutes les obsessions de Yannick Haenel, notamment son admiration pour l'écrivain philosophe George Bataille, auteur de l'histoire de l'érotisme et de l'essai “la part maudite”. Ce très singulier essai d'économie politique, prend en compte l'ensemble des mouvements de l'énergie sur la terre, et en particulier ceux du vivant, et donc l'homme, et prône la dissipation de l'énergie excédante, la part maudite, et donc pour l'argent la dépense au lieu de l'économie!

C'est l'histoire d'un banquier qui n'aime pas l'argent - on ne peut mieux faire dans le côté paradoxal - qui dévient bon samaritain en sauvant de pauvres gens surendettés à Béthune, région délaissée après la disparition des mines et de l'industrie.

Le roman commence où Yannick Haenel se met en scène: il est invité dans les locaux désaffectés de l'ancienne banque de France qui utilisés pour une exposition d'art contemporain sur le thème de l'influence de George Bataille sur l'art. En face de l'ancienne banque se trouve une grande maison abandonnée qui est reliée par un souterrain à la banque. Et comme par hasard, on apprend que l'ancien trésorier de la banque qui habitait cette maison s'appelait Bataille. L'idée du roman prend corps nous explique l'auteur. Dans les cinquante premières pages l'écrivain nous propose plusieurs clés d'interprétation du récit qui va suivre en semant des noms, des références, des concepts pour étayer la partie romanesque qui se déroule dans les 350 pages qui suivent.

Ce banquier anarchiste est à la recherche du sacré, il est membre d'une vieille confrérie des Charitables. Yannick Haenel retrace la biographie imaginaire de l'avatar George Bataille, le trésorier-payeur, en essayant de dégager une métaphysique de l'argent où” l'économie serait à la base de la poésie”. Certaines scènes sont très réussies comme la visite de Ronald Reagan dans la “souterraine”, les coffres d'or enterrés à 30 mètres de profondeur, de même les mécanismes de l'excès du capitalisme financier sont dépeints avec justesse, pourtant cela ne saurait dédouaner les autres élucubrations pseudo économique du héros.

La palette littéraire de Yannick Haenel est riche, souvent poétique, même si parfois certaines phrases sont à la limite du pompeux. Personnellement je trouve que les scènes de sexe sont mal équilibrées avec beaucoup trop de femmes nymphomanes parmi les aventures du trésorier- payeur qui finira pourtant de trouver l'amour. Finalement on se laisse prendre par cette histoire très invraisemblable.

Commenter  J’apprécie          51
Le Trésorier-payeur

Je n'ai pas été emportée par ce livre mais je pense sincèrement que ce n'est pas mon style de littérature, que je n'ai pas le bagage littéraire et culturel pour l'apprécier à sa juste valeur. C'est un livre très écrit, très littéraire, très poétique.



Notre trésorier-payeur est un être totalement lunaire, émerveillé, passionné, désabusé aussi, rejeté, aimé. Pourquoi pas ? Mais dans les personnages qui l'entourent trop ont cette même originalité qui frise le grain de folie pour que cela me paraisse crédible. Et en l'écrivant, je me questionne : qui parle de crédibilité ? C'est un roman dans lequel l'auteur lui-même se met en scène, un roman qui commence avant l'histoire du trésorier-payeur par l'histoire de Yannick Haenel qui va inventer le trésorier-payeur. Et puis c'est tout de même le trésorier-payeur que nous suivons, que nous habitons tout au long du livre. Et c'est peut-être un peu son regard qui déforme les gens autour de lui, qui les rend fantasques ou au moins qui ne retient que leur originalité.

Et finalement toutes les invraisemblables du scénario, pas que ce ne soit pas possible mais plutôt que cela relève d'un hasard trop grand, se justifient par le parti pris de l'auteur dans la présentation du bureau du trésorier-payeur et dans la genèse de ce trésorier-payeur.



Merci à babelio d'organiser masse critique et aux éditions Gallimard d'y participer.
Commenter  J’apprécie          50
Le Trésorier-payeur

Invité à participer à une exposition consacrée à l’influence de Georges Bataille sur l’art contemporain, Yannick Haenel est impressionné par les locaux dans lesquels elle se tient, à Béthune, ceux de l’ancien siège de la Banque de France.

Il invente une histoire dans laquelle, un jeune homme, timide, grand lecteur, féru de philosophie, décide de se dédier à l’étude de l’économie et de devenir trésorier-payeur de la Banque de France, à Béthune, posant la question : « Comment peut-on aimer Raimbaud et travailler à la Banque de France ? ».

Sous une apparence discrète, ce Georges Bataille cache une exaltation, un lyrisme, un amour des femmes qui lui font vivre une alternance de périodes de solitudes studieuses, parfois dépressives et d’autres d’amour et d’intense érotisme : « Quelque chose de farouche s’opposait en lui aux sympathies ; il avait pris des habitudes de loup ». Bataille a des théories : « Seul ce qui est gratuit nous sauve. La solution, ce n’est pas l’argent. La solution, c’est la gratuité ».

Il ne faut pas se laisser rebuter par ce titre peu séduisant de « Trésorier-payeur ». Le livre l’est au contraire, beaucoup. Après une première partie, courte mais qui devient fastidieuse dans laquelle Haenel nous explique la genèse de son livre, il faut tenir jusqu’à la page 61, le lecteur se régale des aventures et des questionnements de cet attachant Georges Bataille. L’auteur nous emmène dans la Rennes des années 80, où Bataille suit les cours de l’école de commerce, à la rencontre de « Marquis de Sade » et « Marc Seberg » à la salle de la cité, sur la place Sainte-Anne, dans la brasserie « La belle étoile » de la rue de Fougères et aussi à Béthune, au contact de personnages très divers, des directeurs et bureaucrates de la Banque de France aux populations pauvres et surendettées de la région, de mineurs insolvables, qu’il a prises sous sa coupe.

Le style de Yannick Haenel est très beau. On prend note de certaines phrases telles que : « Il pourrissait dans une bourgade malheureuse du nord de la France, où il crevait de froid et de solitude, lui le jeune surdoué de la Banque de France, l’anarchiste charitable, le mystique en costume-cravate, le vieillard de trente-cinq ans » ou « Ainsi, lorsqu’elle traversa le salon pour se diriger vers lui, le Trésorier fut pris d’une crise de timidité qui embarrassa ses gestes. L’apparition de cette femme illuminait cette ennuyeuse soirée, qui avait pris des couleurs étincelantes. Le Trésorier avait compris tout de suite l’importance de ce moment : vivre n’a d’intérêt que pour ces instants où la poussière de l’existence est mêlée de sable magique ».

Un livre brillant, assez érudit, parfois torride qui se lit d’une traite.

Commenter  J’apprécie          50
Bleu Bacon

#bleu bacon

Avant tout merci à NetGalley France et aux Éditions Stock de m'avoir permis de lire ce livre.

Cet ouvrage fait partie de la collection "Une nuit au Musée", et c'est Yannick Haenel qui se soumet à l'exercice lors de l'exposition Bacon au Centre Pompidou en 2019.

Cette nuit au Musée ne sera pas de tout repos, et c'est avec surprise que j'ai lu ce livre. Je connais un peu la peinture de Bacon, sincèrement elle est loin de me faire le même effet, mais après cette lecture je ne regarde plus les tableaux de Bacon de la même façon.

Tout débute avec une très forte migraine ophtalmique, qui peu à peu cessera et permettra à Yannick Haenel d'entrer en communion avec les tableaux de Bacon. Notamment avec Water from a Running Tap, Yannick Haenel entre dans le tableau et exprime toutes ses sensations liées à l'eau.

Lorsqu'on parle de Bacon, on ne pense pas forcément à la couleur bleue, ni à la quasi-jouissance de ce déversement de l'eau. Sans en dire plus à vous de voir si vous êtes prêts à voir la peinture de Bacon différemment, en tout cas ce livre nous donne l'occasion de changer notre regard.
Commenter  J’apprécie          50
Le Trésorier-payeur

En 2015, à Béthune, dans une ancienne banque transformée en musée, s'organise une exposition sur le thème de «la dépense», inspirée par l'oeuvre de l'écrivain Georges Bataille. Yannick Haenel y participe. Lors d'un séjour préparatoire en compagnie d'autres artistes, la nature de sa contribution prend forme à mesure qu'émergent de troublantes coïncidences : le dernier trésorier de la banque se nommait lui aussi Georges Bataille, et on dit qu'un tunnel reliait sa maison à la salle des coffres. Dans une atmosphère qui tend au fantastique, à travers les nuits d'ivresse passées dans les bars du Nord, l'esprit de l'auteur s'embrase...

Et le roman commence : un étudiant passionné de philosophie, Bataille, voit sa vie bouleversée par le hasard d'un stage à la Banque de France. Il accède au sens de l'Histoire, celle d'un monde en voie de dissolution, miné par la course effrénée du capitalisme. Au cœur du système, devenu le trésorier-payeur, il vient en aide aux surendettés et s'abandonne, aussi bien dans les profondeurs de son être, que dans les rencontres amoureuses, toujours en quête d'absolu.

Avec le «Trésorier-payeur», l'écrivain dilapide. Il n'est pas avare d'images, de sensualité, de croyances et de féeries. Ainsi, comme il l'affirme «Écrire, c'est vider les coffres».
Commenter  J’apprécie          50
Tiens ferme ta couronne

Yannick Haenel, essayiste et romancier, à qui l’on doit notamment Jan Karski - prix du roman Fnac et prix Interallié - était en finale du Goncourt avec ce livre datant de 2017. Il reçut finalement le Prix Médicis.



Qu’importent les prix, ce livre au titre génial et merveilleux, est entré tout droit dans ma bibliothèque personnelle au rayon livre culte. Il est de ceux avec lesquels une affection particulière est née, une proximité. Tiens ferme ta couronne (quel titre admirable ! ) fait partie de cette espèce rare de livres qui semble avoir été écrite pour moi. Il me parle d’un monde que je connais, transcrit un regard proche du mien et, cerise sur le gâteau, le fait avec une incomparable maestria et un véritable sens de la drôlerie.



L’histoire est celle d’un écrivain alcoolique habité par une folie douce et poétique. Il est à deux doigts de la clochardisation, mais s’en moque. La réalité n’a plus de prise sur lui. Il vit dans un ailleurs qui confère au quotidien le statut de simple contingence sans intérêt. C’est que l’homme est en quête. Il ne s’agit pas de n’importe quelle quête puisqu’il ne cherche rien de moins que LA Vérité, le sens ultime de toute chose.



Il a écrit un scénario énorme dont personne ne veut qui justement parle de cela. Son sujet précisément : « l’intérieur mystiquement alvéolé de la tête d’Hermann Melville », l’auteur de Moby Dick, autre grand looser incompris, lui aussi à la recherche de l’absolu.



Pour se simplifier encore la tâche, notre énergumène, fasciné par plusieurs scènes de films (Voyage au Bout de l’Enfer, La Porte du Paradis) où il a trouvé cachée cette dite Vérité, se met en tête de faire réaliser son scénario par le plus culte de tous les parias, les plus iconiques de tous les grands ratés, le plus « mystiquement alvéolé » de tous les cinéastes : Michael Cimino. S’ensuivent des aventures rocambolesques, des divagations merveilleuses où l’on rencontrera ledit cinéaste maudit culte, un serveur sosie d’Emmanuel Macron, un voisin inquiétant, Isabelle Huppert, une déesse réincarnée, une concierge acariâtre et même un dalmatien !



Yannick Haenel nous propose une délicieuse loufoquerie tragicomique pleine de poésie et qui se révèle d’une très grande profondeur.



Tiens ferme ta couronne est ainsi une ode aux loosers monomaniaques, aux figures de l’échec flamboyant. On pense à John Fante ou à Hunter S. Thompson et on rit énormément (l’ouvrage a déclenché chez moi plusieurs fous rires dans le métro, ce qui ne m’était pas arrivé depuis des années).



Mais à côté de la pochade, il y a l’autre versant du texte, qui en fait un objet unique et précieux et lui permet d’aller bien au-delà de la franche rigolade. C’est cette quête folle, poétique et sublime de l’absolu, de la vérité… Appelez cela comme vous le voulez. Au fond, ce livre est avant tout un manifeste. Il prône la supériorité de la fiction sur la réalité, de la folie sur la rationalité.



Pour appréhender l’essence du monde, il faut se plonger dans les signes, dans les livres, dans les films et être mystique, devin, voyant, fou et obsessionnel. Bref, il faut avoir « la tête mystiquement alvéolée ». À lire toute affaire cessante !





Tom La Patate


Lien : http://coincescheznous.unblo..
Commenter  J’apprécie          52
Notre solitude

« C’était ça penser aux morts: faire acte de justesse, au point de leur accorder l’existence que le crime leur a ôtée », Page 23.



En septembre 2020, Yannick Haenel accepte de suivre le procès des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo. Il assiste donc tous les jours aux audiences puis rédige une chronique publiée quotidiennement sur le site de Charlie. A la fin du procès, il éprouve le besoin d’en faire le récit. De raconter comment se sont déroulées ces journées dans cette salle où la quintessence du mal, incarnée par ceux qui ont tué ou ont contribué à l’horreur, côtoie la force et la lumière des survivants et le souvenir de ceux qui ne sont plus là pour témoigner et à qui la parole redonne une existence.

Ces pages, d’une sensibilité exceptionnelle, nous permettent de découvrir l’intensité de cette expérience, menant parfois jusqu’aux limites du supportable, tout en laissant une place à la vie et à l’espoir.

Ce livre ne peut être résumé, il se vit, il se ressent au plus profond de soi et porte en lui, par la magie de l’écriture, la force d’un sublime hommage à tous ceux qui ont traversé cette épreuve, prouvant, si besoin était, que les mots sont indispensables.

« J’insiste, c’est très important: il y a toujours quelqu’un qui témoigne pour le témoin. Cela s’appelle la littérature », page 184.

Commenter  J’apprécie          50
Tiens ferme ta couronne

Résumé de ce livre : le narrateur croupit des mois durant dans son appartement, à ressasser les trois ou quatre mêmes références cinématographiques et littéraire ; il est censé cerner, ou attendre, une « vérité » (?) qui est le prétexte à des phrases creuses, l’auteur étant bien incapable de préciser la chose un tant soit peu. De façon assez invraisemblable, il fait quelques rencontres - qui permettent à l’auteur d’ajouter des chapitres. A la fin, tout à coup, il se range de son insignifiance et trouve le nirvana au bord d’un lac italien, sans qu’on ait rien compris à ce qui l’a transformé ainsi ; la « vérité » lui est apparemment tombée dans le bec, venue on ne sait d’où.



Le tout bourré d’incohérences ; par exemple, le narrateur n’a plus aucun argent mais quelques pages plus loin ça ne l’empêche pas d’aller au restaurant ou de mettre de l’essence dans la voiture qu’il a impunément volée.



Pour moi, ce livre est juste un modèle de ce que peut être une « langue de bois » en littérature d’aujourd’hui. Un livre négligent, dénué d’inspiration – mais pas de prétention.



Franchement… ne perdez pas votre temps avec ce livre, il y en a tellement d’autres, aujourd’hui, qui valent le coup !
Commenter  J’apprécie          51
Tout est accompli

Yannick Haenel est sans doute l'un des rares auteurs dont j'hésite très peu à acheter les ouvrages. Peut-être aurais-je dû y réfléchir à deux fois pour Tout est accompli, et me rabattre sur La Solitude Caravage... Après tout, son nom était accompagné de deux autres, qui m'étaient inconnus. Mais il faut dire que, la peinture italienne et moi, ça fait trois, et que mon feuilletage (trop) rapide de l'autre ouvrage m'avait fait miroiter un essai autour de la philosophie et de la pensée haenelienne... Ce à quoi je ne saurai dire non.



Ce livre, proche de l'essai, est loin d'être nul, ou mauvais ; mais il faut s'accrocher. Outre le côté un peu illuminé de certaines théories abordées - cf le passage sur la Révolution française, où sont mis en relations des auteurs, oeuvres et personnages historiques qui n'ont rien à faire ensemble, le tout pour servir de justification à une thèse... Audacieuse, dirons-nous -, il faut composer avec un nombre de périphrases très important - entre "vide", "temps-sortilège", "Dispositif" et autre-, mais également le rejet en bloc de la science, littéralement diabolisée alors que, en ce qui me concerne, je la considère, elle et la technologie, comme des entités neutres. C'est ce qu'en fait, ou peut en faire l'Homme qui tombe parfois dans l'insoutenable, pas la discipline en elle-même qui, il faut bien l'avouer, nous est quand même vachement utile. Là, c'est tout juste s'ils ne passent pas pour de vieux aigris rabachant un érudit "nieu nieu nieu c'était mieux avant".



Le style, lui aussi, m'a un peu déçue. Dieu que c'était lourd par moment - entre redite à peine masquée, insistance inutile et brusques changements de sujets. Il y a franchement de quoi se perdre, et refermer le livre ; ce n'est pas pour rien qu'il m'a fallu plus d'un mois pour le lire. Et une fois passé cet enfer-ci, qui couvre au moins les deux premières parties du livre, me voilà à tenter d'en découdre avec un autre tueur de lecture : la religion.



Je n'ai rien contre ce sujet. D'ailleurs, Yannick l'évoque relativement fréquemment ; en tout cas il introduit régulièrement le sacré dans son oeuvre. Mais franchement, là ? C'est à peine si les athées n'étaient pas jugés comme de stupides brebis égarées. Peut-être, pour en arriver à ce constat, me suis-je montrée trop susceptible et ai-je surinterprété certaines phrases du bouquin. Mais c'est ce que j'ai ressenti ; et tout comme leur avis hostile quant à la technologie et à la science, j'ai trouvé ça extrême.



Dans les ouvrages de Yannick Haenel, je n'ai habituellement aucune difficulté avec les points négatifs dont je viens de faire état. Parce que, clairement, on pourrait reprocher la même chose à un roman comme Cercle ; les sujets sont sur-developpés, il y a des périphrases qui désignent des notions complexes et propres à l'auteur comme le Vide, ou le Feu, les positions défendues par le narrateur sont extrêmes, et il traite aussi d'un sacré pouvant être ramené à la religion. Mais c'est fait poétiquement, sous couvert d'un personnage extrême un peu barjot, preuve d'une certaine humilité, et jamais avec un jugement direct et agressif envers le lecteur ; au contraire, l'intelligence est de ne pas lui imposer une façon de penser, mais plutôt de l'amener à questionner sa façon de vivre. Bref ; la vision et l'écriture sont à la fois moins manichéennes et moins agressives, et davantage centrées sur la vie intérieure de chacun. De plus, même dans des récits autobiographiques, comme le Sens du Calme ou Je Cherche l'Italie, les références culturelles abordées sont certes très détaillées, image d'une grande érudition, mais aussi relativement fluides. Ce qui n'est clairement pas le cas de Tout est accompli, où on a parfois l'impression d'un étalage encyclopédique sans grand intérêt, et dont on ne sait même plus très bien quel propos il est censé servir... Bref, il y a un côté indigeste sur arrière-fond de jugement qui est assez déplaisant.



Mais... Parce qu'il y a un mais. On apprend un tas de choses intéressantes, même s'il faut faire un effort pour les emmagasiner. Les thèses des trois auteurs ont beau être parfois complètement barrées, elles peuvent amener de véritables réflexions. Et ils n'ont pas tord sur toute la ligne concernant l'utilisation et l'instrumentalisation de la science et de la technologie - ils vont un peu loin, ils diabolisent un peu trop la chose, mais ils dénoncent aussi des faits que chacun devrait avoir à l'esprit, et qui menacent effectivement de détruire notre moi intérieur. Parce qu'effectivement, on n'est pas si loin que ça du Meilleur des Mondes ou de 1984. Mais bon sang, ça manque de poésie ; elle qui est la grande solution et la grande muse des livres de Yannick, elle passe clairement (trop) au second plan ici, malgré deux ou trois courts passages - de toute beauté- où elle émerge enfin.



C'est dommage, parce qu il y avait un grand potentiel ... Il y avait des éléments capables de retourner l'âme du lecteur, de le pousser dans ses retranchements pour le faire cogiter. L'histoire de l'homme à la pancarte et les réflexions sur le langage, notamment. Mais 100 pages sur 350, c'est trop peu !

Commenter  J’apprécie          50
Tiens ferme ta couronne

Autant dans Jan Karski comme dans les Renards Pales, l'enjeu intellectuel à l'oeuvre apparaissait avec une belle évidence, (les masques des renards annonçaient par ailleurs déjà , les gilets jaunes), autant avec ce livre on perçoit assez mal ce que cherche à mettre en évidence Yannick Haenel ,avec ce personnage narrateur ,veule,vaguement Houellebecquien qui sert de prétexte à des démonstrations d’érudition un peu gratuites , parfois oiseuses et qui transforme l' écriture habituellement habitée et fébrile de Haenel en une trame un peu artificielle et vaine. Reste de belles pages, émouvantes sur Cimino ,son oeuvre et une réjouissante idée de rencontre imaginaire. C'est trop peu.
Commenter  J’apprécie          50
La solitude Caravage

Haenel Patrick – "La solitude Caravage" – Fayard, 2019 (ISBN 978-2-213-70630-6) – format 22x14cm, 332p.

(NB : aucune illustration en dehors de la couverture)



Un ouvrage très décevant, surtout au regard de la (plutôt bonne) réputation de l'auteur.

Il ne s'agit en effet ni d'une biographie, ni d'un essai, ni d'un roman : l'auteur se borne à décrire – avec une certaine complaisance égocentrique – l'effet très subjectif que lui procurent certains tableaux du Caravage, à commencer par la Judith décapitant Holopherne, à l'origine de ses émois de lycéen.

Quelques forfanteries (allusions à de galantes aventures) émaillent le texte, et le lecteur ne coupe pas aux interprétations libidino-freudiennes les plus éculées devenues hélas incontournables depuis la diffusion des âneries de Sigmund...



Un livre sans intérêt, sauf peut-être pour celles et ceux qui souhaiteraient vraiment en savoir plus sur la vie "intime" de cet auteur, encore que le texte respire une certaine flagornerie d'autosatisfaction à la Onfray.



Bof, vraiment bof...

Commenter  J’apprécie          50
Jan Karski

Magnifique témoignage d'un homme qui a essayé d’avertir l’horreur que les juifs allaient subir pendant la Seconde guerre mondiale. Il se rendit en Angleterre, en France puis aux États Unis mais personnes ne l’a entendu, il n’ont pas voulu le croire. Portrait en plusieurs volets, d'abord à travers un reportage de Shoah, le film de Lanzmann puis par un résumé du livre de Karski.
Commenter  J’apprécie          50
Tiens ferme ta couronne

Quatrième de couverture très alléchante qui promettait un roman drôle, déjanté etc etc.



J'ai un peu déchanté durant la lecture. Alors oui, la plume est belle on ne peut pas enlever ça à Yannick Haenel, de plus les (longs) passages consacrés à des monstres du cinéma et à des films cultes sont parfois savoureux avec des décryptages particulièrement intéressants.



Mais voilà, j'ai eu beaucoup de mal à accrocher et à m'immerger dans ce livre. Je ne suis jamais vraiment rentré dedans et cela a donc donné une lecture détachée tirant en longueur vers la fin.



Peut-être aurais-je du me fier aux critiques plutôt très mitigées sur ce roman et commencer par un autre livre de l'auteur mais bon le résumé proposé m'attirait vraiment , d’où ma déception. Peut-être aussi n'avais-je pas l'intérieur assez "mystiquement alvéolée" pour suivre l'auteur.



Bref, un roman, qui malgré une belle écriture et certains passages intéressants, ne m'a pas conquis et m'a même plutôt bien déçu. Il ne restera pas dans ma mémoire.

Je tenterai un autre livre de cet auteur mais je vais laisser passer un peu de temps pour ne pas avoir un trop fort a priori.
Commenter  J’apprécie          50
Tiens ferme ta couronne

J'avoue avoir pris un certain plaisir à la lecture de Tiens ferme ta couronne. Comme le double de l'auteur j'aime le cinéma et la littérature. J'ai infiniment aimé Moby Dick de Herman Melville et The Deer Hunter Mickaël Cimino. Il est toujours étrange de lire un roman où tout semble raisonner. Des allusions fugaces qui nous donnent comme une impression de déjà-vu.



A l'instar du protagoniste je me suis moi aussi abandonné à la douce solitude d'un appartement tournant uniquement autour des trois pôles écran - frigo - lit et j'ai aimé laissé s'écouler ainsi le temps à l'infini. Moi aussi j'aime Twin peaks que je regarde en ce moment. Moi aussi j'aime Robert De Niro et Apocalypse Now. Et Isabelle Hupper.



Mais si la premiere moitié du Roman Yannick Haenel nous tisse une rêverie ambitieuse et éthérée de vapeurs d'alcool dans laquelle je me suis voluptueusement laissé engourdir, j'ai fini par ressentir une sensation de pesanteur au fil des pages. L'allégorie de la chasse, du chasseur lui même traqué par sa proie. Le mystique un peu lourd, m'a moins séduit



Mars 2018
Commenter  J’apprécie          50
Tiens ferme ta couronne

Nullissime et verbeuse daube, par l'un des plus mauvais écrivains français vivants, le très sollersien (donc inepte) Yannic Haenel.



Extrait de ma longue et minutieuse critique (voir lien) :



Yannick Haenel est un imposteur, comme je vais, une fois encore, le prouver et celles et ceux qui saluent cet imposteur sont, au mieux, des crétins qui ne savent pas lire et, au pire, des complices de cette imposture. Une imposture n'est rien, sinon le rêve d'un illuminé, sans l'aide de celles et ceux qui donnent à cette imposture les moyens de se propager, d'agir, de la seule action que connaisse l'imposture : en gonflant. Nous attendons le moment où cette baudruche va éclater, non pas en réalité, car elle est à nos yeux dégonflée depuis belle lurette, mais auprès de la noria de bouches sales (journalistes, éditeurs et attachées de presse, et même, donc, lecteurs), sales et indigentes, incultes, qui le disent écrivain de talent, écrivain tout court. Si Yannick Haenel est un écrivain, alors la terre n'est pas ronde mais plate. Si Yannick Haenel est un écrivain, alors Philippe Sollers est le plus grand écrivain de ces cinquante dernières années. Je me demande laquelle de ces deux propositions est la plus capable de déboiter l'axe de l'univers.
Lien : http://www.juanasensio.com/a..
Commenter  J’apprécie          50
Cercle

Ça commençait pourtant bien. Un homme, le narrateur, Jean Deichel, doit absolument attraper le train de 8h07 s’il ne veut pas arriver en retard à son travail. Mais il entend cette phrase : « C’est maintenant qu’il faut reprendre vie », alors il laisse passer le train, balance ses dossiers dans la Seine et déserte son ancienne existence pour écrire. La narration de cette matinée et la pérégrination de Jean Deichel sur les quais de Seine est très poétique, pleine d’images surréalistes, d’arabesques et de lignes sinueuses où les phrases, le corps, le monde, les formes et les couleurs s’enchevêtrent et se confondent, dans ce qui est une renaissance, une révolution des sens.

C’est une vision un peu idyllique de Paris. Un Paris pour touriste, qui existe réellement, mais qu’il faut cantonner aux rives de l’Ile-de-la-Cité. Un Paris sans voiture, sans klaxon, sans puanteur, mais avec des cerisiers en fleur et des parfums de lilas, où les clochards chantent du Léo Ferré… Ce livre serait un produit parfait pour l’export, une vision qui peut conforter le touriste dans l’image positive qu’il se fait de la France et des français : la douceur de vivre, les terrasses de café, un peu d’art, de l’amour débridé, un brin de mélancolie existentialiste, etc. Jean Deichel est un personnage on ne peut plus « français ».

Le problème, c’est que ça se dégrade rapidement, on oublie la poésie mais on garde le côté surfait. Je n’ai jamais pu me détacher de l’impression que « L’évènement », comme le nomme l’auteur, cette expérience de « l’existence absolue », ce ré-enchantement du monde, était le pur fruit d’une invention romanesque, et, qui plus est, de la deuxième main. Ce n’est pas du tout le côté poétique du début du roman qui m’a empêché de rentrer dans l’histoire et d’y croire (au contraire, j’aurais aimé que le récit continu dans une sorte de rêve halluciné), mais des facilités, des désinvoltures, qui rendent, ensuite, l’histoire invraisemblable. Exemple : Lors de cette fameuse matinée, où il se rendait à son travail, on l’imagine logiquement en costume-cravate (enfin, on a compris que ce n’était pas un ouvrier ou un maçon), au moins propre sur lui. Sauf qu’à un moment donné, un peu plus tard, il vomit. Rien de bien grave, je vous rassure, juste une petite nausée sartrienne. Alors une femme, sympa, lui offre une barre de céréale. Et le narrateur, à cause de ce compatissant don, sort cette phrase étonnante : « sans doute elle me prenait pour une sorte de clochard.» Sans doute, oui, une sorte de clochard en costume… Quelques jours plus tard son portable sonne (en pleine nuit, alors qu’il n’a pas reçu un coup de fil avant). « Je l’avais oublié celui-là » dit-il, et dans un geste grandiose, comme au début pour sa paperasse du boulot, le balance dans la Seine (ça tombe bien, il se trouve justement à côté). Mais quand on oublie un portable, on oublie surtout de le recharger et de le prendre avec soi. Autre exemple : lorsqu’il se passionne pour la lecture de Moby Dick, il baise avec une fille, qui, comme par hasard, s’est fait tatouée une baleine au creux des reins. D’ailleurs, les scènes de sexe sont d’un ridicule achevé ; extrait : « lorsqu’elle jouit, elle agrippe alors ma queue, en se retenant à elle, des deux mains. » Notez la virgule qui souligne une précision importante : « des deux mains ».

Mais Jean Deichel a aussi des accès de lucidité, quand il se parle à lui-même : « et toi aussi tu pisseras de rire quand tu te verras prendre la pose ». Car, oui, c’est un poseur. Il est prétentieux, pas seulement au sujet des « deux mains », mais aussi dans sa façon de juger les autres et l’humanité. Tout ce qu’il raconte n’a ni queue ni tête, n’est qu’une accumulation de poncifs modernistes et ne m’a jamais intéressé, même quand il évoque des livres ou des artistes que pourtant j’aime beaucoup.

Ça commençait bien, mais la lecture de ce livre a vite tourné à la galère. Je n’ai jamais adhéré à l’hésitation de l’auteur entre un récit empreint d’une irréalité assumée et une narration naturaliste, ça ne marche pas. Aussi, mon avis est certainement faussé car je n’ai pas eu le courage de poursuivre au-delà des deux cent pages.
Commenter  J’apprécie          50
Cercle

L'idée de départ est bonne, qui n'a pas rêvé de tout plaquer pour profiter de sa vie en toute liberté ? De ce livre j'ai retenu la phrase de Bob Dylan : "celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir". Mais quand pendant des dizaines de pages l'auteur tourne autour de son sujet sans le faire avancer, je me lasse très vite, jusqu'à me faire douter de mon aptitude à la compréhension de ce que je lis! Le thème laissait penser que ce livre serait lumineux, en fait il ne s'agit que d'un récit long et répétitif.
Commenter  J’apprécie          52




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Yannick Haenel (2011)Voir plus

Quiz Voir plus

Istanbul

Istanbul est situé près d’un détroit. Lequel ?

près du détroit de Gibraltar
près du détroit du Bosphore
près du détroit des Dardanelles

10 questions
21 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}