AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Yannis Ritsos (214)


1. LE SECOND BAPTEME

De pauvres mots

Mouillés de larmes, mouillés d’amertume
C’est là leur second baptême

Les oiseaux qui inventent leurs ailes

Se mettent à voler, se mettent à chanter

Et ces mots que l’on cache

Sont ceux de la liberté

Leurs ailes sont des épées

Qui déchirent le vent
Commenter  J’apprécie          30
là, à la racine de toute chose
écoute la vague de l'élan
admirable, incontrôlable et inexpliquée
qui nous a créés et nous domine.
Commenter  J’apprécie          30
De me larmes je nettoie mes mains
de la poussière de l'orgueil
pour mériter de caresser vos cheveux.
Commenter  J’apprécie          30
18. Ne pleure pas sur la Grèce

Ne pleure pas sur la Grèce, - quand elle est prêt de fléchir
avec le couteau sur l'os, avec la laisse sur la nuque,

La voici qui déferle à nouveau, s'affermit et se déchaîne
pour terrasser la bête avec la lance du soleil. 
Commenter  J’apprécie          30
ENTRAÎNEMENT CONTINUEL

Ce qui a été dit et qu'on n'a pas entendu. Quelque chose d'autre
qui s'offre au silence, qui s'oublie, se prolonge
dans l'histoire de quelqu'un d'autre encore, dans l'aliénation,
avec une veine qui bat de temps en temps pendant que tu regardes
là-bas une mer calme, tolérante par indifférence,
et les cactus enfoncés dans les rochers.
Alors le cri de l'oiseau par-dessus les murailles
est le même antique avertissement ;
et le gardien qui n'a plus rien à garder
marche sur une planche étroite au-dessus de la citerne
où furent noyés les héros et les otages,
comme s'il s'exerçait sans but à danser sur la corde,
en échangeant son fusil contre un parapluie jaune.

Nauplie, 2.IV.72.
Commenter  J’apprécie          20
Notre sœur la France,
notre sœur bien-aimée la France,
nous t’écrivons rapidement deux mots sur le genou,
deux mots tout simples comme notre amour,
Comme sont le pain, la lumière, le sel et notre cœur.
Tout simples. Cela ne nous irait pas devant toi de porter nos cravates,
nous avons chemise et poitrine déboutonnées,
nous avons notre orgueil déboutonné de haut en bas,
et notre rêve est déchiré, seul dans le vent,
et notre âme n’est pas rasée
de la barbe des partisans qui se sont retranchés,
à cheval sur la mort - en haut des rochers de la gloire.
Notre sœur, dans le sang nous te donnons la main,
pour te serrer ta main ensanglantée.
Toi au moins, tu n’es pas une étrangère. Tu es la nôtre.
Et quand tes partisans libéraient ton Paris,
nous criions dans les rues : « Notre Paris est libéré ! »
Des drapeaux plein le ciel, Athènes saluait
ton armée accrochant aux balcons l’espoir tricolore,
et sur les bancs de notre Kaissariani nous écrivions :
« Vive notre France libre ! »
Et là-haut sur le Pinde et à Liakoura,
dans les fumées, les cliquetis, et dans la poudre, ces nuits
où le vent apportait les volutes enflammées et les cendres des villages qui brûlaient,
les partisans là-haut gravaient, dans le bois des chênes sauvages et dans la crosse de leurs fusils,
ton nom tout à côté de celui de la Liberté.
Toi au moins tu n’es pas une étrangère. Tu es la nôtre.

Nous pouvons donc te tutoyer,
comme nous parlons à notre mère ou au soleil.
Ton histoire, nous la relisons au fond de notre cœur,
là toujours une rose est pour toi auprès de notre thym,
là les nuages les plus noirs, à tes côtés, se savent éclairés.
Ils savent qui tu es, nos pas sur les pierres de l’été,
pierres à sacrifice dorées par le soleil et par le sang,
et notre chanson, même sans le dire, elle aussi sait bien qui tu es,
et si elle ne le dit pas, c’est qu’elle connaît bien assez ton nom,
le nom de sa mère non plus, on ne le dit pas –
on dit seulement : maman.
Et tes chansons à toi nous sont toutes connues,
comme nous est connu ce paysage d’oliviers et de patience,
comme ce dur sentier plein de lauriers amers et de joncs poussiéreux,
à l’heure où va tomber l’orange de la nuit tombante,
et où un va-nu-pieds d’ange au pantalon rapiécé, le fusil sur l’épaule,
entreprend sa lente montée là-haut sur un âne couleur de cendre.

(Lettre à la France)
Commenter  J’apprécie          21
Forage

Sous les maisons sont des tombeaux très vieux.
Sous les tombeaux de nouveau des maisons.
Un immense escalier de pierre entaille
Les maisons, les tombeaux. Les morts montent,
Les vivants descendent. Se croisent
Sans se saluer — peut-être faute de se connaître
Ou parce qu’ils font semblant de s’ignorer.
Sur la colline
Embaume un oranger caché. Les enfants
Roulent des cercles de tonneaux. Deux femmes
Conversent à la fontaine. Leur voix glisse
Avec l’eau dans la cruche. Quand la nuit tombe
Elles s’en retournent entre deux rangées de cyprès
Serrant leur cruche comme un enfant illégitime.
Au-dessus d’elles, complices, étincellent les astres.

("Après l’épreuve", p. 75)
Commenter  J’apprécie          20
Grécité



Dans ce pays…
Extrait 2

Dans ce pays, chaque porte possède un nom gravé dans le
  bois depuis trois mille ans
Chaque pierre possède un saint dessiné avec des yeux
  farouches et des cheveux hirsutes
Chaque homme possède une sirène rouge tatouée sur son
  bras gauche
Chaque fille possède sous sa jupe un buisson de lumière saumâtre
Et le cœur de nos enfants est marqué de petites croix
Comme les empreintes des mouettes, au crépuscule, sur le sable.


/Traduction Jacques Lacarrière
Commenter  J’apprécie          20
Grécité



Dans ce pays…
Extrait 1

Dans ce pays, le ciel ne diminue jamais un seul instant
  la flamme de nos yeux
Dans ce pays, le soleil nous aide à soulever le poids
De pierre que nous avons toujours sur nos épaules
Et les tuiles se brisent net sous le coup de genou de midi
Les hommes glissent devant leur ombre
Comme les dauphins devant les caïques de Skiathos
Et leur ombre devient un aigle teignant ses ailes dans les
  feux du couchant
Pour se percher ensuite sur leur tête en songeant aux étoiles
Quand ils se couchent sur la terrasse aux raisins secs et noirs.


/Traduction Jacques Lacarrière
Commenter  J’apprécie          20
Jusqu'au fond de l'abîme, la gratitude.
Commenter  J’apprécie          20
Le silence pousse un cri
plus profond
le silence trahit nos paroles.
Commenter  J’apprécie          20
Enveloppe-moi
J'ai peur ma bien-aimée.
Comment peut-elle la terre
retenir dans ses mains
tant de bonheur ?
Commenter  J’apprécie          20
Ma bien-aimée
regarde comme elles hésitent
mes mains enténébrées.

Comment peut-il être ouvert
ce portail de lumière
pour moi qui n'ai pas même
connu l'ombre d'une scintillation ?
Commenter  J’apprécie          20
Ritsos
(partout, de toute éternité)

le siècle est ma mémoire

sur le Mont Grammos
les barbares sont tués
la nuit est abrégée

mais Ritsos tel Sysiphe
descendait les pierres du sommet
pour les jeter dans la mer
et la nuit recommençait

a-t-il dû Ritsos
présenter à son réveil
cent mouches capturées vivantes
durant la nuit

pierres et mouches
pour mesurer le temps
à Makronissos

le siècle est ma mémoire
l’histoire bégaie
après Mataxas après les colonels
Goldman Sachs étouffe la liberté et la paix

swap a eu raison du référendum
Loukas Papadimos présente la note
au peuple mis à genoux
les affaires continuent pour les autres

le siècle est ma mémoire
dans les villes dans les îles
et partout dans le pays de Ritsos
le peuple a la baïonnette dans les flancs

la misère et la grève
pour mesurer le temps

que le monde entier soit une maison chaulée par la brosse du soleil

alors sera venu le temps
où les hommes cesseront de mourir comme des mouches
où ils mourront comme des hommes
de temps en temps
Commenter  J’apprécie          20
Chaque ombre a la forme du souviens-toi
Commenter  J’apprécie          20
extrait 4 Secondes


Par des artifices lyriques tu te dérobes.
Tu te mires dans l’eau, tu t’oublies.
eh bien ! tu es beau encore.
Ces rides à ton large front
sont les reflets de l’eau qui tremble d’émotion


/traduction Marie-Cécile Fauvin
Commenter  J’apprécie          20
extrait 1 Secondes


Vieilli, fourbu,
il cherche encore à s’appuyer
sur l’épaule d’une rose
Commenter  J’apprécie          20
C'en est fini des mensonges, à nous et des autres
Le feu tout-puissant approche. On ne peut plus
distinguer si c'est du lentisque ou de la fougère ou du thym qui brûle. Le feu approche.
Commenter  J’apprécie          20
Il a beau plonger sa main dans les ténèbres,
Sa main ne noircit jamais. Sa main
Est imperméable à la nuit. Quand il s'en ira (car tous s'en vont un jour), j'imagine qu'il restera
Un très doux sourire en ce bas monde,
Un sourire qui n'arrêtera pas de dure "oui" et encore "oui"
À tous les espoirs séculaires et démentis.

Le Poète
Commenter  J’apprécie          20
Yannis Ritsos
Je ferme les paupières
sous la nuit paisible
et j'entends gazouiller des myriades d'astres
là où tes doigts se sont attardés
sur ma chair.

Je suis
le ciel étoilé
des moissons(...)

( " La symphonie du printemps")
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Yannis Ritsos (120)Voir plus

Quiz Voir plus

Manga : One Piece

Quel est le personnage principal de One Piece ?

Lufy
Namy
Nami
Luffy

30 questions
229 lecteurs ont répondu
Thèmes : manga , aventure maritime , humourCréer un quiz sur cet auteur

{* *}