AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Yasushi Inoué (418)


Il suffit que deux êtres humains, père et fils, maître et serviteur ou tout simplement deux inconnus en voyage se trouvent face à face, pour que se noue entre eux un pacte réglant leur relation. C'est ce qu'on appelle "humanité" ou, en d'autres termes, le "souci de l'autre", la faculté qu'a un être humain de se mettre en pensée à la place d'un autre.
(...)
En ce qui concerne en particulier la notion d'"humanité", j'ai eu maintes fois l'occasion par la suite d'assister à des débats sur cette question entre le Maître et nombre de ses Grands Disciples. Souvent ces conversations étaient d'une complexité qui ne pouvait que dépasser l'entendement d'un homme comme moi. C'est pourquoi j'en restais toujours à l'explication qu'en avait donnée le Maître à la capitale de Chen quand il avait défini l'humanité comme la vertu prenant racine dans la relation entre deux êtres humains. Je ramenai tout à cet unique principe et m'efforçai de le mettre en pratique. J'ai beau n'y être jamais parvenu, je n'ai jamais jusqu'à ce jour relâché mes efforts.
Commenter  J’apprécie          90
Ils découvrirent ce qui est le plus important pour I'homme de thé : préparer sereinement le thé, laisser faire le destin et ne pas tenter d'y échapper.
Commenter  J’apprécie          00
Vous vous souvenez du chapitre concernant l'apprentissage du thé ? Je pense qu'il est dû à Monsieur Rikyū : au début, il faut obéir à tout ce que le Maître ordonne ; ensuite, s'éloigner de lui un certain temps : si le Maître dit d'aller à l'est, se diriger vers l'ouest ! Cette période de contestation est nécessaire pour trouver sa propre personnalité ; après quoi, il faut retourner à nouveau vers le Maître et son enseignement : l'imiter dans les gestes les plus simples, comme verser l'eau d'un récipient dans un autre... Ceci vaut aussi dans la vie quotidienne. II en va de même pour le samouraï dans la bataille. Il convient de faire d'abord ce que dit le Taïkō Hideyoshi ; mais on ne pourra trouver sa propre identité que si l'on s'éloigne de lui à un moment donné. Et lorsqu'on s'est trouvé, revenir sous son autorité. Mais c'est très difficile : tous se sont perdus en s'éloignant de lui... Sauf le Shōgun Ieyasu.
Commenter  J’apprécie          00
“les étreintes, les caresses que t’inspirait ta folle passion m’ont fait connaître, je puis l’affirmer, un bonheur plus grand que celui dont peut rêver tout être au monde”
Commenter  J’apprécie          340
Le deuxième jour survint, et la deuxième nuit. Kansuke marchait sans trêve.
- Où allez-vous ?
Il lui semblait qu'une fois seulement, on lui avait adressé la parole. Mais où et quand, il l'ignorait. Il se souvenait juste confusément qu'on lui avait posé la question. Et où irait-il donc ! Où peut-il bien chercher où aller, dans un monde où Dame Yubu n'est pas ? Kansuke marchait, marchait sans relâche.
C'était la nuit noire. Kansuke ouvrit les yeux. Il dormait, affalé sur la berge d'un cour d'eau.
Il ne voyait partout que des cailloux blancs. Les cailloux blancs roulaient à profusion. Pas un brin d'herbe aux environs. Par-delà la plaine de myriades de cailloux amoncelés courait un ruban d'eau bleue, tandis que scintillait la lune. Et au-delà, c'était encore une plaine de cailloux blancs.
Kansuke s'assit sur la rive pierreuse et appliqua ses deux poings sur ses yeux. Brusquement, sans que rien ne les ait annoncés, les sanglots étaient montés en lui, auxquels il résistait en tremblant.
Dame Yubu est morte. Elle n'est plus de ce monde. il aura beau chercher partout, sa belle silhouette, son visage, ses mains, ses yeux, ses cheveux noirs, jamais plus il ne les contemplera. Le chagrin, pour la première fois, engourdit en douceur ses membres.
... La Princesse n'est plus.
Les larmes envahirent les yeux de Kansuke.
Il posa les mains sur ses genoux écartés en tailleur et, le visage levé, laissa les larmes lui rouler le long des joues. Il pleura sans retenue.
Commenter  J’apprécie          141
Je rentre vivant.
Sur le chemin du retour,
Je lève les yeux :
Emotion,
Le Fuji au crépuscule,
Je n'ai pas oublié.
Commenter  J’apprécie          80
Je marchai vers la cascade et à mi-chemin je me mis à courir. Je courais en proie à une grande peur. J'étais persuadé que les deux personnes étaient déjà mortes.
Je repensai au rire de la femme, à ce rire qui n'était pas normal. Et pour la première fois, je compris que ce rire était creux et triste. Je marchai en écoutant le bruit de mes zôri. Et, alors que j'avais déjà parcouru à la course, sans m'en rendre compte, presque la moitié du chemin qui descendait à la cascade, je tombai sur l'homme qui remontait. Il était seul.
"Où vas-tu petit, il n'y a plus personne à la cascade maintenant", dit l'homme en s'arrêtant un instant. J'avais beau chercher des yeux, l'homme était seul. Nulle trace de la femme. Est-ce que par hasard la femme aurait été la seule à se donner la mort ? Immédiatement les paroles de l'homme, "il n'y a plus personne à la cascade maintenant", me revinrent à l'esprit et j'en fus effrayé. Prêt à pleurer, je dépassai l'homme et continuai à descendre le chemin à la course. Il me semblait descendre dans un gouffre. Il faisait de plus en plus froid et de plus en plus sombre.
Au tournant du chemin, soudain le bruit de l'eau augmenta. Puis aussitôt j'aperçus la cascade ainsi qu'une partie de la "maison de thé". Personne. J'y restai un moment saisi de crainte et de désespoir.
J'appelai : "Madame !"
"Madame ! Madame ! " fis-je de nouveau en pleurant pour de bon.
A ce moment-là, à une dizaine de mètres de moi, je vis quelqu'un se lever et se diriger vers moi. Je restai figé de stupeur. C'était la femme. Elle s'était assise sur une pierre au bord du chemin pour se reposer.
" Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle en venant vers moi. Elle approcha son visage.
- Je pensais que vous étiez morte ", répondis-je. De soulagement mes larmes s'étaient mises à couler le long de mes joues.
La femme posa une main sur ma tête et m'essuya les yeux avec le mouchoir qu'elle tenait dans l'autre main. Le mouchoir était trempé et froid.
" Tu es sûr que tu n'as pas rêvé ?" demanda-t-elle, pensant sans doute que j'avais eu un accès de somnambulisme. Pour me faire sortir de mon rêve elle fit pivoter ma tête deux ou trois fois, ce qui me donna une impression de vertige, puis elle me donna une petite tape dans le dos. Et elle rit de ce rire que j'avais entendu lorsque j'étais caché sous la tribune.

Extrait de "Le chemin qui descend à la cascade"
Commenter  J’apprécie          50
En bas de l'escalier, Haruji frotta la revue pleine de pleine de poussière sur son fond de pantalon et se mit à la feuilleter.
Sur le papier glacé des caractères européens étaient imprimés serrés.
"Oh ! c'est de l'anglais", dit Haruji l'air déçu. Yûsuke prit la revue des mains de Haruji et y jeta un coup d'oeil à son tour. Effectivement il s'agissait d'écriture européenne. Mais lorsqu'il la feuilleta pour la seconde fois ses yeux furent attirés par une page sans caractères.
"Tiens, il y a autre chose !"
En tournant les pages de nouveau il trouva la photo d'un jeune homme et d'une jeune femme, debout en train de s'embrasser. Le buste de la jeune femme était penché en arrière et son visage disparaissait complètement derrière celui du jeune homme.
"Quoi ?"
Haruji vint voir. Les deux enfants contemplèrent longuement la photo en silence. Ils avaient déjà vu ce genre de scènes dans des revues ou sur des affiches de cinéma, mais dans la semi-obscurité d'une maison abandonnée l'impression qu'ils en eurent était complètement différente. Ils avaient le sentiment étrange de voir quelque chose de secret qu'ils n'auraient pas dû voir. Haruji semblait partager le sentiment de son camarade. Il fit claquer sa langue et dit :
"Tiens ! C'est pour toi, en essayant de forcer Yûsuke à la prendre.
- Je n'en veux pas, répondit celui-ci en la repoussant.
- Pourtant, tu as bien envie de la voir, répliqua Haruji.
- Je ne vois pas en quoi c'est intéressant, répondit Yûsuke en faisant la moue. La revue tomba sur le sol entre eux deux.
- Bisou-bisou", fit Haruji en donnant un petit coup du bout de sa chaussure dans la revue.
Yûsuke trouva les paroles de Haruji extrêmement vulgaires et désagréables.
"Bisou-bisou !" chanta Haruji en battant la mesure puis il se dirigea vers la cuisine, ouvrit les robinets d'eau qui ne fonctionnaient plus, retourna dans la salle de séjour, y fit deux petits tours, puis courut jusqu'au salon.
Yûsuke suivit Haruji puis proposa de quitter cette maison déserte :
"On sort ?
- Oui", répondit Haruji, en grimpant sur le rebord de la fenêtre d'où il sauta dehors. Et Yûsuke l'imita. Une fois à l'extérieur Haruji , ayant sans doute oublié la photo, ne répéta plus sa petite rengaine.

Extrait de "Les libellules"
Commenter  J’apprécie          20
Shôji n'avait jamais rien dit à quicinque du fait qu'il avait rencontré son père au théâtre avec Omiyo. Il avait la conviction que si son père n'en avait pas parlé, lui non plus ne devait pas le faire. Il s'agissait d'une sorte d'accord tacite entre lui et son père.

Extrait de "Accord tacite"
Commenter  J’apprécie          20
Bien que j'avance en âge, je ne puis rester indifférent aux revues spécialisées et je griffonne encore des poèmes au gré de mon inspiration.
Commenter  J’apprécie          10
.. La mélancolie. C'est le bonheur d'être triste.. Victor Hugo
Commenter  J’apprécie          20
Complètement oublieux de la présence de Tôhei à ses côtés, le petit garçon se repliait sur lui-même, étrangement seul d'un coup. Bientôt arriverait l'hiver.Et alors ces arbres, qui auraient perdu toutes leurs feuilles, se durciraient pour supporter le froid.Et son grand-père vivrait la même vie qu'eux, une vie de solitude que Kôsaku ne connaissait pas.Et cette vie, il l'avait choisie.
( p.60)
Commenter  J’apprécie          60
Pour Kôsaku, ce nouvel an était un peu différent des autres.Il éprouvait de la sympathie pour ces gens qui échouaient dans la vie, comme ce Yamaguchi Heiichi revenu au pays dans un état misérable, ou ce cocher qui allait être balayé par l'époque nouvelle. ( p.103)
Commenter  J’apprécie          30
Il passa deux soirées à rédiger sa composition. Il nota sans rien y changer tout ce qui s'était passé lors de sa visite à Tanaba. Il décrivit l'impression profonde que lui avait faite le vieil homme, et la sympathie qu'il avait éprouvée pour lui en le voyant plongé dans ses études sur les champignons, au milieu d'une profonde solitude. Il couvrit ainsi une dizaine de feuilles de copie. Alors qu'il allait emporter sa rédaction à l'école, le troisième matin, sa grand-mère lui demanda de la lui montrer. Après l'avoir lue près de la fenêtre, elle remarqua :
" Le grand-père Ishimori peut mourir, maintenant que tu as écrit un aussi beau texte sur lui.Il en a de la chance ! "
( p.69)
Commenter  J’apprécie          120
Kôsaku fit le grand ménage du " dozô" avec sa mère. Nanae prenait tout ce qu'il y avait sur les étagères, et l'étalait au soleil ou le mettait au feu.Elle estimait que tout ce qui restait dans cette maison était malpropre et ne pouvait servir à rien.Lui, il avait de l'attachement pour le moindre de ces objets, car ils avaient tous rempli une fonction dans la vie quotidienne qu' il avait partagée avec sa grand-mère .
( p.200)
Commenter  J’apprécie          20
Kôsaku se sentit étrangement mélancolique d'un seul coup.Ce n'était pas vraiment de la tristesse ni du chagrin qu'il éprouvait, mais une sorte d'apathie devant la grande banalité de la vie. C'était la première fois qu'il ressentait quelque chose de ce genre.Laissant Akiko avec les enfants, il s'éloigna tout seul vers sa maison.Il aurait voulu rester le plus longtemps possible auprès de la petite fille, mais en même temps cela lui était insupportable, et cette dernière impression était la plus forte.Il connut pour la première fois, ce soir- là, les émotions diverses de l'adolescence.Mais il regrettait surtout d'avoir abandonné Akiko devant le coucher de soleil, sans avoir été capable de lui dire quelque chose d'intelligent.
(p.34/ Folio, 2011)
Commenter  J’apprécie          100
Les adultes eux- mêmes déraillent. Je connais un mot détestable : le mot
" domination".La domination du monde par l'économie, qu'est-ce que cela signifie ? Que quelques-uns amassent le plus de biens possible en ne pensant qu'à leur propre bonheur.Ils ne cessent de réclamer la paix dans le monde, mais en même temps, ils vendent des armes aux pays qui sont en guerre. ( p.305)
Commenter  J’apprécie          10
Car en quoi pouvait-il prétendre mener une vie calme, paisible, en faisant le bien de son prochain ? Il ne s'était jamais préoccupé que de sa réussite financière. Ce n'était pas seulement l'argent, mais son rang social, sa réputation qui l'avaient obsédé. Il aurait voulu posséder et il s'y était employé avec beaucoup d'acharnement, durant ces vingt-cinq années qui avaient suivi la fin de la guerre.
"...Tout ce que tu n'avais pu réaliser parce que tu étais mort à la guerre, moi qui étais vivant, j'aurais dû le faire..."
Il quitta le jardin et regagna la galerie.Ce jour-là, il ne penserait ni à l'argent ni au travail, mais uniquement à Uogashira.(**son meilleur ami mort à la guerre)
Commenter  J’apprécie          20
Chaque grande capitale possède un arbre qui la caractérise. On ne peut évoquer Paris sans penser à ses allées de marronniers.Pour Pékin, ce sont les acacias et, pour Moscou, les bouleaux.Tokyo fut autrefois la ville des keyakis. Hélas , du train où vont les choses, le dernier de ces arbres aura bientôt disparu.Donc , désormais, ne laissons plus abattre un seul keyaki !

(p.89)
Commenter  J’apprécie          40
Autrefois, les hommes avaient le cœur plein de bonté parce que la nature les protégeait.Ils voyaient un arbre ou une montagne et les trouvaient beaux.Aujourd'hui , s'ils les regardent, c'est seulement en se demandant combien cela peut rapporter.Il est, certes, nécessaire de bâtir des logements. Je me demande seulement qu'on cherche comment y parvenir sans dégrader la nature.
Comment l'homme est-il devenu assez arrogant pour se croire le seul être vivant ?Les montagnes, les rivières, les arbres et l'herbe aussi sont des êtres vivants.(p.304)
Commenter  J’apprécie          90



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Yasushi Inoué Voir plus

Quiz Voir plus

Comment te dire Adieu ?

Tous les garçons et les filles de mon âge Se promènent dans la rue deux par deux Tous les garçons et les filles de mon âge Savent bien ce que c'est d'être ...?...

deux
affreux
heureux
vieux

10 questions
137 lecteurs ont répondu
Thème : Françoise HardyCréer un quiz sur cet auteur

{* *}