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Citations de Yves Gibeau (37)


Purée ! que j'crie aux copains, c't'un Boche ! Un vrai ! Et j'tire.
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- Fais attention, mon gamin... Sois prudent... Va pas t'exposer pour rien... Ça serait trop bête s'il t'arrivait quelque chose...
C'est ce que je pensais aussi. Et je suis parti pour la gare de l'Est, tout seul, comme un brave. C'était encore direct, par le métro. Je m'en vanterai pas de ma guerre, d'y être allé surtout. J'aurais dû opter pour une autre gare, Austerlitz, par exemple, et un trou du côté de Padirac, plus protecteur et rassurant qu'un trou d'obus. Mais je l'avais toujours pas l'âge de raison. Si fort en théorie et en pratique l'adjudant, il avait quand même des lacunes. Il m'avait pas dit comment on se garait des Stukas qui allaient nous massacrer le jour J et après, qui piquaient avec leurs sirènes à pleins décibels sur les pauvres troufions zigzaguant comme des lapins à travers champs. Pas dit non plus qu'il fallait pas trop s'éloigner, jamais, d'un engin de locomotion, n'importe, bagnole, moto, camion, bicyclette même, pour pouvoir se carapater vivement, avant de se laisser coincer dans la nasse.
- J'espère que tu reviendras de là-bas avec des galons, il m'avait dit, sévère. C'est l'occasion.
J'en étais revenu avec ma peau, seulement.
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Je m'en vanterai pas de ma guerre, d'y être allé surtout. J'aurais dû opter pour une autre gare, Austerlitz, par exemple, et un trou du côté de Padirac, plus protecteur et rassurant qu'un trou d'obus. Mais je l'avais toujours pas l'âge de raison. Si fort en théorie et en pratique l'adjudant, il avait quand même des lacunes. Il m'avait pas dit comment on se garait des Stukas qui allaient nous massacrer le jour J et après, qui piquaient avec leurs sirènes à pleins décibels sur les pauvres troufions zigzaguant comme des lapins à travers champs. Pas dit non plus qu'il fallait pas trop s'éloigner, jamais, d'un engin de locomotion, n'importe, bagnole, moto, camion, bicyclette même, pour pouvoir se carapater vivement, avant de se laisser coincer dans la nasse.
- J'espère que tu reviendras de là-bas avec des galons, il m'avait dit, sévère. C'est l'occasion.
J'en étais revenu avec ma peau, seulement.
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C’est toute la vie, ça. S’envoyer la bonne place au bon moment, blouser le voisin, et ne pas se laisser intimider…
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Souviens-toi de ce que je t'ai toujours dit, Stefan. Le 800 mètres, c'est la course la plus belle et la plus dure qui soit. Plus dure que le 400, épreuve de vitesse prolongée, puisqu'il s'agit, comme le faisait Harbig, de couvrir quatre 100 mètres successifs à 11 secondes 5 de moyenne. Mais s'il suffit pour gagner un 400 d'être fort, bien sûr, de partir à fond dès le coup de pistolet et de ne pas céder d'un pouce jusqu'à l'arrivée, le 800, lui, réclame davantage. C'est une course de vitesse de longue haleine, où il y a temps, toutefois, pour la réflexion, l'habileté et l'intelligence. il faut donc en tirer parti au maximum. il faut regarder ses voisins, épier l'allure de ceux qui vous précèdent, jauger leur forme, écouter le souffle de ceux qui vous suivent, le bruit de leurs pointes, pesant ou léger, en déduire quelque chose de profitable, une indication, un avertissement, un soutien. Il faut lutter comme un diable pour se placer, et surtout à la meilleure place, penser à se dégager au bon instant, parer toutes les attaques, toutes les ruses. Il faut calculer l'endroit exact où il convient d'improviser, de se lancer soi même à coup sûr, avec toutes les chances, tous les atouts. Très bien, parfait, si l'on s'acquitte entièrement de ces tâches, si l'on se montre avisé et psychologue. II importe encore que que tous ces soucis ne nuisent pas à l'effort physique, à son épanouissement, et que la coordination soit totale. Je rabâche, d'accord ! Tu sais tout cela aussi bien que moi. Tu l'as prouvé. Mais tu sais de même que les bonnes habitudes se perdent mieux et plus vite qu'elles ne s'acquièrent, que la clairvoyance, l'audace, l'esprit de décision sont, comme le reste, simple affaire d'entraînement.
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L'inutilité de ma présence sur terre m'apparut soudain si fortement que je m'essayai à faire le bilan de mes actions profitables et de celles qui m'avaient conduit au dépotoir des êtres sans amour-propre, sans volonté ou sans courage. Ce bilan était maigre. Mieux valait alors ne pas continuer l'épreuve trop athlétique où aucune chance ne me semblait donnée de me placer tôt ou tard. Même mon amour pour Nathalie n'avait pas lieu d'exister. Elle verrait bien un jour quel pauvre personnage elle honorait de sa sympathie. J'avais cru que cet amour serait une source de rachat, une évolution vers la droiture et le monde clair, inattaquable. Mais cette recherche d'idéal n'était qu'intentions et sursauts. L'apathie primait toutes les velléités. Je rampais devant la moindre menue monnaie, devant la promesse d'une portion de topinambours ou de courgettes mal cuites.
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Ayant souvent envie d’une femme, de sa chair plus que de son amitié ou de sa présence, il s’était efforcé de se vaincre, sans toujours y parvenir comme il l’eût souhaité. Il avait eu deux liaisons très brèves avec des filles de rencontre, stupides et vulgaires, mais vite consentantes, qui lui rappelèrent Mathilde et qu’il prenait le cœur fermé, en se reprochant sa faiblesse.
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la fraternité sportive est une belle chose, mais la rivalité a plus de saveur.
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Elle était jeune encore. Trop. Elle pouvait pas comprendre. Se douter qu’un temps arrive où on sait que rabâcher sa vie, ce qu’il vous en reste de bon ou d’estimable. Et qui vous console un peu d’en attendre plus rien, que des remords et des larmes.
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« Je ne pars pas Nathalie. J'ai dû quitter mon hôtel, ce matin, et n'ai encore rien trouvé d'autre... Je cherche.. Avec ma valise, on pourrait croire que je m'en vais en voyage... Bien sûr. Mais je ne veux pas partir. Où irais-je d'ailleurs ? Et puis, je me plais bien à Marseille... Peut-être à cause de vous. »
Sa main s'est posée sur la mienne ; je contemplai l'assiette, mais sans aucun désir de manger. Une chaleur croissante gagnait mon bras, ma poitrine et toute ma chair. Jamais Nathalie ne m'avait touché de cette façon. Il me semblait qu'elle venait, nue, de s'étendre sur moi.
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Il est bien aimable ce maire qui m'a en supplément dans son village. On s'est présentés l'un à l'autre pour la règle et la politesse. Il avait entendu parler de moi. Un peu. Ce qui m'a aidé à lui avouer tout de suite qu'il ne fallait pas qu'il m'espère pour l'élection des conseillers et d'autres circonstances. Que j'avais jamais eu de carte d'électeur, jamais été inscrit sur aucune liste, sauf à la D.S.T., comme néfaste au pays, que j'avais jamais voté, forcément, que je répondais même pas aux recensements, et que les inquisiteurs, où j'habitais avant, rappliqués à la charge, m'avaient promis la prison pour refus d'obéissance. J'ai ajouté que je me conduisais à peu près bien, qu'il avait pas à craindre pour la sécurité publique, que j'irais pas jusqu'à enlever les drapeaux de la mairie et du monument les jours avec, et que, plutôt porté sur le whisky, je le remerciais d'avance pour les vins d'honneur. J'emmerderais personne, j'ai résumé.
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Et vous n’êtes pas de ces petits employés stupides, ignares, qui se débarrassent mécaniquement de leur travail, les yeux en permanence sur la pendule, l’oreille ouverte à la sonnerie du « Sauve qui peut, c’est l’heure ! », pour aller se jeter, comme des gosses de la maternelle, dans les bras d’une bonne femme en faction sur le trottoir…
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Durant la guerre, il s’était fait une loi, la seule peut-être, de demeurer lucide en toutes circonstances, de ne rien faire qui ne fût consenti ou médité, de juger les êtres et leurs actes objectivement, sachant qu’un dénouement viendrait, tôt ou tard, et qu’il se satisferait plus de sa propre paix que de celle des peuples en présence.
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On ne trinque pas avec n’importe quel partenaire.
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Je ne suis pas un mauvais zigue, un exploiteur, vous le savez bien. Je vous paie largement… Eh bien, je suis prêt à vous donner davantage, à vous permettre de rouler en voiture, comme moi et comme tant d’autres, si vous me montrez une fois pour toutes que la revue vous intéresse, que vous ne vivez que pour elle, ou presque, qu’elle vous tient aux tripes comme… Tenez… Comme une femme qui ne vous refuse rien…
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Et tandis qu'il lui présente la flamme du briquet, des gouttes de sueur tombent sur sa main. "Malade, monsieur le lieutenant ? - Quelle idée ! crie Michael. Est-on malade un jour pareil, quand on a failli déjà mourir cent fois et qu'on touche enfin au bout de son existence! Quand la guérison est proche, pour vous et moi, pour bien d'autres, de toutes les maladies du monde....Qu'on doit au contraire profiter du répit, jouir de sa chair, de sa sueur, de ses glandes...Pas malade, non ! De la bonne façon. Comme il faudrait l'être, après tout. D'une colique, d'un vieux rhumatisme, d'un abcès au foie, à la rate, au derrière. D'une de ces choses bénies, inespérées, qui vous sauvent pour un temps. Et à quoi bon tricher ! Vous aviez raison, Scheffer. Je suis malade de peur. Voilà!"
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C’est lui, au contraire, qui, avant de venir se reposer dans son lit, a eu pour nous une attention, en nous préparant notre déjeuner, à Claude et à moi. Non par calcul, pour rattraper sa faute et donner de l’air à sa conscience, comme certains hommes qui, ayant trompé leur femme, ont le souci de se présenter devant elle avec un cadeau… Mais parce qu’il est foncièrement bon, altruiste jusqu’à l’obsession, qu’à notre égard il a toujours été ainsi, d’une gentillesse et d’une générosité extrêmes.
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C’est une bête, comme on le dit volontiers de tout ivrogne. Mais il garde au fond de soi assez d’intelligence et de pudeur pour avoir raison de l’ultime tentation, la plus cruelle à vaincre, j’en suis sûre. Il couche alors où ses dernières forces le mènent, dans l’arrière-salle d’un café ouvert en permanence, sur un banc de jardin public, jusqu’à ce qu’il se reconnaisse le droit de se présenter chez lui, sa dignité et mon affection saines et sauves.
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La vertu, ce n’est pas tellement de savoir résister aux passions. Qui y résiste vraiment, d’ailleurs ? C’est plutôt de faire l’impossible pour n’y pas mêler ceux qui vous sont précieux, pour leur épargner d’en souffrir trop.
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C’est la porte ouverte sur univers où les joies matérielles prévalent difficilement… Je sais bien que la poésie ne nourrit pas l’homme, mais est-ce que le boudin blanc, les huîtres, le foie gras, toute la mangeaille rituelle, ce soir, ont vraiment de l’importance à côté de ce sapin illuminé ?
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