Pour des raisons un peu torves, j’attendais beaucoup de la lecture de ce livre, et je serais bien bégueule de me déclarer déçu. Eric Vuillard construit un récit en tableaux détaillés et documentés, et parvient à nous pencher avec lui sur les archives desquelles il a déroulé la petite histoire du Wild west show, et la plus petite histoire encore des hommes de la conquête de l’ouest que l’histoire a mâchés, recrachés. Dans le spectacle, Bill Cody est le seul à avoir adhéré à son personnage, Buffalo Bill ; les autres, Indiens vaincus, ont tenu sur des chevaux comme des figurines. Vuillard dénonce ceci : le massacre objectif et documenté de femmes et d’enfants peut être « vendu » comme bataille épique dans le spectacle du tout début du spectacle, recyclé par la suite maintes fois au cinéma, peut contribuer à fonder une nation mensongère et exploratrice de son mensonge… et valoir en tout bout chaîne un prix Fémina à un littérateur français. Parce que de la littérature, le texte en est plein. Trop plein peut-être ; on a droit à une démonstration. C’est parfois vraiment éblouissant, mais il faut se fader aussi des leçons de choses assez péremptoires et sinon des envolées de mièvrerie : après avoir décrit avec assez de force le massacre du Wounded Knee, en adoptant les points de vues comme une puce change de chien, Vuillard ne sait pas nous laisser sur la désolation, pauvre de nous :
Pouf pouf
« Et il se leva une violente tempête. La neige tomba du ciel comme une injonction de Dieu. Les flocons tourbillonnaient autour des morts, légers, sereins. Ils se posaient sur les cheveux, sur les lèvres. Les paupières étaient toutes constellées de givre. Que c’est délicat un flocon ! On dirait un petit secret fatigué, une douceur perdue, inconsolable« .
Et des moments de « polésie » de ce tonneau, le livre en est farci. Du coup, je me suis promis de lire sous peu son « l’ordre du jour » – prix Goncourt 2017. Parce que je tiens à mes raisons un peu torves.
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Ce roman ne donnera pas au lecteur une idée claire de ce qui s'est passé ce 14 juillet 1789. Il permettra encore moins de comprendre la Révolution Française dans son ensemble. En revanche, c'est un tableau très vivant de la bousculade, du chaos de cette journée et de la foule du petit peuple de Paris.
Le style de Vuillard, acide et le vocabulaire oublié de cette époque nous plongent avec plaisir dans le tableau.
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Cet auteur a du croiser la même génération d'enseignants d'histoire que les miens pour avoir cet esprit critique que j'aime tant.
Dire (dénoncer) les agissements des notables toutes professions confondues de manière étayée.
Cet angle de vue qui change tout et explique ce qui fut. Est encore.
Vous savez bien, la question du "pas d'argent dans les caisses publiques" sauf quand leurs intérêts sont servis.
C'était le cas pour la guerre d'Indochine pendant la 4e république, sujet de ce livre. Transposez-le en 2022, peu de choses ont changé. De l'usage des deniers publics, on pourrait en parler plus posément à l'appui d'une démonstration comme celle-ci.
Un excellent récit sans cynisme mais avec flèches décochées au cœur d'un système bien installé.
Bravo.
Et même bravissimo.
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Un livre d'une intelligence rare, cinglant et particulièrement clair sur la sortie de la guerre d'Indochine. Avec un art de la présentation des personnages qui l'ont illustrée, leur suffisance ou leur naïveté, mais aussi leur auto-satisfaction ou leur hypocrisie. J'ai rarement lu un "pamphlet" aussi bien documenté et finalement aussi instructif, car on sent que l'auteur ne règle pas des comptes, mais se contente de présenter de manière simple une succession de décisions ou postures. Le tout avec une mise en lumière instructive des positionnements sans scrupules de certaines institutions. Une lecture passionnante.
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Congo est un court « texte » cinglant, puissant.Il déroule dans une langue maîtrisée, cinématographique, la colonisation d'un territoire d' Afrique mais ce n'est pas un roman historique. Toutefois ce flash back participe à la lecture et à la compréhension du monde d'aujourd'hui , les parallèles sont évidents. C'est un « récit reportage » sur la phase de mondialisation qui se met en place à la fin du XIXéme siécle, avec ses gagnants et ses perdants.
Le narrateur met en scène les acteurs de la conquête du bassin du Congo , les atrocités commises sur la population locale: incendies,fusillades, mutilations .Le lecteur devient un témoin, il lui appartient de juger ...
Le récit s'ouvre sur la réunion à Berlin en 1885 à l'initiative de Bismarck de la Conférence des dirigeants européens supposée régir "les conditions les plus favorables au développement du commerce et de la civilisation dans certaines régions d'Afrique" . La réunion se tient dans un somptueux palais chargé de symboles.Le ton est ironique. L' écriture visuelle, comme s'il s'agissait d'un reportage fait la force du livre. LeCongo est une région de cocagne pour le roi des Belges Léopold II , à titre personnel.Stanley est son homme sur le terrain,la ville de Léopoldville sera fondée.Nous découvrons à l'oeuvre le jeune lieutenant Lemaire imposant aux chefs locaux des mesures violentes,Fiévez à la manoeuvre pour le caoutchouc.Tous sont en pays conquis et accaparent les ressources.
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Un super super petit livre, que j'ai lu, après avoir entendu beaucoup parler d'Éric Vuillard. Il est très réussi, tout à fait mon genre de livre. Concis, bien rédigé, bien documenté. On est face à une sorte de petit roman historique, derrière lequel on sent un travail de recherche et de mise en forme considérable. La rédaction rend le livre vraiment très agréable à lire et très accessible à tous, même si Vuillard use de mots de vocabulaire rarement usités.
Je le recommande à tous, c'est une vraie réussite.
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Lu hier soir.
Certes, il y a une plume, il y a un style, il y a la volonté d'en imposer par une verve et une culture. Et c'est là mon problème. Putain, c'est verbeux. Lourd. Pesant. Surécrit et digressif au point d'en être indigeste, ce roman est pour moi une sacrée déception. J'espérais voyager aux confins de l'Atlantique, j'ai stagné dans une flaque d'autosatisfaction littéraire lâchée par un écrivain qui a certes, beaucoup à dire, mais davantage à prouver.
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Un petit livre au texte truculent qui se dévore en quelques heures. Un réquisitoire contre le pouvoir financier sans scrupule qui parvient à ses fins grâce à un monde politique sous influence pour ne pas dire corrompu - la chose n'est donc pas nouvelle - mais la démonstration, tout à fait vraisemblable, manque singulièrement de preuves pour être tout à fait convaincante.
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Sur une centaine de pages, Éric Vuillard dissèque les intentions bien personnnelles des diplomates ayant partagé l'Afrique comme une boule de pain à la Conférence de Berlin de 1884. Son récit, qui ressemble à un essai, questionne les origines de la modernité européenne et nord-américaine : la traite humaine, la privatisation de la diplomatie, la violence.
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Magnifique. Poétique, concis, mélancolique, profond, on chevauche dans le temps, par paragraphes courts, des scènettes puissantes, et on vit intensément toute la profondeur dramatique de cette période.
La dimension historique du récit est aussi à ne pas négliger. Une grande aventure, une épopée effleurée délicatement.
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Un livre facile à lire qui reflète bien le titre, qui se lit vite, sans ambition particulière, quelques détails intéressants, avec une grande empathie pour les indiens tout à fait justifiée.
Buffalo Bill est l'archétype de l'américain du Far West, un aventurier presque sans foi ni loi sinon celle du plus fort.
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Ce roman a certainement beaucoup de qualité : écriture, vocabulaire, un certain humour, parsemé de références historiques ou littéraires, même quelques anachronismes.
Pourquoi n'ai-je donc jamais accroché, ne suis-je jamais entré dedans ?
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La grande Histoire sous l'angle de la petite histoire de ceux qui la vivent... Toujours passionnant même pour les non férus du sujet !
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