Citations de Étienne Davodeau (513)
[ Les 7 premières planches de l'ouvrage : ]
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Mais ils ont raison sur un point, les jeunes : il faut écouter, il faut comprendre. Et pour comprendre, il faut sentir les choses.
Avant de repartir, je laisse la bourrasque sécher ma sueur.
La douche au vent, c'est l'hygiène du randonneur.
Le piéton et l'automobiliste n'appréhendent pas l'espace et les distances de la même façon.
Le monde des piétons est plus vaste.
Sur les sentiers [de randonnée], éprouver la soif est fréquent.
En souffrir vraiment arrive parfois.
S'impose alors dans nos pas, omniprésente, indépassable, la simple idée de l'eau. Elle ramène le marcheur au-delà du statut de sapiens.
A celui de mammifère.
(p. 89)
Et je découvre, au fil de ces lignes, tout un écheveau de destins. Aux amis grillant sous le soleil algérien, on raconte, avec les mots de tous les jours, la vie d'ici.
En ce bas-monde, le temps libre, c'est une denrée rare. Si tu ne sais pas apprécier ça, c'est du gaspillage.
- C’est une question d’éthique.
- Ah, je partage ça complètement ! Rester petit, c’est garder le contrôle sur la qualité de notre travail ! Refusons de croître !
- Faire du bon vin, c’est aussi une question d’éthique ?
- Évidemment.
Quelques jours plus tard, nous passons à proximité d’un gars qui désherbe ses vignes chimiquement. Je ne peux pas m’empêcher de constater que …
- C’est quand-même vraiment moins fatigant que votre technique, hein ?
- Tu as remarqué ? Dans sa cabine, avec sa combinaison et son masque, aujourd’hui, ce mec-là ne va sans doute toucher ni sa terre ni sa vigne. La proximité physique, et donc mentale, du vigneron avec son travail…Pense à ça quand tu bois du vin.
Haha... J'étais comme toi à ton âge : je trouvais les adultes à la fois pleins de certitudes et d'approximations, ça me foutait en colère.
-En les voyant devenir mes bienfaiteurs, je croyais échouer... Mais non.
Je les sauve! En les amenant à la bonne action, je les sauve!
Sans eux, je serais à la rue depuis longtemps. Je le sais, ils le savent.
Je suis leur pauvre, leur bonne action.
- Je sais ce que vous pensez, mon cher Fabien.
- Bonjour, Monsieur Balouchi.
- Vous êtes dans la tête de "La Victoire de Samothrace". Vous êtes en train de vous dire qu'elle aimerait sans doute, de temps en temps, qu'on lui foute un peu la paix.
- Eh bé... En entrant dans les pensées d'un agent de surveillance, vous pensez accéder à celles d'une statue, décapitée qui plus est, vous êtes un sorcier, Monsieur Balouchi.
Sois attentif. Tu verras qu'un livre autobiographique, ça te raconte aussi quelque chose sur TOI.
- Me fais pas rire. Ta note chez Parker, tu t'en fous pas complètement...
- Mais si.
- Mais non.
- Mais si.
- Mais non.
- Mais ta gueule.
Mais j’ai l’impression d’être juste une extension de la gazinière et du lave-linge
L'avion ..
nous aurons vu ce mode de transport
comme un fantasme, puis comme une banalité.
Maintenant, c'est une honte.
Alors voilà : pour faire le vin, avant le raisin, avant la vigne, il faut considérer la terre.
Il s'agirait alors d'envisager le vin comme un lien, puissant et mystérieux, entre la terre et l'homme.
Ne mettez pas trop de métaphysique là-dedans. C'est un projet très concret : nous donner à boire un vin qui parle de la terre à notre corps.
Fouler le sol longuement.
L'arpenter.
Être dehors.
Subir les aléas de la météo.
M'immerger dans la nature.
Y éprouver les réactions de mon corps et de mon esprit.
Depuis toujours j'ai le goût de ces choses-là.
Page 15
C'est curieux quand y'a un type qui part : d'un côté, ça fout une tristesse terrible et de l'autre, ça rend ses camarades plus unis et plus forts... c'est une connerie, la mort.
- Tu parles ! Je connais des gens prêts à pas mal de sacrifices pour boire ce vin. Aux enchères, on parle de plusieurs centaines d’euros…Ce qui est intéressant, c’est que toi ignorant, tu t’autorises à ne pas l’aimer.
- Ne pas savoir, c’est être libre ? Paradoxal !