Par ambition intellectuelle, les hommes politiques écrivent souvent leurs mémoires pour inscrire leur itinéraire dans l’histoire, mais ils réussissent peu dans l’exercice ; en revanche, des hommes tels que le cardinal de Retz, Chateaubriand, Tocqueville, qui ont — relativement — échoué en politique, peuvent en donner d’excellents.
Si les mémoires des politiques sont souvent mauvais, c’est parce qu’ils sont en quelque sorte des mémoires d’avocat. La conclusion s’impose : « le sens politique et le sens historique vont mal ensemble. […] Probablement l’histoire demande un sens du passé, la politique un sens du présent et de l’avenir.
Contre Daudet, Thibaudet ne juge pas que le XIXe siècle soit Le stupide XIXe siècle. Au contraire, il est celui du mouvement et de la transformation de l’esprit européen ; siècle du roman, il est aussi celui de la critique, de l’histoire et de la littérature historique.
Maurras parle en fait d’un âge d’or mythique quand il évoque l’esprit classique ou la monarchie d’avant la Révolution. Le retour à la monarchie est une fiction politique et un principe d’explication qui pose l’absence du roi comme raison de tout ce qui va mal. Or, « la réalité, la monnaie métallique, c’est la monarchie du passé. La chimère, l’inconvertible assignat, c’est la monarchie de demain. » Autrement dit « les idées politiques de Maurras sont des idées de poète, à commencer par la principale, l’idée du roi.»