La ressemblance dans un bon portrait n'est pas la représentation moyenne d'un état expressif moyen. Mais le témoignage d'une relation entre le peintre et le modèle. Relation qui peut être de déférence, d'admiration, de tendresse, de colère, de désir. L'important, c'est que cette relation soit.
Entre une ressemblance léchée mais sans engagement, et un portrait souffrant d'une maladresse d'exécution mais fait avec cœur et esprit, ce dernier l'emportera toujours. Tout comme nos proches très aimés seront toujours plus beaux que n'importe quelle icône de papier glacé
Coller à notre temps.
Un coup de fil à passer à une amie, un plat que l'on goûte, une émission de télé regardée d'un œil distrait, des comptes à faire : nous sommes sans cesse traversés, occupés par un nombre infini 'actions, d'idées, de sensations, visuelles, auditives, tactiles, gustatives, olfactives... et aussi pratiques, machinales, affectives. N'importe quel ordinateur exploserait s'il devait traiter autant d'informations et d'actions qu'un être humain normal dans sa vie courante.
Aussi, l'être humain non seulement normal mais artiste découvre un beau jour qu'une peinture, par exemple, si elle veut rendre compte du monde réel dans sa complexité, peut faire appel au collage pour attraper au vol des échantillons sensibles de cette complexité.
L'art du collage paraît bel et bien inventé pour décrire ce monde où nous vivons, avec sa culture et sa technologie qui nous font être ici et ailleurs en même temps.
"Qui sait nous donner une joie aussi pure que celle prodiguée par la vue d'un petit nuage blanc dans le ciel bleu ?"
A cette question posée par Christian Bobin dans "L'éloignement du monde", nous pouvons apporter cette simple réponse : la peinture.