L'été brûle. Il consume les corps. Il tranche dans le vif. L'incendie couve sous la peau puis explose.
«
Blessures » est un huis-clos, un jeu de massacre entre le feu et les hommes, une confrontation entre la nature explosive de certains et la fraicheur de quelques autres.
Ce petit village enferré entre bois et champs crève de chaleur. Maria, la patronne de café, y règne en femelle vindicative et dominante flanquée de son mari à l'agonie et de sa fille Irène, jeune animal frêle et hors du monde. Tout à côté, il y a Suzanne la douce, la vive, garde-barrière à la place de son père devenu handicapé. Sa maison est un havre de paix, où Léonie la maman officie en silence et où Léopold le papa contemple son petit jardin croulant sous les roses. Enfin, Oskar le charretier, tout entier centré sur ses besoins et son désir de richesse, et Jean, le solitaire dont les yeux débordent : ces deux-là fréquentent assidûment le café de la Maria. Ah ! Et puis Nicolas « le Pointu », l'amoureux de Suzanne ! Ne l'oublions surtout pas, celui-là, un jeune fermier dur à la tâche, fils de la grosse Caroline.
Et voilà, les pions sont en place, le jeu du feu et de la mort peut commencer.
La canicule provoque un incendie ; tous les habitants du village le combattent comme ils peuvent. Et à la fin de la journée, c'est le soulagement intense dans les eaux de la petite rivière. Tous s'y précipitent. Suzanne aussi... Elle tombe et s'entaille profondément la joue sur un outil caché dans la vase. Evénement qui provoque la chute des corps et des coeurs. Evénement fatal qui ouvre une brèche où s'engouffrent tout à la fois la méchanceté, la pitié, la honte et le désespoir.
En l'espace de quelques mois, les pions se déplacent et redessinent le jeu de la vie et de la mort. La tragédie est en route.
Paul Willems, auteur belge, a écrit ce livre en 1945. A coups de descriptions fortement chargées de symboles, il nous livre une histoire torrentueuse et violente, collée à la Nature et aux instincts primitifs. La vie déborde puisque la mort talonne. Les âmes décortiquées une à une se livrent à coups de petites phrases au style exubérant. Celles-ci plantent leurs crocs dans le cerveau, et on ne peut s'en défaire qu'en lisant jusqu'au bout ce drame où Eros et Thanatos se déchainent.
Fastueux, démoniaque.