AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782371710177
120 pages
publie.net (13/11/2014)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Écrire, donner du sens, dire sa vie et la raconter, pour savoir, soi, ce qu’on a vécu, pour comprendre le sens de son passage dans le monde coloré et mouvementé, impétueux aussi, pour saisir en soi et dans les autres l’humanité, pour écouter le son qu’elle rend quand elle est parvenue aussi loin qu’il est possible dans l’existence. Seul le récit qu’on en fait permettra de reculer d’un pas, et de comprendre, et de transmettre sa compréhension. Caravaggio est parvenu ... >Voir plus
Que lire après Caravaggio, le dernier jourVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Très belle découverte que ce livre
Michelangelo Merisi da Caravaggio dit le Caravage : peintre. Né le 25 septembre 1571 à Milan et mort le 18 juillet 1610 à Porto Ercole, sans descendance, sans testament ni aucun texte écrit de sa main, seule une signature sur un tableau (La Décollation de Saint-Jean-Baptiste la plus grande et la plus spectaculaire de ses oeuvres).

Il nous a uniquement légué "l'avenir de ses oeuvres". Des oeuvres qui sont purs instants de représentation et d'abandon, portés par la foi. Partout, jeux de corps et d'âme, pris dans un mouvement ascensionnel. Tissé d'ombre, élevé à la lumière. C'est le clair-obscur, Chiaroscuro.

Saluons l'historien d'art Robert Longhi, dans les années 50, qui à la suite d'une exposition à Rome, dévoilera aux nombreux amateurs d'art l'oeuvre de Caravaggio dans sa grande diversité et dans sa richesse. Dès lors, l'homme et le génie sortiront de l'oubli. Ses oeuvres sortiront de leur sommeil profond animées d'une existence propre. Elles arriveront jusqu'à nous étonnamment jeunes, presque intemporelles. Et donneront matière aux écrivains, avec plus ou moins de réussite.

Et là une c'est une réussite.

En lisant ce texte je ne pouvais cesser de voir l'illustration de la couverture de l'ouvrage de Milo Manara : la Caravage tome 2 La Grâce.
Car on retrouve l'artiste sur cette plage de Porto Ercole vivant ses dernières heures de vie.
Alors se met en oeuvre un flot de sons, une marée de mots, des vagues d'images et des nuées de sentiments divers qui dévalent des environs de Bergame à Malte, en passant par Rome, Naples et Palerme, comme un déferlement emportant dans un même tourbillon ses amours, ses joies et ses peines, sa foi et la précarité de l'être.
Lorsqu'il parle de liberté, de la mort ou d'espérance, la vérité des mots n'est pas dans le discours, elle est dans l'instabilité du récit.
Caravaggio est déjà ailleurs, dans ses hallucinations, dans ses souvenirs de lumières et de ténèbres, mais aussi d'amour, empreint de forte religiosité mais c'est la période qui veut cela.
Car c'est une période historique particulière, un tournant. Rome répond puissamment à Luther, par le biais des oeuvres d'art commandées aux grands artistes de l'époque. le Baroque gagne certaines villes du Sud et du Nord de l'Europe. La Contre-Réforme s'organise pour empêcher les fidèles de répondre aux appels de ceux qui tiennent les rênes au Saint-Office. L'Inquisition déroute certains esprits. La parole dominante est dans la bouche des puissants, du clergé, de la Curie romaine. Les hérétiques et les penseur, comme Giordano Bruno, défendent leurs idées au grand jour. Ils seront conduits au bûcher. D'autres se cachent pour ne pas subir le même sort.

Par moments, une lueur, une joie montent à l'assaut du chagrin, du désespoir, telle une marée puissante aussitôt obscurcies par un soleil noir tel un ressac, ce retour violent qui aurait frappé Caravaggio. La soif de vivre éclaire encore son visage. Et pourtant, c'est déjà l'adieu. Par l'éclat du verbe, et la spontanéité de l'écriture on y découvre une âme en perdition, par moment des regrets, des pardons, mais surtout une belle poésie dans ces phrases, qui telles les vagues, viennent laisser leurs empreintes en nous. Comme ce dessin du Caravage de Manara..
À moins que l'auteur n'ait réussi à donner vie à ce dessin.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Porto Ercole, le 18 juillet 1610. Deux forteresses construites par les Espagnols au XVe siècle sur le Monte Argentario se font face, dominées par la mer : Fort Filippo II et la Rocca. La vieille ville à flanc de colline exhibe ses ocres, ses anciennes bâtisses, ses ruelles fleuries.
Sur une plage déserte de la côte toscane, Caravaggio parle, seul, au seuil de la mort. Oublions sa langue pâteuse, ses emportements. Le vin qui coule de ses mots a suri. Mélange de sang et de sueur. C’est un tremblement de chemins inachevés que les replis de la mémoire dévoilent.
Commenter  J’apprécie          200
Chimères, souvenirs et regrets se mêlent dans un vain combat sans relâche, sans répit. Cherchez le sel du repentir du côté des larmes, l’apaisement au sein même de la cruauté. La rose fanée est dans sa paume, serrée, au-delà des souvenirs. L’homme est sans défense, ses jambes ne le portent plus. Seule sa parole fait barrage contre l’abîme. Il entend des voix, ouvre la bouche, bégaie des mots hasardeux, insensés : il délire. Il a des visions fantasmagoriques. Ce sont les mots du rivage ; le rivage où se dénoue un destin singulier.
Commenter  J’apprécie          10
Ô Rome, ne le vois-tu pas ? Mes saints sont proches des hommes, mes saints sont des mortels. Alors pourquoi le naturel de mes œuvres religieuses te dérange-t-il ? Qu’est-ce qu’un corps qui parle à son semblable un langage de chair, et proche de la réalité, peut-il te révulser à ce point ?
Commenter  J’apprécie          20
Je porte mes années d’exil comme d’autres leurs fardeaux. S’exiler est tout sauf fuir. S’exiler c’est tous les jours compter les pas incertains qui nous séparent de notre point de départ, les pas qui nous éloignent de notre lieu d’enracinement éphémère. S’exiler, c’est refuser de s’enraciner. C’est à chaque instant prendre la mesure du manque, parcourir à rebours les travées du silence, combler ces lieux absents par autre chose que les saisons mortes de l’univers, hôtes de notre présent perpétuel. Toutes les choses qui nous entourent sont investies de ces non-lieux, de ces absences, de ce présent qui ne finit pas d’échapper au passé. Qui nous rattrape.
Commenter  J’apprécie          00
Je voudrais marcher jusqu’à la Piazza Giovanni in Laterano, revoir ce qui m’émeut encore, la foule riante, l’atmosphère suave, le divin et le païen, le sacré et le profane – Rome ne craint pas les contrastes – la lumière grenat du soir sur la Basilique Saint-Jean-de-Latran, la mère de toutes les églises de Rome et du monde. Entrer, libre. Rester des heures dans la solitude. Éprouver ce qu’il y a encore à éprouver sous le dais de la foi qui ne se résume aux suppliques ou à la mortification de la chair, au-delà de tout ce qui est humain.
Commenter  J’apprécie          00

Lire un extrait
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1085 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}