L'autisme à demi-mots…
C'est le regard de Jimmy, enfant différent, pour qui le monde est un vaste mode d'emploi dont il s'agit de décortiquer jour après jour chaque mécanisme afin de mieux l'appréhender, qui porte le récit, sa voix sans filtre, dans cette famille d'ouvriers d'une banlieue industrielle d'Australie dans les années 80 ou comment faire face aux diktats de l'autisme et des ravages de l'alcoolisme.
A travers une écriture structurelle, liée au cheminement de la pensée du petit garçon, des rouages de ses circuits neuronaux, de ses connexions au monde,
Sofie Laguna plonge dans la violence, la douleur, la peur au sein de cette famille isolée, en sursis, exprimées avec tendresse et douceur par cet enfant autiste attendrissant qui voue un amour immodéré à sa famille et surtout à l'être à qui il tient le plus, sa mère : un refuge, un nid, un cocon qui, au départ de son mari et de son fils ainé, se laisser aller, déprime et meurt d'une crise d'asthme à ses côtés.
L'écriture métaphorique, imagée, rêvée, poétique presque fantastique ou fantasmagorique fait transparaître, avec pudeur mais oh combien tragiques, les horreurs vécues par ces enfants (abus sexuels, rejet, manque d'amour, de reconnaissance…) dans leurs jeux, leurs échanges, leurs paroles voilées.
Parce que
Cette lumière que je vois est un roman de la blessure, profonde, intime, infiniment douloureuse. Pourtant, portée par la vision presque irréelle de Jimmy, ses attentes, son espoir, son courage immense à évoluer dans un monde similaire aux autres mais différent, l'histoire passe sans désespérance.