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EAN : 9782073035509
Gallimard (01/02/2024)
3.93/5   49 notes
Résumé :
« Je le sais, moi, que l’aumône est un tunnel infini, un cycle infernal où la manche d’aujourd’hui cultive celle de demain. Je sais que les pièces achètent notre calme, qu’il n’y a pas de plus grande gamelle à chien docile qu’un petit pot rempli de pièces. Mais il se trouve que je crève la dalle. J’ai faim, j’ai froid, je suis seul ; trio de malheur qui, depuis l’éternité, emporte violemment les sans-abri du monde dans le piège de ce cérémonial, le jeu de la petite ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Du haut de ses vingt ans, il nous raconte son quotidien dans la rue. Un quotidien fait de hontes, d'humiliations, mais surtout d'une faim qui tenaille et d'un froid qui transperce même les multiples couches de crasse et de vêtements… Une vie de misère et de manque qui survient après une lente descente aux Enfers et qui se solde par une main tendue et un cul posé sur le bitume glacial ou brûlant, c'est selon. Dans la rue, chaque nouveau jour est un combat pour la survie, éclairé parfois par quelques moments de joie et d'entraide, avec d'autres qui n'ont rien et qui vous aident à tenir bon, à ne pas lâcher devant l'indifférence des gens, ceux qui donnent comme ceux qui détournent le regard.
Sa rencontre avec Élise, poétesse à l'âme torturée et victime de la rue, va apporter un nouvel élan d'espoir et d'amour à cette vie qui en contient si peu, réveillant chez le jeune narrateur un souffle de rage et un vent de révolte… Mais comment ne pas sombrer dans la folie quand le monde vous tourne le dos?

Avec “La manche”, les éditions Gallimard nous offrent un premier roman qui secoue, nous propulsant de plein fouet dans l'univers brutal de la rue et des laissés-pour-compte. On ne choisit pas de vivre dans la rue, on y est contraint. de fil en aiguille, notre jeune narrateur nous livre des bribes de son histoire et l'on découvre ce qui l'a conduit à devenir SDF. Un parcours fait d'aléas et de coups du sort, qui n'ont que faire des dommages collatéraux.
Grâce à cette narration à la première personne, difficile de résister à cette immersion totale dans le monde de la rue. le ton est sans emphase, à la fois cash et direct. Malgré son jeune âge, le narrateur est touchant de sincérité et de lucidité sur sa propre condition, dressant un portrait sans concession de son univers.

A travers ce premier roman plein de justesse, Max de Paz nous offre une critique virulente de notre société qui déshumanise ses pairs, niant leur existence, afin de mieux vivre la leur ou s'achetant une conscience à coups de piécettes sonnantes et trébuchantes. de ceux qui ne veulent pas voir la chute de peur d'être entraînés aussi à ceux qui “choisissent leurs pauvres” car un clochard qui lit est plus “poétique” qu'un clochard noir qui sourit… le constat est sans appel et la critique acerbe… Quelles sont les chances pour un SDF de sortir un jour de la rue?

Un roman qui nous questionne, nous interroge sur notre rapport aux laissés-pour-compte et nous invite, nous aussi, à tendre la main… “La manche” est une lecture terriblement émouvante, portée par une voix qui résonne longtemps et des personnages hauts en couleur. Une jolie découverte!
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La Manche, c'est tout d'abord, bien évidemment, « le bras tendu avec au bout la main creuse » (p. 111), le geste du clochard qui aimerait qu'on « lâche une pièce » (p. 17). C'est une immersion dans le monde des SDF.

La Manche, c'est l'histoire d'un trio de voyous que forme le narrateur avec ses compagnons d'infortune, Moussa et Tamás. C'est le récit de leurs joies et de leurs peines au quotidien. Leurs joies éphémères quand ils se moquent allègrement des passants qui préféreraient les ignorer. Leurs peines, surtout : la faim, le froid, l'indifférence et la solitude.

La Manche, c'est aussi la découverte du parcours personnel du narrateur. Comment un jeune homme qui vivait dans un appartement à Ivry avec sa mère et son frère s'est-il retrouvé à la rue ? C'est grâce à des informations savamment disséminées dans le roman que le lecteur comprend peu à peu la raison de cette lente descente aux enfers.

Lire La Manche, c'est suivre l'évolution du narrateur qui prend progressivement conscience que vivre dans la rue n'est pas une fatalité. Les diverses rencontres, des plus éphémères aux plus déterminantes, forgent son caractère. La colère, trop longtemps contenue, finit par se transformer en révolte.

La Manche décrit également les différents rapports de force auxquels sont confrontés les sans-abris. le jeu du chat et de la souris avec la police. Les querelles de territoire. Les conflits avec le voisinage.

La Manche nous invite à réfléchir sur les incohérences notre société. Les magasins désaffectés, les immeubles vacants et les appartements inoccupés ne sont-ils pas autant d'insultes faites aux sans-abris qui sont forcés de vivre dans la rue ?

Bref, La manche est un roman qui, derrière une histoire à l'apparence banale, met l'accent sur des réalités trop souvent ignorées. Une description sans concession de notre société dans laquelle les plus nantis ignorent la détresse des plus démunis.
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Aujourd'hui je vais évoquer La manche premier court roman de Max de Paz. Ce jeune auteur de vingt-deux ans est talentueux. Il se glisse dans la peau d'un clochard de son âge et raconte de l'intérieur la rue et la mendicité avec naturalisme.
Max de Paz (un pseudonyme pour ce normalien qui prépare l'agrégation de philosophie) n'a pas grand-chose en commun avec son protagoniste. Ce roman n'est donc pas autobiographique et narcissique comme c'est souvent le cas, mais plutôt inspiré de l'observation de l'environnement paupérisé de Paris. Les deux points communs entre le personnage de fiction (sans prénom, ce qui accentue son anonymat) et son auteur sont l'âge et la géographie : le cinquième arrondissement huppé de la capitale est le lieu unique de cette triste histoire. le jeune homme qui parle, le narrateur, s'exprime avec un langage de l'oralité et s'adresse au lecteur, il l'interpelle et le tutoie. Il a vingt ans et vit dans la rue depuis plusieurs semaines. Il a grandi avec son grand-frère et sa mère à Ivry. Jusqu'au jour où celle-ci l'a envoyé chez son camarade Léo le temps qu'elle gère les soucis familiaux. Mais il a compris : son ainé, qui avait la vocation de devenir pâtissier mais pour gagner de l'argent pour le foyer s'était fait chauffeur de VTC au prix de l'endettement de la mère, est en réalité alcoolique et drogué. le naufrage est total, les ravages du crack sont vertigineux. Et donc le protagoniste se retrouve à la rue, pour ne pas encombrer. Il coupe les liens familiaux et faute de ressource il sombre et s'enfonce dans l'exclusion. Il commence à faire La manche, à quémander dans la rue ou dans le métro quelque obole qui lui permettra de se nourrir et de se loger. Il se clochardise et revendique le terme plutôt que sans-abri ou SDF. le triptyque de cette vie à la rue se résume en trois mots : « froid, faim et solitude ». le jeune homme a deux amis Moussa et Tamás, clochards comme lui, mais il constate que dans le quartier les bienfaiteurs choisissent leur pauvre. Lui est jeune et blanc, il inspire la pitié et la charité ; son pote noir qui a arpenté les plages de Toscane pour vendre des babioles aux touristes avant d'atterrir à Paris est méprisé et le Rom dont toute la famille est installée sur un trottoir de la rue Cujas est violent et révolté. Dans cette cour des miracles qui squatte les bouches de métro du quartier latin figure Philippe, le clochard intellectuel qui a toujours un bouquin et séduit la population locale qui a une propension exagérée à le soutenir ; il est : « le chouchou des riches ». Philippe : « ça fait trois ans qu'il occupe la bouche d'aération de la place du Panthéon, côté mairie. Alors il n'a sûrement plus l'espoir ». le narrateur survit avec ses compagnons de misère, il se protège du froid avec des cartons récupérés sur le marché de la place Monge et fait les poubelles pour manger quand il est trop affamé. Les trois miséreux se chamaillent lorsque Moussa veut déguster une gaufre au chocolat avec leur pécule, Tamás trouve que ce n'est pas assez nourrissant et que le plaisir ne doit pas être la priorité. Au final ils se font racketter par une vieille édentée qui semble plus miséreuse qu'aux. Et puis le protagoniste croise Elise qu'il prend d'abord pour un homme. La jeune fille poétesse à ses heures se méfie des hommes, elle tente de se protéger et accepte avec difficulté la relation avec son voisin d'infortune. Elle est traumatisée par ses expériences antérieures. L'esquisse d'un possible amour nait entre eux et le bref roman se termine dans une échappée poétique et lyrique dans un grand appartement vide (les pages les moins captivantes selon moi).
La manche est un roman dérangeant, criant de vérité qui remue et bouleverse. Max de Paz décrit avec réalisme la vie des clochards et dénonce les criantes inégalités, le scandale des logements vides alors que tant de personnes dorment à la rue avec l'insuffisance des structures d'accueil et l'inefficacité des moyens déployés. de la littérature avec un style et un portrait sensible très convaincant.
Voilà, je vous ai donc parlé de la manche de Max de Paz paru aux éditions Gallimard.
Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Un premier roman qui frappe fort en s'immisçant dans le milieu des SDF , de ceux qui font la manche pour survivre.
L'auteur leur donne la parole, on les entend, il écarte leur cape d'invisibilité pour qu'on les voient enfin pour ce qu'ils sont, des êtres de chair et de sang qui tentent de survivre en milieu hostile. Beaucoup de spontanéité, d'humanité et même d'humour dans les réflexions et les attitudes des personnages présentés. Un cri du coeur salutaire bienvenu dans un monde qui nous rend aveugle à l'autre.
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La manche est le premier roman de Max de Paz, jeune auteur né en 2002.

La manche ça raconte un jeune désoeuvré qui se retrouve à la rue, ça raconte le vent mordant et qui pique, la chaleur écrasante, les jours qui passent, la même rengaine incessante. C'est faire son nid sur le bitume glacial, recouvert d'un simple carton et se faire marcher dessus tous les quatre matins. Ce sont les nuits d'ivresses pour contrer le froid, absoudre l'ennui, pour s'empêcher de penser à cette vie vaine et sans espoir. La manche, c'est une France où malheureusement les gens ne voient plus les sans-abris, où leur présence fait partie intégrale du décor.
La manche, c'est un trio d'amis, des complices d'infortunes faisant les quatre cents coups pour pouvoir manger, pour pouvoir enfin vivre dignement. C'est aussi la belle Élise, Élise poète à ses heures perdues, Élise au crâne tondu.

Critique des invisibles, de ceux qu'on ne voit pas ou que l'on fait semblant de ne pas voir, mais qui malheureusement, existe bel et bien.
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critiques presse (5)
LaLibreBelgique
08 mars 2024
Un ton, un style, un sujet et une bonne dose d'empathie. La manche, un premier roman vital de Max De Paz.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaProvence
26 février 2024
"La manche", le premier roman "coup de poing" du jeune Max De Paz […]
Lire la critique sur le site : LaProvence
LesEchos
20 février 2024
Né en 2002, Max de Paz publie « La manche », premier roman sur le dénuement de ceux qui dorment dehors, avec un ton original, au confluent du manifeste et du monologue en prose. Si fougue et jeunesse donnent parfois quelques faiblesses au propos, elles renforcent l'émergence aussi radicale que prometteuse d'une nouvelle voix sur notre scène littéraire.
Lire la critique sur le site : LesEchos
SudOuestPresse
19 février 2024
Le jeune primo-romancier s'essaye à l'imitation de la langue des clochards parisiens.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Actualitte
07 février 2024
Max de Paz nous expose avec efficacité à cette honte dont nous ne pouvons pas nous défaire, qui nous colle à la peau. Notre crasse à nous, qui est éthique et morale. Il redonne également une part de dignité aux milliers d'individus qui vivent sans toit, et devant lesquels passent chaque jour des milliers d'autres individus qui décident des les ignorer.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
La rue, ça veut dire que c’est nous face au monde et que toutes les crasses sont permises.
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Elle a les cheveux comme de la paille, de la paille grise et abîmée. Et sa peau noircie par le vagabondage abrite des petits creux qui sont des rides et des balafres; son cou est couvert de boutons épars, œuvres des puces de goudron: la rue ça s’écrit sur les corps, ça s’écrit sur la chair !
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C’est joli, l’ivresse, ça fait découvrir des mondes à commencer par son propre corps en extase. Ca tremble et ça frissonne, ça plane et c’est bercé par un cerveau qui s’oublie, qui oublie les malheurs sans avoir à se consoler car il ne reste que le corps dans sa solitude la plus parfaite
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Quand Philippe dit des âneries volontaires à un passant et que celui-là acquiesce on sait jamais si c’est par tact de ne pas contredire un pauvre ou si c’est de l’ignorance. Mais dans les deux cas ça nous redonne de la force car il y a vraiment plus pathétique que nous.
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Les clochards qui lisent, ça fait toujours bander les riches car c’est poétique vous comprenez. Ça donne une image très belle de la misère et y a des copains qui disent que c’est une bonne chose pour que les gens nous tolèrent.
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Videos de Max De Paz (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Max De Paz
À seulement 21 ans, Max de Paz publie son premier roman, La manche, aux éditions Galimmard, un acte né de l'urgence de témoigner. Dans un Paris où 3000 personnes dorment chaque nuit dans les rues, il refuse de fermer les yeux sur cette réalité. Situé autour de la place de la Contrescarpe, le récit plonge dans le quotidien d'un jeune homme sans domicile fixe, le narrateur du roman, qui a vu sa famille se désintégrer et s'est retrouvé livré à lui-même. Ayant parcouru un chemin scolaire prestigieux, de Henri IV à l'ENS en passant par la Sorbonne, l'auteur adopte un regard différent sur les rues familières de son quartier, embrassant la perspective d'un "clochard". Ce récit poignant offre un aperçu intime des défis et des choix auxquels sont confrontées les personnes sans-abri dans une société qui les ignore trop souvent.
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