Un des premiers romans d'
Elizabeth Taylor, une grande dame de la littérature anglaise qui n'a pas le succès qu'elle mériterait.
Si vous trouvez que
Flaubert a eu le génie de nous passionner pour des riens et qu'il surclasse
Stendhal et de loin. Lisez
Elizabeth Taylor, vous ne pourrez qu'aimer.
Si vous aimez les romans où l'auteur ne peut pas s'empêcher de sortir une théière toutes les trois pages pour pouvoir ironiser à son aise sur les personnages, leurs conventions incompréhensibles, leurs petites hypocrisies, que sais-je encore... bref si vous aimez les romans estampillés "so british". Lisez
Elizabeth Taylor, l'atmosphère vous sera familière.
Si
Flaubert vous déprime et les romans anglais vous ennuient...fuyez. Inutile de lire la suite, ce serait une perte de temps.
Alors le roman. J'imaginais trouver "
chez Mrs Lippincote" plus de fraicheur, d'optimisme que dans des romans plus tardifs... il n'en est rien.
A trente ans,
Elizabeth Taylor considérait déjà que la vie n'était jamais "si bonne qu'on croit". Même les enfants partagent ce réalisme désabusé, sans pour autant en devenir désespérant. Malgré leurs lâchetés, leurs petitesses, leurs incommunicabilités, les personnages nous intéressent et nous donnent envie de les accompagner jusqu'à la dernière page.
Julia rejoint son époux dans une ville de province durant la 2ème guerre mondiale. Elle est accompagnée d'Oliver son fils et d'Eléonor la cousine de son époux. Tels des coucous, la famille loue et prend possession de la maison de Mrs Lippincote, apparition fantomatique omniprésente qu'on entrevoit à peine.
Dans cet environnement étranger, Julia, Oliver et Eléonor sortent de leurs sentiers battus, font des rencontres ou retrouvent d'anciennes connaissances et se révèlent peu à peu à nous.
Ce pourrait presque être un roman d'apprentissage ou de non apprentissage à la
Flaubert sur le mariage. Contrairement à Mme Bovary, Julia est lucide sur sa situation. Elle aime la culture et la "bonne littérature" (les soeurs Brontë notamment), goût qu'elle partage avec son fils et le lieutenant colonel de son mari.
Ce pourrait presque être un roman sur la condition féminine dans les années 40: Julia subit son mariage et Eléonor son célibat. Félicity, la jeune amie d'Oliver, vraie "garçon manqué" intrépide, incarne le futur changement.
Ce pourrait presque être un roman existentialiste: la vacuité de la vie, la maladie et la mort rodent. Elles onnt bien plus de présence que Mr Maffick, pasteur palot et même risible. le communisme, la réforme sociétale pourrait être une solution à la solitude humaine, comme est tenté de le croire Eleonor. Mais, influencés par les incursions de l'auteur dans l'esprit des uns et des autres, nous pouvons en douter.
En fait, c'est un peu tout çà mais pas seulement. Les personnages ne sont pas des archétypes, ils existent avec leur personnalité, dans un contexte donné, dans une époque donnée. Chacun de nous peut y appliquer sa grille de lecture et y trouver ce qu'il veut, comme dans la vie.